Retour sur les résultats des régionales - Département 59

[Plestin]

Je voudrais essayer d'analyser le plus finement possible les résultats des régionales 2015 au premier (LO, PCF, PS, FN...) et au deuxième tour, à l'échelle du département et des communes. Bien sûr c'est un exercice difficile et compliqué, mais je pense que c'est intéressant pour comprendre l'évolution de l'opinion et notamment de l'opinion ouvrière.

Quelques principes de base. On s'intéresse, sauf exception, aux communes d'au moins 3.000 habitants (il y en a déjà un paquet !) On considérera qu'un résultat est plutôt bon lorsqu'il dépasse la moyenne nationale (1,5 % pour LO) ou locale (régionale, départementale) et plutôt mauvais dans le cas inverse, même si cela signifie qu'un "bon" score local dans une région serait considéré "mauvais" dans une autre région. Par ailleurs, il est fréquent pour LO d'avoir des résultats supérieurs dans les banlieues populaires par rapport aux villes-centres même lorsqu'elles sont relativement ouvrières, car la bourgeoisie est souvent mieux représentée dans ces dernières. Il peut y avoir des exceptions, d'autant que toutes les agglomérations du pays ne sont pas construites sur le même modèle.

Je n'ai pas spécialement pris en compte l'abstention qui est pourtant un facteur important, car le but ici est de voir le profil adopté par l'électorat qui s'exprime en votant pour un candidat. Je me suis peu intéressé aux écologistes et aux candidats divers du genre Debout la France, pour ne pas trop compliquer l'analyse. Et tous les commentaires, rectificatifs ou compléments, notamment de la part des camarades locaux qui connaissent mieux leur département que moi, seront les bienvenus !

J'ai choisi de commencer par le département du Nord (59). Le score de LO (1,67 % soit 15.456 voix) y est meilleur que la moyenne nationale, mais plus faible que celui de la grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (1,75 % et 39.040 voix). C'est le département le plus peuplé de la région.

On s'intéresse ici à différentes zones géographiques, réparties à peu près ainsi en allant du Nord au Sud et de l'Ouest à l'Est :

Dunkerque et environs
Reste de la Flandre maritime (Hazebrouck, Bailleul etc.)
Val de Lys / Armentières
Agglomération de Lille et ses environs
Douai et environs / Valenciennes et environs
Cambrai et environs / Maubeuge et environs
Fourmies et environs

A l'échelle du département, les meilleurs scores LO sont dans les secteurs de Dunkerque, dans une partie du Valenciennois, du secteur de Maubeuge et à Fourmies. Les moins bons résultats en moyenne sont dans l'agglomération lilloise et dans certaines villes-centres comme Valenciennes. Les différences sont importantes entre les communes les plus bourgeoises comme Bondues, banlieue huppée de Lille (0,32 %), et Grande-Synthe, banlieue très populaire de Dunkerque (3,64 %).

SECTEUR DE DUNKERQUE

L'agglomération de Dunkerque est une zone très ouvrière marquée par la présence de nombreuses entreprises dont les principales, outre le port de Dunkerque, sont dans les secteurs de la sidérurgie-métallurgie (dont ArcelorMittal), l'énergie (centrale nucléaire de Gravelines), le raffinage du pétrole (malgré la fermeture de Total et les menaces actuelles sur la SRD), la chimie, la pharmacie et l'agroalimentaire. Il y a aussi énormément de sous-traitants autour de la sidérurgie-métallurgie, du pétrole et de la chimie notamment. L'industrie dunkerquoise déborde largement sur des petites communes en dehors de l'agglomération (Bergues etc.), qui accueillent des usines mais pas tellement le personnel qui habite plutôt sur Dunkerque ou Calais. La CGT est très implantée dans ce bassin d'emploi. LO est présent de longue date, intervient sur certaines entreprises (un camarade connu mais récemment décédé travaillait chez Rio Tinto Alcan mais habitait sur Calais) et a régulièrement une liste à Dunkerque aux municipales. Le PCF est présent aussi, mais moins que ce que le poids de la CGT pourrait laisser penser. Dunkerque a longtemps été un bastion du PS.

Les villes les plus peuplées sont Dunkerque (plus de 90.000 habitants) et deux communes de banlieue, Coudekerque-Branche (22.000 habitants) et Grande-Synthe (21.000 habitants). Les autres communes du secteur sont loin derrière : Gravelines (11.500 habitants), Cappelle-la-Grande (8.000), Bourbourg (7.000), Téteghem (7.000 avant fusion en 2016 avec un gros village), Loon-Plage (6.300), Grand-Fort-Philippe (5.400), Bray-Dunes (4.600), Leffrinckoucke (4.500), Hondschoote (4.000), Bergues (3.900), Ghyvelde (3.200), Hoymille (3.200)...

