Front républicain ?

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Re: Front républicain ?

Message par com_71 » 06 Nov 2015, 02:10

Une autre réaction sur un autre passage :

Doctor No a écrit :Et prétendre essayer de faire revivre ce qui ne revivra qu'après des fortes luttes et sûrement avec des autres gens que des vieux ankylosés... c'est assez idiot.


Le début n'est pas faux, la fin est une démission.

C'est sûr que des luttes importantes feront revivre bien des choses, et que nous avons à parier dessus. Si elles tardent trop, les vieux ankylosés d'aujourd'hui (je concède qu'il y en a, surtout si on parle d'ankyloses au sens propre) ne seront plus vraiment un problème.

Mais d'un autre côté la transmission est importante, et ce n'est pas idiot d'y oeuvrer. A condition de transmettre, aussi intact que possible, ce que nous ont légué nos aînés, et non pas par exemple l'éloge indigne de je ne sais quel vote à droite.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Front républicain ?

Message par Plestin » 06 Nov 2015, 09:23

Bonjour,

Doctor No, je pense que ton raisonnement, qu'on retrouve en réalité (désolé de t'infliger çà) chez de nombreuses organisations d'extrême-gauche, au PC, chez les verts etc., part du principe que la montée électorale du FN équivaut à la montée du nazisme dans l'Allemagne des années 20-30, ce qui n'est pas juste à mon avis.

Non pas que le FN ait des idées foncièrement différentes, mais ce parti est, à ce jour, avant tout une écurie électorale concurrente de la droite classique, qui véhicule des idées aussi réacs ou encore plus réacs que cette dernière (suivant les sujets), et pas du tout un parti avec des milliers ou des dizaines de milliers de nervis prêts au coup de poing contre toute manifestation de la classe ouvrière. Un parti capable, comme les "néofascistes" italiens, l'extrême-droite autrichienne etc. de participer à des gouvernements régionaux voire nationaux, et d'y susciter la prise de mesures réactionnaires comme une partie de la droite pourrait en prendre, mais pas du tout en situation de créer un régime fasciste.

Certaines situations auxquelles le mouvement ouvrier a été confronté par le passé étaient très différentes, car la classe ouvrière (et pas seulement elle) jouait sa peau.

Là, on assiste juste à une campagne électorale, aussi écoeurante que les précédentes, où la droite, concurrencée par le FN, tente de reprendre le discours de ce dernier pour lui piquer des voix, et il faudrait voter pour çà ??? A quand un vote pour Le Pen fille histoire de faire barrage à Le Pen père ??? Si on vote pour un Bertrand ou un Estrosi, comment interpréter le résultat, est-ce pour faire barrage au FN ou parce qu'on est d'accord avec eux sur leurs déclarations contre les Roms et les réfugiés ?

Au passage, Doctor No, je ne trouve pas que tu te distingues tellement du NPA, du PC ou des Verts qui ont fait voter Chirac (parfois en le disant un peu autrement) en 2002. Tu trouves donc que ces partis (disons le NPA) ont des qualités que LO n'a pas ? Mais Chirac, à peine élu avec 80 % des voix exprimées, n'a eu de cesse d'essayer de capter les 20% qui lui manquaient. Cela a mené à Sarkozy avec son cortège de Hortefeux, Guéant etc., qui a effectivement réussi pendant quelques années à mordre sur l'électorat FN tellement il tenait un discours proche. Et à dégoûter tellement une partie des électeurs, que Hollande a gagné ensuite. Et ce dernier a réussi lui aussi à dégoûter tellement son propre électorat, que le FN en ressort renforcé. Il n'y a donc pas d'issue valable dans ce type de raisonnement, et que les gens les plus politisés comme Doctor No continuent de faire ce qu'ils ont probablement toujours fait - voter pour n'importe qui en situation de barrer l'accès du FN au pouvoir national, régional ou local - ne change strictement rien à la façon dont l'opinion évolue et dont les grandes masses d'électeurs se déplacent de toute façon, derrière eux, en direction de l'abstention et dans une moindre mesure du FN.

