Chirac annonce le référendum avant l'été

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Message par mael.monnier » 01 Jan 2005, 02:43

a écrit :ÉLYSÉE A l'occasion de ses vœux du 31 décembre aux Français, le président de la République a précisé ses intentions sur la ratification de la Constitution européenne

Chirac annonce le référendum sur l'Europe avant l'été

Guillaume Tabard

[01 janvier 2005]

Cap sur l'Europe. Et à grande vitesse. En présentant ses vœux aux Français, hier soir, Jacques Chirac a créé la surprise en annonçant que le référendum prévu pour ratifier le projet de Constitution européenne serait organisé «avant l'été». La surprise est double. D'abord parce qu'il est inhabituel que le président de la République profite de cette intervention du 31 décembre pour faire une annonce. Ensuite et surtout parce que cette décision marque un revirement par rapport à ce qu'il avait dit il y a moins de six mois. C'est le 14 juillet dernier, en effet, que Jacques Chirac avait révélé qu'il choisirait de faire ratifier le traité constitutionnel par référendum, c'est-à-dire par tous les Français, et non par le Congrès, c'est-à-dire par les seuls parlementaires. Mais, avait-il alors précisé, la consultation serait organisée «dans la deuxième partie de l'année».

Dans ses vœux aux Français, le chef de l'État n'a pas détaillé les raisons de ce changement de calendrier. Celui-ci était cependant prévisible. Beaucoup, au sein de la majorité, plaidaient pour un délai court, permettant d'une part de profiter d'un effet produit par la victoire du oui au référendum interne au Parti socialiste et, d'autre part, d'éviter que l'écart en faveur du oui, aujourd'hui d'environ vingt points dans les sondages, ne se réduise trop dangereusement.

Nombre d'élus UMP, Nicolas Sarkozy en tête, redoutent en effet que la perspective d'une entrée de la Turquie dans l'Union, ardemment souhaitée par Chirac, ne fasse fortement monter le non. Le président de la République n'est pas revenu spécifiquement hier sur la question turque qu'il avait amplement traitée le 15 décembre dernier sur TF1. Tout au plus a-t-il prévenu que «ce choix ne devra être altéré ou détourné par aucune autre considération». C'est en faveur d'«un projet d'une société ouverte sur l'Europe (...) d'une Europe offrant à tous ses enfants les meilleures garanties sociales et les meilleures chances d'emploi et de prospérité», que Jacques Chirac veut mobiliser les Français dans les mois à venir.

Sur la date proprement dite du référendum, il n'a pas été plus précis que cet horizon «avant l'été». Mais la procédure prévoit des délais incompressibles. Avant de ratifier la Constitution européenne, il faut une nouvelle fois modifier la Constitution française. Le projet de loi sera examiné à l'Assemblée nationale le 25 janvier et adopté à Versailles par le Parlement réuni en Congrès, au mieux fin mars. Viendra alors le temps de la campagne électorale sur la Constitution européenne. Le référendum sera donc vraisemblablement organisé au mois de juin. Les 5 et 12 juin sont deux dates souvent citées.

Si l'Europe était au cœur de l'allocution présidentielle, c'est à «la terrible catastrophe qui a semé la mort, l'horreur et la dévastation dans l'océan Indien», que Jacques Chirac a consacré ses premiers mots. Pour saluer l'action du gouvernement qui «s'est immédiatement mobilisé» et «le magnifique élan de générosité des Françaises et des Français». En syntonie avec sa vision d'un monde plus juste et soucieux d'un développement durable et plus équilibré, il s'est plu à souligner que «chacun ressent à quel point, par-delà les distances, nous formons une seule et même humanité dont le destin ne se distingue pas de celui de notre planète». Reprenant sa proposition d'un «moratoire» sur la dette des pays frappés par le raz de marée, il a enfin relancé l'idée d'une «force humanitaire de réaction rapide», sur le modèle des Casques bleus de l'ONU.
Abordées en troisième partie, ses directives pour l'action gouvernementale en 2005 ont occupé la moitié de son intervention télévisée. Alors qu'il avait fait de 2004 une «année de mobilisation pour l'emploi», il estime que la stabilisation du chômage n'est pas un résultat «suffisant».

Le gouvernement devra donc «continuer et amplifier ses efforts». Jacques Chirac n'a pas oublié qu'il avait annoncé dans ses vœux 2004 une réforme de la taxe professionnelle qui s'est depuis enlisée dans la complexité de sa préparation. Petit rappel présidentiel: il faudra la mettre en œuvre. Tout comme le chef de l'État n'a pas renoncé à sa promesse d'une baisse substantielle de l'impôt sur le revenu.

Alors que Jean-Pierre Raffarin et Hervé Gaymard laissaient entendre qu'une baisse des impôts était envisageable, mais sans doute de manière ciblée, Chirac se fait explicite: «Poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu et la baisse des charges.» Autre demande du président: le lancement de «projets industriels qui tireront la croissance de demain», en prenant le relais des projets TGV, nucléaire ou Airbus des décennies passées. Une feuille de route inhabituellement précisée pour des vœux de 31 décembre et que Jacques Chirac détaillera lundi matin en recevant à l'Élysée les vœux du gouvernement.

