a écrit :ÉLYSÉE A l'occasion de ses vœux du 31 décembre aux Français, le président de la République a précisé ses intentions sur la ratification de la Constitution européenne
Chirac annonce le référendum sur l'Europe avant l'été
Guillaume Tabard
[01 janvier 2005]
Cap sur l'Europe. Et à grande vitesse. En présentant ses vœux aux Français, hier soir, Jacques Chirac a créé la surprise en annonçant que le référendum prévu pour ratifier le projet de Constitution européenne serait organisé «avant l'été». La surprise est double. D'abord parce qu'il est inhabituel que le président de la République profite de cette intervention du 31 décembre pour faire une annonce. Ensuite et surtout parce que cette décision marque un revirement par rapport à ce qu'il avait dit il y a moins de six mois. C'est le 14 juillet dernier, en effet, que Jacques Chirac avait révélé qu'il choisirait de faire ratifier le traité constitutionnel par référendum, c'est-à-dire par tous les Français, et non par le Congrès, c'est-à-dire par les seuls parlementaires. Mais, avait-il alors précisé, la consultation serait organisée «dans la deuxième partie de l'année».
Dans ses vœux aux Français, le chef de l'État n'a pas détaillé les raisons de ce changement de calendrier. Celui-ci était cependant prévisible. Beaucoup, au sein de la majorité, plaidaient pour un délai court, permettant d'une part de profiter d'un effet produit par la victoire du oui au référendum interne au Parti socialiste et, d'autre part, d'éviter que l'écart en faveur du oui, aujourd'hui d'environ vingt points dans les sondages, ne se réduise trop dangereusement.
Nombre d'élus UMP, Nicolas Sarkozy en tête, redoutent en effet que la perspective d'une entrée de la Turquie dans l'Union, ardemment souhaitée par Chirac, ne fasse fortement monter le non. Le président de la République n'est pas revenu spécifiquement hier sur la question turque qu'il avait amplement traitée le 15 décembre dernier sur TF1. Tout au plus a-t-il prévenu que «ce choix ne devra être altéré ou détourné par aucune autre considération». C'est en faveur d'«un projet d'une société ouverte sur l'Europe (...) d'une Europe offrant à tous ses enfants les meilleures garanties sociales et les meilleures chances d'emploi et de prospérité», que Jacques Chirac veut mobiliser les Français dans les mois à venir.
Sur la date proprement dite du référendum, il n'a pas été plus précis que cet horizon «avant l'été». Mais la procédure prévoit des délais incompressibles. Avant de ratifier la Constitution européenne, il faut une nouvelle fois modifier la Constitution française. Le projet de loi sera examiné à l'Assemblée nationale le 25 janvier et adopté à Versailles par le Parlement réuni en Congrès, au mieux fin mars. Viendra alors le temps de la campagne électorale sur la Constitution européenne. Le référendum sera donc vraisemblablement organisé au mois de juin. Les 5 et 12 juin sont deux dates souvent citées.
Si l'Europe était au cœur de l'allocution présidentielle, c'est à «la terrible catastrophe qui a semé la mort, l'horreur et la dévastation dans l'océan Indien», que Jacques Chirac a consacré ses premiers mots. Pour saluer l'action du gouvernement qui «s'est immédiatement mobilisé» et «le magnifique élan de générosité des Françaises et des Français». En syntonie avec sa vision d'un monde plus juste et soucieux d'un développement durable et plus équilibré, il s'est plu à souligner que «chacun ressent à quel point, par-delà les distances, nous formons une seule et même humanité dont le destin ne se distingue pas de celui de notre planète». Reprenant sa proposition d'un «moratoire» sur la dette des pays frappés par le raz de marée, il a enfin relancé l'idée d'une «force humanitaire de réaction rapide», sur le modèle des Casques bleus de l'ONU.
Abordées en troisième partie, ses directives pour l'action gouvernementale en 2005 ont occupé la moitié de son intervention télévisée. Alors qu'il avait fait de 2004 une «année de mobilisation pour l'emploi», il estime que la stabilisation du chômage n'est pas un résultat «suffisant».
