Des articles, communiqués autour des violences urbaines

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par artza » 07 Déc 2005, 19:14

(Vérié @ mercredi 7 décembre 2005 à 19:52 a écrit :
(Gaby @ mercredi  7 décembre 2005 à 19:47 a écrit : On est plus à droite que les RG hein ?

PLus mal informé et avec une vision moins claire de la situation, c'est absolument certain !

Plus mal informé c'est évident et valable pour toi aussi.

Pour la vision: "La France est passé d'une guerilla à une insurrection urbaine".

C'est pas sérieux. Les RG n'y croient pas eux-mêmes. Désolé si certains camarades le croient. C'est eux qui seront seuls.
En écrivant celà les RG ont une toute autre intention que d'alerter objectivement leur ministre.
artza
 
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Message par logan » 07 Déc 2005, 20:05

(vérié a écrit :Ce serait une erreur de croire que tous les services de l'Etat obéissent à Sarkozy, le petit doigt sur la couture du pantalon. Nous ne sommes pas dans une dictature fasciste ou stalinienne.


Jusqu'à nouvel ordre les RG sont sous la tutelle du ministère de l'intérieur... c'est à dire de Sarkozy :33:
Le choix des termes est tout sauf innocent.
Après sur les faits eux-mêmes on peut leur accorder une certaine confiance, très relative selon les cas.


Et c'est là qu'un Vrai parti communiste serait utile : on ne serait pas obligé de lire les rapports des RG ou des journaux de grands groupes de presse comme "le Monde" pour se faire une opinion sur la situation.

Comme ce parti aurait des antennes fiables dans chaque quartier, dans chaque usine, dans chaque cité, des infos multiples et dignes de foi nous parviendraient massivement. Et directement.
logan
 
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Message par com_71 » 07 Déc 2005, 21:28

Après quelques jours, avec un peu de recul...

(Tribune de la minorité dans Lutte Ouvrière n°1949 du 9 décembre 2005 a écrit :

Le gouvernement, sur l'air des "classes dangereuses "

Même depuis le sommet France-Afrique de Bamako, entre un bain de foule et une initiation aux mystères dogons, Chirac a été amené à parler des banlieues françaises. Ministres et députés y reviennent tous les jours. Trois semaines après la fin des émeutes, le gouvernement n'en finit pas de développer sa riposte à la révolte des jeunes des cités.

Justice d'abattage

La première réaction gouvernementale a été une répression brutale. Au 30 novembre, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, il y avait eu 4770 interpellations, dont près de la moitié après la fin des émeutes, qui se sont traduites par 4402 gardes à vue et 763 personnes emprisonnées, dont une centaine de mineurs. Une bonne partie n'avait visiblement rien fait d'autre que se trouver à portée des flics au moment de leur arrestation. Beaucoup se sont vus reprocher des faits extrêmement vagues, ou ridicules -comme cet incendie de fauteuil abandonné dans une rue de Bayonne, qui a valu deux mois de prison ferme à ses trois auteurs.

Le gourdin de la justice s'abat sur des jeunes qui refusent obstinément d'avoir le profil que Sarkozy leur prête. Alors que le premier flic de France prétendait que les émeutes étaient la preuve que sa politique contre le crime organisé portait ses fruits (puisqu'elle provoquait une telle réaction!), les enquêtes de journalistes et les rapports de la police elle-même ont montré que, dans leur grande majorité, les jeunes inculpés n'avaient rien de délinquants. Les cités qui ont été touchées auraient d'ailleurs été, au contraire, les moins suspectes d'abriter des réseaux de trafiquants. Et alors que le ministre de l'Intérieur inventait que 80% des jeunes interpellés étaient "bien connus des services de police", il s'est avéré que la plupart n'avaient pas de casier judiciaire. Pas plus qu'ils n'étaient des étrangers manipulés par l'islamisme, contrairement à d'autres allégations du pyromane au karcher. Ni barbus, ni mafieux: les portraits des condamnés qu'on a pu lire dans la presse étaient ceux de jeunes travailleurs, ou en formation, souvent à la marge du monde du travail... comme une très grosse partie des jeunes des classes populaires de leur âge.

