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Message Publié : 18 Août 2011, 19:24
par meichler
À propos d'une question fort actuelle, une contribution intéressante d'une personne qui connaît très bien son sujet :


[ Source : http://www.20minutes.fr/economie/771510-mo...uation-actuelle ]

a écrit :
Monique Pinçon-Charlot: «Les riches sentent les dangers de la situation actuelle»


Créé le 17/08/2011 à 16h00 -- Mis à jour le 18/08/2011 à 08h59




INTERVIEW – Certains riches veulent être plus taxés pour éponger les déficits publics. Une vaste hypocrisie, dénonce la sociologue Monique Pinçon-Charlot, spécialiste de la bourgeoisie...
Le patron de Publicis, Maurice Lévy estime que les Français les plus riches doivent participer à la réduction du déficit sous la forme d'une contribution fiscale exceptionnelle. Pierre Bergé y est également favorable. Mais pour Monique Pinçon-Charlot, co-auteur du Président des riches*, ce n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux. Elle décrypte les vraies motivations des riches.

Comment analysez-vous l’appel de Maurice Lévy au paiement par les plus riches d’une contribution exceptionnelle pour éponger les déficits?

Cette idée est dans l’air du temps. Elle circule dans les cercles privés et les résidences huppées. Avec les révolutions arabes, les émeutes en Angleterre, la classe dominante sent les dangers explosifs de la situation actuelle.

A la suite de la sortie de notre livre Le Président des riches, nous avons passé 8 mois à sillonner la France.  Nous avons pu mesurer à quel point il y a un sentiment de révolte dans le pays de Nicolas Sarkozy parmi les classes moyennes et populaires.

Compte tenu des affaires Servier, Tapie, Bettencourt et Wildenstein qui touchent de près le président de la République, ses amis se devaient de faire un geste pour apaiser la tension. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la tribune de Maurice Lévy.

L’idée que les riches paient une contribution exceptionnelle est quand même une bonne nouvelle?

Payer une contribution exceptionnelle est le moyen pour les riches de se légitimer. Surtout qu’elle ne serait pas très contraignante. Maurice Lévy parle bien d’une taxe exceptionnelle. Cela sous-entend qu’elle sera provisoire.

Pour réellement bien faire, les riches devraient payer enfin leurs impôts en mettant fin à l’optimisation fiscale. Il faudrait une réelle réforme fiscale progressive où tous les revenus du travail et du capital seraient prélevés à la source pour éviter les niches et l’évasion.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne dit-elle pas que l’impôt «doit être également réparti entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés»?

Mais quand bien même, une contribution exceptionnelle serait appliquée, le montant resterait très symbolique au regard de leur richesse.

Pensez-vous qu’avec cette crise, en France, les riches vont devenir plus solidaires?

Rien ne va changer. Souvenez-vous en 2008, l’Etat français a volé au secours des banques à coup de milliards. Tout est rentré dans l’ordre très vite pour ces institutions. La preuve, elles se sont remises à verser des bonus à leurs dirigeants et à leurs traders. Regardez cette année, le plan de sauvetage de la Grèce. Il va alourdir l’endettement de la France de 15 milliards d’euros. Mais c’est un cadeau inouï aux grandes fortunes grecques qui sont les principales créancières du pays. Conclusion: on fait toujours des cadeaux aux plus riches.

A partir de quand est-on considéré comme très riche en France?

La grande richesse est multidimensionnelle. Bernard Arnault est l’homme le plus riche de France avec 21 milliards d’euros. Jean-Paul Gaultier, qui est la 500e fortune hexagonale selon Challenges est à la tête de 60 millions d’euros.  L’écart entre les deux est très important.

Mais la richesse est de plusieurs ordres. Au-delà de la richesse matérielle, il y a la richesse culturelle (tableaux et autres œuvres d’art…), sociale (cercles, réseaux…) et la richesse symbolique. Le riche est plutôt mince et redressé alors que le pauvre a tendance à souffrir d’obésité. Jamais les individus n’ont autant porté l’origine de leur classe sur leur corps.

La grande richesse, c’est comme un iceberg. Quand on en voit une partie, il faut se dire qu’il y en a 100 fois plus en-dessous.

