Un délit spécial violences "psychologiques" dans l

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Message par Gaby » 25 Nov 2009, 14:01

Excellente nouvelle.

http://lci.tf1.fr/france/societe/unun-deli...le-5559774.html

Le Premier ministre François Fillon doit annoncer mercredi une série de mesures destinées à lutter contre les violences faites aux femmes.

La grande cause nationale de l'année 2010 aura un cadre juridique dédié. François Fillon a annoncé mercredi une série de mesure destinée à lutter contre les violences (de toutes sortes) faites aux femmes. "En matière pénale, le délit de violences psychologiques au sein du couple va être consacré par le législateur", a déclaré le Premier ministre dans un discours prononcé à Matignon à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

"C'est une avancée considérable: la création de ce délit va permettre de prendre en compte les situations les plus sournoises, ces situations qui ne laissent pas de traces à l'œil nu, mais qui mutilent l'être intérieur des victimes", a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, sur la base de l'exemple espagnol, le gouvernement va lancer l'expérimentation d'un dispositif de surveillance électronique par bracelet pour contrôler "l'effectivité de la mesure d'éloignement du conjoint violent", a poursuivi le chef du gouvernement. Cette mesure sera testée "dès le début de l'année 2010" comme "une alternative aux poursuites ou une modalité d'exercice de la peine", a détaillé François Fillon.
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Message par tridon » 26 Nov 2009, 13:40

"Excellente nouvelle", dis-tu.
Je trouve ton commentaire étonnant de naïveté, en ouverture d'une citation de...François Fillon !
Penses-tu vraiment que ces gens-là se soucient des violences subies par les femmes ?
Ne s'agit-il pas là plutôt d'un gadget, d'un effet d'annonce, sans conséquence.
D'autant que ce projet serait tout bonnement inapplicable.
Et heureusement ! Imagine en effet, en cas de difficultés dans un couple, toutes les accusations de "violence psychologique", parfaitement subjectives, qu'on peut se faire l'un à l'autre...
Au passage, pourquoi le rôle du plaignant serait-il réservé...à la femme ?
Si des femmes sont en souffrance, il doit, il faut, que des associations, des réseaux, puissent leur venir en aide.
Mais pas par la loi, ou par les bonnes paroles de Fillon.
tridon
 
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Message par Gaby » 26 Nov 2009, 14:11

Oui, c'est une excellente nouvelle.

D'abord, je n'exclue pas qu'un gouvernement de gauche ou de droite dans une société démocratique sous le capitalisme puisse prendre quelques mesures en faveur des opprimés. Ils peuvent le faire sous la contrainte (essentiellement), ils peuvent le faire marginalement, sur des sujets qui ne sont pas d'une urgence folle pour eux, sur ce qui n'atteint pas forcément aux intérêts de la classe dominante... ou même comme tu le dis, pour un effet d'annonce, s'assurer une relative popularité. Après tout, c'est une autre facette du rapport de force.

Ensuite et surtout, le sujet est absolument crucial de mon point de vue. Oui il y a des violences psychologiques absolument dévastatrices. Elles doivent être reconnues par la loi. Elles ne sont pas "subjectives". Pourquoi est-ce que les violences psychologiques seraient moins concrètes que les violences dites "physiques" (comme si la psychologie n'était pas physique) ? Elles accompagnent souvent des problèmes bien matériels, mais pas seulement.

Dire qu'il faut s'en remettre à des associations, surtout si pour ensuite dire que lesdites associations largement dépassées doivent se démerder (qui ici file un coup de main ?), c'est vraiment de mon point de vue être en dessous de tout. Je ne sais pas d'où ça vient, si c'est un révolutionnarisme primaire qui s'oppose à toute réforme en attendant le grand soir qui fera des miracles... mais en tout cas ça ne me va pas une seconde. Il y a urgence.
Gaby
 
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Message par tridon » 26 Nov 2009, 14:47

Non, violence physique et psychologique ne se valent pas.
Les bleus du corps et les bleus de l'âme sont différents : d'une part parce que, objectivement, les uns se voient, les autres pas.

D'autre part la subjectivité des "bleus de l'âme" est à plusieurs niveaux : on peut se sentir harcelé, insulté par l'autre, en toute bonne foi.
Et l'autre peut aussi se sentir harcelé, insulté, avec autant de bonne foi.
Et puis, on peut être aussi de mauvaise foi (plein de références judiciaires le prouvent), surtout s'il y a, dans le couple, un problème à propos de la garde des enfants...

Alors, dans le cadre d'une telle loi sur la violence psychologique, qui serait chargé de découvrir la vérité ? Les flics, les psychologues et, in fine, les juges ?
A quel titre sont-ils qualifiés ?
Pour être à la mode, ne déciderait-on pas d'installer des caméras dans l'appart. du couple ?

Ca permettrait de saisir en direct les scènes de ménage, et éviterait aux "enquêteurs" de longs et coûteux entretiens avec les voisins, les amis...
Sans compter qu'en cas de non-lieu ou de réconciliation, on aurait le choix d'utiliser les rushes pour "strip-tease" ou sur internet...

Plus sérieusement, il n'y a de ma part aucun mépris à l'égard des associations qui agissent sur ce terrain-là.
Lorsqu'on connait une situation de suffrance et de solitude, ce dont on a le plus besoin c'est sans doute de rencontrer des gens qui ont connu cette situation et agissent pour la combattre.
tridon
 
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Message par Vérié » 26 Nov 2009, 15:00

a écrit : Gaby
D'abord, je n'exclue pas qu'un gouvernement de gauche ou de droite dans une société démocratique sous le capitalisme puisse prendre quelques mesures en faveur des opprimés. Ils peuvent le faire sous la contrainte (essentiellement), ils peuvent le faire marginalement, sur des sujets qui ne sont pas d'une urgence folle pour eux, sur ce qui n'atteint pas forcément aux intérêts de la classe dominante...


