la réforme des universités

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Message par Puig Antich » 20 Juin 2007, 00:56

a écrit :Loi sur l'autonomie des universités : le gouvernement fait le choix de la rupture (19.06.07)

Aujourd’hui, mardi 19 juin 2007, le gouvernement a rendu public son avant projet de loi « portant organisation de la nouvelle université ». L’UNEF dénonce le passage en force inacceptable et dangereux du gouvernement ainsi que le contenu du texte, qui en l’état, est de nature à attiser la colère des étudiants.


Le gouvernement choisit le passage en force

La convocation samedi dernier d’une séance plénière du CNESER pour vendredi 22 juin, pour un texte qui sera soumis au conseil des ministres le 27 juin, révèle la volonté du gouvernement de passer en force sur l’autonomie des universités.

Alors que le gouvernement avait tous les atouts dans ses mains pour mener des concertations sérieuses sans passer en force contre les étudiants et la communauté universitaire, il fait aujourd’hui le choix de l’affrontement.

Sélection des étudiants : un retour en arrière inacceptable

En conditionnant l’inscription des bacheliers à leur participation aux dispositifs de préinscription, le gouvernement ouvre une brèche au mieux inefficace et au pire dangereuse. L’UNEF dénonce cette condition qui restreint la liberté d’inscription à l’université.

En outre, en laissant les établissements déterminer librement leurs conditions d’accès en Master, le gouvernement fait ouvertement le choix de la sélection après la Licence. Cette sélection, contre laquelle l’UNEF s’était battue sous le précédent gouvernement, constitue une rupture très claire avec les engagements du nouveau gouvernement de n’instaurer aucun élément supplémentaire de sélection. Pire : il encourage le développement d’université et de diplômes à deux vitesses.

L’absence de sélection à l’université est un principe fondateur du service public de l’enseignement supérieur français et le gouvernement ne saurait y toucher sans s’attirer la colère des étudiants.

Droits d’inscription: un manque de clarté dangereux

L’UNEF dénonce le non respect des engagements du gouvernement qui s’était engagé au sein des groupes de travail à ce que les universités ne puissent pas moduler librement leurs droits d’inscription. L’UNEF exige du gouvernement que le texte de loi soit clair sur cette question en précisant les modalités de fixation des droits de scolarité nationaux.

Pas d’autonomie sans démocratie

Depuis les lois Faure et Savary, l’autonomie des établissements est indissociable de l’exigence de leur direction démocratique. L’accroissement des prérogatives des universités et de leur président, doit nécessairement s’accompagner du renforcement des contre-pouvoirs démocratiques du reste de la communauté universitaire, et notamment des étudiants.

En faisant des présidents les nouveaux propriétaires des universités, les propositions du gouvernement sont contraires à ce principe. La mise en place de conseils d’administration limités à 20 personnes, avec une présence extrêmement faible des étudiants (3 personnes, soit 15% contre 20% à 25% aujourd’hui), compromet la bonne gouvernance des universités. Il en est de même de la possibilité d’élection d’un président autre qu’enseignant chercheur.

En écartant à tout prix la communauté universitaire de la direction des universités, et particulièrement les étudiants, c’est l’objectif même d’une meilleure gouvernance qui est remis en cause. Les étudiants sont pourtant au centre du service public d’enseignement supérieur et sont les premiers concernés par les politiques universitaires. Ils sont aujourd’hui exclus des instances de direction, ce qui constitue un retour à une conception digne des universités du XIXème siècle.

L’UNEF exige du gouvernement qu’il revienne à la raison. C’est le bien commun qui doit l’emporter.

L’autonomie au service de l’accroissement des inégalités et du désengagement de l’Etat

L’UNEF dénonce le choix d’une autonomie à la carte entre les établissements, qui seront libres ou pas d’accepter certaines compétences nouvelles (budget global, gestion des ressources humaines) et optionnelles (patrimoine immobilier). Ce choix avalise en encourage les inégalités existantes et conduira inévitablement à la mise en place d’universités à plusieurs vitesses et au désengagement de l’Etat.