Au premier tour des régionales, les résultats de LO sont bons dans ce secteur, surtout dans le noyau de Dunkerque et ses proches banlieues : Grande-Synthe fait le meilleur résultat LO parmi les communes de plus de 3.000 habitants du département du Nord, avec 3,64 %. Suivent Cappelle-la-Grande (3,25 %), Coudekerque-Branche (2,51 %), Dunkerque (2,36 %) et Leffrinckoucke qui a un profil plus à droite (1,90 %). Dans les villes un peu plus éloignées, les scores LO restent assez bons à l'Ouest dans la zone de transition vers Calais : Grand-Fort-Philippe (2,35 %), Loon-Plage (1,95 %) mais seulement 1,50 % à Gravelines. Dans le reste du secteur, au Sud et à l'Est, les scores LO sont encore corrects à Hondschoote (1,99 %) et Hoymille (1,80 %) mais mauvais à Bourbourg (1,61 %), Bergues (1,49 %), Bray-Dunes (1,38 %), Téteghem (1,30 %) et Ghyvelde (1,28 %). Plusieurs de ces communes, malgré la présence d'usines dont le personnel habite souvent ailleurs, s'apparentent plutôt aux gros bourgs flamands à fond de droite chrétienne, qu'aux quartiers ouvriers et populaires de Dunkerque.

Le PCF fait des scores relativement modestes en comparaison d'autres régions du Nord. Ses résultats les plus élevés dans le noyau dunkerquois sont à Cappelle-la-Grande (7,80 %), Grande-Synthe (6,74 %) et Coudekerque-Branche (5,88 %), avec seulement 4,60 % à Dunkerque et 4,15 % à Leffrinckoucke. La situation est pire dans les communes extérieures avec le meilleur score à Gravelines (3,33 %), suivi par Ghyvelde (3,24 %), Hoymille (3,22 %), Grand-Fort-Philippe (3,20 %), Loon-Plage (2,94 %), Hondschoote (2,75 %), Téteghem (2,72 %), Bray-Dunes (2,61 %), Bourbourg (2,52 %) et Bergues (1,88 %).

Toutes les communes sauf Téteghem (droite en tête) placent le FN en première position au premier tour (une situation très fréquente dans le Nord), mais le PS est à la 2ème place à Coudekerque-Branche, Grande-Synthe, Cappelle-la-Grande, Gravelines, Loon-Plage, Grand-Fort-Philippe, et talonne la droite à Dunkerque.

Au 2ème tour où le PS s'est désisté en faveur de la droite, celle-ci est majoritaire dans plusieurs communes mais le FN arrive néanmoins en tête dans une proche banlieue de Dunkerque, Cappelle-la-Grande, et dans les villes de Loon-Plage, Grand-Fort-Philippe et Bourbourg.

Donc : bonne résistance de LO surtout dans le noyau dunkerquois, faiblesse du PCF, résistance toute relative du PS qui se fait dépasser partout par le FN mais reste le second parti dans plusieurs endroits, gros résultats du FN au premier tour et même au second. Les communes à profil de droite traditionnelle donnent en général une majorité à la droite au 2ème tour. Les communes populaires sont plus partagées et certaines donnent une majorité au FN.

RESTE DE LA FLANDRE MARITIME

Il s'agit d'une zone rurale avec un fonds de droite chrétienne, parsemée de quelques villes de taille moyenne ou petite, avec des usines en ville ou à la campagne dont les travailleurs habitent souvent dans les villes : Hazebrouck (22.000 habitants), Bailleul (15.000 habitants), Wormhout (5.300 habitants), Steenvoorde (4.000), Steenwerck (3.500), ou dans de gros bourgs comme Cassel (2.300) qui fut autrefois une ville administrative. L'industrie est dominée par l'agroalimentaire (dont Blédina, Danone, Bonduelle), le matériel médical (Bio-Rad), la plasturgie, la parfumerie et encore un peu le textile.

Les résultats de LO sont mauvais dans la plupart des villages ainsi qu'à Steenwerck, la ville à profil le plus "rural" (1,23 %), mais bons ou assez bons dans le bourg de Cassel (2,22 %) et les autres villes : Wormhout (2,11 %), Steenvoorde (2,06 %), Hazebrouck (1,98 %) et Bailleul (1,83 %).

Le PCF fait son meilleur résultat dans la ville où LO fait son moins bon résultat, Steenwerck (3,88 %). Le PCF fait son plus mauvais score à Steenvoorde (1,81 %) qui est l'une des rares communes du département du Nord où il est derrière LO.

Dans ce secteur, le FN arrive généralement en tête au premier tour devant la droite, mais la droite l'emporte toujours au second tour, et même très largement à Steenvoorde et à Steenwerck.

SECTEUR DU VAL DE LYS

Il s'agit ici aussi d'une zone rurale flamande parsemée de petites villes industrielles, mais avec une zone limitrophe du Pas-de-Calais formant un même bassin d'emploi. L'industrie est de nature différente : métallurgie à Merville et nombreux emplois procurés par la chimie située dans le Pas-de-Calais (Roquette Frères à Lestrem). Les principales communes sont Merville (9.000 habitants), Estaires (6.000 habitants) et La Gorgue (6.000 habitants).

