François Maspéro...

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

François Maspéro...

Message par artza » 13 Avr 2015, 10:03

...est décédé.

Libraire, éditeur tint avec courage et détermination tout au long de la guerre d'Algérie un rôle indispensable.

Ensuite écrivain.
Il faut (re)lire et faire lire son "Honneur de Saint-Arnaud" officier dépravé, une première fois viré de l'armée pour vol puis gigolo. Réintégré, massacreur et pillard lors de la conquête de l'Algérie (sac de Constantine). Putschiste du 2 décembre pour le compte de Napoléon le petit.
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Re: François Maspéro...

Message par satanas » 13 Avr 2015, 14:43

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Re: François Maspéro...

Message par Zorglub » 13 Avr 2015, 18:47

Bon article du Monde en ligne qui est devenu payant.

En même temps, le décès de Günter Grass, auteur de Le tambour, Tête de turc, dans lequel il raconte sa vie grimé en immigré turque, de Pelure d'oignon où il raconte son passé dans les Waffen SS. Et aussi d'un livre acerbe sur la réunification/annexion de la RDA. Quelqu'un a-t-il lu ce dernier ?
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Re: François Maspéro...

Message par satanas » 13 Avr 2015, 18:53

Je pense que "Tête de Turc" n'est pas lui mais de Gunter Wallraff.
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Re: François Maspéro...

Message par Zorglub » 13 Avr 2015, 19:25

Oups, désolé pour la méprise. Merci Satanas.

Autre décès, Eduardo Galeano (Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, cette fois j'en suis sûr).
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Re: François Maspéro...

Message par kaïre » 14 Avr 2015, 07:21

Le voilà :

François Maspero, enfant des guerres du XXe siècle
LE MONDE | 13.04.2015 à 11h57• Mis à jour le13.04.2015 à 12h47 |Par Catherine Simon

Comme les chats, l’éditeur François Maspero, qui fut aussi libraire, traducteur, écrivain, a eu plusieurs vies – sombres souvent, lumineuses parfois. Il est mort, samedi 11 avril, à Paris, à l’âge de 83 ans.« Tout en moi affirme que je suis né le 24 juillet 1944, à l’âge de 12 ans et demi, écrit-il, dans l’un de ses récits autobiographiques, Les Abeilles & la Guêpe (Seuil, 2002). Ce n’est pas une boutade, encore moins une image. »
« En guise de sage-femme, je vois, puisque j’ai le privilège de me souvenir de ma venue au monde, le visage d’un agent de la Gestapo », poursuit-il, évoquant cet été tragique, durant lequel ses parents sont arrêtés et déportés par l’occupant nazi. Son père, le sinologue Henri Maspero, meurt quelques mois plus tard, le 17 mars 1945, au camp de Buchenwald. Son frère Jean, résistant, est, lui, tué au maquis, à l’âge de 19 ans. Seule sa mère, détenue à Ravensbrück, survit.
« Tout s’éteint d’un coup » dans la vie du petit garçon. « J’ai eu, depuis, comme je le souhaite à tous, mes jours, mes années de soleil. Mais quelque chose me dit toujours que ce n’est pas le même que ce soleil-là, celui dont je sais seulement qu’il brillait avant ma seconde naissance », songe à voix haute, au seuil de la vieillesse, cet enfant de la guerre.
De la guerre ou des guerres – dont l’Europe du XXe siècle fut criblée, façonnée, meurtrie. C’est d’ailleurs avec La Guerre d’Espagne, un essai de Pietro Nenni, dirigeant du Parti socialiste italien, que les éditions François Maspero entameront, le 15 juin 1959, leur exceptionnelle carrière. Et c’est à la guerre d’Algérie (1954-1962), à la lutte contre la torture, à la dénonciation des ratonnades, au combat anticolonialiste, que le nom de Maspero est lié, indéfectiblement.

