L'exclusion de deux lycéennes voilées divise l'EG

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Message par faupatronim » 08 Oct 2003, 14:29

CITATION (Le Monde @ 8 octobre 2003)
L'exclusion de deux lycéennes voilées divise l'extrême gauche



Une manifestation de soutien à Alma et Lila, deux jeunes filles portant le voile islamique, était organisée mardi devant le lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Un vif débat a opposé des enseignants de LO et de la LCR.

Quatre-vingt personnes environ étaient massées devant le lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), mardi 7 octobre en fin d'après-midi, pour protester contre l'exclusion d'Alma et de Lila Lévy, deux jeunes filles voilées qui doivent passer en conseil de discipline, vendredi 10 octobre (Le Monde du 25 septembre).  Le rassemblement était organisé par un collectif d'associations, qui espéraient mobiliser les lycéens ; mais le proviseur avait fait fermer exceptionnellement l'établissement dès 15 h 30. Deux voitures de police stationnaient devant les grilles.

"Nous ne sommes pas pour le voile, nous sommes contre les exclusions", insistaient les organisateurs, parmi lesquels le Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB), l'association féministe Femmes publiques, les Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR), le collectif Les Mots sont importants, lancé par Pierre Tévanian. En revanche, le MRAP ne participait pas à la manifestation, pas plus que les deux sœurs et leur père, Me Laurent Lévy. Les manifestants scandaient des slogans tels que : "Dans tous les quartiers, pour toutes les religions, un même droit à l'éducation."

"Nous pensons qu'il faut se battre aux côtés des filles voilées, justifie Xavier Chiarelli, des JCR, l'organisation de jeunesse de la LCR. Nous n'approuvons pas l'oppression dont elles sont victimes, mais nous pensons que l'ennemi principal, c'est la classe dominante. A terme, on espère bien les convaincre que le foulard n'est pas un moyen d'émancipation."

Les féministes de Femmes publiques réclament pour leur part une approche non "victimiste"du foulard islamique : "Nous voulons considérer les filles voilées ou les prostituées comme des sujets, pas comme des victimes, insiste Malika Amaouche. Il faut entendre ce qu'elles disent." Ces militants dénoncent la "dérive islamophobe"de l'association féministe Pro-Choix, qui vient de publier un numéro de sa revue sur le thème "Voile, la laïcité en danger ?", suscitant le mécontentement de Françoise Gaspard et d'Eric Fassin, membres du comité de lecture. " Le gouvernement est en train d'utiliser la question du foulard pour diviser la gauche", soutient Antoine Boulanger, du groupe trotskiste L'étincelle (ancien SPEB-Socialisme par en bas).

Seule une professeure d'Henri-Wallon a participé à la manifestation : elle a déploré qu'au cours des assemblées générales d'enseignants réunis à l'occasion de l'exclusion des deux sœurs, "la parole -ait été- monopolisée par quelques tribuns", liés à Lutte ouvrière ou à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Car l'affaire sème le trouble au sein de la gauche radicale et de l'extrême gauche, présente au lycée Henri-Wallon. Et exacerbe le débat dans ses rangs sur le port du foulard.

"UNE LOGIQUE MILITANTE"

Ancien du PCF, avocat du MRAP, le père des deux jeunes filles est signataire de l'appel dit Ramulaud, pour une alternative à gauche. Tandis qu'enseignent dans cet établissement, très en pointe dans les grèves du printemps en Seine-Saint-Denis, plusieurs militants de LO et de la LCR, dont l'un des responsables nationaux de la formation d'Olivier Besancenot. Les professeurs membres de Lutte ouvrière plaident depuis la rentrée pour des sanctions immédiates. Leur organisation se prononce en effet pour l'interdiction du port du voile - non pas au nom de la laïcité comme le fait le Parti des travailleurs - mais au nom du refus "d'un élément d'oppression des femmes qui est une infamie". "Le voile à l'assaut des écoles", titrait Lutte ouvrière, l'hebdomadaire du parti d'Arlette Laguiller, à propos de l'affaire d'Aubervilliers, dans son édition du 26 septembre.

Au sein de la LCR, les positions sont moins tranchées. S'opposant aux enseignants LO, les professeurs LCR d'Henri-Wallon ont souhaité en assemblée générale qu'un délai soit donné aux deux jeunes filles, avant la convocation d'un conseil de discipline "pour tenter de discuter". "Notre souci, c'est d'éviter au maximum la déscolarisation, l'expulsion ", explique un militant de cette formation, enseignant dans ce lycée. Pour autant, poursuit-il, "nous ne voulons pas non plus exclure les sanctions si un dialogue n'est pas possible". Et d'affirmer : "Le problème, c'est que ces deux élèves-là vont beaucoup plus loin que la douzaine d'autres cas que nous avons dans l'établissement. Elles sont dans une logique militante."

Du coup, la LCR a décidé, elle aussi, à partir de l'affaire d'Aubervilliers, de relancer son débat interne sur le port du voile via les colonnes de son hebdomadaire Rouge. Et d'engager un autre débat, avec son organisation de jeunesse cette fois. "Un tract, comme ils l'ont fait, qui met en valeur les propos d'une femme voilée, c'est un truc d'étudiant de centre-ville qui ne comprend rien à la banlieue", s'agace un enseignant LCR d'Henri Wallon. "Les JCR sur cette question se font phagocyter par les jeunes militants de L'Etincelle, qui défendent des positions qui ne sont pas forcément les nôtres" indique-t-on à la LCR.

