violences en banlieue : quelle politique

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Faber » 08 Nov 2005, 14:29

a écrit :Je m'avance sans doute, mais j'ai bien du mal à croire que la bourgeoisie soit politiquement aussi stupide que certains intervenants ici, et que son couvre-feu soit en réalité autre chose qu'un geste symbolique de bonne volonté vis-à-vis de l'opinion publique (et de l'électorat en particulier).


OK avec toi à deux adjectifs près :

- "stupide politiquement" me concernant, tu devrais garder ca pour des interlocuteurs qui pourraient te répondre en direct, moi comme caractérisitique de ma stupidité, j'ai pour principe de ne pas insulter derrière un écran. Sinon, naturellement d'accord avec Zelda sur l'auto modération.

- "symbolique", je sais pas ou t'habite (toujours cette fichu distance entre nous...), mais moi j'habite en banlieue lyonnaise ou il ne s'est encore rien passé (ce qui répond partiellement, pour ce qui me concerne, à ta question), et dès ce soir, le couvre feu n'aura rien de symbolique... comme l'atteste la présence accru des flics vers chez moi.

a écrit :Bref, je suis peut-être aveugle devant la fascisation galopante de l'Etat ; auquel cas, l'avenir me le dira rapidement. Mais en l'état actuel des choses, j'ai tendance à croire que les camarades qui voient des luttes sociales partout voient peut-être aussi des dictatures naissantes là où il n'y en a pas la queue d'une.


Toujours cette volonté chez les camarades de discuter de ce que les autres disent. Cela dit, t'est vachement fort en ironie, avec point virgule et tout... balèze.
Faber
 
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Message par boispikeur » 08 Nov 2005, 14:37

(txi @ mardi 8 novembre 2005 à 14:07 a écrit : point de vue de classe !

Bon, j'avoue que je sui un peu perdu avec les fermtures de fils: Ceci n'est ni une réaction "autour de nous", ni une proposition de politique.
C'est le passage 'un mail que je viens de recevoir, compte rendu des premiers procès qui ont lieu.
On peut le déplacer ou l'effacer.
a écrit :de Linda (transmis par Gégé) :