La propriété des bâtiments par les universités comme la liberté de recrutement des enseignants et d’attribution des primes constituent des reculs importants dont pâtiront les étudiants, notamment en termes d’encadrement et de qualité d’études. Si l’objectif affiché est d’accroître les prérogatives des universités, cette autonomie aura pour seules conséquences le développement de fortes inégalités entre les étudiants d’un établissement à l’autre et au désengagement de l’Etat du financement des universités les plus faibles.

L’UNEF exige du gouvernement qu’il revienne sur le calendrier annoncé pour laisser le temps de la concertation. Si le passage en force se confirme, cela augurerait mal d’un dialogue constructif dans les années à venir.
Sur le fond du projet de loi, le gouvernement s’est mis lui-même dans une situation de rupture avec la communauté universitaire et les attentes des étudiants. Si de lourds correctifs ne sont pas apportés immédiatement, l’UNEF en tirera toutes les conséquences qui s’imposent et prendra ses responsabilités en n’écartant aucun moyen d’action. Comme ils l’ont montré ces derniers mois, les étudiants sauront se faire entendre et respecter.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 20 Juin 2007, 01:25

C'est quand même dingue à terme c'est direct les patrons qui seront présidents du CA si ils réussissent.

Mais bon ils vont se manger, évidemment. L'UNEF prend des allures offensives et Sarkozy a trop de prétention pour se faire dicter sa loi par Julliard. Ils ne reviendront pas sur leur projet de loi.

Fallait choisir la voie de la raison, les dirigeants syndicaux sont toujours de bons conseils pour faire passer les réformes. Au lieu de cela le gouvernement préfère attaquer les minables places que l'UNEF utilise pour cogérer l'université. Terrible erreur.
Puig Antich
 
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Message par pelon » 20 Juin 2007, 08:48

Terrible erreur si cela révolte les étudiants parce que sinon, la force de frappe de l'UNEF et de Julliard, je comprends que Sarkozy ne la redoute pas.
Alors, toute la question est : les étudiants vont-ils se mobiliser ? Bien malin qui est est capable de le savoir. D'autant que la réforme divise les étudiants entre ceux qui peuvent penser qu'ils peuvent être gagnants (la multiplication des Dauphine) et les autres.
Ce qui est sûr c'est qu'il finira bien par y avoir des réactions aux mesures du gouvernement. Est-ce que cela commencera par les étudiants ? Pourquoi pas ?
pelon
 
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Message par Ottokar » 20 Juin 2007, 09:04

la question de l'autonomie est une question un peu abstraite et qui ne risque guère de bouleverser les étudiants. Que le Conseil d'Administration passe de 40 ou 50 à 20 membres, que le président soit élu pour 5 ans renouvelable ou pas, qu'il soit obligatoirement un universitaire ou non turlupine l'UNEF ou le SNESup mais ne passionne guère les étudiants qui s'abstiennent à 80-90 %...

Pourtant derrière cela, il y la volonté de couper les facs en deux, à l'américaine. Des Dauphine d'un côté, ou les présidents auraient des subventions du privé, payeraient mieux les profs, certains profs, et du coup achèteraient les meilleurs, auraient plus de moyens, sélectionneraient comme ils veulent, et des facs ordinaires de l'autre, parents pauvres de l'Education, assurant un niveau minimum de bac plus 3 qui ne protégera pas les jeunes diplomés du chômage, ne leur ouvrira pas grandes les portes des emplois de cadres, surtout en venant d'une fac peu cotée, avec un nom à consonnance "issue de la diversité" comme on dit maintenant...

Sans être l'horreur absolue décrite par l'UNEF, la fin d'un "enseignement égalitaire" qui ne l'est pas en réalité, c'est comme tout ce que fait Sarko. Une adaptation cynique et brutale aux réalités. Le monde est injuste. Oui, c'est vrai. Et alors ?
Ottokar
 
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Message par Puig Antich » 20 Juin 2007, 11:53

a écrit :Le monde est injuste. Oui, c'est vrai. Et alors ?


