a écrit : Quijote
Toujours les "statistiques "! C'est donc une manie chez toi
Les statistiques, faut-il te le rappeler, constituent un des moyens de cerner la réalité économique et sociale. Si LO, ou toute autre organisation, était bien implantée dans les cités de banlieue, y intervenait régulièrement etc, les témoignages de nombreux militants pourraient déjà nous donner une indication.
Mais "tous les témoignages" (lesquels ?) et une anecdote personnelle ne peuvent pas remplacer une étude sérieuse.
La situation des femmes de "milieu musulman" doit être évalué sur une période assez longue, pas à partir de quelques faits divers et anecdotes. Comme je te l'ai dit, je ne suis pas du tout convaincu que leur situation se soit dégradée. Je crois au contraire que de très nombreuses jeunes filles de ces milieux modestes sont parvenues à faire des études, à trouver des emplois, et pas seulement comme vendeuses de monoprix. Evidemment, la crise et le chômage freinent ce mouvement, les rendent plus dépendantes de la famille, donc plus soumises aux pressions. La crise est certainement un facteur de renforcement de l'oppression familiale beaucoup plus important que la montée de l'intégrisme. (Bien que, je suis d'accord, l'intégrisme puisse aussi se nourrir de la crise.)
Mais, en dépit de la crise, les jeunes filles d'aujourd'hui ont beaucoup plus de facilités pour échapper par exemple au mariage forcé, au retour forcé au bled - qui sont, tu en conviendras, des menaces bien plus grande que celle de porter un foulard. Dans un pays comme la France, un léger retour en arrière - qu'il faudrait prouver par une étude sérieuse - ne peut être qu'un épiphénomène.
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La différence aujourd'hui, c'est que l'islam est beaucoup plus visible et que cette visibilité déclenche des réactions épidermiques. Personne ne se préoccupait de l'oppression subie par les femmes musulmanes dans les périodes précédentes.
A ce sujet, j'ai vu récemment le film
Harkis de Alain Tasma (le réalisateur de
Nuit noire sur le 17 octobre 1961). On y voit bien la condition des femmes qui débarquent d'Algérie avec leurs maris harkis. Toutes portent d'ailleurs un foulard (un peu différent de celui d'aujourd'hui), foulard que le colonel odieux qui gère le camp de harkis entend retirer de force à une femme. On voit le machisme ambiant, le rôle du père et des frères ou cousins, les mariages forcés etc. Et tout cela sans la moindre intervention d'un Immam ou d'un militant islamiste... A mon avis, ça a tout de même pas mal changé depuis cette époque.