C'est pour cette raison que je trouve que notre position à LO qui consiste à montrer à quel point le FN est dans le même camp du patronat et de la bourgeoisie que les grands partis, est à la fois juste et intéressante (personne d'autre ne dit les choses de cette façon). Par exemple, alors que la sympathie d'un très grand nombre de travailleurs est allée aux manifestants qui ont déchiré la chemise du DRH d'Air France, on a eu tout à fait raison d'insister sur le fait que les ténors du FN avaient eu la même position anti-ouvrière que les autres. Au contraire, les partis de gauche sont gênés aux entournures parce qu'ils essayent de faire croire - pour justifier leurs propres ralliements motivés par l'accès à la mangeoire - que le FN est une espèce totalement différente de la droite. Ils insistent donc sur les différences entre le FN et la droite (tout en dénonçant ceux à droite qui veulent jouer sur le même terrain), pas sur leurs ressemblances. Or, sur le fond, même en admettant que le but soit seulement d'empêcher le FN d'emporter des élections (ce qui n'est pas le cas en l'occurrence), qu'est-ce qui peut être le plus efficace pour faire que les travailleurs furieux ne votent pas FN ? Un front de tous les politiciens pourris qu'ils détestent, ou bien prendre conscience que le FN est du même acabit ?

Par ailleurs, non LO n'est pas sectaire. La question du vote au second tour - qui n'est pas celle qui nous intéresse en priorité, tu l'auras bien compris - ne fait pas l'objet d'une prise de décision définitive et par principe, mais se discute à chaque fois en fonction de la situation du moment, des échos qui nous remontent concernant l'opinion ouvrière dans le pays (à l'échelle de ce que nous sommes en mesure de capter), et y compris d'ailleurs en fonction du score réel que l'on obtient au premier tour, parce que s'il est marginal ou s'il est important ça ne veut pas dire la même chose. C'est dommage, mais je crains que ta vision d'un LO sectaire et dans sa tour d'ivoire rejoigne finalement celle que veulent véhiculer tous ces courants gauchistes, écolos etc. qui nous détestent profondément, en réalité parce que nous sommes des communistes. Pourtant, je suis persuadé que telle n'est pas ton intention.
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Re: Front républicain ?

Message par Doctor No » 06 Nov 2015, 13:36

Je vais te répondre Plestin. Ce sera une réponse le plus sincère possible, peut être pas très "maline" (je vais encore donner le flanc à des attaques faciles), mais sincère.

Répondre permet aussi d'y voir clair, si on peut voir claire. Je postule que l'on ne voit que ce que la dynamique social permet, et cela s'applique surtout à moi, très en particulier, mais aux autres aussi.

Mais avant je voudrais dire que Com 71 ne lit pas ce qu'on écrit (ce n'est pas nouveau) et que le "c'est assez idiot" s'adressait à moi et non pas à d'autres.

Tu dis
le FN ait des idées foncièrement différentes, mais ce parti est, à ce jour, avant tout une écurie électorale concurrente de la droite classique, qui véhicule des idées aussi réacs ou encore plus réacs que cette dernière (suivant les sujets), et pas du tout un parti avec des milliers ou des dizaines de milliers de nervis prêts au coup de poing contre toute manifestation de la classe ouvrière.
et à mon avis tu traduis mal la position de LO. Car LO dit qu'il peut devenir un parti fasciste.
En tout cas c'est ce que j'ai compris et je n'ai jamais contesté cette définition tant qu'elle reste une photo, un constat du moment présent...ou passé ou en train de devenir du passé.
Mais, et voici le grand mais, il a tout pour devenir un parti fasciste car la conjonction de la Crise économique, de la crise sociale et d'un triomphe électoral plus la situation internationale actuelle (la reproduction en Europe du schéma de 1914, 1939 qui ne peut pas s'exclure, comme les zones de tensions créées par l'impérialisme US en Europe et ailleurs) une aggravation brutale de la crise en France (qu'on ne peut pas exclure) peuvent être non seulement des fortes tentations de le devenir mais une nécessité pour la bourgeoisie française.
D'ailleurs si c'était "la même chose", il n'y aurait pas de FN séparé de la droite classique; ni du PS séparé de la droite classique et du FN.
La réaction n'utilise pas le fascisme à tort et à travers. D'ailleurs, elle penche dernièrement plutôt pour des dictatures militaires car la base sociale du fascisme s'est rétrécie beaucoup (plus de paysannerie, moins de boutiquiers, chômeurs et employés qui utilisent (quand ils le font) les méthodes de lutte des ouvriers). Et quand elle utilise exceptionnellement ses méthodes brutaux (qui leur reviennent dans la gueule souvent) elle retrouve toujours une partie de la bourgeoisie contre eux. Cette autre bourgeoisie est d'une part une carte de rechange mais cela correspond aussi à un état d'esprit de la société et souvent, comme au Chili d'où je viens, devient un point d'appui pour commencer à résister. Les "traditions démocratiques" quoi.
Eh oui, les premières formes de résistance au régime ont commencé à partir des ...églises. Elle en a profité, c'est sur, mais nous aussi et si le résultat final a été favorable à leur tactique c'est tout simplement parce que la gauche chilienne ne cherchait pas autre chose.

