(Ottokar @ mardi 22 décembre 2009 à 08:35 a écrit : La grève du 92, ce n'est pas l'affaire du siècle. Rien que l'an dernier, dans LO il y a eu une demi-douzaine de grèves locales de la Poste, avec des succès variables. Dans le 92, une poignée de gauchistes et de militants se sont enfermés dans une grève tandis que la majorité des autres travaillaient (et notamment la CGT, car il y avait une bagarre SUD vs CGT). Là encore, quelle efficacité ? au service de qui ? est-ce que cela aide les postiers à résister aux attaques ou est-ce que cela aide Besancenot à se forger une image de "dur" ?
On ne choisit pas toujours son moment pour faire grève, et on ne choisit pas d'être minoritaire. Mais on connait ce genre de conneries. Le PC les a faites, en grand dans les années 30, puis à nouveau dans les années 50. Ce n'est pas parce que c'est Besancenot qu'il faut dire amen. Ni bien sûr qu'il faut se désolidariser face à la répression. Et il ne faut pas plus le rejeter en soi. Il faut réfléchir et c'est ce que nous avons fait sur ce fil.
Pas l'affaire du siècle, certes, et personne n'a prétendu le contraire. Justement la situation à la Poste (créée par la direction qui applique sa politique bureau par bureau, centre de tri par centre de tri etc.) c'est une succession de grèves locales avec des succès variables. Ce qui a été tenté l'hiver dernier, c'est, à partir d'une grève locale, d'étendre à d'autres, de manière volontariste. Ça a marché un peu à l'échelle départementale, guère au delà (marginalement dans le 91). Oui c'était une grève minoritaire, mais justement avec la claire conscience de cette situation et la tentative organisée (avec un comité de grève) de voir les possibilités de s'adresser aux autres. En cela, par la durée aussi, ce n'est pas exactement n'importe quelle grève locale minoritaire. Les grévistes n'ont pas réussi. Dire que c'était minoritaire à cause de la bagarre Sud/cgt n'est pas très juste. C'est resté isolé en effet parce que la CGT a bagarré contre la grève (et aussi spécifiquement d'une manière assez dégueulasse contre le comité de grève). Mais cela s'est fait aussi contre la direction de sud qui était loin d'être ravie. Ce n'est pas très honnête de présenter cela comme la grève de sud contre la cgt. Pas plus que de dire que c'était une opération de pub de Besancenot (pas ce que tu écris mais ça a été entendu pendant la grève), ce qui était d'ailleurs un des arguments utilisés dans la CGT (et parfois dans sud) contre la grève. Malhonnête aussi de comparer la politique menée dans la grève avec l'aventurisme des stals dans les années 30 et 50. Car leur politique d'alors c'était tout sauf tenter d'étendre en s'adressant aux autres, et tout aussi sauf l'organisation des grévistes eux-mêmes en comité de grève.
Alors cette tentative d'extension n'a pas été un succès. Cela dit, là d'où on était parti dans cette discussion c'était du fait que ceux qui ont fait l'action devant l'assemblée préfèrent ça à s'adresser aux postiers. Or la grève du 92 ça a été essentiellement une tentative pour s'adresser aux autres. Comme l'activité d'un certain nombre de militants du NPA à la Poste, consiste d'abord à s'adresser politiquement à leurs collègues (d'autres n'ont qu'une activité syndicale Sud, et c'est bien un des problèmes du NPA, mais c'est encore une autre discussion).
Franchement, l'action devant l'Assemblée, ce n'est pas grand chose. Je ne crois pas que ça ait un intérêt énorme. Au mieux, ça fait un peu causer de la situation à la Poste. Et oui, certains militants (et c'était un peu le cas de Besancenot déjà dans la grève du 92) accordent peut-être trop d'importance aux "actions médiatiques". Ça peut parfois être nuisible. En l'occurrence je ne crois pas que ce soit le cas ici. Et je pense surtout que le problème essentiel c'est d'avoir d'autres choses à proposer (de ce point de vue, le simple rassemblement de militants... derrière l'Assemblée organisé par la CGT, et d'ailleurs rejoint ensuite par Sud, avait-il beaucoup plus d'intérêt?). Le souci, c'est que pour l'instant, et les dernières journées d'action n'ont montré, la vapeur n'y est pas vraiment (sauf parfois localement dans quelques coins). Et si on veut discuter de la politique des uns et des autres, plus que de l'action à l'assemblée, il faudrait parler de toute l'opération conjointe entre les fédés et la gauche, entre journées (habituelles) sans lendemains et sans perspective, et cette fumeuse opération "référendum" et cartes postales (où là oui, on a bien des choses à redire à la politique de Besancenot et du NPA).
Tout cela, n'enlevant d'ailleurs rien à la réaction élémentaire consistant à condamner la répression policière contre les militants.