Les vannes ouvertes de la démagogie anti-immigrés

Le gouvernement veut criminaliser ces jeunes puisqu'il dénonce la "racaille", et les stigmatiser comme "étrangers ", puisqu'il ne peut pas ouvertement les accuser d'être fils d'immigrés. Car il s'agit pour lui de justifier les autres aspects de sa réponse aux émeutes, consistant en un train de mesures censées renforcer la lutte contre l'immigration. Villepin veut ainsi doubler (d'un an à deux) le délai de séjour à l'issue duquel un étranger vivant en France peut demander le regroupement familial. Doublement aussi (de deux à quatre ans) de la période imposée aux conjoints étrangers avant de pouvoir demander la nationalité française. Diminution de moitié (à quinze jours!) du délai de formulation d'un recours pour les réfugiés déboutés, ce qui "transforme la procédure de détermination du statut du réfugié en véritable loterie", d'après la Coordination française pour le droit d'asile. Dans un autre registre et pour faire bonne mesure, le Premier ministre veut encore supprimer les allocations familiales des parents dont les enfants auraient "un comportement incivique ". Et Sarkozy, pour ne pas être en reste, annonce qu'il va relever à 25000 le nombre d'étrangers à expulser en 2006.

Toutes ces mesures, si elles se traduiront par une aggravation réelle de la situation des immigrés et des familles les plus pauvres, sont pourtant avant tout destinées à flatter les préjugés de l'électorat le plus réactionnaire.

La violence des jeunes était certes stérile en soi, et sur le seul terrain de l'affrontement avec la police, l'ordre social n'a pas eu grand-chose à craindre. Évidemment, un mouvement de la classe ouvrière aurait bien d'autres moyens d'ébranler sérieusement cet ordre et d'opposer à un système social écrasant les plus pauvres, une force encore plus grande. Les événements récents ont cependant montré que la violence qu'impose cette société d'oppression peut un jour lui exploser à la figure. Et pendant quelques semaines, les dirigeants de l'État, qui se permettent depuis des mois d'insulter les classes populaires, sont apparus sous un jour nettement moins glorieux. Même si Sarkozy comme Villepin ou Chirac, un temps bousculés, peuvent dorénavant jouer au maximum la carte sécuritaire et répressive, pour tenter de convaincre qu'ils ont repris la main.

Reste qu'envoyer pour des mois des jeunes derrière les barreaux au moyen d'une "Justice" expéditive, démolissant un peu plus leur vie, est insupportable. Face à cette odieuse revanche sociale, les organisations qui se réclament du monde ouvrier ne doivent pas maintenant garder le silence. Tout ce qui est possible doit être fait pour sortir de prison au plus vite les victimes de cette répression, plus sauvage que la révolte elle-même.

Benoît MARCHAND
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Cyrano » 07 Déc 2005, 21:55

Scan... ziiiiiiiii........... ziiiiiiiiiii
Ocr..... (en silence...)
Mettre en gras, Copier-coller... clic... clic... clic... clicclicliclicclicliii-cloc (zut! mon chat!)

L'article origine qui inspire le commentaire du Monde:

Le Parisien Libéré – Aujourd'hui en France, mercredi 7 décembre 2005.
a écrit :
Violences urbaines
Le Rapport explosif des renseignements généraux

EXTRAIT du rapport des RG


LES RENSEIGNEMENTS généraux, qui ont recentré l'une de leurs missions sur les violences urbaines, reviennent dans le détail sur le début des incidents. Le 27 octobre, deux jeunes meurent par électrocution à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), après s'être introduits dans une enceinte d'EDF. Voici les quatre temps forts du rapport confidentiel.
Christophe Dubois

