L'exclusion de deux lycéennes voilées divise l'EG

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par pelon » 05 Nov 2003, 09:50

Pour écrire un tel baratin de petit bourge, je me demande ce que fait Terminière dans la vie. Prof à La Courneuve ?
Son baratin impose que chaque prof a une forte personnalité, un charisme. Sait-elle qu'il y a des collèges où les profs se sauvent de leur classe sous les quolibets.
Alors, c'est sûr que ce genre d'arguments, je ne parle pas de la loi, va beaucoup aider le personnel de l'EN :
CITATION
: prendre le temps de débattre dans les cours, comme dans le cadre de journées banalisées, sur les discriminations politiques, économiques, sociales et culturelles contre les immigrés, les enfants d'immigrés ou contre les femmes et sur les objectifs de la laïcité, avec la participation d'associations féministes, antifascistes, antiracistes, etc.
Cela implique également de remettre en question les contenus sur l'histoire de la colonisation et les luttes d'émancipation, mais aussi sur l'histoire des luttes féministes et celles du mouvement ouvrier, de réfléchir collectivement sur la pratique pédagogique souvent sexiste à l'insu même des hommes et des femmes qui enseignent, de développer avec les élèves la critique du sexisme et de la marchandisation des corps.
L'objectif étant d'installer un tel rapport de forces dans le débat pour faire reculer l'ensemble des intégrismes religieux. [/quote]
Allez les profs, installez un autre rapport de forces !
Cela peut être éventuellement une propagande, que je mènerai d'ailleurs différemment, mais ne répond en aucun cas au problème du prof qui voit arriver dans son cours, ce matin, dans son lycée de Trappes, 2 filles voilées.
pelon
 
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Message par faupatronim » 05 Nov 2003, 10:27

CITATION (Pauline Terminière @ mercredi 5 novembre 2003, 00:29)Pour que les jeunes filles elles-mêmes puissent percevoir qu'elles ont d'autres moyens - collectifs - pour lutter contre les violences masculines ou pour accéder à l'espace public que le port du voile.[/quote]
:x
Donc l'enfermement sous le voile est un moyen de lutter contre les violences masculines ???

Il faut être bien peu au fait de ce que représente le voile pour les femmes : le voile est par lui même une violence masculine.
faupatronim
 
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Message par pelon » 05 Nov 2003, 18:11

Pastorius, LO ne demande pas une loi.
pelon
 
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Message par pelon » 05 Nov 2003, 18:21

CITATION (pelon @ mercredi 5 novembre 2003, 09:50)Pour écrire un tel baratin de petit bourge, je me demande ce que fait Terminière dans la vie. Prof à La Courneuve ?
[/quote]
Non non, Pauline est permanente de la LCR.

Je suppose qu'elle rencontre plus souvent les milieux féministes bon teint que des filles de banlieue ou des féministes qui se battent réellement dans les cités contre le voile, les mariages forcés.

Si Pauline était prof, peut-être qu'elle débiterait pas des fadaises aussi idiotes que CITATION L'objectif étant d'installer un tel rapport de forces dans le débat pour faire reculer l'ensemble des intégrismes religieux. [/quote]

Vas-y Pauline, vas instaurer un rapport de force dans le débat.

Plutot que de s'interesser aux féministes de salon l'article de LO rapportant les propos de Mimouna Hadjan, qui milite à la Courneuve, est autrement intéressant.

CITATION Intégrisme, précarité et chômage


Au cours de la conférence de presse, Mimouna Hadjan, féministe qui vit et milite depuis vingt et un ans dans la cité des 4000 de La Courneuve où elle est responsable de l'association Africa, a dénoncé la responsabilité de l'État dans la montée de l'intégrisme dans les banlieues. "Depuis deux générations, on a condamné les immigrés des cités à vivre dans la précarité et le chômage. L'islamisme s'est nourri de cette misère. L'État a laissé faire et a vendu les cités aux islamistes pour avoir la paix.(...) Certains jeunes ont décroché de la drogue, mais pour tomber dans une autre drogue: le fanatisme religieux. (...) Dans les années 80, après la révolution islamique en Iran et l'arrivée des islamistes du FIS algérien, dans nos cités on a assisté à un retour de la polygamie, des hommes ont repris le chemin des mosquées".

