par tk2003 » 13 Oct 2003, 17:56
Voici un article qui paraitra dans le prochain bulletin de la FUR.
CITATION La direction des JCR et « l affaire d Aubervilliers ».
Une nouvelle polémique vient d avoir lieu entre la LCR et les JCR, apparaissant cette fois-ci publiquement dans la presse (Le Monde, notamment), à propos de la campagne lancée par la direction des JCR contre l exclusion de deux jeunes filles voilées du lycée d Aubervilliers en Banlieue parisienne.
La direction des JCR (visiblement fortement inspirée par nos futurs « camarades » de Socialisme par en bas, c est à dire du SWP britannique, qui doivent rejoindre officiellement la Ligue lors du prochain congrès ) a lancé une campagne sur le thème « Pour l égalité des droits, non à l exclusion des jeunes filles voilées », avec tract et rassemblement le 7 octobre dernier devant le lycée. Il semblerait que, de leurs cotés, certains camarades enseignants de la LCR, notamment du lycée, et les militants de LO, se sont eux prononcés contre cette campagne. La direction des JCR a été jusqu à publier dans un tract le « Témoignage d une lycéenne portant le foulard », témoignage qui se conclut par ces propos : « J espère faire comprendre par mon engagement dans les luttes lycéennes et citoyennes, que l attachement que je porte à mes convictions religieuses et au port du foulard n est en rien une opposition à mon épanouissement. D ailleurs, je tiens à préciser que mon foulard ne m a pas empêchée d être élue au CVL de mon lycée ». Voilà une jeune fille voilée bien « intégrée ». Rappelons que les CVL créés par la « gauche » visent à fabriquer des délégués officiels des lycéens, bien pratiques quand il s agit de détourner une grève;
Pourquoi le voile, et pourquoi maintenant ?
Alors, les militants des JCR doivent s interroger sur une question : pourquoi le voile, et pourquoi maintenant ? Pour notre part, nous partageons le point de vue exprimé dans un article du dernier RED sur le voile au lycée, déclarant notamment « Après une mobilisation historique des personnels de l éducation, les questions communautaires et religieuses sont agitées par le gouvernement. Si les personnels, enseignants, lycéens discutent de la question du voile, ce sont moins les réformes gouvernementales qui focalisent l attention. ».
Oui, ces questions sont « agitées » par le gouvernement et par l ex-gauche plurielle, c est à dire par tous ceux qui ont décidé de casser le droit aux études pour tous, de casser l école et l université publiques. Oui, ces questions sont « agitées » et même pourrait on dire totalement fabriquées pour détourner l attention et empêcher que la mobilisation unitaire des lycéens, des personnels et des enseignants se dresse, comme en avril-mai-juin, contre la « décentralisation » et la casse de l éducation publique. Il faut, contre cela, enfermer les jeunes dans le « communautarisme » en manipulant pour mieux diviser. On connaît la chanson.
Le cas ultra-médiatisé d Aubervilliers échappe-t-il à cette fabrication grossière ? Mais au fait, qui sont ces « deux jeunes filles voilées » que la direction des JCR nous présente comme des pauvres victimes de la haine raciste anti-immigré ?
Le Monde du 8 octobre nous apprend que « Ancien du PCF, avocat du MRAP, le père des deux jeunes filles est signataire de l appel dit Ramulaud, pour une alternative à gauche ». Tiens donc ! Ces deux jeunes filles; sont donc en fait les filles d un militant de premier plan de la « gauche alternative ». Père et militant qui jette de l huile sur le feu dans ce conflit depuis le début;
Poursuivons, le 9 octobre, le même journal Le Monde publie une lettre de la grand-mère des deux jeunes filles voilées; L opération médiatique se poursuit. Le lendemain, c est le « Haut conseil français du culte musulman », l institution créée par Sarkozy pour officialiser un « interlocuteur » des « français musulmans » (le même terme qu utilisait le gouvernement français du temps de « l Algérie française » pour parler des Algériens sous le joug du colonialisme français, "citoyens" de cinquième zone), qui s en mêle !
Bref, tout un chacun, médias, ministres, « opposition » de gauche, associations et institutions « communautaires », et, malheureusement, la direction des JCR elle même, contribuent à monopoliser l attention sur « la question du voile ». Et pendant ce temps, Raffarin et Ferry peuvent tranquillement saboter un à un les fondements du droit à l école publique, comme on le voit aujourd hui à l université, avec le « basculement » dans le plan LMD de 13 universités, sur lequel la direction des JCR, empêtrée dans ses accords d appareils avec la direction de l UNEF, est par contre bien silencieuse.
De ce point de vue de classe élémentaire, il ressort que la campagne engagée par la direction des JCR, sautant à pieds joints dans le piège tendu par le gouvernement et la fausse « opposition », pose un problème de fond. Le dernier bulletin intérieur des JCR affirme : « L école républicaine ne fait pas partie de nos valeurs ».
Alors quelles sont nos « valeurs » ? Une école « ouverte » aux associations religieuses et communautaristes, et par la même occasion, aux patrons, qui sont déjà bien rentrés dedans ? Ou bien la défense de l égalité des droits, la défense de l école publique ; avec toutes ses limitations, certes ; contre la politique du gouvernement CRS pour la privatiser ?
Les lycéens, et notamment les lycéens de banlieue, filles et fils d immigrés, musulmans ou pas, ont eux répondu depuis bien longtemps à cette question, manifestant régulièrement pour « l égalité des droits », contre la différence des droits d un lycée à l autre;
Les militants des JCR doivent demander à leur direction de dire quel est son camp, faute de quoi notre organisation de jeunesse risque de se couper de l immense majorité de ces jeunes qui demandent tout, sauf d être parqués dans des ghettos .
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