Comparution immédiates du 07 11 à Bobigny
J’ai assisté aux audiences d’une chambre sur 3 et jusqu’à 18h alors qu’elles vont se poursuivre tard dans la soirée (il restait 10 dossiers  pour cette seule chambre) le compte-rendu est donc à compléter !
Le procureur a systématiquement demandé du ferme avec maintient en  détention, il réclamait ouvertement des exemples : « il est important que les prévenus et les personnes présentes dans la salle comprennent qu’il s’agit de faits graves et que le législateur a prévu des peines lourdes… ». A plusieurs reprises (et pas seulement dans cette chambre semble-t-il) le seul fait de s’être trouvé dans la rue était utilisé comme élément à charge des prévenus. La dénonciation anonyme valait pour preuve, toujours selon le procureur, dans ce département où « la population craint les represailles ». La fermeté exigée par le procureur était donc au rendez-vous :
- 6 mois avec sursis pour un lycéen interpellé à Montreuil qui a avoué avoir lancé une pierre sur un motard après avoir été aspergé de lacrymo alors qu’il rentrait chez lui. Il était bien amoché : nez cassé et bleus au visage.
- 2 mois fermes pour avoir prétendumment retourné une voiture toujours à Montreuil pour un étudiant. Il a été pris dans la fuite générale à l’arrivée des flics avec un mineur qui a avoué, l’aveu est donc contagieux.
- Un jeune homme arrêté en bas de chez lui au Blanc-Mesnil pour avoir prétendument caillassé les camions d’une entreprise installée dans la rue a été maintenu en détention. Le report ne lui était pas imputable c’est le tribunal qui n’avait pas réussi à vérifier son état civil mais 
rien n’y a fait malgré la présence de sa famille. En plus il nie les faits et les témoignages des employés de l’entreprise en question sont contradictoires, plusieurs d’entre eux ne l’ayant pas reconnu lors de la confrontation.
- 4 mois fermes pour avoir prétendumment incendié une poubelle àPantin.
- Un jeune homme est formellement identifié par les policiers en patrouille pour avoir lancé une bouteille sur leur vehicule brisant la vitre conducteur, selon leur propre procès verbal, cela se passait à 18h. Deux heures plus tard ils choppent le jeune homme en question et l’embarquent. Là selon leur dires le comico aurait été cerné par ses amis ce qui aurait provoqué une bagarre à l’intérieur avec bris d’une vitre. Il se trouve que ce jeune homme travaillait à 18h selon le témoignage de son employeur et que l’attaque du comico c’est 2 potes qui lui ont amené un sandwich ! Il est relaxé pour le jet de bouteille mais prend 1 mois ferme pour la vitre.
- A Villemomble les policiers toujours aussi nyctalopes (cherchez pas la contrepèterie, j’ai pas envie de rire) identifient un jeune homme à capuche en pleine nuit alors qu’il leur lance une pierre qui ne les atteint pas (ils devaient être vraiment  loin). Ils ripostent au flash-ball à 2 reprises quand même pour venger le trottoir et vont chercher le jeune homme chez lui au réveil. Il se trouve qu’il est traité pour une luxation de l’épaule mais qu’importe : 3 mois dont 2 avec sursis. L’aggravante majeure, proc et juge l’ont répété, c’est de ne pas avoir voulu donner le nom du pote chez qui il a passé la soirée.
- Le dernier était d’Aulnay, il avait l’étrange habitude d’avoir dans le coffre de sa Clio (voiture peu commune, vous en conviendrez avec le juge) : un torchon (oulàlà !!), un bidon vide en cas de panne d’essence (je vous jure, ils en ont parlé pendant une heure !), un autre bidon (je cite le pv des flics) « à moitié plein d’un liquide bleu et qui portait l’inscription ‘liquide de refroidissement’ », et encore un (vraiment, quel abus) avec un « liquide incolore et inodore kon n’a pas pu identifier », toujours selon le pv qui a du être rédigé par un flic qui met pas beaucoup d’eau dans son pastis ! Bref, tout ça confirmait selon les enquêteurs le témoignage anonyme faisant état d’une clio qui vendait de l’essence aux jeunes du coin… Tout ça sans rire ! Il a quand même été relaxé.
Sinon j’ai glané dans les couloirs :
- un jeune interpellé dans une rue où un peu plus tôt des molotov ont été lancés. Il déclare qu’il passe par là et n’y était pas au moment des faits. Il n’a pas de trace d’essence sur les mains ou les vêtements, juste sous les semelles comme ce doit être le cas des flics qui l’interpellent puisqu’il y en a plein la rue : 10 mois dont 6 avec sursis. Et évacuation de la salle trop réactive au goût du président, tenez-vous le pour dit.
- A Montreuil un jeune homme est interpellé chez ses parents tôt le matin, il aurait retourné une voiture la nuit précédente. Ses frères aînés veulent qu’il prenne un pull pour ne pas avoir froid : la main fracassée et 3 semaines d’ITT pour l’un, 4 jours pour le second, outrage et rébellion pour tout le monde ! Finalement, après quelques heures de garde à vue, le premier est blanchi : c’est pas lui qui a retourné la voiture ! Le papa peut récuperer deux de ses fils qui sont quand même convoqués pour l’outrage, celui qui est le plus amoché reste au dépôt et ne me demandez pas pourquoi. Ils devaient passer aujourd’hui à 13h30. Mais la police nationale n’avait pas dit son dernier mot et voilà que ce matin les flics - de bobigny cette fois - viennent rechercher le premier fils pour une nouvelle voiture qu’il aurait cramé en sortant du dépôt (au même moment où son père le ramenait à la maison). Voilà le topo, j’ai flanché avant que l’affaire passe : l’avocate voulait demander un report, y aura peut être de  l’info plus tard.


Sinon, je trouve vraiment désolant le ton employé par certain-es dans cette discussion, limite injurieux.

Edit: J'ai viré le nom du proc', on ne sait jamais...
boispikeur
 
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Message par titi » 08 Nov 2005, 15:25

question concernant le couvre-feu : est-ce que ça veut dire que les "milices" (désolé pour le terme) de surveillance, du genre de ce qui a été décrit par libé à Sevran, seront illégales ?
titi
 
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Message par Valiere » 08 Nov 2005, 15:40

LE SECURITAIRE RENFORCE ET LA DEMAGOGIE :

