Sur les sites NPA

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Re: sur le site du NPA

Message par Ottokar » 21 Mars 2016, 13:17

Sur un site que je ne connais pas '(ESJ) une présentation un peu moins négative de Poutou par lui-même

FESJ
Philippe Poutou : « j’ai l’impression que Jean-Luc Mélenchon satisfait une ambition personnelle et que rien ne peut se discuter»

Publié par Vincent LEFEBVRE le 21 mars 2016.

INTERVIEW - Philippe Poutou, candidat du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) à l’élection présidentielle se confie au lendemain de l’annonce de sa candidature. Sa stratégie en vue de 2017, le bilan de François Hollande, mais aussi la lutte contre le chômage, Philippe Poutou n’esquive aucun sujet.

2012 marque votre première candidature à l’élection présidentielle. Qu’est-ce qui vous pousse à vous présenter de nouveau en 2017 ?

P.P. Il s’agit d’abord d’une réflexion collective au sein du NPA. Notre but est de faire entendre une voix non-politicienne. Faire entendre un projet qui s’articule autour des luttes sociales est essentielle vu la période difficile que vit le pays. On estime que nous sommes légitimes pour participer au scrutin. Cela nous semblait impossible de présenter quelqu’un d’inconnu. Olivier Besancenot avait dit qu’il ne souhaitait pas se représenter. De mon côté, j’étais disponible pour faire le job.

Olivier Besancenot justement. Souhaitez-vous qu’il s’implique dans votre campagne ?

P.P. Oui il a toute sa place dans cette campagne. Le NPA a mis en place un comité de quatre porte-parole dont Olivier Besancenot fait partie. Lui et trois autres salariés vont relayer les idées portées par le projet.

Nathalie Arthaud est candidate à la présidentielle pour Lutte ouvrière, Jean-Luc Mélenchon s’est également déclaré pour le Front de gauche, puis vous depuis hier. Finalement, est-ce que ça ne fait pas trop de candidats à gauche ?

P.P. Cela fait trois ou quatre élections présidentielles que l’on se retrouve avec la même multiplication de candidats. Même si toutes ces forces politiques se retrouvent sur beaucoup de combats, je ne pense pas que cela soit un problème en soi. Je signale qu’avec Jean-Luc Mélenchon, nous avons des divergences très importantes. Il considère notamment qu’il est le seul à représenter les communistes révolutionnaires. Nous avons un dialogue presque inexistant avec lui à l’heure actuelle. Nous n’avons même pas pu le rencontrer pour savoir comment l’on pouvait avancer ensemble. J’ai l’impression qu’il satisfait une ambition personnelle et que rien ne peut se discuter.

Mais si l’on parle de « ligne politique », celle de Jean-Luc Mélenchon s’éloigne-t-elle de celle de la vôtre ?

P.P. Jean-Luc Mélenchon est sur des orientations politiques qui sont plus éloignées que celles qu’il portait en 2012. Sur le plan international, nous dénonçons toutes les guerres impérialistes de l’Etat français, nous critiquons Dassault et les ventes d’armes. Lui se positionne différemment. Dernièrement il a apporté un soutien à Vladimir Poutine que je trouve surprenant. Son discours très souverainiste également est un souci. Avec lui, c’est « la France, la France, la France ». Nous, nous sommes sur un terrain internationaliste qui nous rapproche de Lutte ouvrière et de Nathalie Arthaud. On ne discute pas uniquement du peuple français. Nous pensons qu’il y a d’un côté les possédants et de l’autre ceux qui paient la crise. Et dans ce groupe, il n’y a pas que le peuple français.

L’urgence en vue de 2017, c’est la lutte contre le chômage. Les orientations prises par la loi El-Kohmri vous conviennent-elles ?

P.P. Pas du tout. Pour moi, ce sont des attaques supplémentaires. Le gouvernement ose faire ce qui n’avait pas été fait jusqu’à présent, notamment l’inversion des normes, en instituant qu’un accord d’entreprise peut remplacer la loi. Il n’y aurait plus de code du travail qui permettrait d’avoir des garanties pour tout le monde. C’est dingue que ce soit un gouvernement socialiste qui ose faire cela. Cela fait des années que des droits des salariés sont supprimés, et que le rapport de force s’inverse en faveur des patrons.

Pourtant, l’exécutif a fait des concessions dernièrement, notamment en rendant facultatif le barème de plafonnement des indemnités prudhommales. Ces inflexions ne suffisent-elles pas ?