Avec émotion, elle a raconté concrètement l'accentuation dans sa cité du port du voile sous la pression des intégristes et les attaques physiques et morales contre les filles d'origine musulmane qui refusent de le porter. Et pas seulement depuis cette rentrée scolaire, mais depuis plus de dix ans dans ce qu'elle appelle le "ghetto des cités" qui ne faisait pas alors la une de l'actualité.

Bernard Tepper, président de l'UFAL, qui fait fait actuellement circuler une pétition pour une loi contre les signes religieux à l'école publique, a d'ailleurs souligné que "les Maghrébins et les musulmans résidant en France représentent aujourd'hui la majorité des signataires de cette pétition", ajoutant qu'ils sont "majoritairement favorables à la laïcité et opposés au port du voile à l'école." Ce qui prouve bien que, contrairement à ce qu'affirment ceux qui s'opposent à l'interdiction du port du voile à l'école au nom de la "tolérance à la différence", cette interdiction est au contraire un appui pour tous ceux des immigrés qui aspirent à une meilleure intégration.

"Le combat contre le foulard à l'école, a-t-il ajouté, est un combat légitime pour l'égalité entre les hommes et les femmes et pour la continuation du mouvement d'émancipation des femmes. (...) Il y a des milliers de jeunes filles à protéger contre les islamistes qui veulent les obliger à mettre le voile."

Et ce sont bien elles, en effet, qui risquent d'en être les premières victimes.[/quote]
pelon
 
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Message par pedro » 06 Nov 2003, 21:28

CITATION (LouisChristianRené @ mercredi 8 octobre 2003, 21:39)pour la raison très simple que sur cette affaire, je n'en ai pas ! Ca doit etre pour ça

Mais grosso modo, ma position sur le voile "en général", c'est qu'on peut pas avoir de position "en général" Je suis contre le port du voile a l"école mais je pense que l'exclusion des éleves n'est pas systématiquement la meilleures solution En particulier quand des islamistes jouent avec des gosses et les poussent a se faire eclure ! Maintenant, je n'ai pas de solution magique...

J'ai travaillé quelques années dans des lieux d'accueil de jeunes (centre social ou missions locales pour l'emploi) Dans ces lieux, la régle c'est l'accueil ! Evidement, je conçoit que cela soit différent d'une école (quoique je doute que les jeunes comprennent la différence) De plus les dernieres années, j'ai beaucoup travaillé avec l'école d'alphabétisation, et ça semblait plus important a tout le monde que les femmes apprennent a lire plutot qu'elles ne retirent leur voile...[/quote]
pour ma part, ma position est claire : le voile hors de l'école!
Tu dis que des islamistes jouent avec des gosses et les poussent à se faire exclure... ils peuvent aussi les pousser à militer au sein de l'école. En cela, l'école leur servirait de cheval de Troie! De nombreuses petites jeunes, issues notamment de l'immigration, disent aux camarades professeurs de LO : tenez bon! Si le voile est autorisé à l'école, je serais obligée de le porter!
Il faut savoir quel camps on défend, et être intransigeant avec les idées et les symboles osbcurantistes, même si cela doit conduire, hélas, à des exclusions.
pedro
 
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Message par Louis » 06 Nov 2003, 22:52

CITATION (Pastorius @ mercredi 5 novembre 2003, 17:53) CITATION Ceux et celles, à gauche, qui pensent qu'une loi contre le port du voile à l'école peut répondre à la situation se trompent. [/quote]

Donc, il n'y aurait que deux camps: ceux qui soutiennent l'idée d'une loi centrée sur le port du hijab et ceux qui, avec Rouge (mais avec ou sans baratin "social" pour faire passer la pilule) sont pour lui permettre d'entrer en grande pompe et dans les grandes largeurs au sein des établissements publics d'enseignement.

En polémiquant de cette façon - en oblitérant fondamentalement les termes de la discussion - on n'a aucun mal à avoir toujours raison.

