Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

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Re: Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

Message par com_71 » 15 Août 2015, 17:50

Engels, dans l'« Anti-Dühring » a écrit :
« C’est pourquoi nous repoussons toute prétention de nous imposer quelque dogmatisme moral que ce soit comme loi éthique éternelle, définitive, désormais immuable, sous le prétexte que le monde moral a lui aussi ses principes permanents qui sont au-dessus de l’histoire et des différences nationales. Nous affirmons, au contraire, que toute théorie morale du passé est, en dernière analyse, le produit de la situation économique de la société de son temps. Et de même que la société a évolué jusqu’ici dans des oppositions de classes, la morale a été constamment une morale de classe ; ou bien elle justifiait la domination et les intérêts de la classe dominante, ou bien elle représentait, dès que la classe opprimée devenait assez puissante, la révolte contre cette domination et les intérêts d’avenir des opprimés. »
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

Message par Zelda_Zbak » 18 Août 2015, 11:36

Cette vision de la morale me paraît réductrice. Ou bien je la comprends mal. Elle me paraît surtout un peu trop abstraite.
Si l'on remplace "morale" par "éthique" ou "valeur" pour la débarrasser de toute connotation religieuse, je vois plein de problématiques éthiques actuelles qui ne me semblent avoir aucun lien direct avec l'exploitation capitaliste.
Mais il faudrait des exemples concrets pour ne pas trop réfléchir en rond.
Alors restons donc dans le sujet qui nous occupe : le racisme.

Même si l'on veut schématiser, il n'y a pas 2 points de vue sur le sujet, mais bien 3.
Les racistes, les anti-racistes, et ceux qui s'en foutent, n'éprouvant ni préjugé contre un noir, juif ou arabe, ni agacement contre un raciste.
Il me semble que, quel que soit le régime social ou politique en place, l'on peut dire en tant que communiste que la seule attitude juste est l'anti-racisme et que l'on ne pourrait bien entendu en aucun cas justifier une attitude raciste, mais pas davantage considérer que le racisme est secondaire, que ce serait un mal sans gravité, que dans un contexte donné, bah, on peut laisser vivre.
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Re: Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

Message par artza » 19 Août 2015, 07:26

Racisme et anti-racisme sont des inventions récentes finalement. Trotsky parle de ça quelque part.

L'anti-racisme c'est comme l'anti-fascisme des années 30 un truc bien utile pour brouiller les cartes et agiter un leurre sous le nez des travailleurs.
Je n'ai pas dit que le fascisme est un leurre ou qu'il nous soit indifférent.

Il existe un mot et une "valeur" l'internationalisme et plus précis encore l'internationalisme prolétarien.

Je coupe là faute de temps...on verra ça en septembre.
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Re: Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

Message par com_71 » 19 Août 2015, 08:05

artza a écrit :Racisme et anti-racisme sont des inventions récentes finalement. Trotsky parle de ça quelque part.


Trotsky, Qu'est-ce que le national-socialisme a écrit :
Pour élever la nation au-dessus de l'histoire, on lui donne le soutien de la race. L'histoire est vue comme une émanation de la race. Les qualités de la race sont construites indépendamment des conditions sociales changeantes. Rejetant " la pensée économique " comme vile, le national-socialisme descend un étage plus bas : du matérialisme économique il passe au matérialisme zoologique.

La théorie de la race, qu'on dirait créée spécialement pour un autodidacte prétentieux et qui se présente comme la clé universelle de tous les secrets de la vie, apparaît sous un jour particulièrement lamentable à la lumière de l'histoire des idées. Pour fonder la religion du sang véritablement allemand, Hitler dut emprunter de seconde main les idées du racisme à un Français, diplomate et écrivain dilettante, le comte Gobineau. Hitler trouva une méthodologie politique toute prête chez les Italiens. Mussolini a largement utilisé la théorie de Marx de la lutte des classes. Le marxisme lui-même est le fruit de la combinaison de la philosophie allemande, de l'histoire française et de l'économie anglaise. Si l'on examine rétrospectivement la généalogie des idées, même les plus réactionnaires et les plus stupides, on ne trouve pas trace du racisme.

L'indigence infinie de la philosophie nationale-socialiste n'a pas empêché, évidemment, la science universitaire d'entrer toutes voiles déployées dans le chenal d'Hitler, une fois que sa victoire se fut suffisamment précisée. Les années du régime de Weimar furent pour la majorité de la racaille professorale, un temps de trouble et d'inquiétude. Les historiens, les économistes, les juristes et les philosophes se perdaient en conjectures pour savoir lequel des critères de vérité qui s'affrontaient, était le bon, c'est-à-dire quel camp resterait finalement maître de la situation. La dictature fasciste dissipe les doutes des Faust et les hésitations des Hamlet de l'Université. Sortant des ténèbres de la relativité parlementaire, la science entre à nouveau dans le royaume des absolus. Einstein fut obligé d'aller chercher refuge hors des frontières de l'Allemagne.