P.P. La question n’est pas là. Le gouvernement met en place un projet de loi dont il sait qu’il comporte des attaques graves vis-à-vis des salariés. Derrière, il sait qu’il peut modifier certains articles pour calmer la partie de l’opposition la moins radicale. C’est le jeu habituel. L’exécutif gagne du temps. Le fond du problème ne change pas : suivant l’endroit où les gens bossent, ils ne bénéficieront pas de la même protection.

Du coup, par quoi passe l’inversion de la courbe du chômage ?

P.P. Il faut faire l’inverse de ce que propose le gouvernement. Il faut enlever le pouvoir au patronat. Cela fait quarante ans que l’on justifie les plans de licenciements, car soi-disant, licencier c’était assurer les embauches du lendemain. Cela fait quarante ans que des milliers d’emplois sont supprimés dans la fonction publique. Il y a eu des cadeaux fiscaux accordés aux patrons… On s’aperçoit que ça ne fonctionne pas. À chaque fois ce sont des milliards d’euros distribués au patronat. Ces derniers promettent d’embaucher, et rien ne se passe. Nous voulons d’une politique qui redistribue les richesses. La priorité, c’est d’interdire les licenciements. Il faut également supprimer le Cice (Crédit d’impôt compétitivité emploi, ndlr) et ses 41 milliards d’euros d’exonérations fiscales.

François Hollande a-t-il trahi la gauche ?

P .P. Oui, on peut dire « trahi ». Aujourd’hui vous avez Pierre Gattaz qui soutient sans retenue la loi El-Khomri. Cela montre à quel point le gouvernement est allé loin. On a un gouvernement qui a complètement rompu avec le peu de promesses qu’il avait faites.

Pour moi, François Hollande est un adversaire. En 2012, j’avais appelé à voter pour lui dans le but de dégager Sarkozy. Toutefois, je ne me faisais pas d’illusions. Le PS a déjà prouvé par le passé ce qu’il savait faire quand il était au pouvoir. Ce n’est pas la première fois qu’il mène une politique de privatisation et d’attaque contre les travailleurs.

Si François Hollande se représente en 2017, et qu’il arrive au second tour de l’élection présidentielle, le soutiendrez-vous de nouveau ?

P.P. Non, il n’y a aucune chance, quelle que soit la configuration du deuxième tour.

Même si Marine Le Pen est présente au second tour en 2017?

P.P. Non. Nous ne soutiendrons aucun candidat. Je considère que les scores actuels du Front national ne sont que les résultats des politiques menées par les gouvernements successifs. La responsabilité est de leur côté. À force d’appauvrir, d’encourager la précarisation du peuple, ce dernier se désespère, et se tourne en partie vers le FN.
Ottokar
 
Message(s) : 683
Inscription : 16 Jan 2005, 10:03

Re: sur le site du NPA

Message par Ian » 21 Mars 2016, 22:05

Ian
 
Message(s) : 290
Inscription : 22 Mars 2009, 13:58

Re: sur le site du NPA

Message par artza » 04 Avr 2016, 07:57

L'Anticap. du 31 mars revient sur la déclaration adoptée par la dernière CN annonçant la candidature de Philippe Poutou en donnant "une dernière fois" la parole aux trois plateformes.

La plateforme A

La conférence nationale...a acté de façon quasi unanime la décision d'être présent de façon indépendante aux prochaines élections présidentielles...Cette déclaration a été un compromis entre les différentes positions qui se sont exprimées...nous...avons particulièrement insisté pour qu'elle se délimite de façon claire des courants réformistes, ainsi que de la politique des directions syndicales. Sur ce dernier point il y a eu un vote majoritaire des délégués. La conférence a également rejeté à une majorité écrasante un amendement proposant le retrait de la candidature du NPA en cas d'apparition d'une liste unitaire des mouvements sociaux.
Avec ses limites, ce texte pose néanmoins des axes pour une campagne...Nous avons enfin dû mener une discussion pour pouvoir acter...la représentation proportionnelle des différentes plateformes dans l'équipe de campagne...


La plateforme B

La CN présidentielle a débouché sur le vote à près de 95% d'une déclaration publique...Pendant tout le débat préparatoire, les plateformes A et C répétaient en boucle et en miroir qu'elles présentaient des orientations politiques différentes, voire incompatibles...Cette CN valide la démarche que la plateforme B a mené jusqu'au bout de ne pas constituer une majorité contre une partie de l'organisation...Des divergences d'orientation demeurent. Le travail collectif est loin d'être acquis et la logique de fonctionnement parallèle des courants et fractions a la vie dure. ...


