a écrit :Réagissons !
Les causes des événements récents
20 ans de chômage et de pauvreté de masse, le délabrement des cités ouvrières, le racisme quotidien à l'embauche, pour l'accés au logement, l'arbitraire policier, les rafles d'étrangers sans-papiers ; les provocations, les insultes, du ministre de l'intérieur Sarkozy, « tous ces gens là », « la racaille » à « nettoyer au Karcher » ; et la mort de deux jeunes fuyant la police : voilà les causes, non exhaustives, des émeutes, des incendies, qui se déroulent actuellement dans les banlieues françaises.
Certes, ces événements peuvent être exploités par une minorité pour s'attaquer aux personnes et à des biens publics utiles, et les provocations sont nombreuses, provenant d'origines diverses. Mais si l'on s'étonne beaucoup, pour les condamner, des violences visibles, on parle moins de la violence si quotidienne et banale qu'elle en devient invisible : celle du béton, du racisme, de l'exploitation, des ghettos sociaux et de la précarité galopante. Et la violence brute, refoulée, qui se nourrit de tant d'oppressions et de brutalités, pourquoi s'étonner de son impolitesse, de son caractère souvent antisocial, lorsqu'elle éclate ?
Le couvre-feu... et le reste
Le couvre-feu favorise les arrestations systématiques et indiscriminées, les contrôles d'identité humiliants, telles qu'ils se pratiquent depuis les commencements des événements. Il est pratiquement ingérable et revient à aggraver la situation.
Mais si il est attentatoire en lui-même aux libertés publiques les plus fondamentales, ce couvre-feu, qui s'appuie sur la loi 55 – 385 réactivée pour l'occasion, est aussi le cache-sexe de toutes une séries de mesures lourdes de menaces pour les libertés. Votée aux commencements de la guerre d'Algérie, cette période sombre où régnaient en maîtres les tortionnaires colonialistes, les rafles, et où la police a massacré en masse à Paris même, cette loi est en elle-même une incitation à l'émeute.
Interdiction de réunions publiques, fermeture de salles de spectacle, interdiction de séjour dans certaines zones de toute personne «cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics», contrôle de la presse et des publications, possibilité de saisir la juridiction militaire pour des crimes ou délits civils, sont désormais possibles sur simple décision gouvernementale ou préfectorale. Tout cela raisonne comme un défi pour tous ceux qui s'aviseraient de vouloir changer cette société pourrie, ou tout simplement de revendiquer une éducation potable, des emplois et un salaire décent, comme l'ont fait les lycéens contre qui le gouvernement a fait donner les CRS, ou les marins de la SNCM et les postiers de Begles, à qui il a envoyé le GIGN.
La « réponse sociale » du gouvernement
Pour couvrir son offensive répressive sous des allures charitables, Villepin et sa bande disent vouloir donner de l'argent aux associations des quartiers, mais des sommes dérisoires, et ils n'ont pas tenu les promesses déjà faites à cet égard précédemment. Mais ses mesures phares en matière sociale, c'est d'augmenter les bourses au mérite, favorisant l'élitisme, et d'envoyer dès quatorze ans les enfants et les jeunes se faire exploiter dans des travaux pénibles qui ne seront pas rénumérés. Il s'agit en vérité d'une offensive contre l'instruction des classes populaires, et de donner gratuitement de la main d'oeuvre à un patronat qui licencie par ailleurs à tour de bras.
L'urgence : mobilisation dans l'unité !
Nous devons refuser les amalgames. Refuser les provocations. Braver l'état d'urgence. Pour donner une issue positive à la crise, nous devons nous mobiliser massivement. Etudiants comme lycéens, jeunes apprentis ou chômeurs, quelles que soient nos origines, notre sexe, que nous ayons ou non des papiers, nos intérêts sont les mêmes. C'est dans ces moments là qu'il est important de le clamer haut et fort, et de le montrer par des puissantes démonstrations de masse. Si il ne se passe rien, une période dure risque de s'ouvrir, où nos conditions sociales et nos libertés se dégraderont à une vitesse record.
Premier jet d'un tract "unitaire" pour la fac, qui n'a pas été encore rediscuté. Qu'en pensez vous ?