(Source : http://www.lefigaro.fr/politique/20041231.FIG0111.html)

Concernant le référendum sur le traité constitutionnel de l'Union Européenne, la bourgeoisie est en train de chercher n'importe quelle cause pour expliquer une éventuelle victoire du non qui ne la gêne pas. Maintenant, c'est la Turquie -- comme je le disais dans le fil Théorie du référendum -- et après qu'iront-ils chercher ? Là en plus, c'est en totale contradiction avec la logique puisque Chirac avait dit à deux reprises dans son entretien télévisé au journal de 20 heures de TF1 (entretien dont l'audience a dépassée 15% des téléspectateurs selon Médiamétrie) :
que si la Constitution est adoptée il y aura un référendum pour chaque nouvelle adhésion, donc pour l'éventuelle adhésion de la Turquie.

Toutefois, il est vrai que De Villiers lie toujours son non à l'adhésion de la Turquie au non au référendum sur le traité constitutionnel :
(Réactions aux voeux du président de la République @ tf1.fr a écrit :
(Villiers, MPF) : des "contre-vérités flagrantes" sur l'Europe

Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, a dénoncé vendredi soir des "contre-vérités flagrantes" de Jacques Chirac sur l'Europe au cours de ses vœux aux Français, notamment le fait que "l'Europe serait plus démocratique, alors que la Constitution met fin aux démocraties nationales. Il a dit qu'elle serait plus tournée vers la prospérité et la croissance, alors que la Constitution va accélérer les délocalisations", a insisté le député européen. "Enfin, il a commis un oubli révélateur en ne parlant pas de l'entrée de la Turquie" dans l'Union, a-t-il observé, ajoutant: "En tant que chef de file du non au référendum, je saurai le lui rappeler".
(Source : http://news.tf1.fr/news/france/0,,3194405,00.html)

L'Associated Press entretient la même idée que Le Figaro :
a écrit :
Constitution: Jacques Chirac opte pour un référendum «avant l'été» --par Christine Ollivier--

AP | 31.12.04 | 20:22

[...]

Le 14 juillet dernier, Jacques Chirac avait annoncé que les Français seraient consultés au «second semestre 2005» sur le traité constitutionnel européen. Pour entrer en vigueur, celui-ci doit être ratifié par l'ensemble des 25 Etats-membres de l'UE.

Mais depuis, de nombreuses voix s'étaient élevées en France pour demander que les électeurs soient consultés plus tôt, de peur que le débat sur l'adhésion de la Turquie à l'UE, à laquelle les Français sont massivement hostiles, contamine la campagne référendaire. L'Union européenne doit ouvrir le 3 octobre prochain les négociations avec Ankara. [...]

(Source : http://permanent.nouvelobs.com/politique/2...P4395.html?2033)


En tout cas, maintenant que le PS s'est positionné pour le oui, j'ai l'impression que seuls les arguments de De Villiers et du FN (qui lui aussi pollue la campagne avec la question turque -- il suffit de voir la dernière affiche qu'ils viennent de sortir et leurs communiqués de presse) vont être médiatisés...

Cela ne fait que renforcer mon opinion sur ce référendum : un piège (je le sentais déjà venir suite aux appels du pied de Raffarin à De Villiers après les élections européennes). Pour moi, il faut donc mener une campagne de boycott de ce référendum en appellant à inscrire sur les bulletins : "Non à l'Europe du Capital ! Etats-Unis socialistes d'Europe avec nos camarades turques et sans-papiers !"
mael.monnier
 
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Message par Valiere » 01 Jan 2005, 10:37

a écrit :Cela ne fait que renforcer mon opinion sur ce référendum : un piège (je le sentais déjà venir suite aux appels du pied de Raffarin à De Villiers après les élections européennes). Pour moi, il faut donc mener une campagne de boycott de ce référendum en appellant à inscrire sur les bulletins : "Non à l'Europe du Capital ! Etats-Unis socialistes d'Europe avec nos camarades turques et sans-papiers !"


Une telle campagne serait contre productive alors qu'un double non
- non au projet de constitution!
- non à Chirac!
Permettrait à la fois de politiser les enjeux et de mettre en difficulté la direction du PS et certaines directions syndicales.
Valiere
 
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Message par mael.monnier » 01 Jan 2005, 12:12

(Valiere @ samedi 1 janvier 2005 à 10:37 a écrit : Une telle campagne serait contre productive alors qu'un double non
- non au projet de constitution!
- non à Chirac!
Permettrait à la fois de politiser les enjeux et de mettre en difficulté la direction du PS et certaines directions syndicales.
Le rapport de forces n'est pas suffisant pour cela. Les médias constituent un pouvoir important et la bourgeoisie peut ainsi manipuler l'opinion à sa guise. Sauf en cas de mouvements sociaux importants, ce sont donc les arguments de la bourgeoisie nationaliste qui seront repris en cas de victoire du "non", il ne faut pas se faire d'illusions. Chirac ferait alors appel à De Villiers, ce qui serait un échec pour les travailleurs.