La plateforme C

...Une issue assez inattendue...Pour notre plateforme le NPA devait clairement choisir son profil pour une candidature du NPA;
-Se situer d'abord clairement par rapport à un état d'urgence sans cesse prolongé.
-Contre une politique réactionnaire, ignoble ...à l'encontre des migrantEs
-Contre une politique de casse sociale au service du MEDEF...
Cette situattionn pose l'urgence de construire une représentation politique, une nouvelle force...qui combatte la fermeture des frontières, le racisme et l'islamophobie terreau du Front national. ...cette CN n'efface pas tous les blocages que nous avons connus...une importante minorité de camarades... voudrait que le NPA tourne une page , ou plutôt ferme le livre pour écrire une autre histoire.


Dans ce n° de L'Anticap un dossier central (2pages) "La vaccination ça se discute". Je ne l'ai pas lu...
artza
 
Message(s) : 2404
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Re: sur le site du NPA

Message par com_71 » 04 Avr 2016, 11:48

artza a écrit :
Dans ce n° de L'Anticap [31 mars] un dossier central (2pages) "La vaccination ça se discute". Je ne l'ai pas lu...


Le titre est tout un programme.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6002
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: sur le site du NPA

Message par artza » 04 Avr 2016, 17:18

...mais en dernière page un long interview de la réalisatrice du film Comme des lions. Elle revient sur la démocratie (comité de grève) dans l'organisation et l'orientation de la lutte.
artza
 
Message(s) : 2404
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

le debat lordon mercier vu par la tendance claire du NPA

Message par ulm » 10 Mai 2016, 12:06

Daniel Mermet a invité le 30 avril Frédéric Lordon et Jean-Pierre Mercier à débattre dans son émission « Là-bas si j’y suis ».1 L’occasion d’un débat intéressant, comme on aimerait en voir plus souvent dans les médias. Mais aussi d’un débat frustrant à notre avis, car le marxisme de Lutte ouvrière, momifié, n’attirera pas grand monde.

Jean-Pierre Mercier n’a visiblement pas cherché à savoir d’où vient Lordon, ce qu’il raconte, ce qu’il défend vraiment. Ce qui semble clair, c’est qu’il avait une seule caractérisation en tête en venant (« intellectuel réformiste ») et un seul mandat : marteler que « seule la classe ouvrière pourra vraiment faire changer les choses etc. »

Prolos vs intellos ?

Beaucoup de militant-e-s zélé-e-s de LO ont partagé fièrement autour d’eux la vidéo de ce débat, en le présentant comme une soi-disant « démonstration » de la « classe ouvrière » faite à un « intellectuel du réformisme ». Lourd de sous-entendu... Mercier a pourtant été plus honnête en rappelant que Karl Marx aussi était un intellectuel, et que l’important était les idées défendues.

Mercier a commencé par asséner les sentences de LO sur Nuit debout :

ce ne sont pas les étudiants, les lycéens, les intellectuels qui peuvent changer la société, c’est la classe ouvrière


ce n’est pas sur les places qu’il faut se mobiliser, c’est sur les lieux de travail


Du point de vue stratégique, Mercier a raison. Sauf qu’au lieu de répéter « nous avons un vrai désaccord », si Mercier avait été plus attentif, il aurait remarqué que Lordon, comme François Ruffin, ont depuis le début pointé ces limites de Nuit Debout et ont cette préoccupation de favoriser la jonction avec le monde du travail.

Sur la place de la République et aux autres Nuits debout, il y a souvent des milieux qui ne peuvent pas faire grève : étudiant-e-s, mais aussi précaires isolé-e-s. Faut-il qu’ils/elles attendent le grand soir pour se mobiliser ? Ou est-ce qu’au contraire, la présence de ce mouvement peut jouer un rôle d’entraînement ? Ceci n’est pas nouveau : on sait que LO ne porte aucun intérêt pour le mouvement étudiant par exemple, alors que c’est peut-être la principale étincelle, dans les pays développés, qui peut servir à mobiliser les salarié-e-s (bien plus encadrés par les bureaucraties).

Du côté des bureaucrates syndicaux ?

Puisque Lordon assure qu’il est tout à fait conscient de la nécessité de s’adresser aux salarié-e-s et à leurs organisations, Mercier croit bon de dérouler une petite leçon sur les directions syndicales frileuses sur lesquelles il ne faut pas compter...

