Sophie, tu raisonnes comme tu écris : par petites touches impressionnistes. Un peu de "ce serait bien" par ci, un peu de "et puis aussi cela" par là. Mais quitte à ce que tu sois choquée de mon propos, je te dirais que tu parles comme quelqu'un qui n'est pas personnellement en butte aux pressions et aux insultes des intégristes.
Je ne sais pas qui veut "se cacher derrière une loi" (quelle façon de parler par dessous la jambe !), mais je sais qui veut cacher les jeunes filles de l'immigration derrière un voile.
La loi ne résoudra pas tout ? Mais qui l'a prétendu ? Certainement pas nous ! La loi peut être une entrave à la progression de la dictature des intégristes. Rien de plus, mais rien de moins.
Et ceux-ci, qui militent contre cette loi, le comprennent bien mieux que bien des gauchistes qui refusent de se mettre sérieusement à la place des victimes présentes ou futures de l'intégrisme.
Dans dix ans, quand aucune fille mahgrébine ne pourra plus sortir seule non voilée sans se faire cracher dessus (ou pire), tu nous parleras encore de tes "structures de médiations" et de tes "structures d'accueil" ?
Alors, qu'on puisse être nuancé sur la portée de cette loi, c'est bien légitime, et nous le sommes bien davantage que tu veux le croire. La loi est un strict minimum, dont aucun révolutionnaire sérieux ne peut penser qu'il sera suffisant pour endiguer la montée de l'intégrisme.
Mais militer contre une telle loi, qui sera un point d'appui relatif, mais au moins immédiat et concret, au nom d'actes militants que personne, absolument personne, n'est aujourd'hui en situation d'entreprendre (à supposer qu'on en ait la volonté réelle), c'est se payer de mots. Et c'est trahir les filles pour qui l'école, au moins, est un lieu où les intégristes n'ont pas encore imposé leur diktat.