Voici la présentation par ROUGE de la réponse de LO à la réponse LCR:
LO-LCR
La lettre à LO
A l'issue du mouvement social de mai et juin derniers et dans la perspective des échéances électorales du printemps 2003, un échange de courriers a eu lieu entre Lutte ouvrière et la LCR. La lettre de Lutte ouvrière et la réponse de la LCR peuvent être consultées sur le site de la LCR (1).
Dans sa récente lettre à la LCR, LO commence par préciser qu'elle n'a aucune opposition de principe à se présenter aux élections avec la LCR, le seul problème étant un problème politique, celui du "centre de gravité" d'une éventuelle campagne commune.
Néanmoins, LO tient manifestement à revenir sur les divergences qui nous ont opposés après le 21 avril. Pour LO, la LCR fait "partie de la majorité qui a élu ou plutôt plébiscité Chirac" et son positionnement, à l'époque, était "une trahison de [ses] idées et [de celles de LO]". Si elle était destinée à être prise au sérieux, une telle appréciation ne pourrait qu'illustrer l'inconséquence totale de Lutte ouvrière : comment une organisation communiste, révolutionnaire, prolétarienne pourrait ne serait-ce qu'envisager de mener des campagnes électorales communes avec une organisation composée de "traîtres chiraquiens" ? Or toute la missive de LO vise bien à définir, de son point de vue évidemment, les conditions de telles campagnes! Entre organisations révolutionnaires, le sérieux et respect mutuel devraient être de règle...
D'autant que la principale difficulté qui a surgi l'an dernier entre LO et la LCR ne portait pas essentiellement sur la formulation de la consigne de vote pour le deuxième tour de la présidentielle, ni même sur une appréciation différente du danger représenté par l'extrême droite fasciste. Mais sur le fait que LO a sous-estimé l'émotion créée par la présence de Le Pen au second tour et s'est, en conséquence, opposée au mouvement de masse antifasciste et l'a dénigré en l'assimilant à une opération de soutien à Chirac. Une faute politique majeure !
Lutte ouvrière rappelle ensuite sa conception du parti révolutionnaire à construire, revient longuement sur son appréciation du mouvement altermondialiste qui ne saurait être assimilé à un nouvel internationalisme et sur son refus de situer le féminisme, l'altermondialisation, l'écologie ou la lutte contre l'homophobie sur le même plan que la "lutte anticapitaliste".
LO insiste sur la nécessité d'un accord qui couvre à la fois les élections régionales et les élections européennes et qui débouche sur des listes communes dont les professions de foi seraient identiques et rédigées nationalement. Elle n'envisage pas d'accord de répartition par région avec soutien réciproque. LO n'exclut pas la présence sur les listes de personnes représentant d'autres tendances que LO ou la LCR, mais pas comme têtes de liste. Enfin, LO rejette tout processus de fusion pour le deuxième tour des régionales avec des membres de partis ayant participé au gouvernement.
La réponse de la LCR
Qu'il s'agisse de l'altermondialisation, de l'écologie ou de la lutte contre les différentes oppressions, LO semble décidément n'avoir rien appris des diverses mobilisations de masse sur ces terrains et n'en n'avoir rien tiré ni en termes d'élaboration d'un projet d'émancipation sociale, ni en termes de stratégie révolutionnaire. En revanche, la liste que dresse LO de ses divergences avec la LCR est incomplète, puisqu'elle fait l'impasse sur le mouvement social du printemps 2003. Si nos deux organisations ont bien agi dans le même sens, celui de la défense intransigeante des intérêts des salariés et de l'extension de la grève, en revanche des divergences sont apparues aussi bien sur la bataille pour la grève générale que sur la démocratie et l'autoorganisation dans le mouvement. Divergences qui renvoient sans doute à des désaccords sur les questions de la démocratie et du rapport aux organisations syndicales... De cela aussi, il faudra bien discuter !
Reste un fait essentiel : LO et la LCR se sont effectivement trouvées du même côté. Face à l'offensive de la droite et à la faillite des partis de l'ex-gauche plurielle, cela confère une responsabilité particulière aux révolutionnaires et justifie qu'ils explorent les possibilités d'un accord électoral pour les prochaines échéances, régionales et européennes. Cette démarche est d'ailleurs une constante de la politique de la LCR, depuis plusieurs années, qu'il s'agisse des élections européennes, avec le succès de la campagne commune, comme des municipales de 2001, de la présidentielle et des législatives de 2002 pour lesquelles l'initiative n'a pu aboutir du fait du refus de LO. Un telle démarche suppose évidemment une volonté politique de la part des deux organisations. Dans sa lettre, LO indique : "nous n'envisageons absolument pas de vous imposer nos propres idées et nos propres formulations mais nous n'accepterions pas l'inverse". Une excellente entrée en matière ! Mais qui ne semble pas tout à fait confirmée par le "cadre et les limites" que Lutte ouvrière entend donner à une campagne commune...
Cela dit, au stade actuel, l'essentiel est bien qu'après des années de refus, Lutte ouvrière semble envisager sérieusement la discussion et l'éventualité d'une alliance électorale. C'est en partant de cette appréciation que le bureau politique de la LCR a élaboré une première réponse. Conformément à nos traditions démocratiques, c'est la direction nationale - le comité central - qui proposera, début septembre, le cadre et les modalités selon lesquels la LCR entend aller à la bataille électorale. Ces propositions seront ensuite soumises à toute l'organisation et c'est, en définitive, aux militants et aux militantes qu'il appartiendra de trancher, notamment à l'occasion du débat pour le XVe congrès de la LCR, fin octobre.
François Duval.
1. http://www.lcr-rouge.org/doculolcr.html.
Rouge 2027