Une famille joyeuse à défaut d’être heureuse
Né en 1932, à Paris, François Maspero a grandi dans les livres. Son grand-père paternel, Gaston Maspero, est un égyptologue de renom ; son père, un éminent spécialiste de la Chine et de l’Extrême-Orient. Tous deux ont été professeurs au Collège de France. Du côté de sa mère ? « C’est la bourgeoisie de Boulogne-sur-Mer [Pas-de-Calais]. Une fortune à la Rougon-Macquart », résume-t-il. La famille Maspero est une « famille joyeuse », à défaut d’être heureuse. Du moins, jusqu’au fer rouge de l’été 1944.
Après une « scolarité exécrable », selon ses propres mots, et las d’« aimer des ombres », le jeune homme se marie, devient père et reprend « une boutique à l’abandon, qui sentait le pipi de chat », rue Monsieur-Le-Prince. Il a 23 ans. A cette première librairie parisienne, ouverte en 1955, baptisée L’Escalier, succède, en 1957, une plus grande, La Joie de lire, rue Saint-Séverin, en plein Quartier latin. C’est là, dans le petit bureau du sous-sol, que l’apprenti libraire s’improvise éditeur, s’aidant des conseils de son ami Guy Lévis Mano, poète, éditeur et imprimeur lui-même.
De l’été 1959 jusqu’à la fin de l’année 1960, François Maspero « officie pratiquement seul (…), corrigeant, composant les livres et créant jusqu’aux couvertures », raconte l’historien Julien Hage, dans le très bel ouvrage, Maspero et les paysages humains (La Fosse aux ours-A plus d’un titre, 2009) qui lui a été consacré.
Pourquoi devenir éditeur et publier des livres ? A cause des guerres, bien sûr. Ou, plus précisément, « du caractère insoutenable des guerres coloniales » – en Indochine d’abord, à Madagascar, puis en Afrique du Nord, indique Maspero, dans un entretien accordé, en 1990, à Miguel Benasayag. A cause, aussi, ajoute-t-il, de la « désillusion face au communisme soviétique ». La guerre et la lutte politique forment la matrice intellectuelle de la génération à laquelle appartient Maspero. Lequel n’hésitera pas à s’encarter, d’abord, brièvement, au Parti communiste (de l’été 1955 à la fin de l’hiver 1956), puis à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d’Alain Krivine, au début des années 1970. Le lancement, en novembre 1979, de la revue L’Alternative témoignera de ce souci constant de donner la parole aux oppositions, à « la “dissidence” dans toute sa diversité », selon le mot de Julien Hage. Et ce, bien avant l’effondrement du mur de Berlin (le 9 novembre 1989).

Censure
La collection « Cahiers libres », lancée en 1959, ainsi baptisée en hommage aux Cahiers de Charles Péguy, vise à « combler les lacunes de l’information sur la guerre d’Algérie », explique Fanchita Gonzalez Batlle, dans Maspero et les paysages humains. Elle fait partie, avec Jean-Philippe Talbo-Bernigaud, Marie-Thérèse Maugis et Emile Copfermann, de l’équipe de départ de la maison d’édition. Parmi les premiers livres de cette collection « Cahiers libres », reconnaissable à son bandeau vertical de couleur vive, on trouve L’An V de la révolution algérienne (1959), de Frantz Fanon, Ratonnades à Paris, long article (non signé), de Paulette Péju, L’Algérie, nation et société (1965), de Mostefa Lacheraf. Créée en 1961, la revue Partisans devient l’un des porte-voix incontournables du mouvement anticolonialiste.
La censure gaulliste s’abat immédiatement : une quinzaine d’interdictions frappent les livres et les trois premiers numéros de Partisans. Avec les Editions de Minuit, fondées par Jérôme Lindon, les éditions Maspero sont les seules, en France, à oser braver le pouvoir et la répression – sans oublier les attentats, nombreux, de l’extrême droite et de l’OAS. Tandis que l’Algérie s’embrase et que le préfet Maurice Papon déchaîne la furie policière contre les manifestants, tandis que les luttes de libération enflamment ce qu’on n’appelle pas encore le tiers-monde, la France pré-soixante-huitarde amorce sa percée. Les livres de Maspero et sa revue Partisans (publiée jusqu’en 1973) accompagnent et expriment les espoirs de cette génération.
« Nous avions bricolé un système de distribution des livres interdits concernant l’Algérie avec les éditeurs étrangers La Cité de Nils Andersson, à Lausanne, ou Feltrinelli, à Milan », rappelle Jean-Philippe Talbo-Bernigaud. Certains ouvrages, censurés en France, sont ainsi diffusés à partir de la Suisse ou de l’Italie. Voire édités et renvoyés en France, sous le manteau, comme La Question (1958), d’Henri Alleg (d’abord édité chez Minuit, mais aussitôt interdit) ou Une victoire (1958), de Jean-Paul Sartre.
Nées de – et contre – la guerre d’Algérie, les éditions de la rue Saint-Séverin en sortent financièrement épuisées. Les amendes et les interdictions qui frappent de nombreux ouvrages – pas seulement sur l’Algérie : le livre accablant de Mongo Beti (1932-2001), Main basse sur le Cameroun (1972), subit la censure, sous prétexte d’être un « livre d’origine étrangère » – ont vidé les caisses. S’y ajoute le fléau des vols de livres, commis en toute impunité et qui contribuent pour beaucoup à la faillite de La Joie de lire. La librairie, fréquentée par toute la jeunesse estudiantine et le monde universitaire, adulée des groupes gauchistes, est vendue, puis contrainte de fermer ses portes, en 1976.

