Prêt de 10,5 milliards aux banques

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Message par jeug » 22 Déc 2008, 12:37

(lutte ouvrière a écrit :Encore des milliards pour les banques : c'est dur pour tout le monde !

Bruxelles a récemment approuvé le plan de recapitalisation des grandes banques françaises proposé par Sarkozy, encore président de l'Union européenne pour quelque temps, pour venir en aide aux banquiers qui ont si brillamment traversé la tempête financière de ces derniers mois.

Ainsi donc l'État doit injecter 10,5 milliards d'euros dans les finances des six principaux établissements bancaires du pays, sur les fonds publics bien évidemment. La négociation avec la Commission européenne aurait été délicate au point qu'il aura fallu, selon un quotidien économique, « plusieurs semaines d'intenses tractations ». C'est qu'il ne s'agit pas là d'aider des banques en difficulté, qui auraient été au bord de la faillite. Cela aurait alors constitué selon le même journal, « des aides d'État habituelles » ; et en effet cela semble normal aux banquiers, comme aux autres capitalistes, d'en appeler à l'argent public quand leurs profits ne sont pas au beau fixe. Mais il s'agit dans le cas précis de « banques fondamentalement saines », auxquelles il est seulement question de donner les moyens de « maintenir leur volume de crédits ». Voilà ce qui, paraît-il, posait problème à la Commission.

« Fondamentalement saines » ou non, ces banques en tout cas sont riches. La BNP Paribas, après avoir obtenu ce qu'elle appelle « le meilleur résultat de son histoire » en 2007, avec un bénéfice de 7,8 milliards d'euros, n'a pour l'instant engrangé « que » 4,4 milliards sur trois trimestres, ce qui n'est déjà pas mal. La Société Générale malgré l'ennui des 5 milliards envolés dans l'affaire Kerviel, a néanmoins empoché 947 millions en 2007, après les 5,2 milliards de 2006 ; mais en trois trimestres de 2008, elle empoche encore 1,9 milliard, pas vraiment de quoi faire appel à la charité publique ! Quant au Crédit Mutuel, qui ne signale pas vraiment de perte en 2008, il s'est offert - en cash - le rachat de Citibank Deutschland, la banque de détail de Citigroup, pour 5,2 milliards et a pris en plus le contrôle de Cofidis et de son crédit à la consommation.

Comme l'aide accordée risque de ne pas suffire, Bercy prévoit une deuxième tranche de 10,5 milliards d'aides aux banques. Il ne s'agit pas de cadeaux, répète le gouvernement, mais de « prêts » à un taux compris entre 7,5 et 8,5 %. Mais combien d'inrérêts supplémentaires l'État paiera-t-il à ces mêmes banques ou à d'autres, pour les emprunts qu'il devra contracter ? En tout cas, il ne pouvait être question pour Sarkozy que lesdites banques soient obligées de suspendre momentanément les versements de dividendes aux actionnaires, comme Bruxelles l'avait évoqué. Au chapitre des recommandations, elles devront seulement s'engager à adopter « des règles d'éthique conformes à l'intérêt général » au sujet de la rémunération des traders. On avait craint le pire !

Viviane LAFONT


Pour prêter aux banques, l'Etat va devoir emprunter lui-même ?
C'est donc quoi, au bout du compte, l'objectif pour les banquiers ?
Je ne comprends pas bien la finalité du montage.
Est-ce essentiellement un transfert de garantie ?
Est-ce que ça veut dire que les banques empocheront les bénéfices (intérêts) de ces prêts sans en prendre les risques au final ?
Ou bien je me trompe et l'intérêt est ailleurs : par exemple que la différence entre les 2 taux d'intérêts profite aux banquiers ?
jeug
 
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Message par NazimH » 22 Déc 2008, 13:31

De ce que je comprends... Les banques ont besoin de capitaux pour leur activité mais à différentes échéances...

Elles ont besoin de capitaux à court et à long terme...

A court terme l'Etat (les états du monde entier) sont engagés dans une vaste distribution de capitaux à très bas d'intérêt, voire à intérêt nul (aux USA). Les banques n'ont pas en théorie droit de se servir de ces capitaux pour des opérations à long terme... Mais bien sûr les méandres des systèmes de refinancement peuvent bien sûr faire que des capitaux empruntés à court terme servent à garantir ou couvrir des emprunts de long terme... (en théorie encore une fois non, il devrait y avoir des systèmes de contrôle, mais bon chacun sait qu'ils valent ce qu'ils valent).
Là on peut dire que l'intérêt pour les banquiers c'est qu'ils empruntent pour quasi rien et peuvent soit spéculer avec soit refinancer les opérations de spéculation -pardon je suis médisant, bien sûr avec cela ils peuvent aussi avancer des crédits aux vaillants petits entrepreneurs... (et donc toucher un taux d'intérêt plus important)

A long terme, là les États prétendent qu'ils sont gagnants (c'est ce qu'explique par exemple Sarkozy-Lagarde)car ils prêtent avec des intérêts importants, que d'ailleurs ils se refinancent pour moins cher etc... (en empruntant eux-mêmes pour moins cher à long terme).
Le problème est évidemment qu'ils prêtent ou entrent au capital d'un certain nombre d'institutions financières dont plus aucun capitaliste ne veut aujourd'hui... Ils assument donc tout le risque en cas déconfiture... Il est possible s'il n'y a aucun canard boiteux que cela "rapporte" à l'État... Il n'y a rien d'impossible aussi à ce qu'il neige au mois de mai sur la fête de Lo... mais je ne crois pas que quiconque a envie de parier là-dessus !
Et bien l'État, si !
Ah l'amour du risque !
Ces capitaux à long terme entrent en général dans les "capitaux propres" de la banque, c'est à dire, qu'ils vont par exemple permettre à une banque d'emprunter davantage(ils servent de garantie pour les emprunts à court terme, auprès de l'Etat par exemple !) et de démultiplier ses crédits plus courts - donc son activité.