Et alors on est communiste :-P


Bah l'UNEF décrit une horreur asbsolue ... négociable. Elle demande des "lourds correctifs", pas le retrait. En gros, l'Université, le droit du travail, et tout le reste, doivent bien s'adapter à l'offensive capitaliste, mais pas à n'importe quelle condition. La première condition est que les syndicats sauvegardent leur place au chaud dans la société capitaliste. C'est un peu la même politique que la CGT.

C'est comme avec le "fascisme" de Sarkozy.

Avant les élections, c'est la lutte à mort à coup de bulletin de vote, deux heures aprés le gouvernement est légitime.

C'est comme avec la privatisation des universités. Elle est négociable si l'UNEF sauve ses postes et si la sélection n'est pas ouverte, pas dans le cas inverse.

Sur le fait que l'important est que l'opposition prenne aupres des étudiants, la position de l'UNEF est quand même un petit enjeu, car celà reste le seul syndicat étudiant au niveau national. C'est donc nécessaire pour ceux qui y militent de dénoncer la politique de concertation.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 20 Juin 2007, 12:08

a écrit :    La CGT quitte les groupes de travail « PÉCRESSE »

La Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie  PÉCRESSE, convoque le CNESER plénier pour examiner le texte du projet  de loi sur l’autonomie des universités le 22 juin prochain.
La pseudo-concertation, vieille de moins de 15 jours, devait donner  lieu à une synthèse des différentes positions le jour même !
C’est dire que, comme la FERC-Sup CGT l’a indiqué déjà, le texte était  rédigé depuis le début et que les discussions n’étaient destinées qu’à  amuser la galerie.
La FERC-Sup CGT, bien consciente qu’une loi de cette portée ne peut  évidemment pas s’élaborer si précipitamment, dénonce le tour de  passe-passe consistant à faire croire à la volonté de démocratie du  gouvernement.
Elle ne continuera pas à cautionner une telle mascarade et emploiera  mieux son temps à mobiliser les membres de la communauté universitaire contre l’offensive libérale qui veut restructurer pour longtemps nos  établissements en les privant de représentants élus et en cassant les  garanties nationales.*

Fait à Montreuil, le 19 juin 2007


C'est des marrants les syndicats quand même.

Ils reconnaissent eux mêmes qu'ils participent à des mascarades qui ne servent qu'à amuser la galerie. =D> =D>

Encore un effort pour devenir syndicalistes!
Puig Antich
 
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Message par south hamerik1 » 20 Juin 2007, 13:41

(Puig Antich @ mercredi 20 juin 2007 à 12:53 a écrit :



Bah l'UNEF décrit une horreur asbsolue ... négociable.
On le sait bien, les syndicats ne militent (pour l'écrasante majorité) que pour l'adaptation ou la réforme du capitalisme, certainement pas contre lui ou pour son abolition :headonwall:
south hamerik1
 
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Message par Gaby » 20 Juin 2007, 13:54

(Ottokar @ mercredi 20 juin 2007 à 10:04 a écrit : la question de l'autonomie est une question un peu abstraite et qui ne risque guère de bouleverser les étudiants.

Tel que l'UNEF l'explique avec de grandes phrases sur la position et le nombre d'élus dont tout le monde se fout, c'est certain que ce n'est pas très comestible. Cependant les conséquences de l'autonomie, en prolongement de la réforme LMD, je ne crois pas que les étudiants s'en foutent. La mise en concurrence des universités, la hausse promise des frais d'inscription, la sélection renforcée après licence, la baisse des effectifs de fonctionnaires (moins de débouchés pro', et pour les quelques qui réussissent, plus de boulot)... Je crois que beaucoup en ont conscience et le craignent.

La LMD n'est passée que parceque, parmi ceux qui ne pensent pas qu'à la débrouille individuelle, beaucoup pensaient qu'il ne s'agissait que de faire comme les autres pays Européens, avec une simplification des titres. Là s'ils veulent tout faire en bloc, et qu'ils n'ont pas le temps de le ratifier pendant l'été, je crois qu'on peut espérer une réaction des étudiants, surtout après le CPE qui est toujours un bon souvenir pour la partie qui s'était mobilisée.