Les nervis de la droite, ou du PS ou du FN ils se trouvent dans les forces d'ordre de tout état bourgeois. JM Le Pen l'a toujours dit. C'est assez difficile de mobiliser des bandes autres (Pinochet n'a jamais réussi) et elle comportent toujours le risque des débordements. Le plus grosses conneries politiques du régime de Pinochet ont eu comme source le "zèle idiot" de ses plus farouches partisans. Et comme eux apprennent bien plus vite que nous...
La droite n'est pas le FN et le PS n'est pas la droite. Qu'ils peuvent faire exactement la même politique? D'accord, mais un parti communiste devrait pouvoir faire jouer les petits espaces entre eux (le jour où il aura la force et, surtout la conscience, de sa possibilité).
Le fait est qu'aujourd'hui, le FN a des réelles chances de gagner les élections et ils peuvent parfaitement arriver à des accords avec le grand patronat sur des bases populistes, et même être, pour un temps, en contradiction avec le grand patronat, c'est un fait. (Eh oui, la théorie est juste en dernier analyse. D'abord il faut étudier la réalité telle qu'elle est et non pas attendre qu'elle colle aux textes).
Et une fois au pouvoir, le plus sur est qu'ils vont s'attaquer aux immigrés, aux plus faibles, aux minorités afin de gagner le plus larges masses empoisonnées de propagande réactionnaire, xénophobe.
La droite, le PS? Ils ne peuvent pas aller aussi fort que le FN. Et le PS ne peut pas aller aussi fort que la droite. Toute la question est ici. Si on est d'accord avec cette formulation on doit pouvoir isoler le danger le plus important, si on le peut (difficile aujourd'hui) ou au moins en avoir conscience.
Ce que je viens d'écrire est élémentaire mais pointe à la nécessité, aujourd'hui, pas demain, d'utiliser tous les moyens pour isoler et battre nos ennemis un par un et non tous comme un bloc uni où les seuls qui compteraient seraient .... et une classe ouvrière mythifiée, abstraite, bref une figure littéraire, une incantation.
La question vient tout de suite: Et si elle ne se réveille pas?
La réponse de LO est "on garde le drapeau (les principes généraux) et on tient tant que c'est possible" C'est cela la vraie démission car la réalité présente oblige à agir selon les donnes réelles et non pas attendre que nos désirs deviennent réalité. Cela veut dire agir dans le contexte réel de la politique réelle, la politique nationale.

Doctor No, je ne trouve pas que tu te distingues tellement du NPA, du PC ou des Verts qui ont fait voter Chirac (parfois en le disant un peu autrement) en 2002. Tu trouves donc que ces partis (disons le NPA) ont des qualités que LO n'a pas ?