Difficile transition
Les éditions, elles, ont le vent en poupe. De nouvelles collections sont créées – dont la fameuse « Petite collection Maspero », la PCM. Editeur du philosophe Louis Althusser, à qui il confie la collection « Théorie » (qui accueille Etienne Balibar, Pierre Macherey,...), il lance aussi « Action poétique », sous la direction d’Henri Deluy et Jacques Roubaud. Au total, en quelque vingt-quatre années d’existence, plus de 1 350 titres et une dizaine de revues sont publiés. De Pierre Vidal-Naquet à Gérard Chaliand ou à Louis Althusser, d’Elisabeth Roudinesco à Bernard Henri-Lévy ou à Tahar Ben Jelloun, nombre de figures connues ont été éditées par « Masp », comme certains de ses proches le surnomment. Ce n’est qu’en 1982 que François Maspero se décide à passer la main. Sa fille Brigitte, pas plus que son fils Louis ne souhaitent prendre la relève. Les clés de la maison sont données à un jeune collaborateur, François Gèze, qui assure la – difficile – transition et prend la tête de la maison, rebaptisée désormais La Découverte.
L’heure de la retraite n’a, pourtant, pas sonné. Au contraire. Traducteur de John Reed et d’Eduardo Mendoza, ami du cinéaste Chris Marker, de l’éditeur José Martinez ou du journaliste Sadek Aissat, l’homme aux liens et aux talents multiples, ce « gardien de phare », comme dit de lui l’acteur Michel Piccoli, cet amoureux de l’image et des mots, se met lui-même à écrire. La plupart de ses romans – parmi lesquels Le Sourire du chat (1984), Le Figuier (1988), Le Temps des Italiens (1994) ou La Plage noire (1995), tous édités au Seuil – sont des plongées dans le passé, des contre-plongées plutôt, tant elles éclairent d’une lumière douce et neuve des périodes ou des rêves révolus.
L’Algérie, qui fut au cœur de sa vie d’éditeur, lui inspire un livre magistral, L’Honneur de Saint-Arnaud (1992, réédité en 2012, Le Seuil). D’autres livres, mi-documentaires, mi-reportages littéraires, comme Les Passagers du Roissy-Express (1990, Seuil), alternent avec des carnets de route, publiés par Le Monde, qui entraînent le lecteur à sa suite, à Cuba, dans les Balkans, en Palestine.
D’un caractère ombrageux, souvent bourru, François Maspero avait survécu à une tentative de suicide, en 1973. Son grand-père Gaston avait fait graver sur sa tombe, rappelle-t-il dans Les Abeilles & la Guêpe, ces deux mots italiens : « Ma spero » (« mais j’espère »). Dans ce même livre, évoquant les morts qui le hantent, il concluait : « Il est surtout utile d’aimer les vivants. Les vrais. »

François Maspero en 5 dates
19 janvier 1932 : naissance à Paris.
1957 : ouverture de la librairie La Joie de lire.
1959 : naissance des éditions Maspero.
1984 : premier roman, Le Sourire du chat.
11 avril 2015 : Mort à Paris, à 83 ans.
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Re: François Maspéro...

Message par artza » 14 Avr 2015, 08:08

Ce que Maspéro dit de lui et de son travail :

À nos yeux, François Maspero a été l’un des grands passeurs de la pensée et de l’héritage communiste et anticolonialiste de l’après-guerre. Les éditions Maspero sont une référence incontournable de l’édition critique. Elles ont été le théâtre de débats importants à l’extrême gauche dans les années 1960-1970 et ont joué un rôle pionnier sur de nombreux plans. Maspero est celui qui a publié Fanon, les écrits politiques de Baldwin, Malcolm X, le Che, des anthologies des classiques du mouvement ouvrier, la collection « Théorie » de Louis Althusser, la revue « Partisans »… Nous avons souhaité l’interroger sur son projet et les ambitions éditoriales qu’il avait à l’époque. Nous reproduisons ici ce qu’il appelle une « tentative de réponse » à nos questions.


Au vu de vos questions, il m’apparaît qu’elles reposent sur quelques malentendus.

Le premier réside dans l’emploi répété des mots « théorie » et « théorique ».

Vous êtes une revue marxiste ce que je respecte tout à fait : c’est une grille de lecture de la société qui a fait ses preuves. Cela dit, il faut bien comprendre que je n’ai pas été vraiment marxiste — et encore moins formé à la théorie. Je ne suis guère allé plus loin dans la lecture de Marx que le Manifeste. J’ai intégré la vie active à 21 ans en travaillant à la mise en forme d’un dictionnaire technique anglais-français pour les éditions Gauthier-Villars, une fois reçu au bac après quatre échecs successifs, et après avoir préparé un certificat d’ethnologie au Musée de l’homme. Ma conception de l’histoire, de la société et de la vie est surtout affective, probablement du fait d’avoir baigné dès l’enfance et l’adolescence dans une famille de résistants. Cette conception, à partir de ce que j’ai connu de la guerre — et de toutes celles qui ont suivi — serait plutôt shakespearienne : pour paraphraser sommairement Macbeth : « une histoire pleine de bruit et de fureur, écrite par un fou et racontée par un idiot. » Disons aussi que je dois beaucoup à Sartre pour la conception de la liberté, et que je n’ai jamais renié Camus.