Le gouvernement devra donc «continuer et amplifier ses efforts». Jacques Chirac n'a pas oublié qu'il avait annoncé dans ses vœux 2004 une réforme de la taxe professionnelle qui s'est depuis enlisée dans la complexité de sa préparation. Petit rappel présidentiel: il faudra la mettre en œuvre. Tout comme le chef de l'État n'a pas renoncé à sa promesse d'une baisse substantielle de l'impôt sur le revenu.
Alors que Jean-Pierre Raffarin et Hervé Gaymard laissaient entendre qu'une baisse des impôts était envisageable, mais sans doute de manière ciblée, Chirac se fait explicite: «Poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu et la baisse des charges.» Autre demande du président: le lancement de «projets industriels qui tireront la croissance de demain», en prenant le relais des projets TGV, nucléaire ou Airbus des décennies passées. Une feuille de route inhabituellement précisée pour des vœux de 31 décembre et que Jacques Chirac détaillera lundi matin en recevant à l'Élysée les vœux du gouvernement.
(Source : http://www.lefigaro.fr/politique/20041231.FIG0111.html)
Concernant le référendum sur le traité constitutionnel de l'Union Européenne, la bourgeoisie est en train de chercher n'importe quelle cause pour expliquer une éventuelle victoire du non qui ne la gêne pas. Maintenant, c'est la Turquie -- comme je le disais dans le fil Théorie du référendum -- et après qu'iront-ils chercher ? Là en plus, c'est en totale contradiction avec la logique puisque Chirac avait dit à deux reprises dans son entretien télévisé au journal de 20 heures de TF1 (entretien dont l'audience a dépassée 15% des téléspectateurs selon Médiamétrie) :
que si la Constitution est adoptée il y aura un référendum pour chaque nouvelle adhésion, donc pour l'éventuelle adhésion de la Turquie.
Toutefois, il est vrai que De Villiers lie toujours son non à l'adhésion de la Turquie au non au référendum sur le traité constitutionnel :
(Source : http://news.tf1.fr/news/france/0,,3194405,00.html)(Réactions aux voeux du président de la République @ tf1.fr a écrit :
(Villiers, MPF) : des "contre-vérités flagrantes" sur l'Europe
Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, a dénoncé vendredi soir des "contre-vérités flagrantes" de Jacques Chirac sur l'Europe au cours de ses vœux aux Français, notamment le fait que "l'Europe serait plus démocratique, alors que la Constitution met fin aux démocraties nationales. Il a dit qu'elle serait plus tournée vers la prospérité et la croissance, alors que la Constitution va accélérer les délocalisations", a insisté le député européen. "Enfin, il a commis un oubli révélateur en ne parlant pas de l'entrée de la Turquie" dans l'Union, a-t-il observé, ajoutant: "En tant que chef de file du non au référendum, je saurai le lui rappeler".
L'Associated Press entretient la même idée que Le Figaro :
a écrit :
Constitution: Jacques Chirac opte pour un référendum «avant l'été» --par Christine Ollivier--
AP | 31.12.04 | 20:22
[...]
Le 14 juillet dernier, Jacques Chirac avait annoncé que les Français seraient consultés au «second semestre 2005» sur le traité constitutionnel européen. Pour entrer en vigueur, celui-ci doit être ratifié par l'ensemble des 25 Etats-membres de l'UE.
Mais depuis, de nombreuses voix s'étaient élevées en France pour demander que les électeurs soient consultés plus tôt, de peur que le débat sur l'adhésion de la Turquie à l'UE, à laquelle les Français sont massivement hostiles, contamine la campagne référendaire. L'Union européenne doit ouvrir le 3 octobre prochain les négociations avec Ankara. [...]
(Source : http://permanent.nouvelobs.com/politique/2...P4395.html?2033)
En tout cas, maintenant que le PS s'est positionné pour le oui, j'ai l'impression que seuls les arguments de De Villiers et du FN (qui lui aussi pollue la campagne avec la question turque -- il suffit de voir la dernière affiche qu'ils viennent de sortir et leurs communiqués de presse) vont être médiatisés...
Cela ne fait que renforcer mon opinion sur ce référendum : un piège (je le sentais déjà venir suite aux appels du pied de Raffarin à De Villiers après les élections européennes). Pour moi, il faut donc mener une campagne de boycott de ce référendum en appellant à inscrire sur les bulletins : "Non à l'Europe du Capital ! Etats-Unis socialistes d'Europe avec nos camarades turques et sans-papiers !"