Les apparences sont trompeuses. Dans ce forum il doit rester de traces de ma position sur le vote Chirac, cette escroquerie politique. J'ai voté Arlette les deux tours. Une chose est une politique souple à partir d'une position communiste et une autre est l'opportunisme souple des autres. Cela ne veut pas dire que je ne travaillerais pas avec des opportunistes si cela fait pousser en avant la cause du communisme, bien au contraire. S'en est même une obligation.
Le NPA je ne sais pas que est ce que c'est et aussi, dans ce même forum on peut trouver ce que j'ai dit sur la dissolution de la LCR ("une liquidation pure et simple", une "capitulation"etc.). La base vote un truc, Besancennot en dit autre chose. La base revote un autre truc, la direction dit toujours la même chose. Bref, celui qui sait de quoi cela retourne qui fasse signe.
Le PCF je ne sais plus non plus qu'est d'autre que des mendiants auprès du PS avec une base (qui se délite) profondément enraciné dans le peuple français (et qui peut revenir très vite) et un tas de toute petites demi-sectes qui tournent autour de leur passé "glorieux".
Mais je sais qu'ensemble ils font autour de 10% des voix et cela est un capital politique bien différent de 0,5 % ou moins, du néant quoi. Que ces 10% représentent les aspiration (démoralisées, déçues mil fois, mais toujours là, toujours présentes) des millions de prolétaires de ce pays. Et que celui qui ne tient pas compte de ce capital est...un absurde en politique.
LO a perdu ses qualités.
A un moment donné les gens parlaient de sa politique, de ses possibilités. LO a décidé que les gens se trompaient sur elle même et leur à donné une leçon politique fulminante: "Nous ne sommes pas des électoralistes!, nous somme des communistes révolutionnaires et celui qui n'est pas d'accord avec il n'a qu'à aller voir ailleurs"
Les gens ne se le sont pas fait répéter deux fois et ils sont allés ailleurs. Les LO, que l'action politique nationale lui restait aussi grande qu'un "poncho" s'est satisfait de rester à son activité quotidienne qui petit à petit est devenue celle des commentateurs de la vie politique et des syndicalistes dévoués. Exactement l'activité des anarcho-syndicalistes depuis plus d'un siècle et surement dans les siècles à venir car avec une telle "tactique" on reste des groupes d'études politiques mâtinés d'une activité réduite syndical (pour donner le change) et rien, rien d'autre.
Bon, je continue sur un autre post.
Doctor No
 
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Re: Front républicain ?

Message par Plestin » 06 Nov 2015, 16:37

Ok Doctor No, je crois que je comprends un peu mieux ta position, étant récent sur ce forum je n'ai pas consulté tout ce qui s'y est dit depuis 2002... Le peu que j'en ai vu, je t'imagine comme un militant ou sympathisant d'une organisation qui veut construire un parti communiste révolutionnaire mais qui ne se considère pas nécessairement comme trotskyste, tout en réalisant que LO fait malgré tout partie des rares forces susceptibles d'y participer un jour en France.

Je ne suis pas d'accord pour autant avec ta position, sur les points suivants :

- Je ne pense pas mal traduire la position de LO en disant que le FN est avant tout une écurie électorale concurrente de la droite classique. Cela n'empêche pas qu'il puisse se transformer en parti fasciste demain (c'est-à-dire, un parti conforme à ce qu'une grande partie de ses membres souhaiterait), mais ce n'est pas encore le cas. Et il peut très bien surgir demain un parti fasciste à partir de tout autre chose, un mouvement de fronde de la petite bourgeoisie façon "poujadisme" voire "bonnets rouges", un courant de la droite classique, un clan au sein de l'appareil d'Etat ou encore des milieux liés à la pègre (les anciens truands du patronat, le SAC, Pasqua etc. représentaient l'interface entre la droite, les services secrets et la pègre et ils ont réellement tué des gens, ce qui n'a pas empêché une bonne partie du monde politique de droite et même "de gauche" de rendre hommage à Pasqua à sa mort), une autre organisation d'extrême-droite (identitaires) etc. Un tel parti reprochera d'ailleurs peut-être au FN de s'être intégré dans les institutions. On ne peut pas le savoir à ce stade. Mais bien entendu le FN représente un risque. Sauf que les jeux ne sont pas encore faits.

- La droite ne peut pas aller aussi loin que le FN, et le PS pas aussi loin que la droite ? Voire. Ces partis ne représentent pas la même chose, il y a bien sûr des différences entre eux, et hors circonstances exceptionnelles ils n'ont pas vocation à mener exactement la même politique. Mais les social-démocrates autrichiens, qui par le passé ont permis à d'anciens nazis de se recycler, ont bien partagé le pouvoir il y a quelques années avec l'extrême-droite, et la gauche et la droite grecques ont bien fait une coalition avec un parti d'extrême-droite, le LAOS. Et le PS en France aujourd'hui, qui sur certains plans va plus loin que ne l'avait osé Sarkozy, a une politique vraiment très, très différente et beaucoup plus "à droite" que celle du PS chilien de 1973. Ou même que celle du PS français d'il y a seulement quelques années.