Je laisse aux militants de LO le soin de préciser leur position par rapport à la politique anti-laïque du gouvernement. Pour ce qui est des militants regroupés autour de CPS, je crois pouvoir dire qu'ils sont totalement hostiles à tout ce qui émane du gouvernement CRS: notre orientation, c'est de tout faire pour vaincre et chasser ce gouvernement.

Reste à préciser que combattre l'offensive menée par le gouvernement contre la laïcité, cela commence aujourd'hui par exiger des dirigeants des organisations syndicales enseignantes qu'elles organisent le boycott du "grand débat pour l'école" où cette offensive, parmi d'autres, va être "discutée" (voir par ex. l'Huma d'aujourd'hui qui bâtit un pont d'or à la commission Stasi).

Le combat pour la défense de la laïcité passe à nos yeux par la définition d'une orientation claire du mouvement ouvrier: ni croix, ni kippa, ni foulards! contre toute religion à l'école!

CITATION C'est en s'attaquant aux raisons pour lesquelles ces jeunes filles portent le voile et en suscitant le débat au sein des établissements scolaires de façon systématique que l'on pourra avancer : prendre le temps de débattre dans les cours, comme dans le cadre de journées banalisées, sur les discriminations politiques, économiques, sociales et culturelles contre les immigrés, les enfants d'immigrés ou contre les femmes et sur les objectifs de la laïcité, avec la participation d'associations féministes, antifascistes, antiracistes, etc.[/quote]

"S'attaquer aux raisons pour lesquelles ces jeunes filles blablabla", c'est pour Pauline Terminière papoter en classe, faire du prêchi-prêcha, tout ramener à une problématique politically correct à mille lieues de la lutte des classes. Tout se résumerait en définitive à un débat d'"idées", à la confrontation d'"idéologies". Changer les rapports de forces à grands coups de thèses, comme on tenterait de changer la société en déplaçant les chiffres d'une colonne à une autre.

Cette dame n'a apparemment pas daigné se pencher sur la condition faite en France aux travailleurs immigrés, aux jeunes issus de l'immigration depuis des décennies. Il semble encore que cette dame, rédactrice distinguée d'articles "de fond" dans un journal qui se réclame encore de temps en temps du trotskysme, n'a pas non plus envisagé la responsabilité des dirigeants du mouvement ouvrier dans le processus qu'elle évoque, ni les nombreuses réfractions de la situation internationale et des rapports internationaux entre les classes. Pourtant, combattre les racines de l'islamisme, c'est combattre ces problèmes concrets, matériels, par les moyens de la lutte des classes; c'est combattre pour la regénérescence du mouvement ouvrier, sur le terrain du marxisme; et cela n'exclut en rien le combat politique direct contre la racaille islamiste.

L'idée même que la pression des islamistes, flanqués de toute une série de lobbies confessionnels et/ou petits-bourgeois, s'inscrit dans le cadre de la lutte des classes - et en dernière analyse dans le prolongement de l'offensive menée par la bourgeoisie française contre la laïcité - échappe totalement à notre farouche "révolutionnaire": il s'agit pour PT ( :blink: ) de "résoudre" le problème du voile en papotant en classe, en toute "citoyenneté", autour du thé et des gâteaux secs.

Pelon a tout-à-fait raison de caractériser cette médiocre péroraison comme du "baratin de petit bourge". Et les enseignants qui, déjà confrontés à une campagne continuelle de la bourgeoisie pour faire porter à l'enseignement la responsabilité de problèmes qui la dépassent de très loin (chômage et misère de masse, par exemple, et pour ne parler que de ça), se voient continuellement contraint d'accepter de substituer à leurs cours des séances de crétinisation "citoyenne" tous azimuts (heures de vie de classe, "éducation civique", "débats" en tous genres, visites de flics, etc...) sauront gré à PT et à Rouge d'apporter ainsi leur pierre à la définition de la politique gouvernementale: liquider tout accès au savoir et à la culture pour la jeunesse prolétarienne, casser l'enseignement public, le transformer en vaste dispositif de "formation professionnelle" ("tout au long de la vie") au service du patronat.