1. Au départ: des violences urbaines «classiques»
Dans la nuit du 27 au 28 octobre, plusieurs dizaines de jeunes des quartiers du Chêne-Pointu et du Bois-du-Temple, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), agressent des policiers et sapeurs-pompiers. Vingt-trois voitures, un camion-citerne et un hall du bureau de Poste sont incendiés. La nuit suivante, une centaine de jeunes affrontent les forces de l'ordre. Les incidents se propagent au quartier voisin des Bosquets à Montfermeil. Puis, un nouveau quartier – La Forestière – entre dans la bataille. Une grenade lacrymogène, qui explose à proximité de la mosquée de Clichy-sous-Bois, ravive la tension qui était en train de retomber dans cette ville.
Pour les RG, ce début de crise entre dans une typologie clairement identifiée: les incidents ont pour origine des événements perçus comme étant une «injustice» ou une «intrusion illégitime» dans le territoire de la cité. Dans ce cadre-là, les services de police sont en mesure d'anticiper les flambées de violence. Celles de Clichy-sous-Bois s'appuient sur un élément déclencheur «non prévisible» (la mort des deux jeunes dans un transformateur EDF), qui s'est transfomié en violence urbaine par le fait des «acteurs impliqués et la rumeur (poursuite supposée des jeunes par les forces de l'ordre)».

2. La contagion touche 274 communes
Rapidement, les incidents s'étendent aux villes voisines. Puis à la Seine-et-Mame, aux Yvelines et au Val-d'Oise. A partir du 4 novembre, l'ensemble du territoire est touché. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, 1408 voitures sont incendiées et 274 communes touchées. Du jamais vu!
Les RG relèvent trois faits inédits. Jamais autant de villes n'ont été touchées de manière simultanée. Jamais un mouvement n'a duré aussi longtemps: il faudra vingt jours avant que le calme ne revienne. Jamais la violence n'a coûté aussi cher: «Plus de 250 millions d'euros dans un espace-temps limité», note le rapport. Un chiffre mis en parallèle avec les 50 milliards d'euros investis depuis dix ans dans le cadre de la politique de la ville.
Pour autant, les renseignements généraux assurent qu'«aucune solidarité n'a été observée entre les cités». Les violences qui se propagent dans les autres banlieues n'ont pas de lien avec l'incident initial: «Les jeunes s'identifient par leur appartenance à leur quartier d'origine et ne se reconnaissent pas dans ceux d'autres communes». Les policiers insistent: «Aucune manipulation n'a été décelée, permettant d'accréditer la thèse d'un soulèvement généralisé et organisé». La mouvance d'extrême gauche n'a pas «vu venir le coup et fulmine de ne pas avoir été à l'origine d'un tel mouvement». Les islamistes n'ont eu «aucun rôle dans le déclenchement des violences et dans leur expansion». Au contraire: «Ils avaient tout intérêt à un retour rapide au calme pour éviter les amalgames». Les RG concluent cependant sur un constat alarmant: «Toutes ces mouvances, y compris l'extrême droite, essaient désormais de récupérer et d'engranger les retombées de ces événements.»

3. Une révolte sans leader et sans programme
Le rapport insiste sur le fait qu'il s'agit d'une «crise plus grave» que des actes de violence urbaine: «La France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme». Une sorte de grand soir des banlieues. Cette «révolte» est atypique: «Les jeunes des cités étaient habités d'un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d'exclus de la société française.» Pour les policiers, ce mouvement est le résultat d'une combinaison de plusieurs facteurs: «Les jeunes des quartiers sensibles se sentent pénalisés par leur pauvreté, la couleur de leur peau et leurs noms. Ceux qui ont saccagé les cités avaient en commun l'absence de perspectives et d'investissement par le travail dans la société française.» Une «logique communautaire et identitaire», une «solidarité ponctuelle culturelle» après l'éclatement d'une grenade lacrymogène à proximité d'une mosquée et la «résignation» ou la «complicité» des populations vivant dans les banlieues ont transformé la violence urbaine en guérilla urbaine.
Si les fauteurs de troubles ont dans un premier temps affronté «spontanément» les policiers à Clichy-sous-Bois, ils ont ensuite constitué des «petits groupes mobiles, organisés localement», désignant une «cible déterminée». Ils ont particulièrement attaqué des bâtiments publics, mais aussi des sociétés privées (garages, entrepôts): «Tout s'est passé comme si la confiance envers les institutions mais aussi le secteur privé, source de convoitises, d'emplois et d'intégration économique, avait été perdue.»