Les résultats de LO sont bons à Merville (3,03 %) et Estaires (2,39 %) mais faibles à La Gorgue (1,61 %). Le PCF fait, inversement, son meilleur résultat à La Gorgue (4,38 %), et seulement 3,86 % à Merville et 2,50 % à Estaires. On peut penser qu'à La Gorgue, le PCF a mieux "tenu" son électorat vis-à-vis de LO par rapport aux autres villes, mais moins par rapport au FN (une caractéristique que l'on retrouve dans d'autres endroits. On l'avait peut-être déjà observé à Cappelle-la-Grande près de Dunkerque). Le FN arrive partout en tête au premier tour, mais la droite l'emporte au deuxième tour, seulement d'une courte tête à La Gorgue justement. Cela semble cadrer avec l'hypothèse suivante : lorsque le discours nationaliste du PCF a davantage d'emprise, LO fait moins de voix et le PCF résiste mieux au premier tour mais le FN est en meilleure posture au deuxième tour. On ne peut pas en être certain, et l'échantillon est ici bien trop petit pour en être une preuve, mais ce genre d'indice se retrouve dans bien d'autres secteurs.

SECTEUR D'ARMENTIERES

Armentières est une ville populaire de taille moyenne (25.000 habitants) formant avec ses voisines une agglomération d'un peu plus de 50.000 habitants : La Chapelle-d'Armentières (8.400 habitants), Houplines (7.700 habitants), Nieppe (7.500 habitants), Erquinghem-Lys (4.600 habitants). On est à la fois proche du fond rural flamand et de la région lilloise. Armentières et Houplines sont les deux communes à plus forte tradition ouvrière, autrefois grands centres textiles mais le textile a quasiment disparu et l'une des dernières usines à Houplines, Hacot & Colombier, est mourante (28 emplois supprimés sur 43, après une récente vague de 30 suppressions). Il reste surtout de la métallurgie à Armentières (boulonnerie, robinetterie avec des suppressions d'emplois en cours chez Pentair-Griss) et une usine agroalimentaire à Nieppe (biscuiterie United Biscuits / Delacre qui emploie beaucoup de travailleurs précaires).

Les résultats de LO sont bons à Houplines (2,23 %) et Armentières (2,07 %) mais médiocres ou mauvais à Nieppe (1,77 %), Erquinghem-Lys (1,64 %) et La Chapelle-d'Armentières (1,44 %). Le PCF a un profil assez similaire avec ses meilleurs résultats à Armentières (8,65 %) et Houplines (8,39 %) mais fait nettement moins à Erquinghem-Lys (4,71 %), Nieppe (3,98 %) et La Chapelle-d'Armentières (3,13 %).

Toutes les villes placent le FN en tête au premier tour. La droite arrive généralement en seconde position, sauf à Armentières où elle est dépassée par le PS. Au deuxième tour, la droite l'emporte partout face au FN, et elle l'emporte le plus largement dans les villes qui votent le moins à gauche : Nieppe et La Chapelle-d'Armentières.

AGGLOMERATION DE LILLE ET ENVIRONS

Ce secteur extrêmement complexe socialement et électoralement regroupe l'agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing (plus de 1 million d'habitants) et son influence en déborde largement, sur les campagnes environnantes et même sur la Belgique dont quelques communes appartiennent à l'agglomération. Aux marges de cette zone en allant vers le Pas-de-Calais, on touche pratiquement à l'ancien bassin minier (Annoeullin, Ostricourt...) mais la limite est devenue floue. Au Nord, un chapelet de petites villes industrielles le long de la Deûle se distingue un peu (Halluin, Comines, Bousbecque...) mais il est lui aussi de plus en plus tourné vers Lille.

Le coeur de l'agglomération lilloise a pour particularité de comporter trois noyaux principaux (du Sud au Nord) : Lille (près de 230.000 habitants depuis l'absorption d'une grosse banlieue, Lomme), Roubaix (94.000 habitants) et Tourcoing (92.000 habitants), qui sont aussi les trois communes les plus peuplées du Nord devant Dunkerque. Les autres grosses communes du secteur sont l'ancienne "ville nouvelle" de Villeneuve-d'Ascq (63.000 habitants) à l'Est de Lille, Wattrelos (42.000 habitants) à l'Est de Roubaix, Marcq-en-Baroeul (40.000), Lambersart (29.000), La Madeleine (22.000), Mons-en-Baroeul (21.000), Loos (21.000), Halluin (21.000), Croix (20.000), Wasquehal (20.000), Hem (18.000), Ronchin (18.000), Faches-Thumesnil (18.000), Haubourdin (14.000), Mouvaux (13.000) etc. - la liste est impressionnante.

Socialement, cette zone est très mélangée, avec une présence importante de la bourgeoisie y compris la très grande, à Lille même ou parfois Roubaix et Tourcoing mais aussi et surtout dans la zone allant du Nord de Lille à l'Ouest de Roubaix : Marcq-en-Baroeul, Croix, Wasquehal, Mouvaux, Bondues (10.000 habitants) etc. Il n'empêche que les choses ne sont pas toujours aussi simples, et une ville comme Croix compte d'un côté des quartiers populaires et de l'autre un quartier très riche où vivent des représentants des "grandes familles" d'industriels de la région : les patrons du textile (Prouvost, Mulliez aujourd'hui propriétaires d'Auchan), de l'agroalimentaire (Bonduelle) etc., avec une zone intermédiaire entre les deux...

La petite bourgeoisie est abondante dans ce secteur et forme, suivant les cas, un appui important du PS ou de la droite. La classe ouvrière est également nombreuse et présente un peu partout, même à Lille qui compte quelques quartiers très pauvres. Roubaix est l'une des villes de France les plus pauvres par le revenu moyen, bien qu'elle accueille aussi de nombreux petits bourgeois et quelques grands. Tourcoing est assez similaire. Villeneuve-d'Ascq est très mélangé, avec des cités populaires et des secteurs petits-bourgeois. Les villes les plus ouvrières sont Wattrelos, Mons-en-Baroeul, Loos, Ronchin, Haubourdin... et certaines villes proches du bassin minier.

