a écrit :Le PS cherche une parade à la montée en puissance d'Olivier Besancenot
LE MONDE | 17.05.08 | 14h05 • Mis à jour le 18.05.08 | 14h31
Il faut croire que Michel Drucker a ouvert les yeux du Parti socialiste. En invitant, dimanche 11 mai, Olivier Besancenot sur le divan de "Vivement dimanche", l'animateur de France 2 a semble-t-il provoqué un déclic parmi ses dirigeants. Le 14 mai, le secrétariat national a constitué, à l'initiative de François Hollande, un groupe de travail piloté par le député de Paris Daniel Vaillant, et chargé "d'analyser l'impact que pourrait avoir la constitution d'un pôle de radicalité". Il s'agira d'observer de près la tentative de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de constituer son Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et d'en "tirer les enseignements pour la gauche". "En 1974, se souvient M. Vaillant, François Mitterrand avait confié à Lionel Jospin une mission d'observation sur les relations avec le parti communiste. Ses travaux avaient été très utiles."
Devant le bureau national du 13 mai, le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis a comparé le sens de la prestation d'Olivier Besancenot à celle de Jean-Marie Le Pen en février 1983 à l'"Heure de vérité". "Sans vouloir faire d'amalgame, dans les deux cas, il s'agit d'un passage du statut de leader extrémiste à celui de leader comme les autres", analyse M. Cambadélis, lui-même ex-trotskiste (lambertiste). "Trop occupés par le cas Bayrou, les socialistes ont négligé le phénomène Besancenot", estime-t-il. Razzy Hammadi, proche d'Henri Emmanuelli, souhaite "que l'on ne parle pas seulement d'augmentation de la durée de cotisation et de restauration de la compétitivité des entreprises mais aussi de la nécessité de rééquilibrer le partage entre salaires et revenus du capital".
"SURMOI MARXISTE"
Par rapport au PCF, la popularité d'Olivier Besancenot pose au PS un problème "doublement nouveau qui impose d'être doublement vigilant", admet François Hollande. Selon lui, "il y a le personnage, qui s'écarte du registre habituel malgré son langage daté, et le fait qu'il cherche à structurer un espace politique en excluant l'idée de gouverner avec nous". "Soyons nous-mêmes", suggère le premier secrétaire, qui soupçonne le gouvernement de favoriser cette concurrence, notamment en projetant de modifier le mode de scrutin des élections régionales en les organisant sur un seul tour. "L'extrême gauche a changé, et Besancenot n'est pas Krivine, qui appelait à voter à gauche au second tour ; c'est donc un adversaire", martèle Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère, qui rappelle que lors des dernières municipales, les villes de Quimperlé et Morlaix, où la LCR a dépassé les 15 %, sont passées à droite.
Julien Dray, qui a fait ses classes à "la Ligue", se dit persuadé qu'un "moment important va se jouer". "Si le PS se divise, si nous ne sommes pas capables d'avancer, alors risque de développer un fatalisme, un esthétisme de la minorité ; certains à gauche soutiendront Besancenot pour se faire plaisir", redoute-t-il.
Si le PS trouve difficilement ses marques face à un "pôle de radicalité", sans doute est-ce aussi parce qu'il assume mal sa - pourtant ancienne - conversion réformiste. Et conserve une forme de "surmoi marxiste", selon une expression très à la mode chez les socialistes. "La priorité doit être de donner un contenu au projet du PS afin de refonder le modèle de l'Etat-providence qui ne fonctionne plus et crée des inégalités", insiste Olivier Ferrand, président de la nouvelle fondation Terra Nova qui veut contribuer au renouvellement des idées de la gauche.
Jean-Michel Normand
Article paru dans l'édition du 18.05.08
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