Si l'on mène une campagne de boycott du référendum (en appelant à un vote nul avec une inscription du style "Non à l'Europe du Capital ! Etats-Unis socialistes d'Europe avec nos camarades turques et sans-papiers !"), cela permet tout autant de politiser les enjeux. On pourrait clairement dénoncer le caractère anti-démocratique de ces référendums où l'on ne peut répondre que par oui ou par non, et où la bourgeoisie est maître de la question posée. Cela renforcerait la conscience de classe du prolétariat (c'est cela qu'il faut prendre en considération avant tout) sur le caractère bonapartiste de la démocratie bourgeoise, sur la nécessité de mener le combat dans la rue si l'on veut que le rapport de forces nous soit favorable, et donc de ne surtout pas attendre 2007. La direction du PS et les directions syndicales ne seront pas mises en échec par un "non" au référendum (pour les raisons que j'ai mentionnées plus haut au premier paragraphe), ce n'est qu'en débordant ces directions dans la lutte de classes qu'elles le seront.
mael.monnier
 
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Message par Valiere » 01 Jan 2005, 16:53

Pas inintéressant votre échange Caupo-Wolf mais il manque un élément : aujourd'hui n'est-il pas nécessaire, indispensable de se saisir de l'opportunité pour transformer cette bataille afin d'en faire un non à CHIRAC, d'autant plus que les directions PS et PCF veulent comme l'UMP limiter la bataille à la question européenne?
Faire un peu comme en 1969 mais là avec un vote ouvrier qui soit l'épine dorsale du non!
Valiere
 
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Message par mael.monnier » 01 Jan 2005, 17:54

(wolf @ samedi 1 janvier 2005 à 11:35 a écrit :le boycott du référendum est une position de principe juste.
Une fois entendu que boycotter une référendum n'est pas voter "nul" comme le propose maël, mais empêcher qu'il se tienne par les moyens dela lutte de classe.
Ce devrait être la position des organisations du mouvement ouvrier, qui se traduirait par l'engagement du combt contre le gouvernement Chirac-Raffrin sur un autre terrain que celui choisi par Chirac.

Mais s'il faut le dire, il faut aussi être réaliste: ce n'est pas l'issue la plus probable! Chirac poura mener sa manoeuvre référendaire, avec "l'honnêteté" qui le caractérise (en juillet il disait qu'il serait impossible de tenir le référendum avant l'été, en décembre il dit le contraire. Le "oui" du PS est passé par là).

Oui tu as raison, en principe boycotter un référendum, c'est empêcher qu'il se tienne, autant pour moi. Le rapport de forces est toutefois insuffisant pour cela dans l'état actuel des choses, et donc cela ne semble pas une issue probable comme tu le dis.

a écrit :
Alors il ne restera (en juin) que la possibilité de voter Non à Chirac et à la constitution - sans illusions mais sans hésitation.


(wolf @ samedi 1 janvier 2005 à 13:01 a écrit :il faudra le moment venu mener ce genre de campagne.
- Mais d'une part sans épargner la responsabilité de ceux qui ont voulu un référendum (PS,PCF, LCR etc.)
- Et pas maintenant, car les échéances qui se présentent ont plus d'importance pour les travailleurs (je pense en particulier à la loi d'orientation sur l'éducation et à la contre-réforme du temps de travail de Borloo, échéances prévues d'ici mars) - d'autant que seul l'engagement du combat sur ces questions pourrait en réalité donner un contenu de classe à une éventuelle victoire du "non".

Autrement dit, même en votant "non", on ne situe pas dans le prétendu "camp du non", d'une part, d'autre part on ne marche pas dans le piège qui serait ne plus parler que du référendum alors que les échéances immédiates ne sont pas encore celles-ci.

:33:

Ne serait-ce pas laisser le terrain libre à la bourgeoisie nationaliste que d'attendre pour faire campagne ? Ne faudrait-il pas le faire au moins en tâche de fond (au moins pour dénoncer la manipulation en cours) ?

Sinon le fait d'appeler à participer au référendum par un vote non en cas de luttes sociales, ne risquerait-il pas de briser ces luttes, et donc de marcher dans le piège (le vote nul, c'est différent puisqu'on exprime par là le caractère anti-démocratique du référendum et notre conscience qu'il faut poursuivre la lutte) ? Que ferait-on si le oui l'emportait ? En cas d'un vote non majoritaire, le PCF et la gauche du PS ne risqueraient-ils pas de saborder les luttes profitant du fait qu'eux aussi appelaient au vote non, et la bourgeoisie ne pourrait-elle pas se renforcer en faisant rentrer De Villiers au gouvernement ?

Cette stratégie du non me paraît vraiment pleine de risques et je n'arrive pas à y voir le moindre avantage.
mael.monnier
 
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Message par satanas » 01 Jan 2005, 18:09

Ce qui me parait surtout idiot,c'est de surestimer l'enjeu de cette petite affaire et surtout de majorer ce que serait une victoire (probable) du Oui en en faisant artificiellement une défaite pour les travailleurs....

La vie est ailleurs.....
satanas
 
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