L'économie est très diversifiée avec bien entendu un important secteur de services propre à toute grande ville et capitale régionale. L'industrie est néanmoins très présente dans la région, même s'il s'agit souvent d'établissements de taille moyenne ou petite. De nombreux secteurs sont représentés : la métallurgie, l'électronique-télécommunications, la chimie, la pharmacie, les cosmétiques, le matériel médical, la plasturgie, le papier-carton, l'impression-édition, le meuble, l'agroalimentaire... Il ne reste plus grand chose de l'ancien passé textile de l'agglomération, hormis des sociétés opérant surtout dans le commerce (Phildar, Vertbaudet...) Le secteur de la vente par correspondance (La Redoute, Les 3 Suisses, Blancheporte...) renommé vente à distance à l'époque d'internet, est très développé mais supprime de nombreux emplois.

LO est présent de longue date dans la région lilloise et a présenté quatre listes aux dernières municipales : à Lille, Villeneuve-d'Ascq, Wattrelos et (pour la première fois en 2014) Roubaix. LO a un passé de présence dans des entreprises importantes qui ont disparu dans la métallurgie (Massey Ferguson, Fives Cail Babcock, Rank Xerox...), la chimie (Lever) ou le textile. LO est toujours bien présent dans certains services (hôpitaux, enseignement...) et la vente à distance, notamment à La Redoute où ses militants ont été de toutes les luttes. Mais il y a encore un très grand nombre d'usines moyennes sans présence de LO.

La région lilloise est aussi le principal bastion du PS dans la région, alors que le PCF y est plutôt faible. On trouve ici les seules communes du Nord qui ont placé le PS en tête au premier tour : Lille, Villeneuve-d'Ascq, Mons-en-Baroeul, Ronchin, Annoeullin, et deux toutes petites villes : Fretin et Lezennes. On mesure ici l'importance de la déroute des régionales pour le PS, dont le Nord a toujours été un bastion !

LO fait précisément des scores faibles dans ces mêmes villes qui sont restées fidèles au PS : Lille (1,39 %) mais y compris des villes populaires comme Annoeullin (1,58 %), Mons-en-Baroeul (1,52 %), Villeneuve-d'Ascq (1,51 %) ou Ronchin (1,27 %), et moins surprenant les petites villes : Fretin (1,15 %) et Lezennes (1,08 %).

Ce type de score se retrouve assez largement à travers l'agglomération et dans les campagnes environnantes. Les pires scores LO sont bien entendus dans les banlieues les plus bourgeoises : Bondues (0,32 %), Marcq-en-Baroeul (0,59 %), Mouvaux (0,60 %), Wasquehal (0,86 %) etc. Les villes socialement très mixtes font à peine mieux : Croix (1,32 %), La Madeleine (1,07 %), Saint-André-lez-Lille (1,06 %)... Les meilleurs scores LO se situent d'abord, dans deux communes rattachables au bassin minier : Ostricourt (2,81 %) et Bauvin (2,65 %), et ensuite dans les communes populaires de Wattrelos (2,38 %), Roubaix (2,31 %), Tourcoing (1,92 %), Haubourdin (1,92 %), Loos (1,89 %) et à Comines (1,84 %).

Le PCF fait dans l'ensemble d'assez mauvais scores dans le secteur, mais fait parmi ses meilleurs scores dans les villes qui ont placé le PS en tête : Lille (6,09 %), Villeneuve-d'Ascq (5,98 %), Mons-en-Baroeul (5,98 %), Ronchin (5,77 %), Lezennes (6,36 %), seul Fretin étant bas (4,54 %). Ce sont donc des villes qui sont restées plutôt fidèles à la gauche PS ou même PCF, sans déplacement de voix vers LO.

Le PCF fait son meilleur score à Seclin (11,94 %), petite ville de 12.000 habitants un peu éloignée de Lille où LO fait un mauvais score (1,32 %). Le PCF fait encore un relativement bon score à Roubaix (7,14 %, l'un de ses meilleurs scores du secteur), à Loos (6,83 %), à Haubourdin (5,65 %), à Bauvin (5,47 %), à Faches-Thumesnil (5,41 %) mais il n'obtient que 4,82 % à Tourcoing, 3,91 % à Wattrelos et 3,31 % à Ostricourt (on peut penser que dans ces derniers cas LO a un peu mordu sur l'électorat PCF).

Le PCF fait lui aussi des scores bas dans les villes bourgeoises, mais s'il ne fait que 0,77 % à Bondues, il atteint tout de même 3,97 % à Wasquehal : c'est plus qu'à Wattrelos ou Ostricourt ! (Avec les bons résultats à Lille, on touche peut-être à une certaine dimension petite-bourgeoise du PCF plus marquée dans l'agglomération lilloise que dans le reste du département). Ailleurs dans l'agglomération lilloise les scores du PCF sont souvent assez mauvais.