C'est un peu schématique comme séparation mais cela permet de voir que le soutien des États aux capitalistes prend des formes multiples...

Sinon l'État emprunte bien en permanence. Il émet des obligations qui sont des emprunts avec des taux d'intérêt. Ces obligations peuvent se vendre et s'acheter. (ce sont par exemple les "bons du trésor" américains). Les dettes des Etats sont en très nette progression depuis des années. C'est une expression du parasitisme des capitalistes, qui préfèrent toucher une rente quasi-garantie (sauf en cas d'effondrement de l'Etat ou de la monnaie dans laquelle est émise l'emprunt) que d'investir dans la production. L'argent collecté par l'impôt sert de plus en plus à offrir des revenus aux bourgeois.
NazimH
 
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Message par Indesit » 14 Jan 2009, 13:30

(NazimH @ lundi 22 décembre 2008 à 12:31 a écrit :De ce que je comprends... Les banques ont besoin de capitaux pour leur activité mais à différentes échéances...

Elles ont besoin de capitaux à court et à long terme...

A court terme l'Etat (les états du monde entier) sont engagés dans une vaste distribution de capitaux à très bas d'intérêt, voire à intérêt nul (aux USA). Les banques n'ont pas en théorie droit de se servir de ces capitaux pour des opérations à long terme... Mais bien sûr les méandres des systèmes de refinancement peuvent bien sûr faire que des capitaux empruntés à court terme servent à garantir ou couvrir des emprunts de long terme... (en théorie encore une fois non, il devrait y avoir des systèmes de contrôle, mais bon chacun sait qu'ils valent ce qu'ils valent).
Là on peut dire que l'intérêt pour les banquiers c'est qu'ils empruntent pour quasi rien et peuvent soit spéculer avec soit refinancer les opérations de spéculation -pardon je suis médisant, bien sûr avec cela ils peuvent aussi avancer des crédits aux vaillants petits entrepreneurs... (et donc toucher un taux d'intérêt plus important)

A long terme, là les États prétendent qu'ils sont gagnants (c'est ce qu'explique par exemple Sarkozy-Lagarde)car ils prêtent avec des intérêts importants, que d'ailleurs ils se refinancent pour moins cher etc... (en empruntant eux-mêmes pour moins cher à long terme).
Le problème est évidemment qu'ils prêtent ou entrent au capital  d'un certain nombre d'institutions financières dont plus aucun capitaliste ne veut aujourd'hui... Ils assument donc tout le risque en cas déconfiture... Il est possible s'il n'y a aucun canard boiteux que cela "rapporte" à l'État... Il n'y a rien d'impossible aussi à ce qu'il neige au mois de mai sur la fête de Lo... mais je ne crois pas que quiconque a envie de parier là-dessus !
Et bien l'État, si !
Ah l'amour du risque !
Ces capitaux à long terme entrent en général dans les "capitaux propres" de la banque, c'est à dire, qu'ils vont par exemple permettre à une banque d'emprunter davantage(ils servent de garantie pour les emprunts à court terme, auprès de l'Etat par exemple !) et de démultiplier ses crédits plus courts - donc son activité.


C'est un peu schématique comme séparation mais cela permet de voir que le soutien des États aux capitalistes prend des formes multiples...

Sinon l'État emprunte bien en permanence. Il émet des obligations qui sont des emprunts avec des taux d'intérêt. Ces obligations peuvent se vendre et s'acheter. (ce sont par exemple les "bons du trésor" américains).


Salut,

ça c'est la situation "standard", où effectivement, au moyen d'émissions de bons du Trésor par exemple, l'Etat capte une épargne qui existe déjà.

Si les capitalistes "sursoucrivent" à l'émission des bons, leur valeur augmente, mais leur taux d'intérêt baisse. S'ils fuient les bons d'un Etat, c'est un krach obligataire, les taux d'intérêt montent.

La situation non standard, c'est quand l'Etat émet des bons du Trésor, et que ceux-ci sont souscrit par la banque centrale. Ainsi, la Fed a annoncé au mois de décembre qu'elle souscrirait aux bons du Trésor de l'Etat américain.

Sous des dehors anodins, cette décision de la Fed montre bien à quel point nous sommes entrés dans une nouvelle période. Car au-delà des imbroglios techniques, la technique de la Fed consiste à faire marcher la planche à billets.

En effet, le cas standard, n°1, l'Etat capte une épargne qui existe déjà. Il n'y a donc pas de création monétaire (la monnaie que l'Etat capte, par définition, existe déjà) et donc pas d'inflation. Mais il y a des limites : les investisseurs peuvent ne pas vouloir souscrire à ces bons, et il y a la limite absolue car l'épargne n'est par définition pas illimitée. Encore moins dans les Etats-Unis d'aujourdhui !

Dans le second cas, le mécanisme de la planche à billets est illimité, d'un point de vue technique, car la banque centrale, c'est son rôle, peut émettre autant de monnaie qu'elle veut.

Cela signifie-t-il que nous entrions dans une période de forte inflation ? A très court terme, sûrement pas. Les pressions déflationnistes sont les plus fortes aujourd'hui, du fait de l'effondrement des cours du pétrole et de la baisse de la demande en général.

Mais à moyen terme, que se passera-t-il si la confiance revient, les consommateurs recommencent à acheter, alors même que l'Etat et la banque centrale ont fait marcher la planche à billets ?

Là oui, le risque d'une résurgence de l'inflation est réel.

Je rappelle que la crise d'hyperinflation de 1923, en Allemagne, était également liée à une situation de surendettement.

à +
Indesit
 
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