Lordon répond non seulement qu’il en est bien conscient, mais montre au passage une compréhension plus profonde des directions syndicales : elles ne sont pas seulement frileuses, elles ont de multiples liens avec l’ordre existant dont elles font partie : ce que nous appelons des bureaucraties.

Et dans la pratique, au lieu de sous-entendre comme le font Mercier et LO qu’il n’y a qu’à ignorer ces directions, Lordon propose de façon bien plus utile de chercher à les pousser le plus loin possible.

Revendiquer rien ou revendiquer tout ?

Daniel Mermet a demandé à Lordon de revenir sur la fameuse intervention au cours de laquelle il a dit « nous ne revendiquons rien ». Pour la plupart des militant-e-s que nous sommes, cette phrase a heurté, et nous l’avons reçue comme une éruption de « gauchisme » : au nom du fait que la Loi El Khomri n’est qu’un symptôme de la course généralisée à la compétitivité que l’on nous impose, on pourrait être tenté de dire que la lutte contre cette loi en particulier est un détail. Mais Lordon avait clairement levé toute ambiguïté dans une autre intervention, dans laquelle il rappelait l’importance fondamentale, pour le mouvement, d’arracher des « victoires intermédiaires ». En réponse à Daniel Mermet, il a répondu qu’il aurait dû dire « nous revendiquons tout ! ».

Mercier a rappelé l’importance de l’expérience pratique de la lutte collective, en particulier de la grève, dans laquelle les travailleur-se-s peuvent non seulement faire mal au portefeuille des patrons, mais aussi avancer vers l’idée qu’ils et elles peuvent non seulement s'auto-organiser, et élaborer elles/eux mêmes leurs revendications, mais aussi gérer la production sans ces mêmes patrons. Mercier a bien sûr eu le mérite de bien expliquer cette idée fondamentale portée par le mouvement ouvrier marxiste, que la conscience de classe s’acquiert à une échelle de masse par cette participation à des luttes qui se généralisent, et pas par un débat d’idées qui convaincrait un par un des citoyen-ne-s.

Mais premièrement, il n’y avait aucune raison de considérer que Lordon était d’emblée en désaccord. (Mercier répète « là j’ai un profond désaccord »).

Et deuxièmement, la façon dont LO défend ce « matérialisme » de la conscience de classe est trop limitée. Les luttes rendent plus audibles nos idées... à condition de les défendre !

Face à ce type de questionnement sur « revendiquer un peu, beaucoup, tout ? » que se pose toute personne qui veut changer les choses, les communistes révolutionnaires ont des pistes à défendre. En particulier, s’il y a bien quelque chose d’important à maintenir vivant dans l’héritage trotskiste, c’est la démarche transitoire : défendre les revendications qui fédèrent le plus les travailleur-se-s, et expliquer systématiquement qu’il faut arracher aux patrons le pouvoir pour les satisfaire. Là encore rien de neuf, mais on peut déplorer que LO, malgré son orthodoxie verbale2, se limite à un discours syndicaliste 99 % du temps sans proposer la perspective du pouvoir des travailleur-e-s (et parle abstraitement du communisme dans quelques meetings). C'est au contraire Lordon qui insiste sur la nécessité d'expliquer qu'il faut rompre avec les structures capitalistes pour pouvoir satisfaire les revendications. Sans ces perspectives, les revendications d'interdiction des licenciements ou d'une répartition plus juste des richesses apparaissent comme totalement illusoires : TINA (There is no alternative) triomphe et les « révolutionnaires » sont à l'ouest.

Contre les capitalistes ou contre le capital ?

Un autre débat de fond émerge ensuite : faut-il lutter contre les capitalistes (Bernard Arnault, la famille Peugeot...) ou contre le capital (ses structures, ses institutions nationales, européennes, internationales...) ?

Mercier se faisait le champion de la lutte contre des exploiteurs « en chair et en os », accusant Lordon de les « dédouaner » en se concentrant sur les structures. Il n'y a pourtant aucune raison d'opposer la lutte contre les capitalistes et contre le capital ! Alors que Mercier dit que « il y a une origine physique derrière la bourgeoisie, ce n'est pas des traités, des structures économiques, des idées, c'est des hommes et des femmes (…) c'est ma conviction profonde parce que je suis marxiste », c'est au contraire Lordon qui est bien plus marxiste (au moins sur ce plan là) que lui. Les capitalistes ne sont que les fonctionnaires du capital, et c'est bien évidemment les structures économiques qu'il faut briser. Et le capitalisme d'aujourd'hui ne se résume pas aux « 200 familles », et on ne gagne rien à ce genre de raccourcis.