UN AVEUGLEMENT SYMETRIQUE


La flambée de violences dans les quartiers dits sensibles a stupéfait beaucoup de militants se réclamant du mouvement ouvrier et démocratique...Depuis plusieurs jours les communiqués divers fusent et parfois se contredisent.
Certains ont opté pour une position tranchée...
J’avoue être effaré par certaines interprétations péremptoires.
Des « républicains » tout en se démarquant de Sarkozy et de son équipe (... ouf on a eu chaud. !?) ne voient dans ces violences parfois extrêmes que des manipulations d’extrémistes islamistes.
Les « gauchistes », les vrais, en arrivent à soutenir les actions menées par les jeunes dans les quartiers....
Le plus effarant dans tout ceci, c’est que des militants ayant habituellement une réflexion politique bricolent à la va vite des théories abracadabrantes, c’est ainsi que le même soir j’ai reçu de la part d’un militant associatif de gauche un message qui dénote une perte de repères : « Le délire c'est de refuser de voir la réalité. Une majorité d'ouvriers a été
abandonnée par l'Etat. Je crains le phénomène de milice qui pointe. Le couvre
feu pour rétablir la paix OUI ! » Et de la part d’un syndicaliste révolutionnaire une vision diamétralement opposée mais aussi aberrante : « Pour moi, de même qu'en Palestine, il y a un occupant et un occupé et que je ne les mets pas sur le même plan » !?
La situation est plus complexe ...
Les premières victimes sont les habitants des cités...Depuis plusieurs jours ils voient flamber leurs voitures, disparaître certains équipements de proximité.... Si beaucoup n’ignorent pas que des groupes communautaristes extérieurs à leur ville et des petits caïds de bandes de trafiquants illicites sont derrière certaines exactions, ils ont peur que leurs propres enfants soient entraînés dans l’engrenage : Violences, provocations et répression.. Les militants associatifs qui interviennent dans les quartiers et beaucoup de parents savent que l’abandon de certains quartiers par les pouvoirs publics, l’exclusion sociale, la ghettoïsation et, le manque de perspectives ont généré de la colère et des actes de désespérance....
Nous ne devons pas caractériser à la va vite cette violence en lui donnant un caractère réactionnaire ou révolutionnaire...Le désespoir entraîne des forces incontrôlables pouvant aller dans toutes les directions. Ce qui m’inquiète c’est de voir de jeunes adolescents laissés à eux-mêmes se livrer à des actes non réfléchis et destructeurs.
Hier soir j’ai eu un dialogue pendant une heure et demie à la radio de Melun « Mangembo » « afropolitaine »avec des jeunes.
C’est la deuxième fois que je suis invité par les journalistes et je peux affirmer que leur ligne éditoriale citoyenne et non communautariste ne peut que favoriser le dialogue et les échanges entre habitants de toutes les générations.
Au cours de cette émission, l’un des jeunes adultes, s’est proposé comme médiateur, ce qui a permis d’enclencher un premier débat sur cette question....
Aujourd’hui il est essentiel que le dialogue puisse se nouer avec les jeunes afin de mettre fin à ce climat de tensions et de violences...Si des habitants veulent devenir des médiateurs pour contribuer à dénouer la crise, tant mieux. Ce soir je dois les rencontrer pour les aider à construire une association locale puisque c’est leur vœu ....
Mais il y a médiation et médiation.... Pour agir immédiatement, il faut réunir les différents acteurs dans les quartiers : professionnels, militants associatifs, élus et les personnes qui spontanément se sont préoccupés de la situation, non pour jeter de l’huile sur le feu mais pour dialoguer....
La médiation durable par contre exige des compétences particulières sérieuses, c’est pourquoi il faut refuser tout raccourci et toute démagogie...
Ce sont de réelles formations professionnelles qu’il faut apporter après un entretien d’embauche aux postulants et je ne crois pas qu’il soit bon qu’un « grand frère » devienne médiateur permanent dans son quartier d’origine. Il risque de se trouver enfermé et pris dans des difficultés en termes de reconnaissance comme professionnel par ses pairs et en termes d’efficacité....
La médiation associative est aussi une fonction sociale fort utile qui doit être accompagnée par des formations adaptées, elle ne peut rester dans le domaine de la bonne volonté...
Voici là quelques pistes....
Pour que cessent les violences, pour que la loi soit respectée et pour que la confiance se rétablisse entre les jeunes et les décideurs politiques, il faut à la fois que les auteurs d’actes délictueux soient poursuivis en justice et que l’écoute et le dialogue soient la priorité des priorités.

Valière
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Message par Cyrano » 08 Nov 2005, 16:18

Faber :
«Cyrano ne parvient pas à flairer l'ampleur quantitatives des émeutiers... oui, enfin, est ce que c'est cela l'important ? Depuis quand les révolutionnaires attendent un mouvement d'ensemble pour déterminer une politique ?»