CITATION Cela implique également de remettre en question les contenus sur l'histoire de la colonisation et les luttes d'émancipation, mais aussi sur l'histoire des luttes féministes et celles du mouvement ouvrier, de réfléchir collectivement sur la pratique pédagogique souvent sexiste à l'insu même des hommes et des femmes qui enseignent, de développer avec les élèves la critique du sexisme et de la marchandisation des corps.[/quote]

Voilà qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'"esprit" des Instructions Officielles façon Ferry.

Voilà qui ressemble comme deux gouttes d'eau à ce que préconisent actuellement nombre d'IUFMs contre les contenus d'enseignement (ou ce qu'il en reste).

Et voilà qui augure de façon on ne peut plus dégoûtante de l'attitude servile qu'auront messieurs-dames les pablistes, avec leur tronçon d'"Ecole Emancipée" taillée sur mesure pour la bureaucratie FSU, devant les échéances du "grand débat" lancé par le gouvernement CRS.

CITATION L'objectif étant d'installer un tel rapport de forces dans le débat pour faire reculer l'ensemble des intégrismes religieux. Pour que les jeunes filles elles-mêmes puissent percevoir qu'elles ont d'autres moyens - collectifs - pour lutter contre les violences masculines ou pour accéder à l'espace public que le port du voile. Pour que la lutte contre les discriminations transcende largement les références "communautaires" auxquelles certains d'entre eux se réfèrent[/quote]

Mais c'est bien sûr: pour enseigner aux filles les "moyens collectifs" de se battre contre l'aliénation, on commence par capituler à 100% quand il s'agit de défendre cet acquis collectif pour le prolétariat - et en particulier pour les jeunes filles et femmes - qu'est la laïcité. On évacue totalement la nécessité d'une organisation collective des enseignants - via leurs organisations syndicales - sur le terrain du refus de tous les symboles religieux. On continue par renvoyer à chaque prof, individuellement, la responsabilité de convaincre les porteuses de hijab qu'il serait mieux de le porter.

Cela, dans un contexte où, une fois abattue pour de bon la cloison de la laïcité, ces profs se verraient confrontés à la pression de leurs administrations, tandis que les jeunes filles des cités seraient fort souvent soumises aux pressions nullement intellectuelles ou argumentatives de petits fascistes en djellabas.

"Fais ce que je dis; pas ce que je fais"... Je constate que la réflexion pédagogique atteint chez les rédacteurs de Rouge les mêmes sommets de virtuosité que leur compréhension de la lutte des classes. Je remercie mille fois Pauline Terminière pour sa contribution hautement éclairante sur la question du combat contre le port du hijab à l'école.[/quote]
Pastorius, je dois dire que j'ai du mal a suivre ton point de vue :



CITATION ceux qui soutiennent l'idée d'une loi centrée sur le port du hijab et ceux qui, avec Rouge (mais avec ou sans baratin "social" pour faire passer la pilule) sont pour lui permettre d'entrer en grande pompe et dans les grandes largeurs au sein des établissements publics d'enseignement.

En polémiquant de cette façon - en oblitérant fondamentalement les termes de la discussion - on n'a aucun mal à avoir toujours raison.[/quote]

Est ce que la deuxieme partie de ton argumentation est une autocritique ? Je te trouve en effet bien carricatural ! Je crois que la carricature auquel vous vous prétez, c'est de renfermer ce probleme a l'intérieur de l'école ! Or il y a au moins deux militants de la ligue qui se posent forcément le probleme autrement - conformiposte, en tant qu'éducateur spécialisé, et moi qui ai été longtemps animateur socio cul - ne serait ce que d'un point de vue professionnel : nous ne sommes pas des profs ou des instits, nous sommes dans des institutions ou on vient librement, et donc on pose FORCEMENT le probleme d'une autre façon !

CITATION Pour ce qui est des militants regroupés autour de CPS, je crois pouvoir dire qu'ils sont totalement hostiles à tout ce qui émane du gouvernement CRS: notre orientation, c'est de tout faire pour vaincre et chasser ce gouvernement. [/quote]

C'est le cas de toutes les forces organisées qui s'expriment ici : que ce soit lo, la ligue, cps, les anars rejettent toutes le gouvernement CRS. Qu'est ce que tu veux prouver ?