Caroline Monnot et Xavier Ternisen

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Message par ianovka » 08 Oct 2003, 14:53

Ce qui me semble clair c'est que Monnot ne veut pas d'une liste LO-LCR.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Barikad » 08 Oct 2003, 15:03

CITATION (ianovka @ mercredi 8 octobre 2003, 16:53)Ce qui me semble clair c'est que Monnot ne veut pas d'une liste LO-LCR.[/quote]
Je crois que c'est clair... En outre les copains qui ont bavé auprés d'elle sur nos relations avec les JCR feraient mieux de s'abstenir à l'avenir...
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Message par ianovka » 08 Oct 2003, 15:08

C'est vrai qu'il y en a certains qui ont pris cette facheuse habitude d'aller étaler leurs désaccords (avec LO par exemple) à la presse.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par pelon » 08 Oct 2003, 15:09

Voici le texte d'un tract distribué par les enseignants et personnel du lycée Henri-Wallon, en réponse au tract des SPEB, JCR et autres MIB appelant à cette manif.

CITATION Défendre les droits de femmes n'est pas de l'islamophobie

Le tract sans date distribué à Henri-Wallon le 2 octobre et signé d'un certain nombre d'organisations est un modèle d'hypocrisie et de manipulation.

La majeure partie du tract parle de la situation matérielle dans le lycée (la précarité, le manque de surveillants, les classes à 36 élèves, les CDI manquant cruellement de moyens), pour justifier que le lycée accepte que des jeunes filles portent le foulard islamique au sein de l'établissement.

Ce tract prétend que s'opposer au port du voile à l'école stigmatise les immigrés et les muslmans et empêche d'affronter les véritables problèmes: inégalités sociales, chômage, précarité, discrimination et démantellement du service public.

Mais parmis les premiers signataires aux allures combatives, nous ne voyons pas beaucoup de gens, et d'enseignants en particulier, qui étaient partie prenante des grêves du printemps qui avaient justement pour but d'exiger ces moyens.

C'est ceux qui ont rédigé et signé ce tract qui se trompent d'ennemi. Comme beaucoup d'autres, ils parlent des musulmanes qui souhaitent porter le foulard, mais il n'y a pas un mot sur celles, bien plus nombreuses, que leur famille, leur entourage, les hommes du quartier, pourraient contraindre à le porter malgré elles. C'est celles là qui comptent pour nous car elles sont la majorité.

Ceux qui ont écrit cela ne connaissent même pas Aubervilliers, sinon ils verraient que, pas bien loin du lycée, des jeunes filles de 10-11 ans portent le foulard. Et peuvent-ils prétendre que ces dernières sont volontaires pour le faire?

Comment l'école peut-elle rester un espace de liberté, alors que des jeunes musulmanes seraient contraintes d'obéir à la loi des mâles et aux pressions de leur entourage? Comment accepter le discours de certains garçons du lycée affirmant que celles qui portent le voile sont les futures bonnes épouses et celles qui refusent de le porter sont des putains qui méritent d'être violées? Et ici même, dans ce lycée, au vu et au su de tous et de toutes les enseignants (es).

Alors nous, nous choisissons notre camp et nous sommes dans le camp des victimes, celles qui subissent l'oppression et nous voulons les aider. Si l'on interdit le voile à l'école, elles auront un point d'appui, elles auront un excuse pour ne pas le porter au moins au sein de l'établissement.

Celles qui souhaitent vraiment porter le foulard devraient penser aux filles de leur âge qui ne le veulent pas et elles devraient faire en sorte que ces dernières aient réellement la liberté et le droit de choisir.

Elles réclament le droit de porter le foulard pour elles. Mais qu'elles réclament donc le droit, pour celles qui ne le veulent pas, de ne pas le porter et qu'elles prennent parti aussi violemment qu'elles défendent le voile, contre ceux qui veulent contraindre des jeunes filles, voire des gamines, à le porter. C'est celles-là que nous voulont aider, au nom de la liberté et au nom de la liberté d'enseignement, au nom du droit fondamental de tous et de toutes à l'éducation, justement.

Et dans le cas précis des deux jeunes filles d'Henri-Wallon qui sont en passe d'être exclues, ce que l'école n'a pas su ou pu faire jusqu'ici, ce n'est pas maintenant qu'elles ont 16 ans et 18 ans et qu'elles ont choisi le voile depuis 6 mois, que l'école pourra les convaincre.

Elles qui appartiennent à une famille non musulmane d'origine, pourront jeter leur voile aux orties dans six mois si cela leur fait plaisir. Mais celles qu'elles auront contribué à contraindre de le porter ne pourront pas s'en libérer.

Il faut choisir son camp et nous, nous choisissons le camp de la liberté contre celui de l'oppression.

La liberté des femmes n'est pas à négocier
Le voile hors de l'école

Des personnels et des enseignants de la cité scolaire Henri-Wallon, le 3 octobre 2003[/quote]
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Message par Screw » 08 Oct 2003, 15:14

Il y a quand même des noms connus de la Ligue qui ont signé la pétition initiée par Tévanian!
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Message par emma-louise » 08 Oct 2003, 17:31

J'aimerais savoir qui , non pour commérer, mais pour savoir tout bètement , merci !
emma-louise
 
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Message par Screw » 08 Oct 2003, 17:34

je crois me souvenir d'Achcar, Coupé, Lafon. A vérifier...
Screw
 
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Message par emma-louise » 08 Oct 2003, 18:02

Ok ! à suivre donc ...
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Message par pelon » 08 Oct 2003, 18:56

Je trouve très bon le tract des enseignants et personnels.
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