- C'est vrai que la réaction n'utilise pas le fascisme à tort et à travers. Ni les dictatures militaires d'ailleurs. Contrairement au Chili de 1973, elle n'a pas encore opté pour çà même dans un pays comme la Grèce par exemple (mais çà viendra peut-être). Encore que tous nos "démocrates" de gauche comme de droite soutiennent le gouvernement ukrainien auquel participe une extrême-droite dure et active sur le terrain. Ailleurs, un gouvernement "de gauche" qui anesthésie les travailleurs çà peut parfois être tout aussi efficace et à moindres frais pour que la bourgeoisie obtienne ce qu'elle veut. Par contre, si un tel gouvernement ne parvient plus à anesthésier les travailleurs demain et ne contrôle plus la situation, ce serait peut-être une autre histoire... En France aujourd'hui, même si le FN gagnait des régions, ça ne voudrait pas dire que le patronat a décidé d'écraser la classe ouvrière sous la botte du fascisme. Il n'en a pas besoin et pas envie pour l'instant, il a encore d'autres cartes dans son jeu. La question se poserait pourtant si les travailleurs se mettaient à lutter de façon importante et incontrôlable du point de vue de la gauche et des directions syndicales. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.

- Les hommes de main de l'appareil d'Etat et ceux du fascisme, ce n'est pas exactement la même chose. Le fascisme, c'est des bandes armées supplétives quand les hommes de main de l'appareil d'Etat ne suffisent pas pour écraser et mettre au pas la classe ouvrière. Au final, cela fait que l'effectif total des hommes de main est beaucoup plus grand en prévision de l'affrontement...

- Il n'y a pas de différence fondamentale, en ce qui concerne LO, entre le moment où on a fait 5 % des voix et celui où on fait 0,5 %. Les 5 % étaient trompeurs, je pense, et nous ne nous sommes pas illusionnés à leur sujet. Cela regroupait beaucoup de gens qui souhaitaient s'exprimer en fonction des outils électoraux à leur disposition, mais pas un courant important cherchant à créer un parti révolutionnaire. On les a cherchés à travers tout le pays, pourtant, les volontaires pour un parti révolutionnaire, et on ne les a pas trouvés. En tant qu'organisation, nous ne sommes aujourd'hui ni dans une situation plus favorable, ni dans une situation plus défavorable qu'à l'époque. Ou peut-être qu'on est en situation légèrement plus favorable après tout, puisqu'on est parvenus à étendre notre présence géographique en matière d'élections municipales par exemple... en trouvant tous les noms pour construire 204 listes, du jamais vu. Dans des endroits qui ont surpris pas mal de monde : Toulon, Le Havre, Dieppe, Saint-Etienne, Maubeuge, Evreux, Bourg-en-Bresse, Moulins, Denain, Lannion, Rochefort, Colmar... et 55 communes de banlieue parisienne. Si LO avait perdu ses qualités, je ne pense pas qu'on serait arrivés à faire ce genre de choses. D'ailleurs, les résultats de ce type d'élection montre toujours que les électeurs se servent de l'offre électorale à leur disposition et, suivant la configuration locale, ils sont toujours prêts à voter LO de façon importante dans certaines circonstances, quand l'offre de candidats est réduite (le plus gros score à Frouard près de Nancy, 21 % je crois, était dans une configuration LO face à Union de la gauche et c'est tout). Et que dire des européennes en Martinique, où dans un contexte d'énorme abstention, l'électorat de Combat ouvrier s'est fortement mobilisé, et même au-delà, au point que la camarade candidate est arrivée dans plusieurs villes dans le trio de tête, et même en tête dans la petite ville de Saint-Pierre avec 23% des voix devant le PS, l'UMP et tous ces trucs-là... (mais il y a il est vrai davantage de luttes là-bas qu'ici depuis quelques années).

Alors je ne vois pas en quoi la baisse électorale des dernières années serait la preuve que "les gens" se sont détournés de nous...

