(nnscrrtl @ vendredi 11 février 2011 à 13:34 a écrit : Ce qui n'empêchait pas ces mêmes prêts à intérêt de se faire avec une facilité déconcertante - y compris pour l'Eglise -, avec quelques feintes qui permettaient de cacher la problématique "usure" (somme empruntée dans une monnaie, rendue dans une autre, l'intérêt est caché dans le taux de conversion ; entres autres options). Bon et Thomas d'Aquin qui explique doctement que finalement l'usure c'est pas si mal et bien normal (le fameux "risque"), c'est au XIIIe siècle. La réforme est encore loin (trois petits siècles), et ça n'empêche pas le capitalisme marchand de se développer à toute allure, en Méditerranée ou en mer du Nord et Baltique. Enfin l'ensemble de la thèse de Weber sur le protestantisme et l'esprit du capitalisme, ça m'a toujours fait beaucoup tousser !
Désolé, je vais apporter ma contribution au bordel qui règne sur le fil.
Je suis d'accord avec le fond de ton intervention et je ne me rappelle plus avec précision des thèses défendues par Max Weber mais il est indéniable que la Réforme opère des changements de mentalité dans la bourgeoisie et toute la société.
Comme tu le dis le commerce et l'usure ne sont, dans la pratique, pas combattus ou limités au XIIIè siècle ( la Papauté a d'ailleurs des billes dans le commerce ou la banque ). Il n'empêche que théoriquement ils vont garder un caractère honteux pendant des siècles, que l'église ou l'aristocratie vont s'appuyer sur les saintes écritures pour emmerder périodiquement quelconques bourgeois qui leur auraient causer du tort.
Le protestantisme, lui, ne va pas seulement accepter en théorie ces pratiques. Il va les glorifier, les " bénir ", appeler à l'accumulation du capital. Je fais peut-être un raccourci honteux mais qui sont ces élus du ciel, prédestinés, dont parle Calvin sinon les bourgeois ?
C'est dans un Jacques Le Goff que j'avais lu que la période de la Réforme a vu la fin de cette attitude bourgeoise qui consistait parfois à donner juste avant sa mort tous ses biens à l'Eglise, pratique qui témoignait du caractère encore honteux de s'enrichir par l'usure ou par le travail.