Une fraction à la LCR

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Message par Barnabé » 26 Déc 2002, 17:55

Sur l'entrée dans le PS américain, Trotsky et Cannon acceptent l'entrée sans avoir le droit de publier leur presse, certes, mais ce n'est pas avec l'intention de se fondre dans le PS et de cesser de défendre leur politique. Dans une discussion avec Spector qui doit être quelquepart dans les oeuvres, Trotsky dit qu'il ne faut pas s'arrêter aux formes juridiques que prend l'entrée, mais aussi qu'il faut compter sur les circonstances objectives pour se mettre en mesure de mener une politique dans le PS.
De plus, le raisonnement de Cannon pour entrer dasn le PS était qu'il y aurait une radicalisation de la jeunesse ouvrière qui se dirigerait vers ce PS. Cela n'a pas eu lieu et les Trotskyste sont ressortis, il me semble au bout de quelques mois sans y avoir gagné (ni perdu) grand chose.

Dans le fond, ce que préconise Trotsky, c'est de rentrer dans des organisations (de taille variable) si cela permet de s'adresser plus efficacement à une fraction de la classe ouvrière. La moindre des conditions est donc qu'on y aille sinon à drapeau, du moins à politique déployée.
Dans certaines circonstances, Trotsky a pu juger opportun de tenter (avec un bonheur inégal) ce choix tactique. Ce sont des décisions au cas par cas, en fonction d'oportunités politiques particulières, et il s'agit toujours d'y aller pour y défendre ouvertement une politique.

Cela n'a rien à voir avec l'idée qu'avoir des militants planqués dans telle ou telle organisation pourrait permettre vis-à-vis d'elle de se livrer à de quelconques manoeuvres. Ce qui me semble être l'optique de l'entrisme préconisé par Pablo, puis des pratiques de l'OCI (mais peut-être que je me trompe à ce sujet)
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Message par pelon » 26 Déc 2002, 18:07

(stef @ Thursday 26 December 2002, 16:43 a écrit :Pelon (1) :
a écrit :On ne parle pas ici de l'entrisme, à drapeau déployé, tactique préconisée à certains moments par Trotsky, qui n'était d'ailleurs pas, pour lui, la panacée universelle. La cible n'était pas forcément une grosse organisation, c'est vrai, mais devait avoir un intérêt comme par exemple le PSOP de Pivert qui vait recruté des jeunes ouvriers sur la base de la social-démocratie de gauche mais pas d'une politique révolutionnaire.


Il me semble donc acquis que ce ne sont pas la taille des organisations d'acceuil qui définissent la validité de la tactique entriste mais les possibilités de jonction avec de nouvelles couches.
Maintenant, Pelon nous parle d'une tactique qui aurait été menée "à drapeau déployé". Ca a été le cas en France avant-guerre. Mais pas forcément ailleurs.
Ainsi Cannon raconte que la condition mise par les bureaucrates à l'entrée des trotskystes dans PS des USA était la cessation de la parution de leur presse publique (cf : Histoire du mvt Trotskyste aux USA). Ce que Trotsky et Cannon ont accepté sans hésiter vue l'opportunité politique. L'entrisme est une tactique, elle a ses variations selon les opportunités - ce n'est pas une recette (sinon ce ne serait pas dialectique).

La tactique peut varier mais en tout je n'ai jamais lu dans Trotsky des conseils pour l'entrisme dans une autre organisation trotskyste.
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Message par stef » 26 Déc 2002, 18:17

Barnabé,

Il est factuellement erroné de dire que l'entrée dans le PS américain a été sans résultat. Tout au contraire des forces importantes ont été alors gagnées et ont permis la proclamation du SWP. Autre chose étant le degré d'homogénéité du parti. S'il le faut, j'irai recerhcer le bouquin.

Ceci dit évidemment, l'entrisme a pour but de gagner au marxisme des couches nouvelles, pas d'enfiler des perles avec tel ou tel centriste ou bureaucrate. Ceci étant dit, comment peux-tu écrire : il s'agit toujours d'y aller pour y défendre ouvertement une politique, alors que nous parlons d'un cas où les trotskystes avaient même accepté d'arrêter de publier leur journal !!

Défendre sa politique, évidemment ! Ouvertement, ça dépend des circonstances (étant entendu que le but ultime demeure la construction d'un parti).

Comme tu le sais, certains me reprochent beaucoup mon "dogmatisme" (merci du compliment !). Et comme tu le vois, cela se combine avec la flexibilité tactique la plus grande (LT parlait de refus du " fétichisme organisationnel").
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Message par stef » 26 Déc 2002, 18:37

Bon maintenant l'entrisme dans le "mouvement trotskyste".

