Interview d'Olivier

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par tristana » 14 Mai 2003, 15:17

les mèches d'une mobilisation permanente"
LE MONDE | 14.05.03 | 13h29
Le texte de cet entretien a été relu et amendé par M. Besancenot.

Quel bilan tirez-vous de cette journée du 13 mai ?

Un bilan enthousiaste. Le 13 mai a allumé les mèches d'une mobilisation qui va être permanente.




De toute façon, les gens le sentent bien. C'est une castagne générale qu'on leur prépare : qu'il s'agisse des retraites, où le gouvernement ne se contente pas de s'en prendre aux fonctionnaires, mais cherche également la bagarre avec le privé en faisant le choix des 42 annuités ; qu'il s'agisse encore de la Sécurité sociale, des privatisations et des licenciements. Aujourd'hui, c'est net : le combat social est engagé. Il y aura un vainqueur et un vaincu. Et la victoire dans l'immédiat, c'est évidemment pour moi le retrait du plan Fillon.

Il y a quelques jours, vous appeliez à la grève générale. N'est-ce pas une façon de passer par-dessus la tête des syndicats et finalement de se substituer à eux ?

Bien sûr que non. Ce n'est pas notre démarche. Aujourd'hui, la question de la grève reconductible divise la gauche sociale et syndicale en deux camps : ceux qui veulent pousser et ceux qui veulent freiner. Le problème qui est posé est clair : soit on se situe dans le cadre du projet gouvernemental, soit on exige son retrait, ce qui est notre cas. Et c'est donc une question éminemment politique. La LCR est un courant qui existe, qui participe à l'animation des grèves et qui y tient un discours politique. Elle soutient tous les appels qui vont dans le sens d'une grève générale reconductible. Pour moi, c'est toute la gauche sociale et politique qui devrait être derrière le mot d'ordre de grève reconductible jusqu'au retrait du plan Fillon. Car c'est là que se joue son avenir. Dans tous les cas, c'est aux assemblées de salariés de décider.

Pour autant, la plupart des directions syndicales sont au moins prudentes, si ce n'est réticentes, sur ce mot d'ordre de grève reconductible dès le 14 mai.

C'est plus nuancé. Moi, je vois que la FSU dans l'éducation, ou les SUD appellent, eux aussi, à la reconductible. Ensuite il y a des appels intersyndicaux qui la souhaitent. Je mets à part la CFDT qui se situe dans le cadre de la réforme. Pour le reste, on verra. C'est vrai que la direction confédérale de la CGT s'est pour le moment seulement prononcée pour un prochain rendez-vous le 25 mai. Ce qui m'étonne. Mais, de toute façon, on l'a bien vu en 1995, ce sont les salariés qui jettent les dés.

François Hollande, qui a manifesté à Tulle, a estimé que la journée du 13 mai marquait le "retour des socialistes dans l'action". Partagez-vous ce constat ?

La direction du PS pense les mobilisations sur les retraites tout en ayant les yeux braqués sur son congrès. Elle plane, elle est à quinze mille kilomètres des gens - y compris de ses propres militants, qu'on croise dans les manifs. Moi, ce que je vois, c'est François Hollande qui, une fois assuré de rester premier secrétaire du PS, se prononce en faveur des quarante annuités pour tous et s'intègre ainsi dans la logique d'une réforme libérale.

Ce serait quoi, alors, une réforme non libérale ?

On est face à un choix de société. Nous sommes pour une réforme, mais dans un sens anticapitaliste. Les richesses existent dans ce pays et tout le reste, c'est du baratin. Le Conseil d'orientation des retraites, dans son rapport, expliquait que l'incidence sur le financement des retraites du retour aux 37,5 annuités serait de 0,3 point du PIB à l'horizon 2040. 0,3 point de PIB, nous, en tant qu'anticapitalistes, on a la faiblesse de croire que cela pourrait se trouver. Quant au financement global des retraites, il faut prendre sur les revenus du capital et arrêter de rogner sur les salaires comme on le fait depuis vingt ans.

Quel est, pour vous, l'avenir de la gauche dans les mois à venir ?

Le PCF et les Verts restent satellisés par le PS. Et les communistes, hésitent entre la fuite en avant vers la social-démocratie et le retour au néostalinisme. Je déplore que le PCF se refuse à explorer une troisième voie unitaire et anticapitaliste. De toute façon, aujourd'hui, la vraie opposition de gauche à ce gouvernement de droite se construit dans le mouvement de mobilisation qui est en train de monter sur les retraites. J'ajoute qu'il faudrait avertir M. Hollande : la journée du 13 mai, ce qui va se passer au-delà, ce n'est pas le retour de l'ex-gauche plurielle, mais celui de la question sociale. Et ce n'est pas tout à fait la même chose.

Propos recueillis par Caroline Monnot

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15.05.03
tristana
 
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Message par Louis » 14 Mai 2003, 20:45

Pas mal, ce ptit jeune : l'en faudrait plus comme ça a la lcr...
Louis
 
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