4. Des craintes pour le Nouvel An
Dans un dernier chapitre, les RG dénoncent un «manque criant d'intégration». Ils relèvent – sans fard – des choix politiques hasardeux: «La France, plus préoccupée par la montée de l'islamisme radical et du terrorisme religieux, a négligé le problème complexe des banlieues.» S'avançant sur le terrain sociologique et psychologique, les policiers décrivent ces violences comme un «acte suicidaire». En revanche, le phénomène est resté «avant tout une affaire de cités, devenues de véritables «ghettos urbains à caractère ethnique». Entre économie parallèle et caïds, les «délinquants deviennent les véritables soutiens de famille», affirme le rapport. Les difficultés se cumulent: «Pas de mixité sociale», une «forte concentration de population d'origine étrangère», des «familles polygames et de nombreuses familles monoparentales», une «importante déscolarisation des enfants», une «culture identitaire», un «fort sentiment d'insécurité»...
Face à ce constat accablant, les RG sont très prudents pour l'avenir: «Il est à craindre désormais que tout nouvel incident fortuit (décès d'un jeune) provoque une nouvelle flambée de violences généralisées». Les RG craignent ainsi la traditionnelle nuit de la Saint-Sylvestre, qui «risque d'être particulièrement sensible». Cependant, ils considèrent que ces violences entrent dans une «logique festive» et n'expriment pas un «sentiment d'injustice ou de rejet».
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 07 Déc 2005, 22:08

Avant l'article que je viens de poster, il y a un article introductif, sous le même titre général:
Violences urbaines
Le Rapport explosif des renseignements généraux

Je le rajoute, ça mange pas de pain.

Le Parisien Libéré – Aujourd'hui en France, mercredi 7 décembre 2005.
a écrit :APRÈS LES EMEUTES urbaines qui ont embrasé la France, la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) s'est efforcée d'analyser ce phénomène inédit. Une «photographie» des violences urbaines, résumée dans un document confidentiel daté du 23 novembre, tord le cou à quelques idées reçues: le mouvement n'était ni organisé ni manipulé, mais s'apparente à une «révolte populaire des cités». Pour les RG, la France a basculé de la «guérilla urbaine» à l'«insurrection urbaine». Le principal ressort des émeutiers n'est ni l'origine ethnique ou géographique, mais leur«condition sociale d'exclus de la société français». En clair, «restreindre les derniers événements à de simples violences urbaines serait une erreur d'analyse».

Ces propos relativisent les déclarations de nombreux acteurs policiers et judiciaires, qui ont dénoncé à chaud des groupes organisés, mafieux ou islamistes. Elle met à mal l'idée d'une réponse restant dans le registre du «tout-sécuritaire». Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, en déplacement le 7 novembre à Evreux, où un policier avait été blessé lors de graves incidents, évoquait des «agressions multiples et organisées qui n'avaient rien de spontané». Dans une tribune publiée dans «le Monde» du 6 et 7 novembre, il brandissait en creux cette menace: «La police est la police de la République. Elle assure l'ordre de la République. Si elle ne le faisait pas, quel ordre lui succéderait? Celui des mafias ou des intégristes.» Le procureur général de la cour d'appel de Paris, Yves Bot, a également accusé des «bandes organisées». Même tonalité chez les maires des banlieues. Eric Raoult, député-maire de Raincy (Seine-Saint-Denis), a dénoncé la manipulation des émeutiers et des «groupes organisés pour déstabiliser».

Une perte de confiance totale envers les institutions de la République

La réalité, décrite par les RG, est plus complexe. Pas de caïd à la tête de bandes déchaînées. Pas de «fous de Dieu» qui attisent les flammes. Juste une énorme désespérance sociale et une perte de confiance totale envers les institutions de la République. Face à ce constat, la réponse policière et judiciaire ne suffit pas. Le ministre de l'Intérieur, conscient de la profondeur de la crise, a décidé de lancer des pistes de réflexion inédites. Selon nos informations, il a ainsi demandé à la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale) de réfléchir à ce qui pourrait être fait en matière d'aménagement du territoire dans les villes et dans les banlieues: «Nous nous sommes rendu compte que cet organisme avait beaucoup travaillé sur le littoral et les zones rurales, mais jamais sur les cités», explique-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. A tel point que la Datar va se tourner vers des laboratoires universitaires pour mener cette réflexion, qui devrait permettre de dégager des «axes de réflexion».
«Le bras du policier est indispensable, mais il ne suffit pas», reconnaît un conseiller du ministre de l'Intérieur. La politique du «jusqu'ici tout va bien» n'est plus de mise. Dans la nuit de lundi à mardi, sept véhicules ont brûlé dans les banlieues de la région parisienne. «Le résultat des nombreuses interpellations menées ces dernières semaines», souligne un responsable policier. Un calme qui ne pourrait être qu'apparent.