- Je ne crois pas non plus que la démission - je dirais plutôt la démoralisation - soit de notre côté, quand tu parles d'une "classe ouvrière mythifiée, abstraite, bref une figure littéraire, une incantation. La question vient tout de suite : et si elle ne se réveille pas ?"

Ceci dit, je partage entièrement ta remarque "une chose est une politique souple à partir d'une position communiste et une autre est l'opportunisme souple des autres". Je pense que, quoi que beaucoup puissent en dire, LO a tout à fait une politique souple à partir d'une position communiste. C'est précisément visible sur le plan électoral, où en fonction de notre analyse de la situation on a procédé différemment, par exemple aux municipales en se présentant seuls cette fois-ci dans un contexte de gouvernement PS qui tape sur les travailleurs, alors que la fois d'avant nous avions eu une politique différente en direction des partis de gauche dans un contexte de ras-le-bol de Sarkozy dans les milieux populaires, conduisant à des listes communes avec le PC ou même le PS dans un certain nombre d'endroits. Si ça ce n'est pas une politique souple à partir d'une position communiste, je ne sais pas ce que c'est... De même, tu remarqueras que vis-à-vis du mouvement des "bonnets rouges" en Bretagne nous avons eu une position nuancée et nous sommes adressés dans la mesure de nos faibles moyens aux milieux artisans et paysans victimes de la crise et des mesures gouvernementales, de façon à ce que ces milieux courtisés par la droite et l'extrême-droite n'assimilent pas le gouvernement prétendument de gauche à un représentant de la classe ouvrière, et puisse voir que des organisations ouvrières peuvent être solidaires d'eux lorsqu'ils prennent des coups. Une manière plus judicieuse de lutter contre le fascisme, que de faire front derrière le gouvernement comme l'ont fait le PC ou d'autres, en accusant les milieux populaires qui suivaient les bonnets rouges d'être manipulés par l'extrême-droite...

Bon courage pour ton (notre) combat.
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Re: Front républicain ?

Message par Doctor No » 06 Nov 2015, 17:04

Tu as encore écrit ceci
Or, sur le fond, même en admettant que le but soit seulement d'empêcher le FN d'emporter des élections (ce qui n'est pas le cas en l'occurrence), qu'est-ce qui peut être le plus efficace pour faire que les travailleurs furieux ne votent pas FN ? Un front de tous les politiciens pourris qu'ils détestent, ou bien prendre conscience que le FN est du même acabit ?


Non, évidemment, c'est justement cela qui fait voter FN.

Il faut, naturellement, un Front des Travailleurs contre la Crise. Des solution politiques de classe appuyées sur une force réelle (bien que "électoraliste", peu sure, comportant des démagogues, des opportunistes, tout ce qui charrie les errements qui permet une politique d'isolement)

Ici, naturellement, on dira:
Avec quelles forces?
Purement électoral?
Avec quelles garanties?
Qui conduirait un tel Front?
Avec quelles perspectives sans la mobilisation de la classe ouvrière?
etc. etc.

Des grosses difficultés.

Un long chemin très difficile semé d'embouches et qui, dirigé par d'autres mène directement à des impasses, des trahisons, etc.

Mais un long chemin commence par un premier pas et le premier pas est donné quand on comprend que tout seuls, en dehors de la vie politique réelle du pays, on fait tout ce que l'on veut, sauf de la politique.
Et que pour faire de la politique il faut partir des réalités et agir avec.
Si le point de départ (et de fin) est "nous sommes communistes ("révolutionnaires", une redondance destiné encore à se séparer plus du niveau actuel de conscience des masses et une absurdité car "communiste" implique révolutionnaire) et nous ne passons aucun type de compromis ni d'alliance électoral (même nous ne signons rien de ce que les autres signent) tous ce qui ne le sont pas (et là dessus nous y insistons lourdement) nous leurs portons les critiques publiques le plus acerbes, le résultat est un isolement qui dure déjà depuis une décennie presque et qui va conduire un groupe de camarades (s'ils n'y sont pas déjà) au néant, à la liquidation, comme la LCR mais par un autre chemin.

