a écrit :
La Tunisie, la journaliste du "Monde" et les allégations d'Eric Raoult LE MONDE | 06.11.09 | 18h25 • Mis à jour le 06.11.09 | 20h40
Mal informé ou mal inspiré, mais gratuitement insultant à l'égard du Monde, le député UMP (Seine-Saint-Denis) Eric Raoult s'est livré, samedi 31 octobre, à une étonnante attaque contre notre collaboratrice Florence Beaugé. Intervenant sur le plateau de Berbère Télévision, l'ancien ministre a justifié la mesure d'expulsion de Tunisie dont notre spécialiste du Maghreb a été victime en lui prêtant des écrits qu'elle n'a jamais commis. M. Raoult a déclaré qu'on ne pouvait pas s'étonner "quand on fait de la provocation à l'égard du président Ben Ali", d'être "remis dans l'avion" à l'arrivée à Tunis. Quel type de provocation ? Réponse : "Quand on se permet de traiter le président Ben Ali de… [suit une moue des lèvres signifiant une grossièreté particulièrement vulgaire] et son épouse de... [suit une autre moue signifiant une autre grossièreté] ... ", et cela en s'abritant derrière "d'autres personnes à l'intérieur de son article".
Nous ne savons, pour notre part, ni où ni quand M. Raoult, qui préside le groupe d'amitié France-Tunisie à l'Assemblée nationale, a pu lire pareilles phrases. Si le député avait pris soin, avant de nous prendre ainsi à partie, de lire les reportages parus dans Le Monde, d'interroger ou de rencontrer Florence Beaugé, il eût été facile de lui démontrer que lesdites phrases relèvent de l'invention pure et simple : elles n'existent pas...
Mais peut-être M. Raoult a-t-il repris l'une des attaques personnelles les plus farfelues et les plus ignobles, quotidiennement formulées dans la presse tunisienne à l'encontre de notre consœur. Rarement journaliste du Monde a fait l'objet d'une telle campagne d'insultes et d'intimidations : "psychotique", "hystérique", "bonne pour la psychanalyse", "maléfique" "et par-dessus le marché idiote", sans compter, "c'est bien connu, volage"…
M. Raoult a encore justifié la mesure d'expulsion prise à l'encontre de Florence Beaugé par la teneur de ses écrits sur la Tunisie. Or les deux seuls articles de notre consœur publiés avant son expulsion sont un court récit de la journée d'un couple de Tunisiens militant pour le respect des droits de l'homme dans leur pays ainsi qu'une longue interview de Béchir Tekkari, le ministre tunisien de la justice et des droits de l'homme.
C'est faire preuve d'une bien curieuse conception du journalisme que de considérer que ces deux publications – dont l'une, répétons-le, donne amplement la parole à un ministre du président Ben Ali – relèvent de la "provocation" à l'encontre de la Tunisie ! Mais sans doute M. Raoult ne les avait-il pas lus avant de s'en prendre à Florence Beaugé. De même n'a-t-il vraisemblablement pas lu les reportages publiés après son expulsion, lesquels donnaient bien volontiers acte aux autorités tunisiennes des succès économiques et sociaux de leur pays, tout en relatant les dérives d'un régime peu regardant sur les droits de l'homme et la corruption.
Alain Frachon, directeur de la rédaction du "Monde"Article paru dans l'édition du 09.11.09
(cali @ lundi 9 novembre 2009 à 20:58 a écrit : D'accord avec toi Vérié. Il n'y pas de luttes de femmes en ce moment, seulement des femmes qui luttent comme elles peuvent, de façon isolée, sans politique. Mais elles sont de plus en plus nombreuses à avoir une opinion sur le sujet, à avoir peur et à juste titre. J'espère que se créeront les conditions pour qu'elles se battent ensemble et qu'on entende bien haut leurs aspirations, leurs revendications. Et ce ne sera ni les Gérin parmi elles, ni les islamistes nous dénonçant comme "compagnon de route" des Gérin, qui me dissuaderont d'y participer.