Je ne sais pas si le privé peut se mobiliser là-dessus, sauf si les réformes de l'emploi de Sarkozy créent une situation qui l'encourage, mais avec la fonction publique, il y a des possibilités...
Gaby
 
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Message par Puig Antich » 20 Juin 2007, 17:02

Il faut envisager l'avenir avec tous ses éléments.

Sarkozy veut tatchériser le pays. Il va mobiliser l'appareil d'état, l'appareil médiatique, pour liquider la plus grande part des acquis des travailleurs, des droits démocratiques.

Il faut donc être tous ensemble face à cette politique ; et la première mesure d'urgence c'est de faire le lien entre la suppression de la carte scolaire et la privatisation des universités. Car ça passe au même moment, et car il faut mobiliser d'un même mouvement lycéens, étudiants, parents d'élèves, profs.

Mais, les réactions que va provoquer la réforme de l'université et la suppression de la carte scolaire doivent aussi être vues comme une étape pour défaire cette politique ; dont le point le plus avancé sera la liquidation du contrat de travail - avec comme prélude celle du droit de grève.

Hé bien, quand les étudiants, les profs, les lycéens se mobiliseront massivement, il faudra aussi qu'ils s'adressent au mouvement ouvrier et aux travailleurs pour frapper ensemble, pour faire capituler le gouvernement sur le droit de grève et le contrat de travail.

La priorité numéro un donc, c'est de faire le lien entre toutes ces politiques, d'expliquer inlassablement que face à une offensive d'une telle ampleur, ce sera ou eux, ou nous, et donc qu'il ne peut être question de monter au front chacun séparément - comme le préconiseront les chefs syndicaux.
Puig Antich
 
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Message par Ottokar » 21 Juin 2007, 10:02

(Ottokar @ mercredi 20 juin 2007 à 09:04 a écrit : Le monde est injuste. Oui, c'est vrai. Et alors ?

Quand j'ai écrit cela, il me semblait évident que personne ne comprendrait que je le pense. C'est le discours de Sarko, l'autre versant de la nomination des blacks-beurs au gouvernement style Rachida Dati. Cela signifie : "le monde est injuste, mais si vous voulez vous en sortir, si vous bossez, vous y arriverez. Tant pis pour les autres. Malheur aux pauvres !" C'est la mentalité US, ou du moins celle qu'on veut faire adopter aux classes populaires là-bas.

Sur la sélection, elle existe déjà. C'est là encore un peu technique, mais auparavant, avant LMD on avait Bac + 2 (DEUG, DUT, BTS) puis une 3ème année sans sélection (licence) une quatrième toujours sans (maitrise) et une cinquième, avec sélection (DEA-DESS). Or, dans les entreprises, comme au niveau européen, les choses se normalisent et s'harmonisent un peu. Le niveau bac + 5 devient le niveau décisif, car c'est celui qui est équivalent ingénieur (2 ans de prépa + 3 ans d'école).

Dans la mesure où le bac + 2 tend à disparaître en formation générale (sauf BTS) il est alors logique de dégager les deux profils : bac + 3 qui remplacent les anciens recrutement au bac dans les entreprises du tertiaire, ou bac + 5 pour les emplois de cadres.

Une formation en deux ans, bac + 4 / bac + 5 ne peut avoir comme aujourd'hui de sélection au milieu, c'est stupide ! Passer la sélection à bac + 3, après la licence au lieu de la mettre à Bac + 4 au milieu du master (nouveau nom de ces deux années), c'est un peu kif-kif. Sauf que cela officialise la coupure en deux, bac + 3 exécution d'un côté, bac + 5 encadrement de l'autre. Et que les jeunes qui ont cru s'en sortir par des études n'ont pas envie de s'entendre dire que c'était encore un rêve impossible...

La diffusion de la culture au plus grand nombre n'entre évidemment pas dans ces calculs. C'est en ce sens que personnellement, je serai solidaire de ceux qui protesteront contre des barrières accrues. Que les jeunes étudient le plus possible, qu'ils aillent le plus loin possible, c'est le mieux.
Ottokar
 
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