Bien que le FN arrive en tête au premier tour dans certaines villes, l'agglomération lilloise n'est pas son point fort aux régionales de 2015, et malgré le fait que Roubaix ou Tourcoing sont souvent présentés comme ses fiefs il ne l'emporte pas dans ces villes au 2ème tour. Il ne l'emporte d'ailleurs nulle part dans ce secteur, à une seule exception : Bauvin, qui se situe dans la zone du bassin minier (le FN ne l'emporte pas pour autant à Ostricourt ou Annoeullin).

SECTEUR DE DOUAI

La ville de Douai est une ville assez bourgeoise, mais qui se situe en plein dans le secteur de l'ancien bassin minier, et plusieurs de ses "banlieues" sont très ouvrières comme Sin-le-Noble, Waziers, Auby, Dechy etc. Les principales villes sont Douai (42.000 habitants) et Sin-le-Noble (16.000 habitants), devant Waziers (7.700 habitants), Auby (7.500 habitants), Cuincy (6.600), Lallaing (6.500), Roost-Warendin (6.200), Pecquencourt (6.100), Flers-en-Escrebieux (5.700), Flines-lez-Raches (5.500), Dechy (5.100), Lambres-lez-Douai (5.100), Montigny-en-Ostrevent (4.800), Marchiennes (4.700), Guesnain (4.700), Raimbeaucourt (4.100) et Arleux (3.000).

A l'écart de l'agglomération de Douai, et hors zone des mines, la petite ville d'Orchies (8.000 habitants) est un cas un peu particulier : autant influencée par Douai que par Lille ou Valenciennes, et ville de la tête de liste de LO Eric Pecqueur même s'il est davantage connu dans le Valenciennois pour son rôle de militant CGT et LO chez Toyota.

L'industrie est très présente dans la région avec un poids important de l'industrie automobile autour de l'usine Renault, mais aussi du ferroviaire, de l'industrie du zinc, l'impression-édition (Imprimerie Nationale), l'agroalimentaire... Sans compter l'influence des grandes entreprises des régions avoisinantes. Orchies est moins industrielle (Chicorée Leroux...) que Douai et ses environs.

LO est présent dans la région, avec deux listes aux municipales à Sin-le-Noble et Orchies, et une présence dans certaines entreprises, notamment chez Renault et au centre hospitalier de Douai.

LO fait de bons scores dans la plupart des villes du Douaisis : 3,19 % à Guesnain, 3,02 % à Dechy, 2,85 % à Pecquencourt, 2,79 % à Waziers, 2,47 % à Auby, 2,46 % à Sin-le-Noble, 2,30 % à Flers-en-Escrebieux, 2,15 % à Lallaing, 1,97 % à Montigny-en-Ostrevent, 1,87 % à Roost-Warendin, et encore 1,82 % à Douai même. D'autres banlieues, dont les moins populaires mais pas seulement, donnent de plus mauvais scores : 1,81 % à Cuincy, 1,69 % à Lambres-lez-Douai, 1,52 % à Raimbeaucourt, 1,46 % à Flines-lez-Raches, 1,28 % à Marchiennes, 0,77 % dans la petite commune d'Arleux.

Le PCF est fortement implanté dans la région et dirige même certaines municipalités, notamment Waziers et Auby, tandis que Guesnain est étiqueté "Front de Gauche". Mais il a perdu Lallaing en 2014. Le PCF fait un score très élevé à Waziers (33,13 %) où il arrive néanmoins en 2ème position derrière le FN (mais devant le PS). Même configuration en moins marqué à Auby (17,43 %). A Guesnain, le PCF fait un très bon score (25,15 %) mais n'en arrive pas moins en 3ème position derrière le FN et la droite. Idem à Lallaing (13,75 %) et Arleux (12,24 %). A Dechy (12,43 %) et Montigny-en-Ostrevent (12,18 %) il est 3ème également, mais derrière le FN et le PS. Le PCF obtient encore 10,82 % à Flines-lez-Raches, 10,11 % à Sin-le-Noble (ville PS), 9,37 % à Pecquencourt, 7,09 à Marchiennes, 7,01 % à Roost-Warendin, 6,92 % à Cuincy, 6,03 % à Flers-en-Escrebieux, 4,90 % à Lambres-lez-Douai, 4,80 % à Raimbeaucourt.

Au vu de ces résultats, on peut considérer que le PCF a bien "tenu ses troupes" face au vote LO mais moins face au FN, à Montigny-en-Ostrevent et à Arleux.

Au 2ème tour, la droite l'emporte presque partout face au FN, et même très largement à Douai même (la bourgeoisie n'a pas voté FN). Mais le FN devient majoritaire à Lallaing, Roost-Warendin, Arleux et perd à très peu de voix à Pecquencourt et Montigny-en-Ostrevent.

A Orchies, LO fait un assez bon score avec 2,04 %. Le PCF obtient 7,18 %. Le FN arrive comme souvent en tête au premier tour, mais cède la majorité à la droite au second tour.

SECTEUR DE VALENCIENNES

Valenciennes est tout comme Douai une ville assez bourgeoise, et un bastion de la droite traditionnelle, même si elle compte des quartiers populaires. Elle est malgré tout située dans l'ancien bassin minier et entourée de communes dont beaucoup sont très ouvrières et très fortement touchées par le chômage, telles Denain qui fait partie des villes les plus pauvres de France en revenu par habitant. Mais bien d'autres villes comme Anzin peuvent soutenir la comparaison.