Christophe Dubois
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 07 Déc 2005, 22:16

Dans Libération, des paroles de policiers.
Désolé, je n'ai pas le temps de ne choisir que les passages à retenir pour alléger la lecture et gagner du temps – faut donc tout lire…

Libération: mercredi 07 décembre 2005

a écrit :Retour sur la crise des banlieues
«Ce que vous avez vu, on le vit depuis des années»


Paroles de policiers confrontés pendant trois semaines aux émeutes.
par Jacky DURAND

Un petit Noël mais pas de nouvel an. Nicolas Sarkozy a confirmé, le 1er décembre, devant le congrès de Synergie (deuxième syndicat d'officiers), l'attribution d'une prime de 300 euros à «22 000 agents de la police nationale les plus impliqués dans les opérations liées aux violences urbaines». Mais les congés de fin d'année seront réduits au minimum réglementaire. Pas plus de 25 % des effectifs de la police nationale ne seront en repos pour la Saint-Sylvestre. «Mais ça fait déjà quelques années qu'on est tous sur le pont pour le coup de chaud du nouvel an», explique un syndicaliste.

Des officiers de police débordés
La fin de cette année revêt toutefois une importance particulière après les trois semaines d'émeutes entre la fin octobre et novembre. «On est très inquiets pour cette Saint-Sylvestre, concède un vieux routier de la Seine-Saint-Denis, où 75 voitures ont brûlé lors du nouvel an 2004. Il n'y a pas de raison que ça ne recommence pas.»

Signes avant-coureurs
Les 10 000 voitures brûlées sur l'ensemble du territoire n'ont pas fini de faire gamberger dans les rangs de la police, où l'on décrit ce mois de novembre comme un épisode emblématique de l'évolution des violences urbaines. Un haut fonctionnaire analyse: «L'ampleur nous a surpris, c'était inédit. Mais on avait déjà été alerté sur une ambiance tendue en banlieue. Notre analyse était fondée sur plusieurs éléments, dont la nuit du 13 juillet 2005 où une centaine de voitures avaient été incendiées en Seine-Saint-Denis. On était passé au stade de la guérilla urbaine avec des gens coordonnés et mobiles. Ils jouaient avec les CRS, les piégeaient. On avait même vu une voiture balancée dans l'escalier du RER. Cependant, le mois de novembre restera un événement considérable en termes d'étendue, de simultanéité. Il y a un avant et un après- novembre 2005.»
Philippe (1) est gardien de la paix depuis cinq ans en Seine-Saint-Denis. Quand il a appris la mort des deux jeunes à Clichy-sous-Bois, le 27 octobre, il s'attendait à «une réponse des jeunes. Mais pas à un tel mouvement». Un officier confirme: «On est sorti du scénario classique. Quand il arrivait quelque chose de grave à un môme, d'habitude, on se tapait deux nuits de violences, après, ça se tassait.» Quand il a sillonné les rues de La Courneuve, d'Aubervilliers et de Saint-Denis, Philippe a été impressionné par le chassé-croisé entre les jeunes, la police et les caméras de télévision, et parle de «concours»: «Si le voisin brûlait 30 voitures dans son quartier, alors il fallait faire mieux que lui et en brûler 40 ici. Tout à coup, les gamins ont eu le sentiment de se retrouver sous les feux de la rampe alors qu'ils avaient la conviction d'être les oubliés des médias. On s'est mis, du jour au lendemain, à parler d'eux alors qu'avant ils pensaient qu'on n'évoquait la banlieue que lorsqu'une barre s'écroulait. Durant ces semaines d'émeutes, tous les jeunes étaient devant la télé pour voir quels quartiers passaient au JT.»
Dans cette configuration de surenchère avancée par les policiers, Eric, quinze ans de sécurité publique dans le Val-d'Oise, a vu s'échauffer les cités «habituelles» avec «des jeunes qui cherchaient l'affrontement. Ils connaissent nos limites en matériel et en effectifs pour les repousser. Ils savent que l'effet du flash-ball est limité au-delà de dix mètres et que l'on peut s'en protéger en mettant deux, trois blousons». Cependant, l'officier a également constaté que «dans des cités qui n'étaient pas habituées à ce genre d'événement, des patrouilles se sont retrouvées piégées dans le noir avec des voitures qui brûlaient. Sur l'ensemble des jeunes interpellés, une minorité était connue. La majorité s'est agrégée sur cette minorité qui a distillé son savoir-faire en matière d'émeutes».