Eh bien, tout est là : car justement, il me semble que les déterminions d'une politiques sont différentes selon l'ampleur du mouvement, et les composantes sociales d'un mouvement…
Et ce que font certains ici, c'est parler totalement abstraitement, sans s'intéresser un tant soi peu aux composantes de la réalité. Bref, vous faites comme n'importe quel quidam usuel : la télé, ça suffit pour avoir une idée…

La comparaison que tu fais Faber, avec les marins de la SNCM, est presque une démonstration par l'exemple. (soir dit en passant "son" journal, en parlant de mon journal préféré… c'est aussi le tiens, non ?). Au fait, pour la SNCM, tu avais quoi comme mot d'ordre : des soviets partout ?… Tu n'allais pas, j'espère, crier partout que "la" classe ouvrière relevait la tête ?
Mais je constate que, par exemple, ni toi, ni Vérié n'apportent quoi que ce soit pour étayer un peu l'analyse du mouvement actuel.

On avait dans un mode différent, mais avec le même processus, des ânes politiques qui criaient "le pouvoir est dans la rue", durant les dernières grandes manifs sur les retraites… Et parce que ils avaient cessé le travail à quatre, dans leur bahut, ils croyait que tous les enseignants étaient en grève. Il y a eu ensuite un article de la LDC qui ne se tartinait pas avec des fantasmes, mais faisait le bilan réel de la mobilisation.

Et n'en déplaise à ce que tu voudrais croire, Faber, le noyau agissant de ces "camarades" (!), ce sont des voyous. Le "canal historique" du marxisme avait pourtant une catégorie, le lumpenprolétariat ?… et les mots que j'emploie, ont été aussi employés par les Marx, Engels (tu les connais pas, peut être trop jeune ? mais ils font partie de ce fameux "canal historique"…). Mais alors, donc, je note que cette catégorie a disparu… ou alors, zut ! ça serait quoi, aujourd'hui, le lumpen ?!…
Pour moi, des jeunes voyous qui pètent les dents d'un môme pour le racketter sont de sales petites frappes, oui… Des crétins qui n'ont, pour seule occupation, que balancer des cailloux dans les volets d'une mémé terrorisée parce que une fois, excédée, elle a appelé les flics, oui, ce sont des connards pas fréquentables. Mais on va pas dresser le catalogue ?… Chacun dans son coin, peut avoir sa liste…

Alors, oui, on le sait : l'organisation sociale de cette société, etc. etc. c'est un point sur lequel on est d'accord, ça, c'est facile de réciter sa leçon…
Mais l'origine sociale ne suffit pas. Ceux qui aujourd'hui jouent les "émeutiers" et ceux qui ont agressé les lycéens durant les dernières manifs, ce sont les mêmes. Avez-vous à ce moment affirmé votre solidarité avec ces groupes de voyous ? Avez-vous crié à la répression aveugle si les lycéens organisaient un semblant de service d'ordre pour défendre leurs manifs - ou si la police malmenait ces voyous?

En raisonnant métaphysiquement, vous allez les nommer "camarades" et "frères" jusqu'où ?… Auriez-vous oublié aussi l'origine sociale des pauvres diables embrigadés dans les bandes fascistes ?… Auriez-vous été prêt à affirmer votre solidarité avec vos "frères" italiens de la mafia de Chicago ?…
Il ne faut pas se laisser aveugler par l'origine sociale des "émeutiers", même si ça nous chagrine. Il y a des comportements qui font qu'à un moment, la carctérisation sociale ne suffit pas: une mutation dialectique, en somme.

Savoir l'importance réelle des groupes de jeunes, ce n'est pas anodin : si c'est comme dans ma ville, ça veut dire que ce ne sont que les voyous ordinaires qui se retrouvent tout excités par les évènements.
Y a-t-il une partie des jeunes qui leur emboîte le pas ? On a entendu des témoignages à la radio de jeunes qui ne sont pas des voyous qui ont participé, au début, à Clichy, au bordel ambiant. Qu'en est-il maintenant ?… Est-ce que au fur et à mesure que ça s'étend, est-ce que les voyous ont le soutient d'une partie significative de la jeunesse des quartiers, ou cela va-t-il s'amenuisant ?

Désolé, Faber, ou Vérié, et d'autres : dire n'importe quoi pourvu que ça mousse, pourvu que ça fasse radical, ce n'est pas de l'analyse politique, et encore moins, lorsque on prétend être révolutionnaire. C'est ça qui m'agace dans vos réponses. Oh, peut être avez-vous raison, qui sait ? une pendule arrêtée donne l'heure exacte deux fois par jour.
Cyrano
 
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