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Message Publié : 02 Jan 2013, 14:54
par com_71
A propos de la récente décision du Conseil d'Etat d'"ordonner" la dératisation des Baumettes à Marseille, je me souviens [Pérec, sors de ce corps :roll: ] de unes de l'hebdomadaire Lo, dans les années 1970 : "A bas les prisons".

De telles unes sont impensables aujourd'hui ! Alors, "tournant" ? "pas tournant" ? Les rédacteurs de 1970 avaient raison ? ou tort ? Et ceux de 2012 ?

Non, les choses sont simples. Le lectorat n'est pas homogène, et notre système de presse bien modeste ne dispose pas d'un organe pour le milieu du PC, d'un pour le milieu du PS, d'un pour les militants syndicaux, etc. Le rédacteur s'adresse toujours en priorité à une certaine partie du lectorat potentiel, pas à tous.

En 1970 il y avait un "milieu gauchiste" de plusieurs dizaines de milliers de personnes (cf. l'enterrement d'Overney, 50000 personnes). Ce n'était pas lunaire de profiter de l'actualité présenter dans le journal une "agitation", du point de vue de la classe ouvrière, autour du rôle de l'état bourgeois et de la nécessité de le détruire.

La situation dans le pays a bien changé, les explications de l'époque ne sont pas devenues fausses. Simplement le lectorat n'est plus le même. Et il n'existe plus une minorité de prisonniers pour monter sur les toits des prisons avec des pancartes "à bas les prisons". Même s'exprimer pour l'amélioration des conditions d'hygiène y est difficile.

Alors c'est facile d'opposer des écrits à d'autres datant de 40 ans. Facile, mais pas forcément intelligent.

Message Publié : 02 Jan 2013, 23:08
par Zorglub
Aujourd'hui, on devrait dire : "Prison pour les patrons" ?
:hinhin:

Message Publié : 03 Jan 2013, 09:20
par Sinoue
Com 71,

Ca m'étonne un peu ta remarque sur l'adaptation du discours en fonction de l'auditoire. J'ai entendu plusieurs camarades de LO critiquer la ligue/NPA d'avoir un discours-girouette. C'est à dire de débattre la veille à la fête de LO à Presles en déclarant vouloir fonder un authentique parti communiste révolutionnaire, et le lendemain soutenir un programme revendicatif soutenant la décroissance, par exemple.

Tu expliques très justement que ce type de comportement politique peut être plus ou moins judicieux en fonction de la période; aussi, un "milieu PC est certes bien différent d'un milieu "anti-OGM", par exemple.

La question est de savoir si le double discours en question est en soit contradictoire. Peut-on défendre la nécessité d'enfermer "les délinquants" sans pour autant définir ce qu'est un délinquant pour soi? Nathalie Arthaud a déclaré que ceux qui enfreignent les lois, comme ceux qui ne respectent pas la parité dans leur entreprise, doivent être enfermés; elle fait cela tout en défendant une campagne basée notamment sur l'interdiction des licenciements.

Dans le cas des prisons, reste à savoir s'il y a un public intéressé par la construction d'une autre société que celle basée sur la propriété privée et la loi du marché. Donc on doit en conclure que LO ne considère plus qu'il y a une minorité considérable qui pourrait être touchée par des revendications qui ne seraient plus transitoires, mais directement révolutionnaires.

Je me rappelle quand même avoir vu des actions organisées en vue, peut-être pas de prendre d'assaut, mais au moins d'approcher des camps de rétention enfermant des immigrés en voie d'expulsion. Si quelqu'un pourrait nous renseigner sur l'envergure de ces actes de protestation; malgré cela, ça n'en fait pas pour autant des gens forcément convaincus qu'il faille s'en prendre aux fondements de notre société.

Je trouve que ton constat va quand même loin car tu dis même que revendiquer des meilleurs conditions d'hygiène, constituerait une revendication trop osée? En relisant je crois comprendre que tu expliques que les prisonniers, eux-même, ont du mal à revendiquer de bonnes conditions d'hygiène. Ca a déjà existé des syndicats de prisonniers?

Message Publié : 03 Jan 2013, 10:37
par artza
(Sinoue @ jeudi 3 janvier 2013 à 10:20 a écrit :Com 71,

Ca m'étonne un peu ta remarque sur l'adaptation du discours en fonction de l'auditoire.

Parle-t-on de la même manière, voire des mêmes choses devant des élèves de classe prépa et des élèves de Bac-Pro?

Des jeunes d'une cité de Stains et les retraités d'Espelette?

Des travailleurs en grève et une queue de chômeurs devant Pôle-emploi?

Un jeune qui vend des clopes au noir et un autre qui s'engage dans l'infanterie de marine? Ceci dit ce n'est pas contradictoire.

Et l'armement du prolétariat? On en parle rarement et pourtant c'est quand même ça le problème et exiger une préparation militaire dans les collèges et les lycées?

Message Publié : 03 Jan 2013, 12:59
par clavez
je me rappel de ma surprise en tombant sur le programme municipal des alémanistes qui avait entre autre comme revendication le désarmement de la police. Aujourd'hui ça serait compris comme livrer les quartiers à la loi des gangs.
De la même façon l'apparition des polices municipales va de paire avec l'affaiblissement des révolutionnaires... pouvons nous imaginer ce que nous pourrions faire d'une police municipale à Aulnay....
Notre approche mais celle de la bourgeoisie change aussi. Il y a 4 ans la bourgeoisie ne prenait pas le risque de police municipale .
On peut d'ailleur se rappeler de l'utilisation des pompiers municipaux à SKF.