a écrit :
Mais si le phénomène est celui de la transformation des communistes en bureaucrates parce que à l'intérieur d'une nécessité capitaliste (le développement nécessaire de la Russie par manque de révolution mondiale); il n'y a nulle besoin de "contre-révolution" mais d'évolution naturelle d'une situation fixée par la base économique impitoyable de la Russie.
L'évolution "naturelle", c'est l'évolution économique en l'absence d'extension d ela révolution puisque, en Russie, il n'existait pas de possibilités matérielles de "dépasser" le stade capitaliste, qui n'était même pas atteint au moment de la révolution.
En revanche, sur le plan politique, il y a tout de même conre-révolution, différente certes de la contre-révolution versaillaise de 1871. Trotsky considérait d'ailleurs qu'il y avait bien eu une contre révolution, il est important de le rappeler, mais seulement une contre-révolution politique. Néanmoins, même face à cette contre-révolution politique, la classe ouvrière devait, toujours selon Trotsky, refaire une révolution violente pour reprendre le pouvoir. Il ne suffisait pas d'un changement de majorité au soviet suprème. Sur le sort de l'appareil d'Etat proprement dit, Trotsky était moins clair.
Mais le pouvoir politique du prolétariat se traduisait toute d emême par l'organisation du prolétariat en classe dominante, selon les principes de Lénine dans l'Etat et la révolution. Une fois ces organisations effondrées, Trotsky considérait néanmoins que tout n'était pas perdu, que ça pouvait se jouer au sein de l'appareil du parti. Puis il a dit ensuite en substance :"Je me suis trompé, le Thermidor bureacratique est derrière nous". Mais il considérait que ce glissement du pouvoir des mains du prolétariat à celles de la bureaucratie s'était fait sur la base des formes de propriété établies à la suite d'octobre : la propriété d'Etat. De même que le passage des mains des Jacobins aux Thermidoriens s'était fait sur la base des acquis de la révolution bourgeoise en France.
C'est sur ce point qu'il se trompait car l'étatisation des moyens de production, la propriété étatique n'était pas "prolétarienne" par essence. La preuve en a été donnée par la suite par le fait que de nombreux Etats bourgeois ont étatisé totalement ou en grande partie l'économie sans révolution prolétarienne : Yougoslavie, Chine, Cuba, Vietnam etc. (Le cas des Etats d'Europe de l'Est est un peu différent puisque ces régimes ont été imposés de l'extérieur, militairement, par l'URSS, sauf en Tchécoslovaquie sur laquelle la pression de l'URSS était tout de même très forte.)
Mais Trotsky, bien évidemment, n'a pas connu l'existence de ces nouveaux Etats, qui apportaient des éléments nouveaux dans cette (déjà) vieille discussion. Quant à Cliff, qui a partagé pendant assez longtemps l'analyse de Trotsky, il a bien évidemment bénéficié du recul historique et disposait de très nombreux éléments nouveaux...