Les villes de plus de 3.000 habitants sont nombreuses, formant une grande vallée industrielle autour du fleuve Escaut. Il s'agit de Valenciennes (43.000 habitants), Denain (20.000 habitants), Saint-Amand-les-Eaux (17.000 habitants), Anzin (13.000 habitants), Raismes (13.000), Somain (12.000), Bruay-sur-l'Escaut (12.000), Marly (12.000), Saint-Saulve (11.000), Aniche (11.000), Douchy-les-Mines (10.000), Vieux-Condé (10.000), Condé-sur-l'Escaut (9.600), Escaudain (9.200), Onnaing (8.700), Fresnes-sur-Escaut (7.700), Aulnoy-lez-Valenciennes (7.400), Beuvrages (6.700), Trith-Saint-Léger (6.500), Quiévrechain (6.100), Wallers (5.600), Fenain (5.300), Petite-Forêt (5.000), Crespin (4.500), Auberchicourt (4.500), Hergnies (4.300), Masny (4.300), Abscon (4.200), Escautpont (4.200), Bouchain (4.000), Maing (4.000), Hérin (3.900), Lourches (3.900), Hasnon (3.800), Roeulx (3.700), Hornaing (3.500), La Sentinelle (3.300), Haveluy (3.100), Quarouble (3.100).

L'industrie est fortement marquée par l'industrie automobile (avec Toyota, Sevelnord et PSA) et ferroviaire (Bombardier, Alstom) et leurs multiples sous-traitants et fournisseurs, ainsi que par la métallurgie lourde en amont (l'ex-Vallourec qui supprime actuellement des emplois à Saint-Saulve). L'industrie du verre, la chimie, la plasturgie, l'agroalimentaire sont bien représentés, ainsi que la pharmacie avec entre autres l'usine de vaccins GSK qui s'est beaucoup développée à Saint-Amand-les-Eaux et continue de grossir.

La présence de LO passe par l'implantation chez Toyota où travaille la tête de liste régionale, mais aussi par une présence locale qui s'est traduite par une liste aux dernières municipales à Denain.

LO réalise un faible score à Valenciennes (1,27 %). Mais certains scores sont élevés dans les villes alentour : Denain (3,35 %), Crespin (3,26 %), Beuvrages (3,10 %), Abscon (2,93 %), Bruay-sur-l'Escaut (2,92 %), Escautpont (2,88 %), Auberchicourt (2,84 %), Hérin (2,84 %), Trith-Saint-Léger (2,78 %), Lourches (2,78 %), Masny (2,68 %), Raismes (2,56 %), Onnaing (2,56 %), Escaudain (2,52 %), Somain (2,49 %), Quiévrechain (2,49 %), Fresnes-sur-Escaut (2,45 %), Vieux-Condé (2,38 %), Anzin (2,36 %), Aniche (2,36 %), Fenain (2,29 %), Douchy-les-Mines (2,14 %), Condé-sur-l'Escaut (2,13 %), Hornaing (2,10 %), Marly (2,03 %), et encore Petite-Forêt (1,95 %), Quarouble (1,94 %), Roeulx (1,82 %), mais moins à Hergnies (1,71 %), Saint-Saulve (1,68 %), La Sentinelle (1,60 %), Maing (1,59 %), Haveluy (1,59 %), Aulnoy-lez-Valenciennes (1,58 %), Hasnon (1,57 %), Bouchain (1,40 %), et un mauvais score à Saint-Amand-les-Eaux (1,38 %) et Wallers (0,95 %). On note la remarquable fréquence des scores nettement au-dessus de 2 % qui montre que LO a rencontré l'assentiment d'un électorat ouvrier et populaire non négligeable.

Le PCF se caractérise par sa grande puissance historique dans la région, et son implantation ouvrière très forte, moins dans les industries "récentes" comme Toyota que dans d'autres secteurs comme le ferroviaire et la métallurgie lourde. Il dirige de nombreuses municipalités : Saint-Amand-les-Eaux (un cas particulier sur lequel nous reviendrons), Trith-Saint-Léger, Douchy-les-Mines, Somain, Raismes, Petite-Forêt, Roeulx, Escaudain, Haveluy, Onnaing (reprise en 2014), Escautpont (apparenté PCF qui a pris la commune à un divers gauche en 2014)... Mais il a perdu Fenain en 2014 au profit d'un divers gauche et également perdu Vieux-Condé, Aniche, Hérin et Quiévrechain. Il a conservé Marly mais l'élection a été annulée.

Le PCF obtient de très gros scores dans certaines villes, mais n'arrive jamais premier, toujours au mieux second derrière le FN (même dans les municipalités qu'il détient). C'est le cas à Roeulx (26,45 %), Trith-Saint-Léger (21,30 %), Douchy-les-Mines (19,77 %), Escaudain (19,49 %), Raismes (18,26 %), Masny (17,43 %), Aniche (16,83 %), Somain (15,40 %). Il fait encore 15,00 % à Haveluy, 14,98 % à Fenain, 14,93 % à Lourches, 14,80 % à Onnaing, 14,04 % à Petite-Forêt, 13,29 % à Quiévrechain, 12,69 % à Marly, 12,22 % à Escautpont, 12,15 % à Hérin, 12,08 % à La Sentinelle, 11,53 % à Hasnon, 11,34 % à Auberchicourt, 10,94 % à Vieux-Condé, 10,31 % à Bouchain, 10,22 % à Abscon, 10,16 % à Hergnies.