Pour dire les choses simplement : si les ouvrier/ères de PSA saisissent et autogèrent leurs usines, cela fait tomber la famille Peugeot et cela transforme les rapports dans l’entreprise. Si cette autogestion se généralise et se coordonne, cela fera tomber tous les capitalistes, et cela aboutit à des rapports sociaux différents, socialistes. Lordon lui fait d'ailleurs la remarque que si l'on fait tomber la famille Peugeot, et seulement ça, alors, il en poussera une autre.

Contre le cadre austéritaire ?

La question qu’il aurait été plus utile d’aborder, c’est celle de quelle structure, quel cadre on cherche à briser. Mercier et LO ne veulent entendre parler de rien d’autre que de la lutte patrons/salarié-e-s, et se désintéressent de tous les vecteurs de la domination capitaliste (l’Union européenne, le FMI, l’OMC...) et de ses configurations concrètes, à commencer par le néolibéralisme. Mercier n’a fait qu’évoquer en passant la « crise du capitalisme », mais il pourra difficilement être convainquant avec comme seul bagage l’explication keynésienne de LO...3

A l’inverse Lordon tend à isoler le néolibéralisme du capitalisme, voire à isoler l’euro du néolibéralisme. Non pas parce qu’il prendrait le capitalisme des « 30 glorieuses » comme un modèle, mais parce qu’il considère le néolibéralisme (ou l’euro austéritaire) comme un cadre que l’on pourrait détricoter pour retrouver des marges de manœuvres. C’est ce qui amène Lordon à centrer les revendications qu’il propose sur la saisie des banques et la sortie de l’euro.

Lordon sait pertinemment que le capitalisme est plus fondamental que cela, et il s’affirme pour la fin de la « propriété lucrative des moyens de production ». Depuis peu (et encore dans cet échange), il se prononce pour la rupture avec le mode de production capitaliste. C’est quelque chose qu’il faut saluer. On peut même se demander, avec un brin de méchanceté, si Lordon ne parle pas plus souvent de cette perspective anticapitaliste que LO qui s’autocensure en permanence sous couvert de masses qui ne seraient pas prêtes à l’entendre...

Plutôt que de poser le débat en terme de perspective, et de se réfugier dans une attitude (« moi je suis révolutionnaire ») qui flirte avec le procès d’intention (« toi tu ne l’es pas »), il aurait été plus utile de le faire porter sur la stratégie.

Peut-on se fixer un objectif anti-austéritaire qui serait une sorte « d’étape » sur la voie de l’anticapitalisme ? Peut-on prioriser la sortie de l’euro et voir la souveraineté nationale comme un cadre qui permettrait aux exploité-e-s en France de souffler, parce que les salaires cesseraient d’être la seule variable d’ajustement ? Nous pensons que c’est une illusion, car, sans rupture avec le capitalisme, les travailleur-se-s paieraient la crise d’autres manières. L’outil monétaire doit être repris mais pas laissé aux mains de l’État capitaliste : la rupture avec l'euro doit s’accompagner de l’expropriation des patrons. La souveraineté n'est pas un gros mot, et nous devons expliquer que la vraie souveraineté, c'est le pouvoir politique et économique des travailleurs.

De même, la saisie des banques ne peut en aucun cas suffire. Dans des cas extrêmes, des gouvernements gestionnaires comme celui de Mitterrand ont nationalisé le secteur bancaire, ce qui n’a conduit qu’à les réorganiser pour le plus grand bénéfice de la bourgeoisie française.

S’organiser

Mercier a eu bien évidemment raison de rappeler qu’il était impératif de progresser dans l’organisation de la classe ouvrière, dans une organisation la plus démocratique possible (sic)4. Seulement, on peut douter qu’il ait convaincu largement au-delà des rangs de Lutte ouvrière. Pourtant, face à l'appareil d’État et aux bureaucraties syndicales, il est plus nécessaire que jamais de construire un parti révolutionnaire, pluraliste, démocratique, et centralisé, et pas des sectes sclérosées et repoussoirs. Un parti porteur d'un projet de société, d'une stratégie, et qui mettrait toutes ses forces pour permettre l'auto-organisation des travailleur-se-s. Car l'auto-organisation est un combat, et les travailleur-se-s ont besoin d'un parti solide pour affronter tous les ennemis et les faux-amis qui ont pour point commun de les traiter comme des sujets des institutions du capital.

