Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par greg » 07 Fév 2015, 21:25

oui électoralement nous sommes faible et même moralement nous sommes faible. Les militants les plus conscients sont les seuls à avoir la pêche et encore pas tous et les sympathisants sont avec des hauts et des bas...

oui mais les militants fn et d’extrême droite dans différents pays sont certes de plus en plus nombreux mais heureusement loin de rassemblée les masses qui se déplacent aux urnes pour voter pour leur partis.

Les acteurs, ceux qui passeront à l'action pour leurs idées, cela je l'espère seront bien plus nombreux avec nous.

Parait-il... Pour reprendre les idées fausses de la presse... Il parait donc que sur l'ensemble de la population d'Europe, plus on est vieux, plus on est de droite (heureusement certain ne changent pas).

Et bien, réconfortons nous d'avoir la force de la jeunesse et surtout encore du temps, même s'il semble compté, avant le prochain affrontement politique de la rue.
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par Zorglub » 07 Fév 2015, 22:08

Koceila, as-tu lu la dernière LDC?
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par logan » 08 Fév 2015, 22:53

Gaby a écrit :La partie n'a pas commencé ? Je croyais qu'elle avait commencé du vivant d'un leader politique mort il y a 75 ans ? La question de Koceila est formulée de façon polémique, mais 75 ans, c'est énorme, et ça appelle à cogiter.

Perso', je pense que poser la question de la sorte limite l'analyse. Ce n'est pas que Trotsky a échoué, c'est la gauche dans son ensemble, dénaturée là où elle a du pouvoir, désaffectée partout ailleurs. La question fondamentale, c'est comprendre les ressorts du recul du mouvement ouvrier dans son ensemble. Trotsky voulait proposer un leadership alternatif révolutionnaire à un mouvement ouvrier croissant à l'échelle mondiale. Le mouvement n'est plus croissant, il a rétréci incroyablement. Je crois qu'aujourd'hui, on voit que cette offre n'a de fait pas séduit, et que la question n'est pas juste de convaincre de vastes masses trompées par la gauche comme si les troupes attendaient un autre général, elle est de reconstruire le mouvement ouvrier, ce qui implique à terme, certes, de virer les directions des organisations existantes, mais qui veut surtout dire qu'on a besoin de comprendre comment relancer la syndicalisation, le lien social qui existait dans les communes de gauche, les luttes ouvrières offensives, etc.

Ce sont quelques mots jetés rapidement, pas un manifeste, of course.


Je disais "Ca n'a pas encore commencé"
Simplement parce que les prolétariats des pays développés ne se sont pas mis en mouvement. Pourquoi ? Parce que le capitalisme a connu ces 60 dernières années la phase d'expansion la plus longue de son histoire.
Les pays prospères ne connaissent pas les révolutions.
Cette analyse de la période, je vois peu d'organisation d'extreme gauche la faire. Elle est pourtant tellement évidente.

MAIS Aujourd'hui c'est complètement différent.
On est à l'aube d'une situation révolutionnaire ou pré-révolutionnaire "à la grecque", avec les financiers menant une lutte de classe pour racketter les états, donc les travailleurs, dans une situation économique où ceux du haut ne peuvent plus continuer comme avant et ceux du bas ne le veulent plus.

Par contre Gaby a raison de souligner le peu d'attrait de l'extreme gauche qui est en passe de devenir un gros problème demain, quand les masses dégageront leur vapeur révolutionnaire et qu'elles auront besoin du piston du parti pour faire avancer la machine de la révolution.
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par spartacre » 08 Fév 2015, 23:04

il n 'y a rien de mécanique dans le comportement des masses .. la période "d 'expansion" , cela ne veut rien dire pour expliquer la passivité actuelle ; en 68 , la situation aurait pu devenir révolutionnaire , pourtant c 'était en plein dans les"Trente glorieuses".. dans le mouvement des masses , il y a toujours quelque chose d'impondérable , imprévisible mais ce qui est sûr c'est que nous devons œuvrer pour le facteur subjectif , la construction du parti révolutionnaire et ça c 'est d'abord l 'affaire du mouvement ouvrier , ..de nous
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par logan » 09 Fév 2015, 21:59

Pas de lien mécanique mais un lien dialectique. Bref un lien.

