Réunion de la Coordination Féministe et Laïque du 5 février,
Intervention d'Azar MAJEDI Liberté de femmes en Iran. Défense de la laïcité. Il faut repousser la religion
Je me réjouis d'êtres le témoin du développement d'un mouvement laïque aussi actif, et de voir que la laïcité est en train de s'affirmer, et qu'elle sort de sa marginalisation et de son attitude timorée. Nous avons besoin d'un élan aussi puissant et formidable que la révolution française pour repousser la religion à sa vraie place,
c'est à dire la sphère privée.
La religion et les mouvements religieux ont pris trop de pouvoir et d'influence durant ces dernières décennies. L'islam politique a gagné un grand pouvoir politique dans des pays important. La religion a une influence grandissante dans la conduite des affaires des pays dits du bloc de l'Est. Après la chute du régime soviétique les positions, les idéologies de droite ont pris le dessus, il en est résulté le concept raciste du relativisme culturel, concept qui justifie la violation des droits de la femme et de l'enfant, et des principes élémentaires
de l'universalité des droits de l'homme. Ainsi avons-nous été témoins de l'émergence d'une majorité silencieuse qui n'ose pas remettre en question ces violations flagrantes des droits de l'homme, de peur d'être taxé de racisme et d'intolérance. Mais les choses évoluent, les partisans de la liberté se réveillent et élèvent la voix. Le mouvement laïque progresse et les mouvements des droites de la femme vont de l'avant. Il est grand temps de repousser les incursions faites par les groupes religieux et de les renvoyer aux marges de la société. La religion doit être une affaire privée et cesser d'interférer dans l'état et les décisions législative ou dans
l'éducation.
Je m'adresse à vous en tant que militante de longue date du mouvement des droits de la femme, une militante politique qui a défendu la liberté et l'égalité et a combattu une dictature religieuse à savoir la république islamique.
Je m'adresse à vous en tant qu'une des premières victimes de la répression et de la tyrannie religieuse. Je m'adresse à vous en tant qu'une des premières victimes de l'islam politique. Combien de preuves nous faut-il pour admettre que l'intervention de la religion dans l'état et l'éducation ne peut qu`engendrer inégalité, oppression et brutalité ? Je n'ai pas besoin de me projeter dans le moyen âge en Europe. Il suffit d'observer le proche orient et tous les pays où l'Islam a la main mise : La république islamique, les talibans l'Arabie Saoudite l'Algérie ou le Nigeria. Observez ce qui se passe en ce moment en Irak, où les Islamistes ont acquis une position dominante, où la Charria est sur le point de devenir la loi du pays.
Même dans les communautés islamiques en occident où les gouvernements ont laissé la religion y faire la loi, les femmes sont opprimées, les enfants privées de leurs droits et la situation des filles est particulièrement préoccupante. Combien de meurtres pour l'honneur nous faut-il pour dire stop à la religion ? Combien de brutalité et de séquestration nous sont-elles nécessaires pour crier assez ! Pour combien de temps et jusqu'où les filles doivent-elle être privées de leur droit à l'égalité des chances et à l'accès à une vie heureuse,
pour que nous réagissions et mettions fin a l'ingérence de la religion ? Il est de notre devoir de défendre la femme et l'enfant des méfaits des lois religieuses, de leurs influences, et des hiérarchies mafieuses qui profite de cette situation, les mollahs ou les soit disant chefs religieux.
Dans ce bref constat que je fais aujourd'hui, j'aimerais insister sur l'importance de la loi qui est proposée, c'est un pas important pour la défense des droits de la femme et de l'enfant. Mais ce n'est pas suffisant, nous devons aller plus loin. Nous devons interdire le port du voile aux mineurs, voiler les enfants est une atteinte a leurs
droits.
" Faire porter le voile islamique par des fillettes et des adolescentes qui ne sont pas majeures, doit être légalement interdit." a écrit Mansoor HEKMAT en 1997 dans son article défendant l'interdiction du port du voile par les enfants, "Car, cela n'est pas la liberté de s'habiller comme on le désire. Au contraire, c'est la
contrainte dictée par les partisans d'une secte religieuse précise pour obliger l'enfant à porter un vêtement particulier. Soutenir la liberté et le droit de choisir de l'enfant (qui ne sont pas absolus) exige que la loi supprime cette contrainte. L'enfant n'a pas de religion, de tradition, ni de fanatisme. Il n'adhère à aucune secte
religieuse. C'est un être nouveau, qui est né par hasard et indépendamment de sa volonté, dans une famille avec une religion, une tradition et des fanatismes particuliers. La société a le devoir de neutraliser les conséquences négatives de ce tirage au sort aveugle. La société a le devoir de créer des conditions égales et équitables pour la vie de tous les enfants ainsi que pour leur développement, leur épanouissement et leur participation active dans la vie sociale.