*Une nouvelle version enrichie du Président des riches sortira en librairie le 15 septembre aux éditions La Découverte.

—Propos recueillis par Mathieu Bruckmüller


Je peux ajouter aussi, car c'est un sujet que je connais bien, que la «réforme de l'ISF» votée à la sauvette par les godillots UMP en juillet 2011, et qui est fallacieusement présentée comme "la suppression du bouclier fiscal" est encore un nouveau cadeau fort important pour la bourgeoisie et singulièrement pour la grande bourgeoisie. Dès cette année l'ISF commence a être vidé de sa substance : le seuil d'imposition est porté à un patrimoine net (c'est-à-dire après déduction des dettes, emprunts, impôts, etc...) de 1,3 million d'euros, et ce avec nombre d'autres mesures qui contribuent à faire fondre le nombre de redevables de plus de la moitié. À partir de 2012 les tranches d'imposition sont réduites à deux : 0,25 % et 0,50 % (contre six tranches de 0,55 % à 1,80 % aujourd'hui), cependant que le "bouclier fiscal" ne sera supprimé en réalité que pour l'année d'imposition 2013 !! De fait en 2012, le nombre de redevables déposant une déclaration d'ISF devrait être réduit de plus de 90%. Je passe sur le détail "technique" des mesures, mais chaque élément de la loi est un cadeau petit ou grand pour les nantis, et plus ils sont riches, plus ils sont gagnants.

Autrement dit : dès à présent ils paient moins, et plus tard ils ne paieront pas davantage.

Au passage : le gouvernement a fait voter d'ores et déjà les dispositions abaissant l'ISF en 2012. 1°) Cela permet de verrouiller les choses y compris en cas de changement de majorité. 2°) Cela permet à Sarkozy d'utiliser l'administration fiscale comme agent électoral auprès de sa clientèle naturelle, les riches, puisqu'il leur est annoncé dès à présent ce qu'il vont gagner en plus en 2012, année d'élection. Merci qui ?

L'ISF n'est pas officiellement supprimé (trop voyant) mais presque plus personne ne le paiera, et ceux qui en seront encore redevables paieront beaucoup moins, pratiquement plus rien, en fait. Le "bouclier" n'était qu'un leurre destiné à justifier la mise en coupe réglée de l'ISF (4,5 milliards d'euros en 2010).

En attendant les travailleurs, qui dépensent la totalité ou presque de ce qu'ils gagnent, paient 15 % de leurs dépenses en TVA (19,6 % du HT, soit environ 16% de ce qui est payé par le consommateur, et environ 5% sur les produits alimentaires), c'est-à-dire en moyenne 12% de leurs revenus dépensés. Sans parler de l'essence dont 80% du prix est constitué de taxes = soit pour un budget carburant de 100 € par mois, 80 € d'impôts par mois, 1000 € par an !

Les vrais impôts ce n'est pas l'impôt sur le revenu, qui est le moins injuste qui soit (quoi que la progressivité ait été sévèrement remise en cause ces dernières années, au profit des hauts revenus), non, ce sont plutôt les taxes sur la consommation, qui frappent de plein fouet et essentiellement les salariés, et ce sans même qu'ils ne s'en rendent compte, à chaque fois qu'ils paient pour acheter ce dont ils ont besoin.

Message Publié : 22 Août 2011, 18:46
par meichler
Pour ceux que ça intéresse, quelques références de livres intéressants parus récemment :

- à orientation plutôt historique, mais fort bien documenté et assez unique sur le sujet : Nicolas DELALANDE, «Les batailles de l'impôt», Éd. Seuil, Paris, 2011, 456 pages.

- Du même, en beaucoup plus "light" : Nicolas DELALANDE, «Histoire sociale de l'impôt», Éd. La Découverte, Paris, 2010, 125 pages.

- Et puis, à mon avis incontournable (fort intéressante documentation), quoique très discutable dans certains de ses choix d'étude, et surtout dans ses propositions, écrit par un "expert" du PS et deux de ses proches : Thomas PIKETTY, Camille LANDAIS, Emmanuel SAEZ, «Pour une révolution fiscale», Éd. Seuil, Paris, 2011, 137 pages. Ce sera sans doute un livre de chevet de tous les candidats PS, et, qui sait, peut-être DU(de LA) candidat(e) PS en 2012, donc à lire de toute façon, parce que ça peut aussi servir à d'autres, ne serait-ce que pour les infos qu'il contient...