Ensuite, vous n’avez pas voulu prêter attention — indulgence, incrédulité de votre part ? — à ce que je vous ai écrit : « Je n’ai été qu’à la croisée de leurs chemins [des auteurs], un peu comme une éponge, juste capable d’absorber et de régurgiter. En l’occurrence, de mettre en forme, et rien de plus ».

J’insiste là-dessus. Pierre Vidal-Naquet m’a défini un jour comme un « intellectuel organique », en m’expliquant que c’était un terme employé par Gramsci et je lui ai fait confiance.

Vous me demandez de « revenir sur les liens qui se sont tissés entre la librairie « La joie de lire », l’activité éditoriale et le monde militant dans l’aventure des éditions Maspero ». De fait, après avoir très mal vécu et encore plus mal supporté l’enseignement de l’ethnologie de l’époque, j’ai eu, dans ma première librairie, rue Monsieur-le-Prince, l’occasion de rencontrer des lecteurs de Présence Africaine, des militants des colonies portugaises, dont Mario de Andrade, Amilcar Cabral, et plus généralement anticolonialistes, et des visiteurs aussi divers que Césaire (alors député), Senghor (alors sénateur) et L. G. Damas. Grâce à Mario de Andrade, je suis entré en contact avec Fanon pour éditer L’An V de la révolution algérienne, évidemment refusé par tous les éditeurs. C’est aussi le temps de mes liens avec Peuple et Culture. De fin 1955 à fin 1956, dans la foulée du « Dégel », j’ai adhéré au parti communiste, dont j’ai été exclu pour avoir protesté simultanément contre Budapest et les réticences du parti communiste à s’engager réellement contre la guerre d’Algérie : je me suis fait reprocher par André Tollet (membre du comité central) de « dégueuler sur le parti ». Une expérience extrêmement bénéfique.

Je me suis ensuite endetté pour acquérir « La joie de lire », et tout a bien marché jusqu’à 1968 (une fois passés, durant la guerre d’Algérie, les attentats, les saisies à répétition très coûteuses et les inculpations pour atteinte à la sûreté de l’État, incitation de militaires à la désobéissance et à la désertion, et j’en passe.) ; nous étions 7 à y travailler, et je n’aurais jamais dû m’endetter de nouveau pour doubler la surface et passer à une trentaine de travailleurs (ils refusaient le terme d’ « employés »). À partir de ce moment, c’est devenu infernal. Je tenais alors beaucoup à une direction collective, et l’un de ses principaux membres, Émile Copfermann, dont l’apport a été par ailleurs inestimable, particulièrement sur le plan de l’éducation, de la psychiatrie et du théâtre, avait pour conception qu’il fallait éditer tout ce qui « contribuait au débat », et j’y ai un temps adhéré. D’où des brochures émanant aussi bien de groupes maoïstes, que du groupe Révolution !, du Front solidarité Indochine, de l’École émancipée et d’autres dont j’ai oublié les noms, et, effectivement, de la Ligue communiste. Publiant la revue Tricontinental interdite et divers livres sur les dictatures africaines, j’étais accablé de procès et de condamnations (dont l’une pour avoir insulté un grand ami de la France, Mobutu : « publication d’ouvrage étranger », « injures à chef d’État «étranger ») à des sommes énormes, à la privation de mes droits civiques et même à trois mois de prison (que je n’ai pas faits grâce à la mort de Pompidou, Giscard ayant eu la bonne idée de déclarer une amnistie pour les petites peines). Et dans le même temps, une grande part des mêmes groupes qui éditaient leurs brochures chez moi prônait le vol (« piquer chez Masp »), parce que c’était « révolutionnaire ». Une majorité de « travailleurs » de la librairie laissaient faire en arguant qu’ils n’avaient pas été embauchés pour jouer les flics. J’ajoute que je ne pouvais pas faire appel à la police car, après en avoir discuté avec le commissaire du quartier, il m’avait mis en garde, vu l’affluence dans la librairie, contre de probables troubles en cas d’arrestation, ce qui donnerait à la préfecture, trop heureuse de l’occasion, un motif pour fermer la librairie.

