a écrit : Faber
Tu m'expliqueras après comment on peut rester maire de Vénissieux 25 ans en ne prenant que "parfois" des mesures favorables à sa population (dans le plus pur clientèlisme stalinien 50's je te l'accorde).
Le fait de se faire réélire pendant 25 ans n'est absolument pas un critère pour juger un personnage politique. Tu trouveras aussi bien des personnalité de gauche que de droite qui parviennent à se faire réélire. Par exemple Frèche déjà cité.
Se faire réélire, ça n'implique pas de défendre si peu que ce soit des positions de classe - hélas parfois bien au contraire ! Ca consiste à construire un solide réseau local d'obligés - comme le font d'ailleurs aujourd'hui la plupart des maires -, et à faire preuve de suffisamment d'habileté pour se trouver des alliés, les acheter avec des postes le cas échéant, surfer sur les sentiments d'une partie de la population, y compris (hélas bis) les plus vils. Il y a eu à ce propos un excellent dossier dans
Le Monde sur le système Frèche.
La baisse de la conscience de classe, l'évolution sociologique des cités de banlieue ont fait disparaître en grande partie le vote de classe. Pour preuve, un certain nombre de cités parmi les plus pauvres ont élu des maires de droite, par exemple Garges-les-Gonesses, longtemps aux mains du PCF, avec le maire Cukerman - un "brave homme" désintéressé, moins démagogue qu'un Gérin.
Par ailleurs, je ne connais pas ton âge, tu es peut-être trop jeune pour avoir connu le PCF de la "grande époque". Mais le "clientèlisme stalinien" des années 50 - 70 était tout de même très différent du clientèlisme à la Gérin, Frèche ou... Raoult et Dassault. Des militants du PCF que j'ai cotoyé ont connu une époque où Georges Marrane, ancien résistant et maire d'Ivry, vendait L'Huma tous les dimanches en bleu de travail avec le foulard rouge, allait à la porte des usines à 5 heures du matin pour distribuer les tracts du parti etc. Il se plaçait dans les piquets de grève et était au premier rang de toutes les manifs contre la guerre d'Indochine puis contre la guerre d'Algérie. Ca n'avait pas grand chose à voir avec Gérin qui a osé revendiquer l'envoi de l'armée dans les banlieues ! Un Stalinien, sans aucun doute, mais qui avait une autre gueule.
Alors, certes, dans les municipalités PCF, il y avait un peu de clientèlisme : la femme du maire engagée à un poste, un cousin embauché au service de la voirie etc. Mais ça n'allait pas très loin, et la section locale comme les organismes centraux du parti, y veillaient.
Bref, on n'a changé d'époque, il faut s'en faire une raison. La décomposition du stalinisme donne des personnages assez répugnants comme Gérin, ou déplaisants comme Hue et beaucoup d'autres. Le stalinisme n'est plus ce qu'il était.