https://www.convergencesrevolutionnaire ... -assassine
La conclusion :
On en est où, de partis révolutionnaires et d’une internationale ?
La situation est paradoxale. D’un côté, dans les luttes existantes, se révèlent des militantes et militants : pour mettre sur pied un piquet de grève, pour organiser un blocage de carrefour ou une montée de Gilets Jaunes sur les Champs Elysées, pour rassembler et organiser les cortèges du Hirak en Algérie ou les sit-ins de chômeurs en Tunisie… et pour harceler le ministre Darmanin ! De l’autre pourtant, une grande faiblesse numérique et politique des organisations révolutionnaires se réclamant du prolétariat mondial, lui qui pourtant a décuplé sur la planète, a explosé même dans des pays ou vastes régions qui, il y a 50 ans encore, étaient sous industrialisés (Chine, Inde, Amérique Latine, Afrique).
Les groupes de militants révolutionnaires trotskystes sont faibles (ou forts de leur nombre si l’on tient compte de leur émiettement à l’infini !). Ils sont divisés (ou riches de leur diversité !), la IVe Internationale ayant éclaté après la mort de Trotsky – une histoire qui est un autre sujet. Mais ces groupes ont le mérite d’avoir maintenu à leur façon le flambeau d’idées révolutionnaires et communistes et l’héritage, bien ou mal compris, de Lénine et Trotsky, galvaudé par le stalinisme. Ce ne sont pas seulement les journaux, les écrits ou déclarations des uns ou des autres qui trancheront les débats entre les militants qui veulent s’atteler à la tâche de la construction de partis ouvriers et d’une internationale : ce sont aussi et surtout les expériences concrètes de leurs activités militantes, à condition de savoir collaborer et confronter ces expériences. La rigueur politique, la fermeté sur son programme, n’ont rien à voir avec un sectarisme qui a bien souvent accentué l’éparpillement du mouvement en multiples groupes et sous groupes. C’est aussi une leçon que nous pouvons tirer de l’attitude de Trotsky lui-même qui n’a cessé de s’adresser à d’autres, de tenter d’agir avec eux, de les convaincre.
Qui peut donner des leçons à qui ? A coup sûr, on ne construit pas un parti ni en se repliant sur soi-même en attendant d’avoir la taille d’intervenir, ni en se raccrochant coûte que coûte, par faiblesse, aux organisations réformistes sous prétexte que sans elles on ne pourrait rien. On construit par des efforts d’implantation, de recrutement et formation, mais aussi et surtout en saisissant « par les cheveux » les occasions d’intervenir dans les luttes réelles, d’y proposer une politique aux travailleurs du rang qui en sont les acteurs.
La gageure est immense. Mais si Trotsky, expulsé, isolé, n’a cessé de lutter à contre courant, c’est grâce à la confiance qu’il avait en la classe ouvrière et en ses luttes, grâce à la conviction que l’oppression capitaliste et ses soubresauts susciteraient immanquablement des bouleversements d’où surgiraient de nouvelles générations de militants capables d’audace et d’innovation tout autant qu’assoiffés d’apprendre des expériences du passé pour leur propre lutte.
On ne peut pas dire qu’il s’était trompé sur toute la ligne !
Olivier Belin, 21 août 2020