J’ai adhéré à la Ligue communiste en 1970, surtout pour réagir contre les membres de la direction collective qui se proclamaient militants et ne l’étaient pas du tout (le plus cauchemardesque des collaborateurs de Partisans étant un certain Boris Fraenkel). Cette adhésion, je la dois surtout à mon ami — qui l’est resté jusqu’à la fin — Daniel Bensaïd. Puis est venu un accident de moto, une grave dépression et finalement une tentative de suicide qui m’a tenu plusieurs jours dans le coma et que, bien entendu, on s’est empressé de considérer bidon. En 1973, j’ai mis fin à l’édition des brochures, des revues Partisans et Tricontinental : cette dernière, par mon obstination stupide à en continuer la parution, alors que j’avais dans un premier temps écrit aux responsables cubains qu’elle ne correspondait pas aux espoirs que le Che y avait placés, ruinait la maison. Difficilement remis, je n’ai pas appartenu à la LCR. nouvelle mouture, ni plus rien publié qui soit signé d’elle.

À cette époque aussi, beaucoup d’auteurs se sont mobilisés dans un grand mouvement de solidarité pour faire face aux difficultés des éditions, ce qui est à tout le moins peu courant. J’ai alors décidé de vendre La Joie de lire, ce qui était la seule solution dans la mesure où une grande partie de ses « travailleurs » étaient de plus en plus incontrôlable (les auteurs mobilisés, découragés par leurs discussion avec eux, ont décidé de ne défendre que les seules éditions), et où les acheteurs s’engageaient à garder le personnel. Puis ceux-ci se sont dépêchés de se déclarer en liquidation après avoir largement puisé dans la caisse, ce qui leur a valu procès et condamnation en correctionnelle, mais ceci est une autre histoire.

De tout cela, je retiens deux extrêmes : d’une part la formidable mobilisation des auteurs ; et à l’opposé, certaine visite d’Alain Geismar et de Serge July venus me proposer leur livre Vers la guerre civile et qui, sur mon refus, m’ont aboyé que le jour viendrait où je devrais restituer toute la laine que j’avais tondue sur le dos de la révolution.

Vous parlez de « projet politique », d’« activité théorique », d’« impératifs politiques et théoriques ». Je ne vois pas les choses comme ça. Je dirai seulement que j’ai toujours été sensible aux luttes des peuples pour leur liberté et concerné par cet axiome : « un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre ». Pierre Vidal-Naquet a établi de subtiles distinctions parmi les opposants au colonialisme et au néo-colonialisme : héritage dreyfusard, héritage de la résistance, morale judéo-chrétienne (je cite de mémoire). Franchement, je ne sais pas de laquelle de ces catégories je relève. En tout cas, j’ai soutenu la lutte du peuple algérien, en liaison avec la fédération de France du FLN. J’ai vu assez vite la confiscation de cette lutte au profit d’une nouvelle oligarchie. J’ai mis beaucoup d’espérance dans les débuts de la révolution cubaine, et j’ai pris mes distances après la mort du Che, étant allé moi-même par deux fois en Bolivie. La militarisation de la société cubaine et l’alignement sur l’Union soviétique ont fait le reste. Mais je n’ai jamais renoncé à soutenir tout ce qui m’apparaissait porteur d’espoir. Je repense souvent à cette phrase de La Fêlure de Scott Fitzgerald que Jorge Semprun aimait citer : « Il faut savoir que les choses sont sans espoir et être pourtant déterminé à les changer. »

J’ajoute que j’ai toujours eu pour principe, à partir du moment où je publiais un auteur, de le soutenir en cas de nécessité : c’est ainsi que, par exemple, je me suis fait expulser de Bolivie, puis d’Espagne pour être allé témoigner en faveur de l’auteur d’une biographie de Franco, et que je suis allé manifester en Israël, en 1971, ma solidarité avec un auteur palestinien interné dans un camp. Du moment qu’on publie, on est responsable jusqu’au bout.

Permettez-moi encore de vous dire que je suis incapable de répondre à votre question : « Selon quels impératifs politiques ou théoriques avez-vous favorisé “l’importation” dans l’espace français d’écrits et de débats stratégiques ayant trait, etc. ? » J’ai seulement fait ce qui, à l’époque, à tort ou à raison, m’a semblé juste, et rien d’autre. Je sais qu’en Mai 68 j’entendais répéter : « la morale, y’en a rien à foutre. » Pourtant je reste convaincu qu’il existe une morale révolutionnaire (dont Trotsky a écrit qu’elle exige par rapport à la morale bourgeoise « un courage moral d’un autre calibre »). Et à part quelques couacs (la publication, toujours pour « participer au débat », d’Albanie, terre de l’homme nouveau de Gilbert Mury, de textes d’Enver Hodja et de la collection « Yenan » d’Alain Badiou… que je ne cesse de regretter, je pense ne pas m’en être trop mal tiré.

Vous voulez savoir comment m’est venue l’idée de publier des traductions de la « pensée noire américaine » : c’était dans la droite ligne de ce que j’ai dit plus haut, sans plus : un minimum d’intérêt pour ce qui se passait dans le monde — un minimum sans lequel on ne devrait pas mériter la qualité d’être humain. Cela ne s’est d’ailleurs pas produit « dès la fin des années 1950 », disons même que j’ai été en retard. J’ai manqué la publication d’autres livres (ou je n’en ai pas eu les moyens), comme par exemple ceux de Du Bois dont m’avait pourtant beaucoup parlé mon ami Abdou Moumouni.