Mais camarades, croyez-vous qu'un tel "mouvement trotskyste" existe. Moi pas.

Il existe une pléthore d'organisations ouvrières qui se réclament du trotskysme. Force est de constater que 60 années de crise de la direction révolutionnaire ont vu foisonner des organisations dont le moins que l'on puisse dire est que ce qui les sépare est tout aussi important que ce qui me sépare des stals ou du PS.

Croyez-vous que je donne le moindre signe plus à un Gluckstein qui ne cesse de bêler après la république ou la démocratie (bourgeoise) ? Ou à des pablistes dont vous tenez la chronique des turpitudes en permanence ? Restons sérieux.

Et même entre nous, camarades de LO. Certes, personne ne peut ignorer votre fermeté vis à vis du vote Chirac. En même temps nos méthodes politiques (la question du gouvernement, la politique de FUO,...) sont séparées par un gouffre.

Donc : pas de signe plus à un organisation sous prétexte que ses dirigeants brandissent (et pour certains, même pas) un sigle de la IV les jours de fête. Débat politique jusqu'au bout. Action commune si possible. Pour l'instant, le reste, ce sont des illusions et vous le savez fort bien. Parce que nos programmes sont dans les faits très différents - pour ne rien dire de nos modes d'intervention.

Alors, le mouvement trotskyste, à d'autres... J'ai passé l'âge (malheureusement !) de croire à ces choses...

A partir de là, je vois mal pourquoi il y aurait, comme le dit Pelon un approche spécifique à avoir vis-à-vis d'organisations sous prétexte qu'elles se disent trotskystes. Il y a simplement à se saisir de toutes les opportunités possibles pour pousser le processus de clarification politique. L'entrisme - dans certaines conditions - en est une (je défends ici le principe pas son application à tel ou tel cas).


(Post suivant : le cas de l'OCI)
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Message par Barnabé » 26 Déc 2002, 18:38

a écrit :
Barnabé,

Il est factuellement erroné de dire que l'entrée dans le PS américain a été sans résultat. Tout au contraire des forces importantes ont été alors gagnées et ont permis la proclamation du SWP. Autre chose étant le degré d'homogénéité du parti. S'il le faut, j'irai recerhcer le bouquin.

Ceci dit évidemment, l'entrisme a pour but de gagner au marxisme des couches nouvelles, pas d'enfiler des perles avec tel ou tel centriste ou bureaucrate. Ceci étant dit, comment peux-tu écrire : il s'agit toujours d'y aller pour y défendre ouvertement une politique, alors que nous parlons d'un cas où les trotskystes avaient même accepté d'arrêter de publier leur journal !!

Défendre sa politique, évidemment ! Ouvertement, ça dépend des circonstances (étant entendu que le but ultime demeure la construction d'un parti).

Comme tu le sais, certains me reprochent beaucoup mon "dogmatisme" (merci du compliment !). Et comme tu le vois, cela se combine avec la flexibilité tactique la plus grande (LT parlait de refus du " fétichisme organisationnel").


Ce que dit Trotsky, c'est que presse ou pas presse (ça c'est une condition juridique ) les trotskyste américain ne doivent pas rentrer dans le PS pour s'y planquer mais pour y mener une politique: critique ouverte de la direction centriste et de ses insuffisances, propagande sous forme de cycles de cours sur l'histoire du mouvement ouvrier...
Dans tous les cas, cela ne ressemble en rien à renter dans une organisation en cachant son appartenance et sa politique réelle.

Loin de moi de te traîter de dogmatique (désolé), je crois que tous les Trotskyste sont prêts à admettre qu'il faut être inflexible sur les principes et savoir adapter les réponses tactiques. Ma question demeure en quoi cela peut-il être juste (tactiquement) d'entrer dans une organisation en cachant sa politique?
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Message par stef » 26 Déc 2002, 18:50

Maintenant sur l'entrisme "sui generis" de Pablo.

La question - on pourra reprendre les textes - est que son noyau n'était pas la construction d'une avant-garde marxiste (bref, gagner des militants du PC au tkysme). Il s'agissait là de s'intégrer au "mouvement réel" identifié aux appareils pour les "pousser à gauche". Nuance.

Et ça avait son prix. Une anecdote permettra de comprendre mieux que toute généralisation. A cette époque Just (comme tant d'autres) avait été viré à coup de pompes dans le derche de la CGT. Pour lui (et tous nos cdes ouvriers), cette pseudo-tactique signifiait d'aller voir le perma stal du coin et de lui demander son adhésion. Ce qui passait par son auto-liquidation politique (en admettant que le stal marche dans la combine). Etant entendu que le régime du PC ne permettait à personne d'imaginer de gagner qui que ce soit de l'intérieur.