La période révolutionnaire des années 1917-1937 n'était pas une période de grande stabilité économique et sociale en Europe.

Mai 68 n'aurait jamais pu etre révolutionnaire.
Ceux du haut pouvaient continuer à vivre comme avant, à condition de lacher du lest à ceux d'en bas. Ils l'ont fait : 35% d'augmentation du Smig, 10% d'augmentation des salaires réels,avantages syndicaux et en 69 une 4e semaine de congés payés.

Certains racontent leur effarement quand ils ont du reprendre le travail dans leur usine comme si de rien n'était à la rentrée 68 : tout était fini.
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par artza » 10 Fév 2015, 10:04

Rosa Luxemburg a dit qu'elle préférait un mauvais parti ouvrier à pas de pas de parti ouvrier du tout.

Dans la discussion qui suivit un meeting LO après 68 Munis militant trotskyste depuis les années 30 en Espagne, au Mexique puis en France; affirma après avoir cité cette phrase de Rosa "et bien moi je pense exactement le contraire".

Munis pensait même que mieux valait pas de groupes révolutionnaires plutôt que des groupes qui ne sont pas à son goût. Il est loin d'être seul à penser ainsi. Le groupe voisin est le pire adversaire sur terre. Ces camarades ont tort.

Trotsky a écrit un article pour célébrer le 90ième anniversaire du Manifeste communiste.
Les choses n'allaient pas bien fort mais il ne jetait pas le bébé avec l'eau de son bain.

Aujourd'hui nous ne sommes pas bien loin de célébrer le 90ième anniversaire du courant trotskyste!

La situation est-elle plus difficile aujourd'hui? Par bien des côtés on peut le penser. Mais par quelques autres non. En France LO aujourd'hui c'est bien plus et bien mieux que le POI (nom du groupe trotskyste à l'époque) en 1936. Bien sur il y avait Trotsky ça changeait des choses mais pas tout.
Des groupes trotskystes existent aujourd'hui dans des villes, des régions, des pays où ils étaient inconnus auparavant.Reste à avoir la bonne orientation, les bonnes interventions, la bonne organisation. Quand on existe même très petit on peut envisager tout ça et le mettre en oeuvre.
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par zatek » 10 Fév 2015, 20:46

Trotsky affirme que:
"L'absence de révolution à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale serait la preuve de
l'incapacité historique du prolétariat à assumer le destin de la société tout entière,et qu'elle
obligerait à revoir les perspectives marxistes et à envisager un processus de décadence de
la civilisation humaine,dans laquelle il n'y aurait plus de place pour la révolution socialiste."
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par spartacre » 10 Fév 2015, 22:08

Remarque la prudence de la formulation de Trotsky . Il parle au conditionnel .


i
:?
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par Duffy » 11 Fév 2015, 00:42

Non.

Ce n'est tout simplement pas Trotsky qui parle, mais Broué, dans sa biographie de Trotsky de 1988.

La phrase complète (de Broué) :

Des commentateurs plus avisés s'attacheront cependant à une idée exprimée par Trotsky au cours du débat de 1939-1940 contre Burnham et Shachtman, et citée plus haut : il y affirme en effet que l'absence de révolution à la fin de la Seconde Guerre mondiale serait la preuve de l'incapacité historique du prolétariat à assumer le destin de la société tout entière, et qu'elle obligerait à revoir les perspectives marxistes et à envisager un processus de décadence de la civilisation humaine, dans laquelle il n'y aurait plus de place pour la révolution socialiste.