CITATION combattre l'offensive menée par le gouvernement contre la laïcité, cela commence aujourd'hui par exiger des dirigeants des organisations syndicales enseignantes qu'elles organisent le boycott du "grand débat pour l'école" où cette offensive, parmi d'autres, va être "discutée"[/quote]

CITATION Le combat pour la défense de la laïcité passe à nos yeux par la définition d'une orientation claire du mouvement ouvrier: ni croix, ni kippa, ni foulards! contre toute religion à l'école! [/quote]

Justement, ce slogan, que tu reprend a jack lang (en tout cas, c'est le premier qui l'a dit a la tévé) me semble très confus ! C'est pas que je soit pour le port du voile, de la croix ou de la kippa, mais cela est du domaine du comportement individuel des jeunes. Avant de s'occuper du comportement individuel des jeunes, encore faudrait il chasser les religions de l'école Et d'abord, nationalisations des écoles confessionnellles, sans rachat ni indemnités ! Exclusion des structures catholiques des structures de l"école qu'elles exploitent indument ! (par exemple, dans le lycée du college que fréquente mon fils ainé, la chapelle de l'école est occupée par l'église catholique, qui y célébre des messes ! Ratichons hors de l'église ! Vous etes incroyable, vous vous attaquez aux comportements individuels des individus et ne cherchez meme pas a attaquer l'église en tant qu'institution. Ne croyez vous pas que vous vous trompez de combat ?


Perorez comme vous le faites, entre thé vert et petits gateaux, ne s'inscrit pas plus dans la lutte de classe
Louis
 
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Message par Barnabé » 08 Nov 2003, 18:52

dans le dernier convergences révolutionnaire:
CITATION Voile à l'école et confusions à gauche et à l'extrême gauche


Mis en ligne le 8 novembre 2003



Depuis l'exclusion de deux jeunes lycéennes du lycée Henri Wallon à Aubervilliers la division à ce propos des forces politiques, syndicales ou associatives de gauche semble s'être encore accentuée. Certes, du côté de la LCR, les prises de position restent diverses, voire contradictoires. Mais alors que la FCPE, le MRAP, la Ligue des droits de l'homme et le PCF persistent dans leur défense des jeunes filles voilées, du côté du PS et de SOS racisme, la fermeté semble être désormais à l'honneur.

Le milieu enseignant, lui-même, qui forme une partie de la base de cette gauche, reste divisé. Or depuis dix ans, le voile a fortement progressé. Ceux qui prétendent le contraire en s'appuyant sur les chiffres fournis par l'Education nationale se font les porte-parole d'un mensonge sans doute rassurant et oublient que dans bien des établissements, le « foulard » a désormais droit de cité, ce qui n'était pas le cas auparavant. Il faut que le « voile » recouvre les épaules (quand ce n'est pas jusqu'aux pieds !) pour que certains acceptent de considérer qu'il y a peut-être un problème. Ce que l'on observe à l'école n'est pas en décalage avec ce que l'on peut observer dans les quartiers populaires, et c'est bien d'une régression qu'il s'agit.

Notre combat - une opposition résolue au voile à l'école, allant jusqu'à l'exclusion de celles qui refusent d'obtempérer - n'est évidemment pas celui de la « gauche républicaine », encore moins celui de la droite, ni même celui de la laïcité. La défense de celle-ci recouvre souvent une belle hypocrisie lorsqu'on sait la place que l'Etat laïque a laissé à l'Eglise catholique et fait à l'école privée dans ce pays. C'est également une véritable duperie : la laïcité est censée protéger la prétendue « neutralité » de l'école républicaine, qui n'est rien d'autre que l'école de la bourgeoisie. Contre cette école qui se prétend aseptisée mais qui est très idéologiquement orientée (il suffit de lire les programmes et les manuels d'éducation civique ou d'économie et de gestion !), nous sommes pour une école de la confrontation des idées, même ostentatoires, et surtout l'exposition de celles porteuses d'émancipation et de contestation !