Le PCF n'obtient que 5,74 % dans la ville de Valenciennes et dans certaines villes PS, comme Denain (record local de LO) ou Anzin, il arrive en 3ème position derrière le FN et le PS avec 8,47 % et 8,48 %. Il fait encore 8,98 % à Aulnoy-lez-Valenciennes, 8,79 % à Maing, 8,57 % à Beuvrages, 8,44 % à Fresnes-sur-Escaut, 8,00 % à Bruay-sur-l'Escaut, 7,26 % à Condé-sur-l'Escaut, 7,14 % à Crespin, 6,72 % à Hornaing, 6,31 % à Quarouble, 5,25 % à Wallers, 5,14 % à Saint-Saulve.

Le PS, lui, n'arrive nulle part en première position au premier tour. Il est en revanche en 2ème position dans 9 communes : Denain, Anzin, Aulnoy-lez-Valenciennes, Fenain, Auberchicourt, Lourches, Hornaing, La Sentinelle et Haveluy.

Le fait le plus remarquable est l'importance du vote FN. Le FN l'emporte au 2ème tour dans 16 communes : Somain, Bruay-sur-l'Escaut, Aniche, Douchy-les-Mines (à 3 voix près), Vieux-Condé, Onnaing, Fresnes-sur-Escaut, Trith-Saint-Léger, Fenain, Petite-Forêt, Abscon, Escautpont, Hérin, Roeulx, Haveluy, Quarouble. De fait, le FN atteint ou dépasse les 50 % dès le premier tour dans certaines villes ! Il obtient 50 % au premier tour et 52 % au deuxième tour à Hérin ; 50 % et 53 % à Quarouble ; 57 % et 55 % à Bruay-sur-l'Escaut, et même 59 % et 57 % à Fresnes-sur-Escaut !

Par contre, la droite l'emporte haut la main à Valenciennes, Marly, Saint-Saulve. Elle gagne aussi partout ailleurs, parfois avec un score très serré devant le FN : 47 voix d'avance à Raismes, 20 voix à Bouchain, 14 voix à Auberchicourt, 8 voix à La Sentinelle, 3 voix à Escaudain !

Saint-Amand-les-Eaux est un cas particulier car c'est un fief historique du PCF, dont la tête de liste Fabien Roussel et le député-maire Alain Bocquet. LO y fait un mauvais score : 1,38 %. Mais le PCF y réalise un score décevant : 19,40 %, soit une troisième position derrière le FN et la droite ! Il fait donc bien mieux dans d'autres villes du Valenciennois, ou du Douaisis, que dans son fief de Saint-Amand-les-Eaux. Au 2ème tour toutefois, la droite soutenue par le PS et le PCF l'emporte face au FN.

Dans l'ensemble donc, les villes les plus bourgeoises ou votant traditionnellement à droite (Valenciennes, Saint-Saulve...) placent toujours celle-ci gagnante au 2ème tour face au FN, tandis que les villes ouvrières sont très partagées, certaines donnant une majorité au FN et d'autres à la droite. Résultat : 16 villes avec le FN en tête et 23 villes avec la droite en tête.

Ici aussi, on observe des villes où le PCF a relativement "tenu ses troupes" face au vote LO, comme Saint-Amand-les-Eaux mais aussi Petite-Forêt, Roeulx, Haveluy, c'est-à-dire dans des endroits qui, hormis Saint-Amand, ont voté majoritairement FN au 2ème tour.

SECTEUR DE CAMBRAI

Cambrai est une ville un peu bourgeoise d'importance secondaire, située dans un secteur aujourd'hui moins industrialisé que d'autres parties du Nord, avec notamment peu d'industries lourdes. Outre l'agglomération de Cambrai, d'autres petites villes situées à l'écart forment des pôles d'attraction non négligeables, comme Caudry, Le Cateau-Cambrésis et Solesmes.

L'industrie comprend de la métallurgie surtout représentée par des constructions mécaniques, un peu de chimie, une importante usine cosmétique filiale de L'Oréal à Caudry, de la plasturgie, une verrerie dans le gros bourg de Masnières au Sud de Cambrai, de la transformation du papier, et surtout des industries agroalimentaires (Candia, Royal Canin, Soleco, SPAC Nestlé, Sucrerie d'Escaudoeuvres, Chocolats De Neuville), tandis que le textile-confection a fortement décliné malgré quelques entreprises de dentelle ou de linge de maison.

Les villes sont Cambrai (33.000 habitants), Caudry (15.000 habitants), Le Cateau-Cambrésis (7.000), Solesmes (4.600), Neuville-Saint-Rémy (3.800), Avesnes-les-Aubert (3.600), Landrecies (3.600), Escaudoeuvres (3.400), Proville (3.300), Iwuy (3.200), Masnières (2.700).