C'est pour cela que cette pseudo-tactique ne peut qu'être considérée autrement que comme une forme de liquidationnisme dont la racine était la pression inimaginable aujourd'hui que faisait peser l'appareil stal sur tout le mouvement ouvrier.
stef
 
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Message par stef » 26 Déc 2002, 19:04

Barnabé,


Quand tu dis que "le trotskyste américain ne doivent pas rentrer dans le PS pour s'y planquer mais pour y mener une politique: critique ouverte de la direction centriste et de ses insuffisances, propagande sous forme de cycles de cours sur l'histoire du mouvement ouvrier...", encore une fois cela me semble évident.

L'entrisme, c'est une tactique pour constuire le trotskysme - pas pour enfile des perles avec Blum, Mandel, ou je ne sais qui. Donc on intervient !

Et donc aussi, il ne s'agit pas de se "planquer". Par contre intervenir en sachant saisir le bon moment, l'occasion, le sujet, la forme sont des choses qui comptent. Est-ce si différent d'une intervention classique ?

Un autre aspect. Je te rappelle que si le terme "entrisme" vient de la tactique trotskyste, le Komintern ne s'est pas gêné pour utiliser cette approche quand c'était nécessaire.
stef
 
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Message par stef » 26 Déc 2002, 20:47

a écrit :Ma question demeure en quoi cela peut-il être juste (tactiquement) d'entrer dans une organisation en cachant sa politique?


Réponse nette : à pas grand-chose.

Dans le cas qui te préocuppe - l'OCI - il faut différencier le travail mené dans le PS et celui mené dans la LCR. Etant entendu qu'un travail de ce type - "ouvert" ou pas - n'a de sens que si on ne s'automarginalise pas par des déclarations tonitruantes (ce qui est aussi le cas ailleurs me semble-t-il).

Pour le PS, c'est évoqué ailleurs.

Pour la LCR, les choses sont plus simples. Je ne pense pas que l'OCI ait envoyé plus de 4/5 militants au début. Et en 1979, c'est un quart de la Ligue qui fonde la LCI puis rejoint le PCI. D'où vient le miracle ? Des processus de crise du SU d'alors qui était tiraillé par ses propres contradictions : le guérillérisme, les capitulations devant les front-populisme, les pressions petites-bourgeoises (sexisme...), etc.

Dans ce cadre, un peu partout, des militants ont cherché la solution en recherchant une orientation authentiquement tkyste. D'où les succès de Moreno en Amérique latine. Mais en Espagne, la LCR s'est scindée dans ces années et une LC "orthodoxe" est apparue sans que quiconque de l'OCI n'y soit pour quoi que ce soit. Il suffit d'imaginer ce que signifiait le guérillérisme appliqué à l'Espagne franquiste...

Alors en France. Les militants "orthodoxes" se sont d'abord orientés sur le SWP qui dirigeait le combat contre cette orientation. Mais en même temps ils ne pouvaient ignorer les réels succès d'ailleurs de l'OCI et le fait qu'elle fournissait des réponses à nombre de questions qu'ignorait le SWP (les racines de la crise du tkysme, p. ex.). D'où le fait que des dizaines d'entre nous aient étés gagnés peu à peu et soient restés en fraction dans la LCR. D'autant plus qu'au même moment (1976) débutait l'évolution de la direction du SWP vers le castrisme. Bref, à la fin des années 70, seuls demeuraient opposés à la majorité du SU, les "lambertistes" européens et la fraction Moreno. La crise a débouché sur la rupture à propos du Nicaragua. Ca aurait pu être sur à peu près n'importe quoi, tant un monde nous séparait de Krivine-Bensaïd.

Alors les "agents" dans tout ça ? Et bien leur rôle a été somme toute limité. Sur nombre de questions, étant plus cohérents, ils pouvaient orienter notre réflexion. D'où l'autorité de nombre d'entre eux. Pas plus. Ce qui compte c'est le mouvement propre de ces militants. Pas le fait qu'il y ait des "agents" des X ou Y (il y avait aussi des spartacistes - ils ont étés marginalisés à toute vitesse : ce qui compte c'est l'orientation).

Mais comment considérer qu'ils étaient "planqués" ? Nemo était au SU et ses positions étaient un décalque de celle de l'OCI. S'il était resté "planqué", il n'aurait servi à rien ou à peu près ! Mais il est aussi vrai que s'il avait commencé par des déclarations tonitruantes, l'effet aurait aussi été nul.

Du point de vue de l'OCI, ce travail a donc eu un aspect bénéfique - puisqu'il l'a renforcée. C'est ça qui compte.

La suite de l'histoire de ces militants est évidemment totalement liée à celle du PCI et de sa dégénérescence. C'est une autre question.
stef
 
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