Sur le plan politique, le racisme est une variété hypertrophiée et vantarde du chauvinisme associé à la phrénologie. De même que l'aristocratie ruinée trouvait une consolation dans la noblesse de son sang, la petite bourgeoisie paupérisée s'enivre de contes sur les mérites particuliers de sa race. Il est intéressant de remarquer que les chefs du national-socialisme ne sont pas de purs Allemands, mais sont originaires d'Autriche comme Hitler lui-même, des anciennes provinces baltes de l'empire tsariste, comme Rosenberg, des pays coloniaux, comme l'actuel remplaçant d'Hitler à la direction du parti, Hess. Il a fallu l'école de l'agitation nationaliste barbare aux confins de la culture pour inspirer aux " chefs " les idées qui ont trouvé par la suite un écho dans le cœur des classes les plus barbares de l'Allemagne.
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Re: Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

Message par Zelda_Zbak » 19 Août 2015, 11:14

Merci Com, magnifique ce brûlot anti-raciste de Léon ! :mrgreen:

Les historiens, les économistes, les juristes et les philosophes se perdaient en conjectures pour savoir lequel des critères de vérité qui s'affrontaient, était le bon, c'est-à-dire quel camp resterait finalement maître de la situation.

Car de ce que je comprends, ces crétins plein de diplômes dissertent pour savoir "quelle race" l'emportera, et ne sont pas des anti-racistes, mais bien des racistes.

Artza a écrit :Il existe un mot et une "valeur" l'internationalisme et plus précis encore l'internationalisme prolétarien.

Oui, bien sûr. Ca c'est le moteur d'un communiste.
Alors que l'anti-racisme n'existe qu'en réaction au racisme, le féminisme qu'en réaction au sexisme, la lutte contre l'homophobie (tiens, là, il n'y a pas de lexique) qu'en réaction à l'homophobie... l'internationalisme communiste est une valeur positive qui inclue toutes ces opinions progressistes (puisque se battre contre une opinion réactionnaire est progressiste) mais ne se réduit pas à cela. L'internationalisme communiste propose une vraie société différente, un vrai avenir.
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Re: Indigènes de la république, racisme et "philosémitisme"

Message par com_71 » 21 Août 2015, 11:13

Ce texte, de Trotsky :
https://www.marxists.org/francais/trots ... itisme.htm

et celui-là, de Lénine :
RUSSES ET NEGRES

Quel étrange rapprochement, se dira le lecteur, comment peut-on placer côte à côte une race et une nation ?

Le rapprochement est pourtant possible. Les Nègres ont été les derniers à s’affranchir de l’esclavage et plus que les autres ils en portent encore les lourdes séquelles, ceci même dans les pays avancés, car le capitalisme ne peut « comporter » d’autre libération que celle accordée par la loi, laquelle est d’ailleurs restreinte autant qu’il se peut.

L’histoire dit des Russes qu’ils se sont « presque » libérés du joug du servage en 1861. C’est à peu près à la même époque, après la guerre civile contre les propriétaires d’esclaves américains, que les Nègres d’Amérique du Nord se sont affranchis de l’esclavage.

L’affranchissement des esclaves américains s’est effectué d’une manière moins « réformiste » que celui des esclaves russes.

C’est pourquoi à présent, un demi-siècle plus tard, les séquelles de l’esclavage sont beaucoup plus marquées sur les Russes que sur les Nègres. Et il serait sûrement plus juste de parler non seulement des séquelles mais aussi des institutions… Dans le présent article, nous nous bornerons toutefois à une petite illustration de ce que nous venons de dire : le problème de l’instruction. On sait que l’analphabétisme est une des séquelles de l’esclavage. Dans un pays opprimé par les pachas, les Pourichkévitch, etc., la majorité de la population ne peut être instruite.

En Russie, il y a 73 % d’analphabètes, sans compter les enfants âgés de moins de neuf ans.

Parmi les Nègres des Etats-Unis d’Amérique, il y avait, en 1900, 44,5 % d’analphabètes.

Ce pourcentage scandaleusement élevé d’analphabètes est une honte pour un pays civilisé, avancé comme la république d’Amérique du Nord. Et chacun sait de plus que, dans l’ensemble, la situation des Nègres d’Amérique est indigne d’un pays civilisé : le capitalisme ne peut donner une libération complète, ni même une égalité complète.

Il est instructif de savoir que parmi les blancs d’Amérique le pourcentage des analphabètes n’est que de 6 %. Mais si nous divisons l’Amérique en zones anciennement esclavagistes (la « Russie » américaine) et en zones non esclavagistes (la non-Russie américaine) nous obtenons pour la population blanche un pourcentage d’analphabètes égal à 11-12 % pour les premières zones et 4 à 6 % pour les secondes !

Il y a donc deux fois plus d’analphabètes parmi les blancs dans les ex-zones d’esclavage. Il n’y a pas que les Nègres qui portent les séquelles de l’esclavage !

Honte à l’Amérique pour la situation qu’elle fait aux Nègres !...


illustrent bien à quel point, pour eux, le mépris de "race" est inclus dans l'histoire des rapports entre nations. Et donc la lutte contre lui se confond avec la lutte contre le chauvinisme de "grande nation", pour l'internationalisme prolétarien.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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