(Voir plus bas pour "l'idée exprimée par Trotsky et citée plus haut" par Broué).
Et Broué toujours, dans le paragraphe suivant immédiatement le précédent :

En chercheurs consciencieux, mes amis et moi avons pris l'hypothèse au sérieux et cherché dans ses papiers un développement ou au moins un brouillon, des notes, qu'il n'aurait pas manqué de rédiger si cette phrase avait exprimé pour lui une hypothèse sérieuse et non un procédé pour démontrer que ses adversaires manquaient de « l'optimisme révolutionnaire » le plus élémentaire. Nous n'avons rien trouvé. Nous le reprochera-t-on ? Notre ami Van pensait, lui, que cette phrase pouvait bien refléter le fond de la pensée de Trotsky et que ce dernier, à cette date, était prêt à « retailler la barbe de Marx », selon son expression. Il a vainement cherché avec nous et finalement renoncé, faute de documents, à faire le travail qu'il avait envisagé sur cette question. Je laisse à d'autres la responsabilité de tirer des conclusions définitives et profondes de ce passage.


Ce que dit Trotsky, cité par Broué (je mets la citation complète, celle faite par Broué est tronquée de telle façon qu'une phrase n'a absolument plus aucun sens, et qu'une autre perd une partie de son sens) :

Si cette guerre provoque, comme nous le croyons, la révolution prolétarienne, elle entraînera inévitablement le renversement de la bureaucratie en U.R.S.S. et la résurrection de la démocratie soviétique sur des bases économiques et culturelles infiniment plus élevées qu'en 1918. Dans ce cas, la question de savoir si la bureaucratie stalinienne est une "classe" ou une excroissance sur l'Etat ouvrier se résoudra d'elle-même. Il sera clair alors que, dans le processus du développement de la révolution internationale, la bureaucratie soviétique ne représentait qu'une rechute épisodique.

Si l'on considère, au contraire, que la guerre actuelle provoquera non point la révolution mais la déchéance du prolétariat, il n'existe alors qu'une autre issue à l'alternative : la décomposition ultérieure du capitalisme monopoliste, sa fusion ultérieure avec l'Etat et la disparition de la démocratie, là où elle s'est encore maintenue, au profit d'un régime totalitaire. L'incapacité du prolétariat à prendre en main la direction de la société pourrait effectivement dans ces conditions mener au développement d'une nouvelle classe exploiteuse issue de la bureaucratie bonapartiste et fasciste. Ce serait, selon toute vraisemblance, un régime de décadence qui signifierait le crépuscule de la civilisation.


Et, du même article (des paragraphes que ne cite pas du tout Broué) :

L'orientation vers la révolution internationale et la régénération de l'U.R.S.S.

Un délai d'un quart de siècle s'est révélé trop court pour le réarmement révolutionnaire de l'avant-garde prolétarienne internationale et trop long pour préserver le système soviétique dans un pays arriéré isolé. L'humanité en paie le prix aujourd'hui par une nouvelle guerre impérialiste. Mais la tâche essentielle de notre époque n'a pas changé pour cette simple raison qu'elle n'est pas résolue. Un acquis colossal dans le dernier quart de siècle et un gage inappréciable pour l'avenir voilà ce que représente le fait que l'un des détachements du prolétariat mondial à été capable de démontrer dans l'action comment la tâche peut être résolue.

La deuxième guerre impérialiste place la tâche encore non résolue à une étape historique encore plus haute. Elle met à l'épreuve une fois de plus non seulement la stabilité des régimes existants mais aussi la capacité du prolétariat de les remplacer. Les résultats de cette épreuve auront sans aucun doute une signification décisive pour notre appréciation de l'époque contemporaine en tant qu'époque de la révolution prolétarienne. Si, contrairement à toutes les probabilités, la Révolution d'Octobre ne trouve pas, au cours de la présente guerre, ou immédiatement après, son prolongement dans l'un ou l'autre des pays avancés ; et si, au contraire, le prolétariat est rejeté en arrière partout et sur tous les fronts, alors nous aurions à coup sûr à poser la question d'une révision de notre conception de la présente époque et de ses forces motrices, il ne s'agirait pas de savoir quelle étiquette coller sur l'U.R.S.S. ou la clique stalinienne mais d'une réévaluation des perspectives historiques mondiales pour les décennies, si ce n'est les siècles, à venir : sommes-nous entrés dans l'époque de la révolution sociale et de là société socialiste, ou au contraire dans l'époque de la société décadente de la bureaucratie totalitaire ?