--------------------------------------------------------------------------------

1 https://vimeo.com/164813729

2 LO, de son vrai nom « Union communiste (trotskiste) »

3 Cf. Analyse de la crise par Lutte ouvrière : 100% keynésienne, 0% marxiste !

4 A cet égard, le fait que Mercier accepte la présentation de Mermet comme « n°2 de LO » est problématique... Rappelons aussi que la direction de LO se fait presque toujours plébisciter à 100 % des votes.
ulm
 
Message(s) : 123
Inscription : 08 Déc 2008, 16:12

Re: sur le site du NPA

Message par ulm » 10 Mai 2016, 12:09

Par Julien Varlin ( 5 mai 2016)
ulm
 
Message(s) : 123
Inscription : 08 Déc 2008, 16:12

Re: sur le site du NPA

Message par Sinoue » 10 Mai 2016, 12:40

C'est intéressant effectivement de voir des militants de "la gauche du NPA" défendre Lordon face à un militant communiste révolutionnaire.
Sinoue
 
Message(s) : 142
Inscription : 25 Déc 2008, 13:10

Re: sur le site du NPA

Message par Zorglub » 11 Mai 2016, 11:41

Tendance de gauche qui nous reproche de ne pas apparaître comme UC de la part d'une orga qui a renoncé à cette référence... comme c'est drôle.
Quant à parler du score de la direction pour dire que ce n'est pas démocratique, c'est minable, et hurler avec d'autres.
Pour le reste, on ne sera pas surpris que le NPA, pardon cette tendance, soit d'accord avec Lordon, tout en donnant des leçons de marxisme.
Edit : j'avais lu trop vite le post précédent sur la position de cette tendance.
Zorglub
 
Message(s) : 967
Inscription : 27 Fév 2009, 01:26

Re: sur le site du NPA

Message par Plestin » 11 Mai 2016, 13:20

L'article sur le débat Lordon-Mercier est, je dois dire, assez affligeant, passant tout à Lordon et reprochant tout à Mercier ! Ce n'est pas seulement une critique de LO, c'est une allégeance à Lordon et surtout, à tout un milieu qui adore remplacer "capitalisme" par "ultra-libéralisme", et s'en prendre aux institutions européennes et à l'euro rendus responsables de tous les maux.

Après avoir écouté le débat, il ressort à mon avis que Lordon est un intellectuel très lucide et sympathique, parmi ce qu'on fait de mieux dans ce milieu (dans la période actuelle), mais néanmoins imprégné du mode de pensée du milieu cité plus haut. Je pense d'ailleurs que, sur ce plan-là, Lordon est bien plus honnête que l'auteur de l'article, car sa position provient visiblement d'une conviction et non d'un quelconque calcul alambiqué sur l'effet que pourrait avoir sur les masses le fait de défendre sa politique.

Un point sur la forme de l'article.

Passons rapidement sur le jargon habituel qui se prétend féministe et a désormais contaminé tout un milieu, du NPA aux Verts et à certains syndicats et associations, du genre "les salarié-e-s" avec des variantes qui frisent le ridicule ("travailleur-se-s" !!) ; sa véritable vocation est peut-être moins le féminisme que d'être un signe de ralliement et de reconnaissance de ce milieu, la preuve d'une proximité sociale et politique.

Le recyclage du mot "secte" est éloquent : c'est normalement l'un des mots favoris dans la petite-bourgeoisie "de gauche" pour qualifier LO, et le voir ressurgir via la tendance CLAIRE du NPA est beaucoup plus déplaisant que sous la plume d'un journaliste de Libération, du Monde ou d'un Cohn-Bendit ; cela positionne en bien mauvaise compagnie l'auteur de l'article (je doute que tous les militants de la tendance CLAIRE s'y reconnaissent "à 100 %", comme dirait le NPA). Qualifier même indirectement une autre organisation de "secte sclérosée et repoussoir", c'est faire bien peu de cas du travail quotidien de ses militants, de leurs discussions et échanges permanents (entre eux et avec de très nombreux travailleurs du rang, CDI, précaires, au chômage ou à la retraite) et cela relève de pratiques ne pouvant correspondre à un mouvement ouvrier honnête, ce qui est fâcheux quand on se dit marxiste. Par ailleurs, des courants qui construisent des partis sur du sable sont-ils si bien placés pour critiquer une organisation comme LO qui tient la route sur le long terme ? C'est sans doute cette solidité que l'on appelle "sclérose" ?