En gros d'accord sur ce point : il n'y a même pas besoin de contraintes. Dans la mesure où ça ne porte pas atteinte aux intérêts des classes dominantes, ou à un secteur important de l'industrie, les politiciens bourgeois, de droite ou de gauche, sont parfaitement capables de prendre des mesures d'intérêt général, comme par exemple la loi anti tabac qui pourtant fut combattue par les fabricants de tabac, les buralistes, cafetiers, restaurateurs etc.

Dans le cas des "violences psychologiques", permets-moi de rester perplexe. Comment verrais-tu cela ? L'exemple du conjoint violent portant un bracelet électronique ne me semble guère probant. Car le premier problème, c'est tout de même de prouver ces "violences psychologiques". S'il est tout à fait vrai qu'elles peuvent être dévastatrices, comment les prouver ? Un mari (ou une femme) peut se montrer hyper gentil en public avec sa conjointe, mais odieux dans l'intimité. De plus, ça existe dans les deux sens : une femme qui harcèle son mari chômeur en le traitant de looser, minable etc.

La première chose à faire pour la victime de violences - psychologiques ou physiques - n'est-elle pas de partir ou de demander le divorce pour mettre l'autre à la porte ?

D'une façon générale, cette tendance à la judiciarisation systématique des relations sociales, à l'américaine, comme par exemple la loi sur "le harcèlement sexuel dans l'entreprise" - tout aussi difficile à prouver -, ne peut apporter qu'un appui surtout symbolique aux victimes, en faisant savoir que tel ou tel comportement est officiellement condamnée par la société. La transformations des moeurs exige tout autre chose : éducation, relations sociales d'ensemble etc. D'autant que, dans une période de crise et de décomposition sociale, les relations intimes de nombre de foyers ne peuvent que se détériorer.
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Message par quijote » 26 Nov 2009, 15:57

Sans vouloir me faire le défenseur de ce projet qui n'est que de la com' de la part du gouvernement : où sont en effet les subventions pour aider les associations comme " femmes battues" , où sont les subventions pour construire de nouveaux homes , etc . ?
Cependant dans des cas très graves on peut envisager pour des conjoints récidivistes et déjà condamnés ,le port d' un bracelet électronique comme ça se fait en Espagne , bracelet qui a fait baisser d 'un tiers ( il paraît ) les meurtres de femmes , véritable drame dans ce pays .
quijote
 
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Message par Vérié » 26 Nov 2009, 16:22

a écrit :Quijote
bracelet qui a fait baisser d 'un tiers ( il paraît ) les meurtres de femmes , véritable drame dans ce pays .

Il est question des violences psychologiques, pas des meurtres ou des coups...
__
Y-a-t-il vraiment davantage de meurtres de femmes en Espagne ? En France, une femme meurt tous les deux jours en moyenne sous les coups de son compagnon...
Vérié
 
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Message par quijote » 26 Nov 2009, 20:50

(Vérié @ jeudi 26 novembre 2009 à 16:22 a écrit :
a écrit :Quijote
bracelet qui a fait baisser d 'un tiers ( il paraît ) les meurtres de femmes , véritable drame dans ce pays .

Il est question des violences psychologiques, pas des meurtres ou des coups...
__
Y-a-t-il vraiment davantage de meurtres de femmes en Espagne ? En France, une femme meurt tous les deux jours en moyenne sous les coups de son compagnon...
Beaucoup plus en Espagne ,je le sais de source sûre et je ne me souviens plus des chiffres ..
quijote
 
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Message par Groza » 27 Nov 2009, 10:09

(tridon @ jeudi 26 novembre 2009 à 14:47 a écrit : Non, violence physique et psychologique ne se valent pas.
Les bleus du corps et les bleus de l'âme sont différents : d'une part parce que, objectivement, les uns se voient, les autres pas.
La violence psychologique ça ne se voit pas ? As-tu déjà rencontré une personne victime de ce type de violence ? N'as-tu pas vu à quel point celle-ci était brisée, se dévalorisait elle même, bref se méprise et se sent nulle et bonne à rien ? Personnellement, j'aurais tendance à penser le contraire de toi : les violences psychologiques se voient, constituent bien une réalité objective facilement observable et difficile à réparer (et ça peut être très long).
"Nous sommes de ceux [...] qui ne desserreront jamais les mâchoires sauf pour sortir les crocs"
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Message par Vérié » 27 Nov 2009, 10:35

a écrit :Groza
les violences psychologiques se voient, constituent bien une réalité objective facilement observable

:33: Facilement observable ?
Il y a des personnes qui extériorisent leur souffrance, d'autres non. Mais, concrètement, tu verrais ça comment ? Si une femme (ou un homme) porte plainte pour "violences psychologiques", il va falloir faire intervenir des témoins, des psys etc. Ca semble tout de même assez compliqué et pas forcèment fiable. Des personnes soucieuses de divorcer à leur avantage, d'obtenir la garde des enfants etc, vont avancer cet argument difficilement vérifiable.

C'est différent du harcèlement psychologique au travail par exemple. Les collègues, les syndicats etc peuvent témoigner. Et surtout les victimes veulent conserver leur emploi. Alors qu'une personne victime de violences psychologiques devrait logiquement vouloir quitter son coinjoint ou partenaire... Et c'est certainement la façon la plus simple de mettre fin à ces violences. Ensuite, s'il revient la ou le harceler, c'est tout de même plus facile à prouver et dénoncer que quand ils partagent le même domicile, encore que ça ne soit pas toujours évident.
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