De la même manière, j’ai publié des textes de la Fraction Armée Rouge allemande, tout en précisant, cette fois, dans un court avant-propos, d’une part l’importance que l’on devait leur accorder et en quoi nous devions nous sentir concernés, et d’autre part l’impasse où ils me semblaient mener.

Vous me demandez si « l’édition “engagée” peut intervenir dans la recomposition politique de la gauche radicale. » D’abord je réfute ce terme d’ « engagée » appliqué à l’édition : le véritablement engagement requiert une action plus directement concrète que le seul fait d’éditer des livres, sinon c’est vraiment s’en tirer à bon compte. Ensuite je vous rappelle que les temps ont profondément changé : à l’époque où j’ai publié les premiers textes, le livre était encore un medium de premier plan, presque au même titre que les journaux, la radio, et la télévision qui n’avait qu’une chaîne. La photocopie était embryonnaire, et Internet pas même imaginable. Je suis conscient que certains livres ou brochures peuvent encore aujourd’hui avoir un effet de masse : je pense bien sûr à Indignez-vous de Stéphane Hessel, encore que malgré toute l’amitié qui nous a unis, je trouve inopérante et tout à fait insuffisante la seule indignation, et je me suis gardé de la pratiquer dans mes propres écrits.

Il me semble quand même qu’à l’époque de l’individualisation à outrance, du Web, des réseaux sociaux et tutti quanti, ce doit être difficile pour la seule édition que vous qualifiez d’ « engagée » d’intervenir efficacement dans la recomposition politique de la « gauche radicale », terme qu’il conviendrait d’ailleurs de préciser un peu, tant il me semble englober tout et n’importe quoi — ce qui fait un peu désordre, quand on se réclame de la « théorie ».

Vous voulez que je revienne sur ma rencontre avec Louis Althusser et Charles Bettelheim. Pour Louis Althusser, les rapports ont été affectueux (sauf dans les montées de crise maniaque, où il devenait impossible : c’est ainsi qu’il m’a sommé un jour de me remplacer à la direction des éditions par Étienne Balibar). Il faisait une excellente épaule d’agneau aux pêches (ou aux abricots, je ne sais plus) : mais évidemment il n’a été question de philosophie qu’épisodiquement, il me tenait à mon niveau et c’était bien comme ça. À part la liberté totale qu’il avait pour gérer sa collection, il n’a pas eu d’influence notoire sur le reste de la production. Il avait coutume de dire, avec une certaine condescendance que ce que je publiais était « du domaine de l’idéologie », terme pour lui éminemment péjoratif, ou alors que je sortais « trop de mauvais livres » (je ne lui donne d’ailleurs pas toujours tort). Toutefois, à trois reprises j’ai dû publier dans les « Cahier libres » des livres qu’il avait d’abord programmés dans sa collection et pour lesquels j’avais donc signé un contrat : le premier, Bangla Desh, nationalisme dans la révolution, de Bernard-Henri Lévy ; puis L’intelligence au pouvoir de Michèle Loi (sur les merveilles de la révolution culturelle, si j’ai bonne mémoire) ; et surtout Lettres de l’intérieur du parti de M. A. Macciocchi : dans ce cas particulier, le livre devait comporter au départ les lettres de Macciocchi et les réponses d’Althusser, puis ce dernier a brutalement renoncé aux siennes, ce qui ne présentait plus guère d’intérêt. Mais enfin, je le répète, les relations avec Althusser ont été amicales. Il avait toujours besoin de séduire. Cela ne l’a évidemment pas empêché d’aller créer une autre collection — « Analyse » — chez Hachette… J’ajoute que j’avais beaucoup d’affection pour sa femme Hélène, mais là aussi, c’est une autre histoire.

Pour Charles Bettelheim, c’est simple : j’ai eu peu de contacts avec lui, tout passait par son collaborateur, Jacques Charrière (directeur par ailleurs du périodique L’Avant-Scène). Je prenais les consignes et j’obéissais ; je n’ai eu qu’un problème, c’est avec un certain Dumenil dont il me semble qu’il a fait son chemin depuis. Je ne pense pas que cette collection bien délimitée ait eu quelque influence sur les autres publications, que ce soit dans la série « sociologie » (Wright Mills) ou « économie » (André Gunder Frank) et plus tard avec Critique de l’économie politique.

