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Message Publié : 15 Avr 2003, 19:46
par pelon
a écrit :
Elf a financé le divorce de M. Le Floch-Prigent
LEMONDE.FR | 15.04.03 | 17h41
L'ancien PDG d'Elf Loïk Le Floch-Prigent a reconnu mardi devant le tribunal correctionnel de Paris avoir donné des "instructions" pour que son divorce soit financé par le groupe pétrolier français considérant que c'était "le prix du silence" à payer.

"J'ai donné carte blanche et ce qui a été fait a été fait suivant mes instructions", a-t-il déclaré à la barre, interrogé sur les 13,7 millions de francs (2,1 millions d'euros) versés à son ex-femme, Fatima Belaïd, à partir de fonds issus des comptes suisses d'Alfred Sirven. Affirmant qu'il ne "savait pas" quelles sommes avaient été versées à son ex-épouse, il a toutefois précisé : "Je ne savais pas car je voulais ne pas savoir". "Je couvre totalement ce qui a été fait. Si j'avais voulu savoir, je l'aurais su", a-t-il assuré, évoquant "le prix du silence, le prix d'une capacité de non-nuisance pour la société Elf".

L'INTERVENTION DE FRANÇOIS MITTERRAND

Le président François Mitterrand aurait implicitement donné son accord en 1991 pour que Fatima Belaïd, alors épouse de Loïk Le Floch-Prigent, perçoive d'importantes sommes pour le "prix de son silence" après la séparation du couple, a déclaré mardi au tribunal de Paris l'ancien PDG d'Elf.

"J'ai eu un entretien avec le président de la République (François Mitterrand) sur ce sujet (...) en 1991", a affirmé M. Le Floch-Prigent. "Je lui ai dit : 'Je vais probablement divorcer de ma femme, cela ne va pas être sans heurt compte tenu de son caractère'", a-t-il raconté, affirmant avoir mentionné "les problèmes collatéraux (...) à la fois pour Elf, pour le pays et même pour la cellule élyséenne" (alors dirigée par Jean-Christophe Mitterrand).

L'ancien PDG d'Elf a alors expliqué avoir présenté sa démission à M. Mitterrand, qui l'aurait refusée. "François Mitterrand m'a dit de régler le problème. A partir de ce moment-là, je considère être couvert par la République. Je me suis senti licite pour traiter deux problèmes collatéraux par les fonds secrets d'Elf : premièrement le déménagement de Fatima, deuxièmement le prix du silence et de la capacité de non-nuisance pour Elf", a-t-il poursuivi.

Il était notamment à craindre que Fatima Belaïd ne compromette des chefs d'Etat africains par des déclarations publiques et qu'elle ne diffuse des rumeurs dans les médias, a précisé Loïk Le Floch-Prigent, qui a admis avoir donné son accord à son bras droit, Alfred Sirven, pour effectuer des versements à l'intéressée.

Cette dernière a d'abord perçu en juin et juillet 1992, par l'intermédiaire de Maurice Bidermann, industriel du textile et ami du PDG d'Elf, une somme de 13,7 millions de francs, utilisée notamment pour l'acquisition d'un logement à Londres et d'une voiture. Un second versement de 19 millions de francs a été effectué en 1996 au bénéfice de Fatima Belaïd, qui par ailleurs percevait déjà depuis septembre 1991 une pension alimentaire de 100 000 francs mensuels versée par Maurice Bidermann. Fatima Belaïd devait s'expliquer dans la soirée devant le tribunal.

Avec AFP et Reuters