Notre prise de position contre le voile à l'école est donc un combat politique : un combat pour le droit des femmes, et contre le repli communautaire que voudraient favoriser des forces d'extrême droite, aujourd'hui bien présentes à l'ombre des mosquées. C'est ce combat contre l'extrême droite islamiste qu'il nous semble important de mener, sans l'opposer - bien au contraire - à celui contre l'extrême droite lepéniste.



Ce qui est tolérable et ce qui l'est beaucoup moins



Un certain milieu de gauche et d'extrême gauche s'était déjà mobilisé pour la défense des jeunes filles voilées, au moment où Raffarin évoquait vaguement une loi interdisant le voile à l'école au printemps dernier. A l'adresse des enseignants, une pétition a ensuite circulé sur le Net, au moment de l'affaire d'Aubervilliers (« Ne nous trompons pas d'ennemis »)  [1].

Le discours - la défense des « droits », et notamment le droit à la différence et le droit aux études - fait semblant de croire que le foulard serait équivalent à la croix ou à l'étoile de David. Or les hommes musulmans que l'on sache ne portent pas le foulard ! En oubliant ce détail, on confond manifestement une étoile de David avec une étoile jaune, on oublie que le foulard stigmatise les femmes, leur infériorité et leur impureté et trace une frontière et délimite la place qui leur est réservée dans un système de droits séparés, d'apartheid.

Le droit d'étudier est sans doute à long terme la solution pour se débarrasser de tous les obscurantismes. Mais ce n'est pas dire que tout serait tolérable dès à présent. Partout, dans tous les établissements où le dialogue a conduit à une large tolérance, des milieux militants, dans ou hors de l'école, se sont renforcés pour que les voiles soient de plus en plus stricts, pour que les pressions soient de plus en plus fortes sur les filles qui ne veulent pas le porter, et sur les enseignants pour qu'ils se taisent sur cette question et sur d'autres comme le darwinisme. C'est ce recul-là qui est « la pire des solutions », pas l'exclusion. Face à quelques jeunes filles militantes et bien imperméables à l'enseignement laïque et féministe de nos doctes professeurs, nous nous devons de protéger les milliers d'autres qui ont besoin de tout, même de la loi, pour résister dans leur milieu à cette pression.

C'est donc une vraie bataille politique où il peut être nécessaire, dans un premier temps tout au moins, de déplaire même à ceux qu'on voudrait gagner à nos idées, voire les combattre. D'ailleurs ceux qui militent pour le droit des filles voilées choisissent également leur camp, même s'ils prétendent le contraire : dans cette bataille, ils affaiblissent qu'ils le veuillent ou non - quelle que soit leur profession de foi féministe ou laïque - celui des filles qui refusent le voile.



Ne pas s'arrêter non plus à des exclusions



A Aubervilliers, même les enseignants qui se voulaient les plus « tolérants » ont dû se rendre à l'évidence : la plupart des filles ont enlevé leur voile après discussion, mais avec les filles Lévy, ce n'était pas possible. Ne pas les exclure aurait été une défaite. La loi est donc nécessaire à un moment donné, comme elle peut être un point d'appui indispensable pour les filles qui veulent résister dans leur milieu : je ne porte pas le voile parce que je ne veux pas être exclue de l'école.

Mais une loi peut être aussi un piège. Et à une profession qui ne voudrait surtout pas se mouiller, ce serait donner l'occasion de se réfugier d'autant mieux derrière le « règlement » qu'elle ne veut surtout pas assumer un combat politique.

Le combat contre le voile est inséparable du combat pour les droits et l'égalité des femmes. Mais quels sont les lycées de banlieue aujourd'hui où les filles se sentent libres de venir en jupe ou en robe et braver la peur de se faire traiter de tous les noms pour cette seule raison ? Or dans ces établissements une loi qui couvrirait un combat qui se résumerait à quelques exclusions systématiquement dirigées de fait contre des filles de milieu immigré serait, qu'on le veuille ou non, comprise, même assez spontanément par beaucoup d'élèves, comme une nouvelle discrimination contre ce milieu (d'autant plus qu'on peut compter sur l'extrême droite islamiste pour insister là-dessus).