Le seul qui m’ait honoré de ses considérations hautement théoriques est Maurice Godelier qui m’en a abreuvé des heures durant, malheureusement (ou heureusement ?) souvent incompréhensibles pour moi. Je lui suis néanmoins reconnaissant de la publication de plusieurs grands classiques de l’anthropologie (Byzance noire, De la Souillure), mais celle des Jardins de corail de Malinowski ne relève pas de lui mais d’un vieux rêve personnel. Et je ne lui dois pas non plus un grand nombre de publications relevant de près ou de loin de l’anthropologie, comme Le long voyage des gens du Fleuve, Les fleurs du Congo, Le Royaume du Waalo, les livres de Basil Davidson, Claude Maillassoux,M. H. Dowidar, Pierre-Philippe Rey, Gérard Althabe, Mahjemout Diop, etc. (Je rappelle ici que le troisième livre que j’ai publié dès 1959 était Au pied du mont Kenya, thèse sur son propre peuple de Jomo Kenyatta, alors en prison, avec une préface de Georges Balandier.)

En revanche, j’ai pu profiter de beaucoup d’apports et de conseils, débordants de générosité, venant d’auteurs comme Christian Baudelot, cité dans un mail précédent, et d’autres tels que (dans le désordre) Roger Gentis, Yves Benot, Abdou Moumouni, Albert Memmi, Yves Lacoste (avant le virage de la revue Hérodote de la géographie à la géopolitique intervenu après mon départ), Jean Copans, Pierre Vidal-Naquet, Jean Maitron, Gérard Althabe (qui a animé la collection « Luttes sociales »), Elizabeth Roudinesco, Mouloud Mammeri (qui m’a fait publier les Isfra de Si Mohand et sa Grammaire berbère), Taos Amrouche, et tant d’autres qui foisonnaient. J’ai probablement su être suffisamment à l’écoute de leurs suggestions, et chaque auteur apportait les siennes. Georges Haupt, à qui j’ai demandé de diriger la « Bibliothèque socialiste » était à lui seul tout un roman, ses suggestions sur l’histoire du mouvement socialiste fusaient comme un feu d’artifice. J. P. Vernant, outre l’apport inestimable de ses livres, s’est toujours comporté envers moi comme un frère plus âgé : c’était un homme qui, jusqu’aux derniers temps avant sa mort, vous donnait une formidable envie de vivre. Grâce à lui et à P. Vidal-Naquet, j’ai pu publier une collection d’études grecques et romaines qui a marqué son temps. Enfin je n’aurai garde d’oublier Chris Marker, sans qui, tout bonnement, je n’aurais jamais été le peu que j’ai été. Il m a fait entre autres partager l’idéal de ce qu’était alors Peuple et Culture, et beaucoup plus encore : toute une vision du monde où le rêve restait toujours au cœur de la réalité ; sans le rêve (et contrairement à l’utopie), une vie ne peut être que végétative. Lui aussi, et plus encore, m’a donné cette même envie et cette même force de vivre et de ne pas renoncer au métier.

J’ai pris un plaisir particulier à nourrir trois collections. « Voix », confiée à Fanchita Gonzalez-Batlle et consacrée à la poésie, avec par exemple le succès du Septième homme de John Berger, des poèmes de Nâzim Hikmet et des premiers livres de Tahar Ben Jelloun : « Réintroduire le poétique au cœur du politique », disait Édouard Glissant, dont j’ai un temps publié la revue Acoma. « Actes et Mémoires du peuple », que j’ai dirigée personnellement sous le nom de Louis Constant et dont le best-seller reste toujours Les carnets de guerre de Louis Barthas édités grâce à Rémy Cazals. Puis « La Découverte », fondée sur des récits de voyage, pas seulement européens : l’Inca Garcilaso de la Vega, Ibn Batouta ou Juan Pérez Jolote…

Un autre aspect des éditions a été de se mettre au service d’organisations telles que la CFDT, l’Union générale des travailleurs sénégalais (mon camarade et ami Sally N’Dongo), l’École émancipée, le Planning familial, le syndicat de la magistrature, les Paysans Travailleurs (ancêtres de la Confédération Paysanne, avec Bernard Lambert) ; et surtout le Gisti en imprimant à prix coûtant des livres et des cahiers d’alphabétisation.

J’ai beaucoup aimé ce métier, et particulièrement tout ce qui relevait de la conception graphique, du travail avec les imprimeurs, et des échanges avec les auteurs, formidablement stimulants quand ils voulaient bien se mettre à ma portée. À mesure que le temps a passé, j’ai pris de plus en plus la profession en détestation. Au point de la qualifier, encore récemment, de proxénétisme. Chez beaucoup de « grands » (et parfois moins grands) éditeurs, il y a des comportements possessifs odieux. Simplement, je hais autant la possession que le pouvoir. Et haïr le pouvoir (que ce soit sur les individus ou pour le choix des livres) est quand même embêtant quand on est censé diriger une entreprise (même prétendument intellectuelle) — ce que j’ai fait, hélas, beaucoup trop longtemps…

Lorsque j’ai engagé François Gèze fin 1980, il dirigeait déjà une collection du Cedetim (successivement « Centre d’études socialistes du tiers-monde », puis « Centre d’études anti-impérialistes », et enfin « Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale ») : étrangement la seule collection authentiquement liée à ce « tiers-mondisme » qu’il m’a reproché. Je me suis rendu compte de mon erreur après coup : lui et son inséparable Bruno Parmentier sortaient des grandes écoles, et donc je ne faisais pas le poids. Je me souviens qu’un des reproches qu’ils m’adressaient était de « confondre l’expérience avec les conditions de l’expérience », ce qui était pour eux, je suppose, un crime impardonnable.