- Je cite également, pour mémoire, quoique beaucoup plus technique et rébarbatif pour le profane, mais pas moins intéressant (à mon avis, indispensable dans toute bibliothèque d'organisation ouvrière...), du même : Thomas PIKETTY, «Les hauts revenus en France au XXème siècle, Inégalités et redistributions, 1901-1998», Éd. Grasset, Paris, 2001, 807 pages. Les destin de ce livre est singulier. Annoncé à la rentrée 2001, il commençait une assez belle carrière médiatique et promotionnelle. Malheureusement pour lui, il arriva dans les librairies la semaine du 11 septembre 2001 (et fut dès lors, totalement escamoté par une autre "actualité"). Encore une victime collatérale d'«Al Qaida»...

Les questions fiscales sont des questions majeures de l'Etat, de sa nature de classe, et de la politique en général, sinon de l'économie et de la lutte des classes. Il ne faut jamais oublier que «le socialisme nous coûtera moins cher», cela signifie aussi que le dépérissement de l'Etat passera (à mon avis assez rapidement après une révolution victorieuse) par l'abaissement drastique de ce que les économistes bourgeois appellent les "prélèvements obligatoires", à commencer par les impôts, et en particulier la suppression TOTALE de l'impôt à la consommation : la TVA et la TIPP, gabelles de notre temps. Les ressources de l'Etat ouvrier seront de plus en plus assurées par la PRODUCTION des entreprises étatisées sous contrôle ouvrier. Les ressources ainsi obtenues seront incommensurablement plus importantes que les misérables ponctions fiscales d'aujourd'hui. L'Etat ouvrier aura des moyens très importants qu'il mettra au service des besoins de la population, et d'abord des plus pauvres et de ceux qui travaillent. Et ces derniers en contrôleront les choix, les moyens et l'affectation. L'impôt ne devrait plus peser finalement que sur les parasites et profiteurs, pour le plus grand bien de la société des hommes dans son ensemble. L'héritage sera supprimé sans peur, dès lors que les hommes ne craindront plus d'être sans toit, ni sans pitance, ni sans ressources pour les enfants. L'Etat ouvrier assurera la satisfaction du besoin de sécurité pour ceux qui travaillent, et pour tous ceux qui apporteront leur contribution à l'épanouissement de l'humanité (artistes, poètes, éducateurs, penseurs...), en attendant que tous en soient capables.

Le dépérissement de l'impôt sera un des aspects majeurs du dépérissement de l'Etat ouvrier marchant sur la voie qui mène au socialisme.

En attendant le travail de critique acide des institutions bourgeoises, en particulier la fiscalité, est un devoir de première importance. Nous savons bien également, avec MARX, qu'en tout état de cause l'arme de la critique devra un jour céder le pas à la critique des armes. :smile:

Message Publié : 23 Août 2011, 13:09
par Crockette
cette sociologue est fort compétente, mais elle et son mari aussi compétents soient ils (ils connaissent bien la vie des riches c'est un fait) se trompent complètement sur le constat...

pour l'instant le syndicats et le PCF comme le PS + comme une grosse majorité des salariés sont loins d'être révoltés par le fait que les banques les assurances, et les multinationales continuent de s'en mettre plein les poches...au nom de l'idée fallacieuse suivante : les riches font profiter les pauvres...avec leurs miettes.
la sécurité et l'immigration les préoccupent plus...car les médias dépendants font du bon boulot de conditionnement.
d'autre part le medef est beaucoup plus stratège que le ssyndicats de salariés puisqu'il développe perfectionne des outils de management qui augmentent la pression sur les travailleurs...comme la généralisation et l'augmentation de la fréquence des entretiens individuels d'évaluation...et ils demandent d'accroitre la flexibilité encore plus sur le "marché du travail"...comme si les coupés, l'annualisation, le travail de nuit, la fin des 35h, les heures supps non réclamées ça ne leur suffisait pas...


et au contraire..tout est fait au PS comme à la CGt et à la CFDT pour non seulement justifier le capitalisme mais aussi pour défendre sa pire variante : l'universalisme du libéralisme...aux noms de principes philosophiques et humanistes très à la mode chez les bobos (du PS en passant par l'UDF)...on peut en citer d'autres : la mobilité...les achats bio, le commerce équitable etc.



