Je viens de recevoir ce message d'un camarade du NPA, document émanant de la plateforme B et voté hier par 100 militants congressistes j'imagine, d'une scission actée... C'est vraiment dramatique ! Après avoir militer à la Ligue pendant 20 ans, je ne pensais pas mais je n'avais pas d'illusions, que l'ex Ligue devenu NPA finirait en charpie de cette façon. Je pense à mes anciens camarades qui y sont restés, que de tristesse !
Acter la séparation, continuer le NPA. Construire une organisation utile à notre camp.
Le processus du congrès, initié il y a plusieurs mois, a permis d’engager largement le débat sur l’avenir du NPA. Les débats ont été menés dans tous les cadres de notre organisation, dans ses instances de direction, les fédérations et regroupements régionaux et bien entendu les assemblées générales locales des comités, instance de base du NPA. Ce congrès est le moment de faire jusqu’au bout les bilans et d’en tirer les conséquences en matière de perspectives pour l’orientation que nous portons.
La première leçon de ce congrès est que des éléments d’orientation fondamentaux ont rencontré les suffrages d’une majorité des camarades, pour un NPA unitaire, indépendant et révolutionnaire, engagé dans une politique de front unique pour construire les mobilisations politiques et sociales de notre camp, le prolétariat. Des conceptions communes ont été votée par une majorité de camarades concernant la lutte contre les oppressions, leur caractère subversif dans la lutte anticapitaliste, leur insertion dans la lutte des classes tout en respectant leur autonomie. Il se dégage une majorité sur nos conceptions internationalistes, s’appuyant sur la construction des solidarités concrètes, sur l’importance de la question nationale et des nations sans État, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et enfin de la nécessité d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme pour construire une société écosocialiste.
Cette orientation a été combattue de façon incessante par les fractions-organisations l’Étincelle, Anticapitalisme & Révolution et Socialisme ou barbarie et le courant Démocratie révolutionnaire, regroupés dans ce congrès dans une plateforme élective commune. Leur démarche est la rupture avec ce qu’est le NPA depuis sa fondation, sa politique unitaire, son ouverture qui se conjugue à son programme anticapitaliste, cela pour construire un hypothétique front des révolutionnaires, regroupés autour d’un projet de dénonciation du réformisme, que nous jugeons identitaire et dogmatique.
De plus, à partir de l’expérience des dysfonctionnements actuels du NPA, notre congrès a fait émerger une série de débats qui se sont cristallisés autour de la question du parti que nous voulons construire. Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit de fraction ou de tendance, qui sont des acquis démocratiques de notre tradition révolutionnaire. Mais nous refusons que, comme c’est le cas aujourd’hui, des fractions qui sont en réalité des organisations séparées transforment le NPA en un front d’organisations. Cela n’était pas le projet originel du NPA, et ce n’est pas plus le nôtre aujourd’hui. Le NPA est un parti qui s’est construit en tentant de s’inspirer du meilleur des traditions du mouvement ouvrier, pas de ses pires travers. Nous refusons le statu quo, nous refusons cette division permanente qui casse les possibilités de répondre aux enjeux de la période que nous vivons — une crise profonde du capitalisme.
Cela fait maintenant des années que nous alertons les différentes « fractions » publiques : en se comportant comme des organisations séparées, interne/externe, en mettant en œuvre de façon constante leurs politiques et ce quels que soient les quelques points d’accords ou de désaccords avec l’orientation du NPA , celles-ci rendent impossible la vie commune dans le NPA dans une majorité des villes où les fractions existent, et les possibilités de son développement sur des bases claires et démocratiques. Nous refusons que cette dynamique mortifère se poursuive.
À partir de la motion et du travail des camarades du comité du Tarn, nous avons contribué à la création d’une commission paritaire de fonctionnement qui devait permettre de sérier l’ensemble des points permettant de retrouver une vie politique commune. Nous avons aussi tenté de trouver des solutions permettant d’intégrer au mieux les différents courants de notre organisation. Nous avons rappelé aux camarades qu’ils ont le droit de participer aux instances organisant la vie quotidienne du NPA, ce qu’ils n’ont fait jusqu’ici qu’avec parcimonie et souvent dans une logique de confrontation. Force est de constater que nous n’avons pas réussi à trouver d’accord général permettant au NPA de revenir à un fonctionnement normal, collectif et démocratique, tourné vers l’action commune. En réalité, les fractions publiques permanentes ont opposé soit une fin de non-recevoir, soit des manœuvres dilatoires, repoussant aux mois ou aux années suivantes, toute remise en cause de leur fonctionnement en organisation séparées : recrutements propres, trésoreries parallèles, fonctionnement dédoublé par rapport au NPA... Sur toutes ces questions, nous n’avons pas avancé d’un iota.
Puisque la fiction d’une organisation politique commune s’écroule, il est temps d’acter, avec l’adoption de ce texte, que nous sommes bien des organisations séparées. Cela veut dire que, suite à ce congrès, nous ne serons plus organisés ensemble au sein du NPA, même si nous devrons cohabiter de façon transitoire pour quelques temps encore. En conséquence, nous n’élirons pas de direction commune avec la plateforme C dans le cadre de ce congrès. Nous souhaitons continuer à dialoguer avec les camarades qui veulent faire vivre le NPA comme une organisation vivante et démocratique, sans les « fractions » publiques permanentes.
Nous allons continuer nos vies séparément : d’un côté celles et ceux qui font vivre le NPA depuis des années, ses campagnes – notamment présidentielles –, ses instances démocratiques, son expression, la coordination de ses activités, sa librairie ; de l’autre des fractions qui ont déjà leur propre vie et sont en désaccord avec le projet qui a présidé à la fondation du NPA (même si elles se revendiquent de son logo).
Nous considérons que nous incarnons la continuité d’un courant politique, pour un anticapitalisme qui articule la défense des idées révolutionnaires et la nécessité de construire l’unité de notre classe. C’est ce courant qui a porté la LCR, puis le NPA, pour en faire un parti implanté et reconnu dans le paysage politique national et local. Nous ne pouvons dilapider cet acquis, et nous en revendiquons le nom et le drapeau.
Nous mettons en place une structure de type commission de contact pour discuter des modalités de la séparation. Au-delà, nous souhaitons construire de bonnes relations avec les camarades des fractions, en conservant un cadre de discussion dont le rythme reste à discuter, et en cherchant à travailler à des actions communes voire, à terme, se retrouver si elles sont prêtes à renoncer à leur sectarisme.
Ces prochaines semaines, ces prochains mois, nous continuerons à intervenir en assurant la continuité du NPA, dans la construction des luttes, notamment dans la bataille pour les salaires, contre la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Nous continuerons à y faire vivre tout ce qui constitue l’ADN du NPA, la défense de mesures transitoires anticapitalistes, une pratique résolument unitaire, dont le centre de gravité n’est pas dans les institutions mais bien dans les mobilisations.
Voté par les déléguéEs PFB (100 pour, 1 abst, 1 nppv)
Fraternellement,
GdM