C'est dire que, plus encore qu'une loi, la lutte contre le voile nécessite de réintroduire (ou d'introduire) le débat militant dans les lycées - et non l'exclure au nom de la prétendue « neutralité de l'école » - de discuter de féminisme, d'homophobie et de la gangrène que sont tous les racismes, sans exclusive, de lutter enfin contre les replis communautaires et contre tous les nationalismes qui divisent les opprimés entre eux, qu'ils soient propagés par les partisans de l'Islam ou les partisans souvent plus hypocrites de « l'identité française ».



Un combat communiste et internationaliste



Le voile est un étendard dont se sert l'extrême droite islamiste. C'est aussi un révélateur.

Le recul est d'abord nourri par la dégradation des conditions de vie de la classe ouvrière et la marginalisation croissante des quartiers populaires, notamment des « cités », qui se traduisent par une abstention politique ou la montée du vote Le Pen pour les uns et le repli communautaire pour d'autres, l'identification à l'Islam étant par ailleurs encouragée par les autorités publiques.

Ce recul n'a pas dépendu du corps enseignant. Mais on peut tout de même reprocher à bien de ses membres dont la majorité se veut de gauche, d'avoir trop souvent mis leurs idées dans la poche et abandonné le combat pour celles-ci devant leurs élèves, avec ou pas le prétexte de la laïcité.

Ce recul n'a pas dépendu non plus de l'extrême gauche. Mais la confusion qu'une partie d'entre elle a entretenu parfois n'a pas contribué à y faire barrage, en particulier en pensant que le combat pour les droits des femmes devait désormais être mené à géométrie variable, en fonction de la « culture » des uns et des autres, adoptant à l'égard des milieux immigrés une attitude paternaliste et finalement complaisante, en prenant comme prétexte le racisme comme si cela devait reléguer toutes les autres questions au second plan.

Il est temps de rompre avec une certaine confusion : l'internationalisme, ce n'est pas se solidariser avec les coutumes et les traditions les plus rétrogrades sous prétexte qu'il faille rompre avec un passé colonial jamais complètement passé. L'internationalisme, c'est mener un combat solidaire de toutes les femmes en France et dans le monde qui se battent pour le droit de vivre sans le voile et qui tentent de résister courageusement à cette dictature. C'est aussi aider et participer au combat de la classe ouvrière, tant il est vrai que ces formes d'oppression prospèrent d'autant mieux que l'exploitation est plus dure. C'est enfin mener un combat pour une réelle alternative politique à tous ces gouvernements qui enferment les milieux populaires - et pas seulement immigrés - dans une marginalisation croissante, sociale et économique. C'est les combattre sans concession même lorsqu'ils se prétendent de gauche, afin d'offrir une réelle alternative à la démagogie de l'extrême droite, qu'elle soit islamiste ou lepéniste, tant les deux se renforcent mutuellement aujourd'hui.

Le 25 octobre 2003

Raoul GLABER



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[1] L'ennemi, ce serait « la psychose islamophobe attisée par les médias ». C'est évidemment un élément de la situation, mais cela devient faux si on s'en sert comme prétexte pour écarter d'un revers de la main ou purement et simplement ignorer tous les autres aspects de la question. Ainsi, le caractère discriminatoire du voile ne serait qu'une illusion de notre esprit, sans doute mal intentionné : «  Nous comprenons que la vue du foulard islamique puisse provoquer un malaise, et nous savons que ce foulard peut véhiculer une vision inégalitaire du rapport hommes/femmes. Mais nous vous demandons de ne pas préjuger de sa signification avant de connaître les élèves qui le portent, et le sens qu'elles-mêmes donnent à leur vêtement  ». Il est difficile de savoir si la naïveté l'emporte sur la malhonnêteté ou le contraire.

[/quote]
Barnabé
 
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Message par Barnabé » 08 Nov 2003, 19:28

Sinon dans le dernier "RED" (le canard des JCR), outre un article que je ne poste pas et qui reprend leur argumentaire (bien sûr on est contre le voile mais on est solidaire des filles qui sont exclues contre leur exclusion), il y a un article dans la rubrique "débat":
CITATION Combattre le port du voile, par tous les moyens!