à savoir qu'aujourd'hui le libéralisme c'est la non entrave des riches et de leurs capitaux pendant que les Etats eux renforcent les murs comme au mexique ou les frontières entre l'europe et l'afrique...mais ça les économistes et les intellos de gauche se gardent bien de le dire...notamment le champion qui exerce sur franc einter tous les matins...et qi passe son temps à glorifier la france sans parler un seul instant des conditions de travail...surle terrain...le parfait exemple de l'intello d egauche completement décallé des réalités concretes du monde du travail.

voilà un constat qui n'engage que moi...mais jepense avoir les oreilles et les yeux bien ouverts (car je passe pas mon temps à écrire de sbouquins...confortablement assis ds des salons de la haute bourgeoisie parisienne...)ce que disent les travailleurs et les "syndicalistes" autour de moi...

Message Publié : 23 Août 2011, 17:00
par meichler
(Crockette @ mardi 23 août 2011 à 13:09 a écrit : cette sociologue est fort compétente, mais elle et son mari aussi compétents soient ils (ils connaissent bien la vie des riches c'est un fait) se trompent complètement sur le constat...

Tu pourrais préciser : en quoi se trompent-ils, exactement ?

Pour le reste : je crois qu'en cette matière, plus qu'en toute autre, mieux vaut éviter toute démagogie (inutible et nuisible, y compris, et même surtout, pour celui qui s'y adonne...).

Au passage, il me semble que tu te gourres assez largement sur l'état d'esprit des "travailleurs du rang". Si tant est que l'on puisse, en la matière, faire une généralité, ce qui est loin d'être évident.

Message Publié : 24 Août 2011, 14:56
par Crockette
meichler je vais pas entrer en polémique avec toi surtout que j'apprécie tes idées...


mais encore une fois pour faire court : j'ai les deux pieds sur terre, et j'ai enlevé mes oeillères de "gauchiste" (surtout grace à des permanents syndicalistes qui eux sont bcp plus réalistes et en phase avec le système économique qui nous commande); et il est indéniable de dire aujourd'hui (mais ptêtre pas demain) que les travailleurs sont plus divisés que jamais et cela pour plusieurs raisons :

-le medef a un avantage stratégique et technique indéniable sur l'organisation du travail.
- les syndicats sont totalement décallés sur les revendications essentielles à porter
- les salariés sont divisés entre eux pour des raisons structurelles (les outils de management mis en place par les patrons)légales : la patron a presque tous les droits par le biais dela subordination; et pour des raisons sociologiques : jamais les salariés n'ont été autant individualistes...et de nombreux facteurs (il faudrait au moins trois pages pour le développer) encouragent cette individualisme...


donc tes deux sociologues ça fait trente ans qu'il nous font le coup du "attention à la france d'en bas"

les masses ont perdu, oublié leur passé des luttes sociales, aujourd'hui la majorité d'entre eux n'aspirent pas à rester ouvrier ou employé car c'est une identité qui est dévalorisée. Ces connotations ont été véhiculées entre autres par le système scolaire contrôlé par le capitalisme via les serviteurs de l'Etat, mais aussi par les médias et les classes dominantes à savoir : les bobos, la haute bourgeoisie et les tenants du capital, les politiques.
vlà.
moi, j'ai connu (un peu tard c'est vrai) des mineurs qui étaient fières de leur métier, et cette fièreté débouchait souvent sur une envie de lutter pour leurs droits et surtout par une force intérieure de ne se laisser dicter par personne (et surtout pas par les permanents syndicalistes...) leurs revendications du terrain...temps de travail, congés, temps de pause etc.

