par Cyrano » 08 Nov 2005, 16:18
Faber :
«Cyrano ne parvient pas à flairer l'ampleur quantitatives des émeutiers... oui, enfin, est ce que c'est cela l'important ? Depuis quand les révolutionnaires attendent un mouvement d'ensemble pour déterminer une politique ?»
Eh bien, tout est là : car justement, il me semble que les déterminions d'une politiques sont différentes selon l'ampleur du mouvement, et les composantes sociales d'un mouvement…
Et ce que font certains ici, c'est parler totalement abstraitement, sans s'intéresser un tant soi peu aux composantes de la réalité. Bref, vous faites comme n'importe quel quidam usuel : la télé, ça suffit pour avoir une idée…
La comparaison que tu fais Faber, avec les marins de la SNCM, est presque une démonstration par l'exemple. (soir dit en passant "son" journal, en parlant de mon journal préféré… c'est aussi le tiens, non ?). Au fait, pour la SNCM, tu avais quoi comme mot d'ordre : des soviets partout ?… Tu n'allais pas, j'espère, crier partout que "la" classe ouvrière relevait la tête ?
Mais je constate que, par exemple, ni toi, ni Vérié n'apportent quoi que ce soit pour étayer un peu l'analyse du mouvement actuel.
On avait dans un mode différent, mais avec le même processus, des ânes politiques qui criaient "le pouvoir est dans la rue", durant les dernières grandes manifs sur les retraites… Et parce que ils avaient cessé le travail à quatre, dans leur bahut, ils croyait que tous les enseignants étaient en grève. Il y a eu ensuite un article de la LDC qui ne se tartinait pas avec des fantasmes, mais faisait le bilan réel de la mobilisation.
Et n'en déplaise à ce que tu voudrais croire, Faber, le noyau agissant de ces "camarades" (!), ce sont des voyous. Le "canal historique" du marxisme avait pourtant une catégorie, le lumpenprolétariat ?… et les mots que j'emploie, ont été aussi employés par les Marx, Engels (tu les connais pas, peut être trop jeune ? mais ils font partie de ce fameux "canal historique"…). Mais alors, donc, je note que cette catégorie a disparu… ou alors, zut ! ça serait quoi, aujourd'hui, le lumpen ?!…
Pour moi, des jeunes voyous qui pètent les dents d'un môme pour le racketter sont de sales petites frappes, oui… Des crétins qui n'ont, pour seule occupation, que balancer des cailloux dans les volets d'une mémé terrorisée parce que une fois, excédée, elle a appelé les flics, oui, ce sont des connards pas fréquentables. Mais on va pas dresser le catalogue ?… Chacun dans son coin, peut avoir sa liste…
Alors, oui, on le sait : l'organisation sociale de cette société, etc. etc. c'est un point sur lequel on est d'accord, ça, c'est facile de réciter sa leçon…
Mais l'origine sociale ne suffit pas. Ceux qui aujourd'hui jouent les "émeutiers" et ceux qui ont agressé les lycéens durant les dernières manifs, ce sont les mêmes. Avez-vous à ce moment affirmé votre solidarité avec ces groupes de voyous ? Avez-vous crié à la répression aveugle si les lycéens organisaient un semblant de service d'ordre pour défendre leurs manifs - ou si la police malmenait ces voyous?
En raisonnant métaphysiquement, vous allez les nommer "camarades" et "frères" jusqu'où ?… Auriez-vous oublié aussi l'origine sociale des pauvres diables embrigadés dans les bandes fascistes ?… Auriez-vous été prêt à affirmer votre solidarité avec vos "frères" italiens de la mafia de Chicago ?…
Il ne faut pas se laisser aveugler par l'origine sociale des "émeutiers", même si ça nous chagrine. Il y a des comportements qui font qu'à un moment, la carctérisation sociale ne suffit pas: une mutation dialectique, en somme.
Savoir l'importance réelle des groupes de jeunes, ce n'est pas anodin : si c'est comme dans ma ville, ça veut dire que ce ne sont que les voyous ordinaires qui se retrouvent tout excités par les évènements.
Y a-t-il une partie des jeunes qui leur emboîte le pas ? On a entendu des témoignages à la radio de jeunes qui ne sont pas des voyous qui ont participé, au début, à Clichy, au bordel ambiant. Qu'en est-il maintenant ?… Est-ce que au fur et à mesure que ça s'étend, est-ce que les voyous ont le soutient d'une partie significative de la jeunesse des quartiers, ou cela va-t-il s'amenuisant ?
Désolé, Faber, ou Vérié, et d'autres : dire n'importe quoi pourvu que ça mousse, pourvu que ça fasse radical, ce n'est pas de l'analyse politique, et encore moins, lorsque on prétend être révolutionnaire. C'est ça qui m'agace dans vos réponses. Oh, peut être avez-vous raison, qui sait ? une pendule arrêtée donne l'heure exacte deux fois par jour.