Et cette façon de rappeler insidieusement, dans une petite note, que la direction de LO "se fait presque toujours plébisciter à 100 % des votes", qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'on est en Corée du Nord ? Que certains militants ne sont pas d'accord mais n'osent pas le dire et votent comme la direction ? Regardez plutôt les choses en face, camarades : LO est l'une des rares organisations de ce pays, sinon la seule, dont la direction a la confiance de ses militants, quand vous êtes enclins à trouver toutes les vertus à vos multiples tendances qui sont surtout la preuve de votre faiblesse (et du manque de confiance suscité par la direction du NPA). Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi LO est une organisation qui tient mieux le coup sur le long terme. Pas de grande phraséologie révolutionnaire, pas de coups de bluff, pas de "on va voir ce qu'on va voir" où à la fin on ne voit plus rien sauf des militants déçus et démoralisés.

Sur le fond, maintenant.

Il existe tout un milieu "de gauche", dont j'ai déjà parlé, qui focalise ses attaques sur le capitalisme "ultra-libéral", l'euro, les institutions européennes etc. Le gros bataillon de ce milieu, c'est le PCF et désormais le (ou les) Front(s) de gauche, bien loin devant le NPA et d'autres. LO se voit régulièrement reprocher sa position différente. Autrefois c'était par exemple sur le choix de s'abstenir lors du traité de Maastricht, mais le thème général est récurrent.

Or, le PCF et le Front de Gauche sont des partis réformistes, qui visent à participer à un gouvernement de gauche (mais néanmoins capitaliste). Pour cela, ils ont besoin que "la gauche" c'est-à-dire jusqu'à présent une coalition autour du PS, remporte les élections. Selon les circonstances, ils peuvent avoir des ministres (sous Mitterrand, sous Jospin) ou refuser d'en avoir (sous Hollande qu'ils ont néanmoins soutenu), après les échecs électoraux cuisants de leurs dernières participations gouvernementales. Ils estiment que c'est la pression électorale (et non celle des luttes des travailleurs) qui peut leur permettre de participer demain en meilleure position à un gouvernement d'union avec le PS qu'ils compteraient influencer davantage qu'aujourd'hui. Il est donc normal que leur langage glisse, d'une critique du capitalisme à une critique du libéralisme (tout court, "néo" ou "ultra") incarné par une partie de la droite et par la droite du PS, de manière à ménager tout un pan du PS auquel s'allier demain, avec les Verts etc.

C'est aussi une stratégie - également prisée par l'extrême-droite - que de désigner l'euro, les institutions européennes, les "technocrates de Bruxelles" dont le vrai défaut serait d'être loin du terrain etc., comme l'ennemi. C'est un moyen de dédouaner le capitalisme en général et surtout, les responsabilités propres du gouvernement français. Cela ressemble fort au toréador qui met en avant la muleta pour que le taureau se trompe de cible et ne vise pas l'essentiel. Les mêmes ont besoin de faire croire que ce qui se décide avec ces traités est "gravé dans le marbre", pour pouvoir ensuite justifier leur impuissance (ou plutôt leur complicité) au gouvernement : on ne peut pas faire autrement, c'est la faute à l'Europe. Cela donne par exemple un Jean-Claude Gayssot (ministre PCF des transports sous Jospin) qui accepte sans broncher l'ouverture du capital d'Air France ou la séparation de la SNCF et de RFF. On désigne un ennemi lointain et inaccessible - Bruxelles, l'Europe - pour mieux cacher que les responsables, on les a en réalité sous la main. Car rien de ce qui se décide à Bruxelles ne se fait sans l'aval du gouvernement français.

C'est aussi un peu la même idée - lutter contre l'idée d'un ennemi lointain et inaccessible - qui justifie l'insistance de Jean-Pierre Mercier à expliquer que derrière le système il y a des personnes physiques. Parce que de plus en plus, ces personnes réelles sont masquées sous l'apparence de fonds d'investissement, fonds de pension, banques ou autres, contre lesquels bien des travailleurs ont l'impression que maintenant, le capitalisme a changé et qu'on ne peut plus rien faire, la preuve, il y a des automates qui achètent ou vendent les actions en Bourse à une vitesse prodigieuse...