Message Publié : 24 Août 2011, 18:29
par meichler
1°) Les permanents syndicaux, surtout dans la période présente, sont surtout en phase avec l'appareil dont ils sont des rouages, et généralement avec la ligne des appareils dirigeants des syndicats de défense du gouvernement et du système (le plus souvent sous prétexte de "tenter de limiter les dégâts", ce qui conduit à faire avaler le pire au nom du "plus pire", puis le "plus pire" au nom du "encore plus pire", et ainsi de suite. Le moindre mal conduit toujours au pire du pire). Tout cela, en fait, pour la défense de l'emploi (des permanents). Les permanents on en a besoin, c'est vrai, si en plus ils pouvaient être à notre service, et si on pouvait les contrôler nous-mêmes ce serait encore mieux...

2°) Dans les motifs qui divisent et affaiblissent, démoralisent, les travailleurs, je vois que tu en oublie un, et un des principaux, sinon LE principal : la politique des appareils syndicaux de dislocation des luttes, des revendications, de bousille à travers les journées d'action bidon, épuisantes et démoralisantes, de division, de mise à la remorque des travailleurs derrière le gouvernement, le patronat et leurs exigences d'«efforts» pour nous faire payer LEUR crise, ce que tous les chefs syndicaux acceptent dans le principe, tout en "exigeant" des négociations et une "juste répartition des efforts". Le problème des travailleurs de nos jours n'est pas tant un problème d'obstacles objectifs que de conscience politique subjective, d'absence d'instrument organisé (parti) pour les unir autour du programme de leur défense collective et de leur libération du joug du capital.

3°) Les PINÇON-CHARLOT ne sont pas "mes" sociologues. Leur point de vue n'a rien de révolutionnaire, ni de communiste. Ce sont seulement des chercheurs sérieux qui travaillent aux sources premières et non sur des matériaux de deuxième ou troisième main. Ils ont le mérite de creuser un sillon dans lequel bien peu (universitaires ni journalistes) n'osent mettre les pieds : les riches, la fortune, la bourgeoisie, la vraie. Cela a aussi, secondairement le mérite de permettre de river leur clou aux imbéciles qui bavardent sur le "capital anonyme", les "classes moyennes" et le "tous capitalistes". Je connais leurs travaux depuis de nombreuses années et je l'apprécie en tant qu'il peut être utilisé pour l'expression d'une politique révolutionnaire et communiste.

4°) Ton pessimisme outrancier, exagéré, sur l'état d'esprit des masses me paraît te mener à filer un bien mauvais coton, sinon carrément suspect. Il n'y a nul besoin de voir les choses si noires pour les voir telles qu'elles sont : avec la destruction de l'URSS comme Etat ouvrier, le pays de la révolution d'octobre, la conscience politique des travailleurs, singulièrement des jeunes générations, a considérablement reculé. Le point de départ pour une politique révolutionnaire n'a jamais été aussi bas depuis plus de 150 ans. Mais la crise du capital et sa machine à broyer les hommes, les prolétaires, les jeunes, le fait que tous les gouvernements mènent des politiques visant à nous faire payer leur crise par des sacrifices majeurs, de vrais reculs de société, tout cela NE PEUT que ranimer les braises fumantes de la lutte des classes et de la révolution. Ce sont des facteurs MATÉRIELS qui ne peuvent que convaincre des MATÉRIALISTES (?) que la conscience révolutionnaire, communiste, va forcément finir par trouver des points d'appui dans cette existence de merde qu'ils nous fabriquent tous les jours. Les révolutions dans les pays arabes ne sont que les premières flammèches des révolutions prolétariennes qui surgiront nécessairement de cette situation catastrophique. Certaines s'éteindront. Certaines pouriront. Il n'y a aucune assurance contre les défaites, sinon la lutte vivante, où tout un chacun qui a eu la chance de recevoir une parcelle de l'héritage du mouvement ouvrier, communiste, socialiste, marxiste, ne peut que se lancer sans réserve. Seul le programme communiste présente une issue à la faillite générale du capitalisme. C'est plus que jamais le moment de le dire. Si les révolutionnaires peu ou prou éduqués au marxisme ne le disent pas aujourd'hui, qui le fera ?

«Les révolutionnaires n'ont pas à être optimistes au compte de la bourgeoisie». (Léon Trotsky)

Douter de sa propre classe, en mépriser les capacités et les ressources, c'est renoncer à agir pour l'aider à surmonter la crise historique de direction politique qui l'étouffe depuis trop longtemps. Il suffit de faire son devoir de révolutionnaire, et d'aller de l'avant. Les pronostics "pessimistes" ne servent à rien, sinon, parfois à justifier à ses propres yeux, sa propre capitulation devant le vieux monde, ce vieux cadavre qui n'en finit plus de crever et de nous empoisonner.