Conscience commune
Les témoignages des policiers recueillis par Libération démentent toutes les tentatives politiques, dont celle de Nicolas Sarkozy, pour lier ces violences à une forme d'organisation: «Il n'y a pas eu d'organisation mais ces jeunes ont ressenti qu'ils appartenaient tous à la même condition défavorisée, dit un ponte du renseignement. Un si grand nombre de cités ne s'embrasent pas comme ça sans une conscience commune, avec, pour moteur, le chômage et la discrimination. Il y a des ferments de révolte.» Pierre, quinze ans chez les CRS, précise: «On ne peut pas parler d'organisation générale mais, dans certains endroits, il y a eu des gens qui préparaient les cocktails Molotov alors que dans d'autres lieux, des jeunes étaient encadrés par des grands frères.»
Pierre et Philippe n'ont connu d'affrontements que dans les nuits qui ont suivi les morts de Clichy-sous-Bois: «On a vécu deux soirées de bagarres dans le 93, sinon il n'y a pas eu de contact ; les gens brûlaient les voitures et s'enfuyaient», dit l'officier de CRS qui porte le regard le plus véhément sur la crise des banlieues: «Ce que vous avez vu, c'est ce que l'on vit depuis des années! Un week-end, c'est 300 bagnoles qui brûlent. Simplement, les préfets, les directeurs de la sécurité publique ne veulent pas en parler. Il y a une omerta. A part l'usage des armes à feu à Grigny et à La Courneuve, la situation n'a pas été plus violente que d'habitude. La grosse différence, c'est qu'en novembre les émeutes se sont généralisées sur tout le territoire.»

Deux ou trois rues
Un autre policier en Seine-Saint-Denis parle d'«harcèlement» plutôt que d'«affrontements»: «Une fois la tribune médiatique obtenue , les émeutiers n'avaient plus intérêt à l'affrontement. En fait, les émeutes, ça ne touchait que deux ou trois rues dans chaque commune.» Toutefois, Claude capitaine en Seine-et-Marne, estime avoir été confronté au cours de la crise des banlieues «à une situation plus virulente, avec des gens plus déterminés que d'habitude» dans son département.
Si la violence n'est pas l'élément le plus saillant dans le récit des policiers, ils insistent davantage sur les dommages causés aux bâtiments publics, notamment ceux à usage collectif. «On n'a jamais vu autant d'édifices incendiés», constate un responsable policier du 93. «On s'attaque maintenant aux écoles alors qu'avant on ne s'en prenait qu'aux bleus (les policiers)», dit Pierre. Selon le ministère de l'Intérieur, 233 bâtiments publics et 74 bâtiments privés ont été incendiés ou vandalisés dans 300 communes.
Trois semaines après les dernières nuits d'émeutes, les policiers s'estiment plutôt confortés dans leurs missions par les réactions de la population: «Ces événements ont réduit le décalage entre l'opinion et nous, policiers, affirme Claude pour qui, il faudrait donner aux jeunes des banlieues une raison d'espérer, quelque chose de palpable à atteindre.» Mais ajoute-t-il, «il faut aussi que l'on comprenne que celui qui casse doit être aidé mais également sanctionné». Pierre dit: «Ce qui a changé, c'est le regard des gens sur nous. On a senti une adhésion, une demande de sécurité dans les banlieues, les gens ont peur.»