Quelle différence avec la tactique préconisé par LT à l'ILP qui pourtant avait une centaine de milliers des militants. Tant qu'ils n'avaient pas gagné, avec une politique de Front Uni, la majorité des masses laboristes, il leur recommandait de ne pas se séparer du Labour Party.
L'ILP a fait à sa tête et...elle a disparue. Et disparue nécessairement, tant comme option sectaire et comme nécessité car une telle "politique" à la longue ou à la courte devient un obstacle pour la formation d'un véritable parti communiste.

L'Angleterre est différent que la France, et on peut toujours dire qu'un exemple ne s'applique pas toujours, mais l'incompréhension qui résulte de prétendre que tous sont pourris (même s'ils le sont pour la plupart) est tout d'abord méconnaître l'influence de la dynamique social dans le comportement et la politique des personnes et des partis et de deux ne pas voir que même s'est obligatoire de travailler avec les semi-pourris, les pourris quand il n'y a rien d'autre et on est minoritaires et pire encore isolés et de plus en plus insignifiants.

Comment on dispute les travailleurs au FN?

En proposant une alternative crédible aux masses. Les masses ne suivent que les gros bataillons parce qu'elles savent instinctivement que pour gagner des batailles contre des gros ennemis il faut du nombre.

Il faut donc aller à Canossa et chercher des accords, des compromis et même des compromissions tant que cela ouvre de perspectives et fait avancer.
Des puritains pour les principes, des putes pour la tactique.
La seul morale qui comprend le marxisme et les travailleurs est la morale utilitaire. Ce qui marche à court et à long terme est moral, mieux encore, est politique. La fin justifie les moyens toujours. Et aujourd'hui les moyens passent par trouver tous les moyens d'empêcher que le FN gagne les élections car c'est cela la réalité politique de ce pays aujourd'hui (pas au temps souhaité quand une classe ouvrière mythifiée se réveillera, c'est à dire, dans l'imaginaire, dans le fantasme, dans un "avenir dont on ne sait pas quand cela arrivera") , car le jour où le FN arrivera au pouvoir ce sera encore plus difficile. (si ce n'est pas tragique).

"Prendre conscience" n'est pas pareil pour les masses que pour des rares individus isolés.
Les masses apprennent politique de classe essentiellement par expérience propre pas parce que des gens leur "font conscience".
Ceci est l'ABC et tous ceux qui prétendent que la prêche (ce n'est pas autre chose) peut remplacer cette expérience directe, mentent et trompent les jeunes militants.
C'est l'action politique dans la vie politique réel du pays mais surtout la lutte politique de masses qui leur donne les armes théoriques aux travailleurs.
Et pour cela il faut y participer mais participer dans la vie politique telle qu'elle est. Se faire un monde propre, tout propre, sans opportunistes, sans traitres, sans difficultés au fond, c'est s'isoler, éviter les difficultés énormes de la lutte, se transformer en une école de "marxisme" avec quelques activités pour donner le change.
Un parti politique est fait pour faire de la politique avec ou contre les autres partis.
Un parti communiste, aujourd'hui, devrait chercher à s'unir avec touts ceux qui peuvent être unis sur un programme minimum d'attraction des masses.
S'isoler, sachant pertinemment qu'on sera regardé comme une non-alternative est, objectivement faire le jeu de la réaction.
Il est possible qu'après des années d'une politique d'isolement cela doit être très difficile à mettre en place mais il n'y a pas d'autre solution.
Et craindre la "contamination" est bon pour des intellos toujours soucieux de leur image mais pour un prolo qui voit venir et qui cherche n'importe quel moyen pour s'en sortir, cela est le cadet de ses soucis. Il sait qu'il peut tenir ferme devant la pourriture de la petite bourgeoisie et que cela n'est qu'un pas tactique indispensable.
Les uns d'abord, les autres après.
Bon, voilà ce que je te réponds, si j'ai tort, tu me diras, mais c'est cela ce que je pense.
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Re: Front républicain ?

Message par com_71 » 06 Nov 2015, 18:50

Doctor No a écrit :Mais avant je voudrais dire que Com 71 ne lit pas ce qu'on écrit (ce n'est pas nouveau) et que le "c'est assez idiot" s'adressait à moi et non pas à d'autres.


Mais si, j'avais bien lu ! Et le "c'est assez idiot", même s'il t'était adressé, méritait d'être relevé comme très possiblement faux. En d'autres termes, je te défendais contre toi-même. C'est vraiment inimaginable ?
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