Parle moins avec les bureaucrates syndicaux et plus avec 1) les maîtres du marxisme (cf. livres, théorie) et 2) les travailleurs du rang (pratique), accessoirement 3) tes camarades révolutionnaires.

Maintenant, moi, ce que j'en dis... :sleep:

Une autre fois que j'aurai le temps je reparlerai avec toi de la fierté de classe d'être ouvrier (productif), que j'ai connue, en particulier dès mon enfance, dans les mots de mon père. Cela peut parfaitement être compatible avec le programme communiste. Je pense même que c'en est un des fondements, ou à tout le moins que cela entre en résonnance (raisonnance ?) avec les axes fondamentaux de ce programme.

Maintenant, aujourd'hui, ce sentiment s'est pris de sacrés coups sur la tronche, et depuis longtemps (je dirais essentiellement depuis la fin de la décennie 1970-79, le chômage massif, la déqualification accélérée, le recours massif à la robotisation, l'offensive politique et idéologique de la bourgeoisie et de tous ses larbins médiateux, bureaucrates, etc...). Ce n'est pas une raison pour en prendre "son parti". Jamais ! Plus que jamais, seule la classe ouvrière produit les richesses, toutes les subsistances dont l'humanité a besoin. C'est ce qui fait que, encore et toujours, ce ne peut être qu'elle dont dépend la perspective de survie de l'humanité, le communisme.

Mais ceci est une autre histoire... :wavey:

Message Publié : 25 Août 2011, 12:25
par Crockette
oui on est d'accord sur le fonds..et je pense avoir à 90% les memes idées que toi...
pas envie de polémiquer avec toi...je te le redis.

mon pessimisme ok je l'assume; mais en quoi il est outrancier ?...tu crois pas que là camarade c'est un peu fort ?

"je vais filer un mauvais coton", t'as surment raison...mais je suis pas le seul :
des milliers de travailleurs militants ds les boites voient comment cetains collègues agissent...et leur comportement et loin d'être exemplaire...pour ce qui concerne du "tous ensemble".

ah oui meichler un petite critique à te dire : arrete de mettre tous les ouvriers/employés du meme coté par principe théorique-marxiste, il faut parler de majorité..ou de tendance.
Exemple :
pas plus tard qu'hier en regardant planete j'ai vu qu' en avril 1944, des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblés pour voir le maréchal pétain...en visite à Paris, personne ne leur a mis une arme ds le dos pour y aller...et c'étaient pas tous des cadres ou patrons si tu vois ce que je veux dire...

ensuite pendant la guerre, une majorité de travailleurs restaient inactifs...le combat en france contre l'occupation (si tu ne tiens pas compte de snazis) s'est déroulé au maximum entre deux cent milles collabos contre 200 cent mille résitants, parmi eux des ouvriers communistes mais aussi des travailleurs gaullistes...
moi tu sais le mythe du "tous ceux en bas de l'échelle" pensent pareil, c'est loin, trèsloin d'être vérifié par les faits historiques.

dernier exemple : en 1997, c'est qui qui a executé le plan de privatisation d 'air france..initié par lionel jospin..c'est un ministre élu communiste : jean claude gaissot...
pas beau ça...

je te passerrai aussi les commentaires aujourd'hui du dirigeant de FO..sur le plan gouvernemental d'austérité..."ça aurait pû être pire".

tu sais ya de quoi être pessimiste parfois..quand tu vois ces gens censés défendre les travailleurs...le pessimisme c'est parfois une posture intellectuelle basée surla lucidité des rapports de force travailleurs/patrons.


voili voilà.

Message Publié : 25 Août 2011, 20:30
par meichler
(Crockette @ jeudi 25 août 2011 à 12:25 a écrit : "tous ceux en bas de l'échelle" pensent pareil...
1°) Je n'ai jamais dit ça...