Tous ceux dont le NPA et le POI qui, en espérant influencer des syndicalistes, des militants de gauche, des militants associatifs etc., ciblent leur critique sur l'Europe et les institutions européennes ne font qu'apporter de l'eau à ce moulin-là, et il n'y a rien d'anticapitaliste là-dedans, bien au contraire. Ce ne sont pas eux qui influencent les autres, ce sont eux qui se laissent influencer. Bref, c'est juste du suivisme, un suivisme qui a une base sociale : celle des milieux dans lesquels ils militent (qui, lorsque ce sont des milieux de travailleurs - ce qui n'est pas toujours le cas - se limitent aux milieux syndicalistes). Et un suivisme vis-à-vis d'une entreprise de diversion pour obscurcir la conscience des travailleurs.

LO ne fonctionne pas de cette façon. (On voit d'ailleurs bien, dans le film "Comme des lions", que la politique de LO même au sein des syndicats ne se limite pas au milieu syndicaliste et est tournée largement en direction de tous les travailleurs).

Il y a bien sûr de nombreux travailleurs eux-mêmes enclins à se faire avoir en reprenant le discours anti-Europe et anti-euro, tout simplement parce que cela fait des années que le PCF, le FN et d'autres leur répètent, et que l'austérité et les mesures antiouvrières leur sont imposées sous couvert de l'Europe (ici aussi, les gouvernants français et leurs alliés se dédouanent : regardez là-bas, c'est Bruxelles, c'est pas nous...) C'est l'histoire de la fameuse "marge de manoeuvre" qui n'existerait plus mais qui reviendrait assurément si l'on rompait avec les institutions européennes.

Il y a aussi, chez les travailleurs, le souvenir de ces armées de commerçants grands, moyens et petits qui ont profité du passage à l'euro pour entourlouper leur monde et faire monter les prix. C'est un argument souvent entendu (mais va-t-on, via un retour de l'euro au franc, donner l'occasion aux mêmes de nous refaire le coup une deuxième fois ? C'est peut-être ce qui motive certains milieux commerçants qui forment la base sociale du FN, pour revenir au franc ?)

Le capitalisme protectionniste n'est pas meilleur que le capitalisme semi-libéral ou l'ultra-libéral et réserve tout autant de misère et d'horreurs aux travailleurs. Les capitalistes sont eux-mêmes protectionnistes quand il s'agit de l'accès des autres à leur marché, et libéraux quand il s'agit d'accéder au marché des autres.

Il n'y a aucune raison, pour une organisation communiste révolutionnaire, de participer en quoi que ce soit à une telle mascarade. Il y a même toutes les raisons de s'y opposer, et d'expliquer inlassablement aux travailleurs qui nous entourent que c'est un jeu de dupes. Mais comme la politique du NPA est de courir après les milieux de gauche et de mimer leurs idées en espérant les influencer, forcément, nos politiques sur cette question sont à l'opposé... Il paraît que, avec nos discours généralistes, à LO, on serait trop loin des luttes concrètes... Jean-Pierre Mercier et les autres camarades de PSA Aulnay sont la preuve vivante que non.

A ce point-là du débat, l'auteur de l'article est bien conscient des limites de Lordon : "peut-on prioriser la sortie de l'euro et voir la souveraineté nationale comme un cadre qui permettrait aux exploités en France de souffler, parce que les salaires cesseraient d'être la seule variable d'ajustement ? Nous pensons que c'est une illusion, car, sans rupture avec le capitalisme, les travailleurs paieraient la crise d'autres manières. L'outil monétaire doit être repris mais pas laissé aux mains de l'Etat capitaliste : la rupture avec l'euro doit s'accompagner de l'expropriation des patrons", etc.

Autrement dit, après tout ce bla-bla, et tout en reprochant à LO de rester sur des généralités, l'auteur de l'article, premièrement, fait une drôle d'innovation en matière de marxisme (la souveraineté nationale comme étape intermédiaire de la révolution), et deuxièmement, en revient... à des généralités, car il ne nous explique pas du tout comment faire pour que la rupture avec l'euro s'accompagne de l'expropriation des patrons ! N'y a-t-il pas comme une légère progression dans l'intensité, entre "avoir un gouvernement de souveraineté nationale sortant de l'euro", et passer à l'étape suivante, autrement plus ardue ?

Pour rompre avec le capitalisme il faut que les travailleurs prennent le contrôle dans toutes les entreprises, nous dit l'auteur. C'est justement à cela que s'attèlent les militants de LO, dans les entreprises et les quartiers populaires, pendant que d'autres fuient ce terrain-là et préfèrent aller à Nuit Debout.
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10

PrécédentSuivant

Retour vers Politique française

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 27 invité(s)