Avant mon départ, les derniers livres que j’ai publiés sont La France contre l’Afrique, en poche, L’Odyssée dans la traduction de Jaccottet avec une postface de François Hartog, les récits de Kolyma de Varlam Chalamov, les mémoires du capitaine Dreyfus (préfacés par Pierre Vidal-Naquet), le Poème sans héros d’Anna Akhmatova. Je suis parti sans indemnités, cédant mes parts à François Gèze pour un franc symbolique ; Après, j’ai eu la chance de faire des reportages, (factuels, certes, c’est-à-dire ne contenant rien de « théorique »), de travailler à la radio et dans la presse : La Chine, Sarajevo, les Balkans, la Palestine, Gaza, les Caraïbes, etc. J’ai écrit des, romans, des récits et des nouvelles, traduits dans diverses langues. Je suis allé à la rencontre des habitants de cette terre — Les Passagers du Roissy-Express, Balkans-Transit —, et j’ai tenté de relater les débuts de la conquête de l’Algérie dans L’Honneur de Saint-Arnaud. J’ai fait plus de 80 traductions de trois langues ; dont quelques-unes me tiennent à cœur : Conrad, Rigoni-Stern, César Vallejo, Álvaro Mutis… Toutes choses qui m’ont plus apporté intellectuellement que l’édition, mais dont je comprends bien qu’elles sortent de votre champ d’intérêt.

J’ai continué pendant quatre ans la publication de la revue « L’Alternative (pour les droits et les libertés en Europe de l’Est) », à laquelle j’ai dû malheureusement mettre fin parce qu’après des numéros remarquablement réussis et substantiels, porteurs d’espoirs dans les potentialités des pays toujours sous domination soviétique — espoirs hélas trahis plus tard —, le poids des nationalismes (roumain, ukrainien, des pays baltes, particulièrement) y devenait insoutenable. J’ai eu la chance dans ce cadre de vivre en Pologne certains moments stimulants du « KOR » puis de « Solidarnosc », et de connaître entre autres des amis comme Jean-Yves Potel, ou Adam Michnik et Jacek Kuron rencontrés à Varsovie, Lev Kopelev ou Efim Etkin, qui, de même que les militants tchèques de la Charte 77 rencontrés à cette époque à Prague : des moments intenses.

Je suis conscient de ne pas avoir su répondre de façon satisfaisante à vos questions. Mais pour ma part, je pense que vous avez fait erreur sur la personne en imaginant un individu que je ne suis pas et que je n’ai jamais été. Je n’ai jamais eu une grille de lecture théorique des textes que j’ai publiés, j’ai seulement eu la chance de voir des dizaines d’auteurs et même de lecteurs venir à moi de directions multiples, au gré de mes curiosités et d’une certaine vision de l’histoire et des sociétés dont ils étaient porteurs, et surtout d’espoirs qui pouvaient coïncider de près ou de loin avec les miens.

En fait, je crains bien que tout cela ne vous apporte pas grand-chose de plus que ce qui est déjà contenu dans le livre de la Maison des Passages.

Fr. M.


http://revueperiode.net/entretien-avec- ... lentendus/
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Re: François Maspéro...

Message par com_71 » 14 Avr 2015, 10:33

Pour voir le livre collectif cité à la fin de l'interview ci-dessus :

http://francoismaspero-exposition.fr/ex ... spero.html
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: François Maspéro...

Message par artza » 16 Avr 2015, 18:30

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Re: François Maspéro...

Message par Byrrh » 29 Août 2019, 12:31

François Maspero : "Moi je suis un bourgeois qui trahit la bourgeoisie, et qui lutte toujours pour la trahir et pour la trahir mieux."

On vous parle de Paris : Maspero, les mots ont un sens : https://www.youtube.com/watch?v=eNY-l7FuSnA

Ce court métrage de Chris Marker date de 1970. On y voit de nombreux plans de la librairie "La Joie de lire", que François Maspero a dirigée de 1955 à 1975 au 40 rue Saint-Séverin, dans le Quartier Latin.

A 9'47", on voit les épaisses piles de Rouge et de Lutte ouvrière qui y étaient vendues...
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