Celui qui veut contrecarrer le cheminement normal de la vie sociale d'un enfant, doit être assimilé à quelqu'un qui décide de le maltraiter, en raison de sa culture, sa religion ou de ses complexes personnels et collectifs, l'enfant, doit bénéficier de la protection d'une solide barrière législative et d'une réaction sérieuse de la
société en cas d'agression.
Aucune fillette de 9 ans ne choisit à se marier, d'être mutilée, de se transformer en cuisinière ou femme de chambre des mâles de la famille, d'être privée de sport, d'études ou de récréation. L'enfant grandit dans la famille et la société, selon les traditions et les règles établies et accepte automatiquement ces idées et ces règles comme les manières normales de la vie. Parler de choix du voile islamique par les enfants eux-mêmes, est des plus absurde. Celui qui fait passer le mécanisme de la transformation d'une fillette sans voile en fillette voilée comme son "choix démocratique", ou bien ne vit pas sur terre ou bien c'est un hypocrite qui ne mérite pas d'entrer dans le débat sur les droits des enfants et la lutte contre la discrimination. La condition de la défense de toutes sortes de liberté de l'enfant pour expérimenter la vie, la condition de la défense de libre choix de l'enfant, est d'empêcher ces obligations automatiques et courantes."
Un autre problème concerne l'interdiction des écoles religieuses. L'adoption de cette loi ne sera qu'une demi mesure dans la défense de la laïcité, si nous annonçons aux parents et à la communauté religieuse qu'il peuvent envoyer leurs enfants dans des écoles religieuses au cas où cette loi ne leurs convient pas. Ceci va à
l'encontre de la création d'une société laïque et encore plus contre la création d'une parfaite égalité pour tous les enfants. Ce faisant nous encourageons la prolifération rapide des écoles religieuses, et aggravons la ghettoïsation des zones qui existent, et nous encouragerons la discrimination envers les enfants nés dans des
familles religieuses privant ainsi ces enfants et plus particulièrement les filles de leurs droits à un avenir égalitaire.
Cela équivaut à leurs dire "allez au diable nous ne défendons que les laïcs dans notre société".
La nouvelle loi ne sera efficace véritablement que si les écoles religieuses sont toutes interdites et que si le principe de la scolarisation obligatoire pour les enfants n'ayant pas atteint leur majorité est fermement appliqué et soutenu par le gouvernement.
En guise de conclusion, je voudrais vous lancer un appel : restez ferme face à l'offensive des mouvements religieux et soutenez notre combat contre l'islam politique et pour la liberté et l'égalité en Iran, en Iraq et dans tout le Proche orient. Notre combat contre l'islam politique l'éradiquera en Occident aussi.
Mobilisons-nous pour un grand 8 Mars. Un 8 Mars historique contre le voile islamique et l'islam politique, pour la laïcité et l'égalité homme femme.
Manifeste.
Etre de culture musulmane et contre la misogynie, l'homophobie, l'antisémitisme et l'islam politique. Retrouver la force d'une laïcité vivante
Femmes, hommes, de culture musulmane, croyants, agnostiques ou athées... nous dénonçons, avec la plus grande vigueur, les déclarations et actes de misogynie, d'homophobie et d'antisémitisme dont nous sommes témoins depuis un certain temps ici en France, et qui se revendiquent de l'islam. Nous voyons se manifester, là, une trilogie caractéristique de l'islamisme politique qui sévit depuis longtemps dans plusieurs de nos pays d'origine, contre lequel nous avons lutté et sommes résolus à lutter encore.
L'égalité des sexes, un préalable à toute démocratie
Profondément partisans de légalité des droits entre les sexes nous condamnons l'oppression dont sont victimes les femmes soumises aux codes de statut personnel, comme c'est le cas en Algérie, (sur ce point, l'avancée récente du Maroc éclaire d'une manière encore plus crue le retard algérien), et parfois même en France, par le biais des conventions bilatérales. Nous sommes convaincus qu'il ne peut y avoir de démocratie sans cette égalité des droits. Et c'est dans cette mesure que nous soutenons; sans ambiguïté, la campagne «20 ans, barakat !» («20 ans, ça suffit !»), engagée parles associations de femmes algériennes et qui doit culminer en mars 2004, demandant la suppression définitive du code de la famille contre lequel elles se battent depuis vingt ans.