Dépôt de bilan
L'analyse développée par un autre officier en Essonne ébauche, en revanche, une ligne de fracture entre les cités et le reste du territoire: «Les gens qui n'habitent pas dans les banlieues nous soutiennent. Ceux qui habitent les cités ont peur face aux violences ou sont indifférents face à notre action. La plupart des personnes qui ont vu leurs véhicules dégradés ont peur de déposer plainte.» Pour un autre fonctionnaire: «Plus que jamais la police est un fusible, une forme d'exutoire face à des jeunes désoeuvrés, en rupture familiale. On fait les frais d'une absence de politique en banlieue. Si l'on se souvient que Chirac parlait de réduire la fracture sociale lors de sa campagne électorale de 1995, aujourd'hui, il frise le dépôt de bilan.»

(1) A leur demande, les policiers sont désignés par des prénoms d'emprunt.
Cyrano
 
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Message par pedro » 07 Déc 2005, 22:18

a écrit :Emeutes: avis défavorable de juges sur l'expulsion d'un jeune Mauritanien



Une commission de juges du tribunal de grande instance de Pontoise a rendu mercredi un avis consultatif défavorable à la procédure d'expulsion engagée contre un Mauritanien de 21 ans, en situation régulière et jamais condamné, à la suite des émeutes dans les banlieues.

Le jeune homme, en France depuis l'âge de trois ans, est visé par une procédure d'expulsion engagée par la préfecture de Cergy.

D'après la lettre de l'administration, il se serait rendu coupable de "violences volontaires aggravées sur agent de la force publique", lors des violences urbaines. Il aurait caillassé des policiers un soir d'émeutes. La commission a jugé que ces faits n'étaient "pas établis".

Elle a également relevé que le jeune homme n'avait "jamais été condamné" et présentait un "bon profil d'insertion dans la société". Au final, les trois juges ont estimé que sa présence "sur le territoire français ne constitue pas un danger pour l'ordre public".

L'avis de cette commission composée de trois juges, qui a vocation à apprécier l'opportunité d'une expulsion, est purement consultatif. La décision finale revient à la préfecture, qui devrait se prononcer dans les prochaines semaines.

Le jeune homme, accompagné de son père, de son avocate et d'un petit comité de soutien du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), s'est dit "content" de l'avis.

Il a expliqué avoir "honte d'être dans un tribunal". "C'est pas ma place ici. On dit que j'ai fait des trucs mais j'ai rien fait (...) c'est du racisme", a-t-il affirmé.

Son avocate Me Lucille Besse a estimé que l'avis constituait "un premier pas encourageant", soulignant néanmoins qu'il n'était "que consultatif".

Lors de sa plaidoirie devant la commission, elle avait affirmé que "la seule chose" qu'on reprochait au jeune homme, "c'est d'être étranger, noir, jeune et de vivre en banlieue".

Présent au côté du jeune homme, le secrétaire général du Mrap Mouloud Aounit a indiqué qu'il allait envoyer une lettre au ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy pour demander l'annulation de la procédure.

"On est dans une logique de bannissement. On veut faire un exemple une fois de plus,, pour faire porter sur le territoire de l'immigration la problématique de l'insurrection dans les banlieues: c'est un clin d'oeil de Nicolas Sarkozy à l'électorat du Front national", a-t-il accusé.

Dans sa lettre, M. Aounit exprime le "soulagement" du Mrap et demande au ministre "de bien vouloir annuler la mesure d'expulsion et de permettre à l'intéressé de retrouver une vie normale auprès des siens".

Il lui rappelle que le maintien de l'expulsion serait "contraire" au Code de l'entrée et du séjour des étrangers et "porterait également atteinte à l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme".

Un autre étranger visé par une expulsion dans le cadre des violences urbaines, un Marocain de 19 ans accusé d'avoir brûlé quatre voitures, devait également être entendu par la commission, mais son audience a été reportée, son avocat étant absent. Détenu, il comparaîtra le 16 décembre devant le tribunal correctionnel de Pontoise.

M. Sarkozy avait annoncé en novembre son intention d'engager des procédures d'expulsions d'étrangers qui auraient participé aux émeutes, "dans tous les cas où la loi le permet".



Le nombre d'étrangers en situation régulière, arrêtés lors des émeutes, et montrés du doigt par sarko, dans un discours aux accents lepénistes, était passé de 123 à 7, avant cet avis.
pedro
 
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