Exprimer notre solidarité avec les filles qui refusent de porter le voile

Deux élèves du lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers ont été exclues à cause du voile qu'elles refusaient d'enlever en cours, provoquant un flot d'indignation dans les médias On a eu droit aux discours sur la tolérance religieuse ou aux discours, faussement nais, ne voyant dans ce foulard qu'un simple  vêtement, la palme du cynisme revenant aux frères Cohn-Bendit, affirmant que « c'est dans la tête que se grave la soumission des femmes, et non sur la tête avec le foulard». Comment peut-on penser que le fait que des filles portent le voile, par choix ou non, n'a pas d'influence sur ce que l'on peut penser ? Chahdortt Djavann, iranienne qui a porté le voile jusqu'à l'âge de 23 ans explique que «le port du voile met l'enfant ou la jeune adolescente sur le marché du sexe et du marriage, la définit essentiellement par et pour le regard des hommes, par et pour le sexe et le marriage».
En tant que marxiste révolutionnaire, combattant pour l'émancipation de tous et de toutes, nous devons affirmer clairement et sans ambiguïté, notre refus du port du voile. En effet, il est un moyen d'imposer les idées réactionnaires que sont la soumission des femmes aux hommes. Dans le RED n°38 du mois dernier, on pouvait lire « Mais ce n'est pas par des exclusions qu'on les combat ». Nous ne préjugeons pas par avance des moyens que nous nous donnons pour mener ce combat. .
Il faut quand même rappeler que ces deux filles ne subissent aucune pression familiale, le père étant un avocat du MRAP et se déclarant comme un Juif sans dieu. De plus, des négociations ont eu lieu durant des mois avant que le conseil de discipline ne prenne sa décision. Celles-ci refusaient tout compromis : elles ne voulaient pas laisser apparent le lobe des oreilles et la naissance du cou, pas plus que de l'enlever pendant les cours de biologie et d'EPS.
Dans ces conditions, notre solidarité devrait se tourner vers les professeurs qui ont eu le courage d'aller jusqu'au bout de leur logique, refusant que l'exemple de ces deux filles puissent servir d'argument pour imposer le voile à d'autres filles.

Dénoncer l'hypocrisie du gouvernement.

Notre combat n'a rien à voir avec celui du gouvernement, qui prépare une loi sur l'interdiction des signes religieux au nom de la laïcité et de l'intégration républicaine. Comme le dit Fadela Amara, dans son livre Ni Putes ni soumise, « ce serait par ailleurs une erreur de ne voire dans le voile qu'une question religieuse. Rappelons que c'est d'abord un outil d'oppression, d'aliénation, de discrimination un instrument de pouvoir des hommes sur les femmes.» Alors que le gouvernement cherche avant tout à stigmatiser les milieux musulmans pour mieux diviser la population, notre refus du voile est une affirmation de la solidarité entre tous, du refus du clivage hommes-femmes et de la nécessité de se battre tous ensemble contre un État qui, par sa soumission aux intérêts financiers, a laissé se développer la misère et la précarité, principales responsables de la montée des préjugés réactionnaires.
La prise de position, que l'on, peut. lire dans le RED précédent, où l'on dénonce le voile, mais où, en même temps, on appelle à la solidarité avec deux filles qui militent pour le port du voile, est contradictoire. Nous ne devons pas craindre d'affirmer notre volonté d'émancipation sociale et de chercher à susciter le débat. Chahdortt Djavann conclut dans son livre Bas les Voiles: "Autoriser le voile à l'école sera un encouragement à porter le voile ici en France, autoriser le voile à l'école replace les adolescente vivant dans les cités et les banlieues sous le joug des dogmes islamiques et rend leurs légitimes aspirations à l'émancipation encore plus difficile".
Nous devons lutter aux côtés de toutes celles qui refusent de porter le voile et qui se battent contre l'oppression qu'elles subissent. Etre révolutionnaire, c'est tenter d'appliquer aujourd'hui les principes qui fonderont la société communiste de demain.
Lula et Jimi (Bordeaux) [/quote]
Ca rassure (un peu) de voir qu'il n'y a au moins pas unanimité sur la ligne anti-exclusion même dans les organisation qui se livrent à cette campagne nauséabonde.
Barnabé
 
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Inscription : 11 Oct 2002, 20:54

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