Les schématiques dans le genre d'Hugo Urbahns et de Bruno R. commettent une double erreur : premièrement ils proclament que ce régime est déjà définitivement en place ; ensuite ils le définissent comme un long état transitoire de la société entre le capitalisme et le socialisme. Cependant il est tout à fait évident que si le bilan à tirer de l'expérience de notre époque entière et de là nouvelle guerre en cours c'était que le prolétariat se révèle incapable de devenir le maître de la société, cela signifierait l'effondrement de tous les espoirs en la révolution socialiste car on ne saurait certainement attendre des conditions plus favorables pour la révolution ; en tout état de cause personne ne peut ni les prévoir ni les définir.

Les marxistes n'ont pas le moindre droit (à moins de considérer le désenchantement et la lassitude comme un "droit") de tirer la conclusion que le prolétariat a épuisé ses possibilités révolutionnaires et doit abandonner ses prétentions à parvenir au pouvoir dans la toute prochaine période. Sur les balances de l'histoire vingt-cinq années correspondent à une heure de la vie d'une homme quand de très profonds changements des systèmes économiques et culturels sont en jeu. A quoi est bon un homme qui, pour quelques échecs empiriques qu'il subit pendant une heure ou une journée, abandonne le but qu'il s'était fixé à partir de l'expérience et de l'étude de toute sa vie antérieure? Dans les années sombres de la réaction russe (1907-1917) nous partions des possibilités qu'avait révélées le prolétariat russe en 1905. En ces années de réaction mondiale nous devons aussi partir des possibilités qu'a révélées le prolétariat russe en 1917. La Quatrième Internationale ne s'est pas désignée par hasard comme le parti mondial de la révolution socialiste. Notre voie est immuable. Notre orientation c'est celle qui mène à la révolution internationale et, par là-même, à la régénération de l'U.R.S.S. comme Etat ouvrier.


C'est dans Défense du marxisme, "L'URSS dans la guerre" (septembre 1939).

Bref, chacun en pensera ce qu'il veut, mais une chose certaine, c'est que ce que dit Broué de "l'idée exprimée par Trotsky" ne correspond pas à ce qu'a écrit, vraiment, Trotsky (qui ne parle pas "d'incapacité historique du prolétariat", pas plus que de "processus de décadence de la civilisation humaine, dans laquelle il n'y aurait plus de place pour la révolution socialiste" ; cela Broué l'invente, "en chercheur consciencieux" qu'il est, comme il dit). Par ailleurs, même tout ce dernier bout de texte cité est tout simplement incompréhensible sans le remettre dans le débat sur la nature de l'URSS et la guerre. Alors chacun peut constater qu'il n'y a pas eu de révolutions prolétariennes avec la Seconde guerre mondiale, mais en tirer des conclusions sur Trotsky qui aurait alors été prêt à abandonner le socialisme scientifique, la classe ouvrière et la révolution d'un coup, d'un seul, c'est délirant.
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Re: Pourquoi les Trotskystes ont-ils échoué?

Message par Zelda_Zbak » 11 Fév 2015, 13:36

spartacre a écrit :comme dit l 'autre " pas nécessaire d'espérer pour entreprendre "...

Pour reprendre la citation :
"Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer"

Je ne sais pas si elle est de Guillaume le Tactiturne, Charles le Téméraire ou du Chevalier de la Barre, je sais par contre que c'est la fanfaronnade la plus fausse que j'aie jamais entendu ! Et heureusement que les humains avant d'entreprendre quoi que ce soit, étudient la faisabilité du projet et ses chances de réussir, évaluent les progrès faits aux différentes étapes etc.
Whatever happens to you, choose it !
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