En attendant, je ne leur reprocherai pas de se raccrocher à des lois, fussent-elles votées par la droite.
Je doute que les femmes soient de plus en plus nombreuses à avoir peur qu'on les contraigne à porter la burqa ! D'où tiens-tu cette info ?
Par ailleurs, s'il y avait des femmes, même isolées, qui luttaient contre le port de la burqa (je parle de lutter, pas de souffrir en silence et de protester un peu de temps à autre), avec le battage actuel, ça se saurait, il y a longtemps que les médias les auraient mises en avant.
Alors, si des femmes se raccrochaient à une hypothétique loi votée par la droite, elles auraient certes bien raison. Mais :
1) Il n'y aura pas de loi (ou du moins les chances sont très, très faibles), parce qu'elle serait inapplicable,
2) Aucune femme ne se raccroche donc à une loi qui n'existe pas.
Il s'agit donc de pures spéculations sur des femmes qui pourraient éventuellement se raccrocher à une loi qui a toutes les chances de ne pas voir le jour et qui, si elle voyait le jour, aurait toutes sortes d'inconvénients, tels des contrôles policiers dans les rues qui seraient de fait des brimades supplémentaires pour ces femmes.
Donc, on parle de lutte et de lois qui n'existent pas. En revanche, ce qui existe, c'est une opération démagogique et xénophobe dont la burqa fournit un des éléments.
a écrit :Par ailleurs, s'il y avait des femmes, même isolées, qui luttaient contre le port de la burqa (je parle de lutter, pas de souffrir en silence et de protester un peu de temps à autre), avec le battage actuel, ça se saurait, il y a longtemps que les médias les auraient mises en avant.
a écrit : Jeug
Pour ce qui est médias "si prompts à mettre en avant les luttes", es-tu sûr que tu ne confonds pas justement avec la souffrance, dans ce cas ?
a écrit :
Eric Raoult rappelle Marie NDiaye à son «devoir de réserve»
Par Grégoire Leménager
On ignore si Monsieur Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis et maire du Raincy, a ouvert « Trois Femmes puissantes », qui a reçu le prix Goncourt la semaine passée. Mais on sait désormais qu'il lit les «Inrockuptibles», à qui Marie NDiaye avait accordé une interview à l'occasion de la sortie de son livre.
©Capman/Vincent/Sipa
Eric Raoult
Il vient de rendre publique son intention de demander à Frédéric Mitterrand qu'il rappelle, en sa qualité de ministre, la romancière à un « devoir de réserve » dont on ignorait jusqu'à présent l'existence :
« Monsieur Éric Raoult attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt. En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. Les prises de position de Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009, qui explique dans une interview parue dans la presse, qu'elle trouve "cette France [de Sarkozy] monstrueuse", et d'ajouter "Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux", sont inacceptables.
Ces propos d'une rare violence, sont peu respectueux voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du Chef de l'État. Il me semble que le droit d'expression, ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions, plus de respecter le rôle et le symbole qu'elle représente. C'est pourquoi, il me paraît utile de rappeler à ces lauréats le nécessaire devoir de réserve, qui va dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité. Il lui demande donc de lui indiquer sa position sur ce dossier, et ce qu'il compte entreprendre en la matière ?»
©Baltel/Sipa
Marie NDiaye est née à Pithiviers en 1967. Découverte par Jérôme Lindon, elle est l’auteur d’une douzaine de livres, dont «Rosie Carpe», «la Femme changée en bûche», «la Sorcière» ou «Hilda». Elle vit à Berlin, et vient de recevoir le prix Goncourt 2009 pour «Trois femmes puissantes».
Va-t-il falloir dissoudre l'Académie Goncourt ? Ou retirer sa carte d'identité (nationale) à Marie NDiaye ? L'an passé, déjà, Atiq Rahimi avait clairement pris position contre l'expulsion de réfugiés afghans. On attend avec impatience de savoir comment l'auteur de « la Mauvaise vie » va arbitrer ce conflit douteux entre littérature, politique et liberté d'expression.
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