2°) Il faut se garder de mettre sur le même plan : les bureaucrates et membres des appareils parasitaires du mouvement ouvrier, comme Gayssot (que tu évoques) et les travailleurs du rang (dont je sais, bien évidemment, qu'ils ne sont pas «comme un seul homme», je crois même avoir dit exactement le contraire quelque part, et c'est du reste une des dimensions, essentielle, de la confusion et du désarroi qui règnent en maîtres aujourd'hui).

Encore une fois : l'essentiel est de bien savoir, quand on parle en terme de "nous" et "eux", qui est "nous" et qui est "eux". Se tromper sur ses amis et ses ennemis est le pire qui peut arriver en situation de guerre, et particulièrement dans la guerre des classes. Gayssot, les appareils bureaucratiques, politiques et syndicaux, les Mailly, Thibault et consorts, etc... ils ne seront jamais, ils ne peuvent pas être, «avec nous», ils ont choisi au contraire d'être avec «eux», les charognards du capital, les cadavres du vieux monde. Ce ne sont (même pas) des réformistes, mais des agents de l'écrasement des prolétaires pour tenter de sauver le capital financier à l'agonie.

Message Publié : 31 Août 2011, 19:32
par meichler
* Réforme de l'ISF votée en juillet 2011, et applicable dès maintenant : 2 milliards d'euros en plus dans les poches des plus riches.
* Taxation «exceptionnelle» des hauts revenus (revenu fiscal > ou = à 500 000 € annuels) : 200 millions d'euros («prévision» du gouvernement).Remarque n°1 : Les 2 milliards ils les encaissent dès septembre 2011, les 200 millions (rien de sûr pour le moment), ils ne vont les payer qu'en 2012, et encore, pas sûr, car dans ce pays, on raconte que la loi doit encore être votée par le parlement (on en n'est pas encore à «vu à la télé» en matière de droit fiscal, ni, paraît-il, de droit en général...).

Remarque n°2 : Il ne faut pas perdre de vue que le revenu qui sera ou pas considéré comme «élevé», donc taxable «exceptionnellement» à raison de quelques % (Faudrait quand même pas les écraser d'impôts), on parle de 3% maximum, c'est le revenu fiscal imposable. Or, plus on a des revenus élevés et diversifiés (c'est ni vous ni moi), plus on constate d'écart entre les revenus effectivement perçus et le «revenu imposable». Pourquoi ? Parce que ce dernier inclut toute une série de possibilités pour les riches de le diminuer : déficits bidons en matière de revenus fonciers, industriels et commerciaux, ou non commerciaux (professions libérales), revenus de valeurs mobilières... Sans compter tous les revenus du capital non déclarés par les riches : les revenus financiers pour lesquels ils peuvent opter pour le "prélèvement libératoire forfaitaire" (19% au lieu de l'impôt progressif à des taux plus élevés). Sans compter aussi les abattements forfaitaires sur toute une série de revenus financiers, etc... etc...

Dernière (pour aujourd'hui) "cerise sur le gâteau" des cadeaux fiscaux aux riches et clientèles électorales "naturelles" de Sarko : Un commerçant, un pharmacien, un notaire, et plus généralement tout exploitant en nom propre d'une entreprise individuelle industrielle et commerciale, ou profession libérale, ne paie aucun impôt sur la plus-value lorsqu'il vend son affaire en partant à la retraite, et ce sans limite, ni de chiffre d'affaire, ni de montant de la vente, ni de montant de la plus-value... Cette disposition existe depuis plusieurs années. Vous avez dit «niches» ?...
(à suivre... :halalala: hélas !)

Message Publié : 02 Sep 2011, 06:38
par meichler
Rectificatif : après lecture attentive du discours de Fillon du 24 août, la "taxe exceptionnelle" sur les hauts revenus s'appliquerait sur le "revenu fiscal de référence" (un peu moins favorable aux riches en question), mais la taxe ne concernerait que... la fraction de ce même revenu excédant 500 000 € (et non pas dès le premier euro).
Quoi qu'il en soit : rien n'est voté pour l'instant. Comme aurait dit Gaudin, ce ne sont que des "paroles verbales". Une partie des textes devrait être présentée au parlement dans un collectif budgétaire en septembre, le reste dans la loi de finances pour 2012. Rien n'indique que les députés UMP marcheront comme un seul homme, surtout à la veille de revenir devant leurs électeurs en 2012.