C'est aussi pour cette raison que nous nous opposons au port du voile islamique, quelle que soit la position de chacun d'entre nous sur l'opportunité d'une loi l'interdisant dans les écoles en France, aujourd'hui. Dans divers pays, nous avons vu les violences, ou même la mort, infligées à des amies ou des proches parce quelles refusaient de le porter, et nous nous disons que, s'il est vrai que la floraison actuelle de voiles en France a trouvé un terreau dans les discriminations dont sont victimes les enfants issus de l'immigration, en aucun cas elle n'y a trouvé une cause, et certainement pas un rappel de la mémoire maghrébine: il y a bien, derrière ce prétendu «choix» dont se réclament un certain nombre de filles voilées, une volonté de promouvoir une société politique islamiste, s'appuyant sur une idéologie militante active sur le terrain et affichant des valeurs dont nous ne voulons pas.
Halte à l'homophobie
Pour les islamistes comme pour tous les machistes et intégristes, «être un homme» veut dire avoir le pouvoir sur les femmes, y compris le pouvoir sexuel. A leurs yeux, tout homme qui est pour l'égalité entre les sexes est potentiellement un sous-homme, un «pédé». Ce mode de pensée est récurrent depuis la montée de l'islamisme politique, et sa férocité n'a d'égal que son hypocrisie. L'un des organisateurs de la manifestation du samedi 17 janvier 2004 en faveur du voile déclare « qu'il est scandaleux que des gens qui se sentent choqués par le foulard ne se sentent pas choqués par l'homosexualité»: pour lui, sans doute, une société vertueuse est une société qui enferme les femmes derrière des voiles, et les homosexuels derrière des barreaux, comme on l'a vu faire en Egypte.
On frémit en pensant à ce que ces théories, si elles venaient à triompher, entraîneraient pour les «impudiques», à savoir les femmes non voilées, les homosexuels ou les mécréants. Nous considérons, au contraire, que la reconnaissance de l'existence de l'homosexualité, et la liberté pour les homosexuels de mener leur vie comme ils l'entendent, est un indéniable progrès: à partir du moment où un individu ne contrevient pas aux lois qui protègent les mineurs, les choix sexuels de chacun concernent chacun, et en aucun cas l'Etat.
Contre l'antisémitisme
Enfin, nous condamnons, avec la plus grande fermeté, les affirmations antisémites dont sont porteurs des discours proférés ces derniers temps au nom de l'islam. Comme les femmes «impudiques» et les homosexuels, les juifs seraient à abattre: «Ils ont tout, et nous rien» a-t-on entendu dans la manifestation du 17 janvier. Nous voyons là, à l'oeuvre, l'instrumentalisation du conflit israélo-palestinien par les mouvements intégristes au profit de l'antisémitisme le plus inquiétant. En dépit de notre opposition à la politique menée actuellement parle gouvernement israélien, nous refusons de nourrir une vision archaïque et fantasmatique du «Juif » par l'utilisation d'un conflit historique et réel entre deux peuples; nous reconnaissons le droit à l'existence d'Israël, comme l'ont fait, successivement, le congrès de l'OLP tenu à Alger en 1988 et le sommet de la Ligue arabe réuni à Beyrouth en 2002; et c'est dans cette double reconnaissance que s'inscrit notre engagement aux côtés du peuple palestinien dans son droit de fonder un Etat et de faire évacuer les Territoires occupés.
Une laïcité vivante
Nous sommes conscients que l'islam a été mal reconnu en France, et qu'il manque de lieux de prière, d'aumôneries et de cimetières. Nous sommes également conscients que des jeunes Français issus de l'immigration connaissent un retard considérable dans leur promotion sociale et une discrimination constatée par tous les observatoires, et que ridée de laïcité «à la française» a beaucoup perdu de sa valeur pour eux.
Face à cette perte de valeur; deux voies se présentent à eux: ou bien retrouver la force d'une laïcité vivante, c'est-à-dire de l'action politique au quotidien pour faire avancer leurs droits et se revendiquer des acquis pour lesquels se sont souvent battus leurs pères et leurs mères, qui appartenaient à des classes sociales, des cultures, des peuples, des nations, avant d'appartenir à l'islam; ou bien se reconnaître dans une oumma fictive et informatisée, qui n'a plus rien à voir avec les réalités qui les entourent, et qui se drape dans des oripeaux républicains ou tiers-mondistes pour mieux dessiner une société inégalitaire, répressive et intolérante. Cette seconde voie ne peut être la notre.
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