LO n'a semble-t-il qu'une présence occasionnelle à Cambrai (journées d'action), pas de liste aux municipales. Les résultats de LO sont médiocres à Cambrai (1,59 %) et Caudry (1,43 %) mais relativement bons ailleurs : 2,31 % à Neuville-Saint-Rémy, 2,16 % à Escaudoeuvres, 2,12 % à Masnières, 2,10 % à Solesmes, 2,06 % à Iwuy, 2,03 % au Cateau-Cambrésis, mais seulement 1,50 % à Avesnes-les-Aubert, 1,20 % à Proville et 1,18 % à Landrecies, avec des scores souvent très faibles aussi dans les villages.

Le PCF est bien implanté et tient deux municipalités, Avesnes-les-Aubert (dont le maire Alexandre Basquin est également secrétaire départemental du PCF) et Masnières. Le maire d'Escaudoeuvres est un ex-PCF devenu divers gauche.

Le PCF fait logiquement son meilleur score à Avesnes-les-Aubert (29,18 %) où l'on peut considérer encore une fois qu'il a "tenu ses troupes" face au vote LO. Il n'arrive toutefois qu'en 2ème position derrière le FN. Il fait encore 12,71 % à Masnières, 7,79 % à Escaudoeuvres, 6,17 % à Solesmes, 5,45 % à Caudry mais seulement 4,82 % à Iwuy, 4,80 % au Cateau-Cambrésis, 4,35 % à Neuville-Saint-Rémy, 4,02 % dans la ville de Cambrai, 3,70 % à Landrecies et 2,59 % à Proville.

Le FN arrive n°1 partout au premier tour, suivi systématiquement par la droite sauf à Avesnes-les-Aubert. Au 2ème tour, le FN est très largement battu par la droite à Cambrai. La droite gagne également à Caudry, au Cateau-Cambrésis et dans la plupart des autres villes y compris Masnières et Escaudoeuvres. Mais le FN obtient la majorité à Solesmes, à Iwuy et dans le fief du PCF à Avesnes-les-Aubert. Son score à Iwuy est impressionnant : 53 % au premier tour et 55 % au deuxième tour.

SECTEUR DE MAUBEUGE

Bien que ville-centre dans son secteur (la vallée de la Sambre), Maubeuge reste une ville largement ouvrière et populaire. C'est le principal centre urbain d'une agglomération industrielle qui s'étire le long de la Sambre et qui, si elle est beaucoup moins importante que par le passé, compte encore de nombreuses usines avec beaucoup d'industrie lourde. A l'écart de l'agglomération de Maubeuge, existent d'autres petits pôles comme Avesnes-sur-Helpe (ville à profil plutôt administratif et de services), Le Quesnoy (à profil plutôt touristique et commercial) et Aulnoye-Aymeries qui forme avec ses voisines Berlaimont et Leval une petite agglomération à profil très nettement industriel, marquée par la présence de plusieurs sociétés issues du groupe de métallurgie Vallourec.

L'industrie la plus représentée dans la région est la métallurgie, avec de l'automobile (MCA du groupe Renault à Maubeuge / Louvroil) et du gros équipement industriel (morceaux de Vallourec, de l'ancien Jeumont-Schneider, ArcelorMittal...) Les autres secteurs notables sont l'industrie du verre, dont la ville de Boussois est un berceau historique. On trouve aussi de la plasturgie et de l'agroalimentaire. La période récente a été marquée par la fermeture de l'usine métallurgique Sambre-et-Meuse et, en ce moment, par les suppressions d'emplois programmées chez Vallourec sous prétexte de mauvaise conjoncture pétrolière (Vallourec fournit des tubes à l'industrie pétrolière).

Les villes sont Maubeuge (31.000 habitants), Hautmont (14.000 habitants), Jeumont (9.700 habitants), Aulnoye-Aymeries (8.700 habitants), Feignies (7.200 habitants), Louvroil (6.700), Ferrière-la-Grande (5.400), Le Quesnoy (5.000), Avesnes-sur-Helpe (5.000), Rousies (4.300), Bavay (3.500), Boussois (3.200), Berlaimont (3.200) et citons encore une commune plus petite, Leval (2.400) accolée à Aulnoye-Aymeries.

LO est présent dans ce secteur et a été en mesure de présenter deux listes aux municipales, à Maubeuge et à Ferrière-la-Grande. Aux avant-dernières municipales, LO avait également participé à une liste d'union à Leval (commune sans doute trop petite pour y constituer une liste LO). LO s'est aussi présenté dans les deux cantons de Maubeuge aux départementales de début 2015.

Les scores de LO sont globalement bons voire très bons. LO obtient ses meilleurs résultats à "Vallourec-city", à savoir Aulnoye-Aymeries (3,37 %), mais aussi dans le berceau du verre à Boussois (3,06 %), ainsi qu'à Louvroil (2,91 %), Leval (2,80 %), dans la ville de Maubeuge (2,60 %), à Hautmont (2,55 %), Avesnes-sur-Helpe (2,39 %), Bavay (2,35 %), Ferrière-la-Grande (2,08 %), Berlaimont (2,04 %), Rousies (1,90 %). Mais LO n'obtient que 1,47 % à Feignies, 1,40 % à Jeumont et 1,31 % au Quesnoy.

C'est dans cette région que, dans un minuscule village (moins de 250 habitants), Semousies, LO fait son meilleur score dans une commune du Nord : 7,27 %. Mais cela correspond à 8 voix ! (contre 10 voix au PS, 4 voix au PCF, mais 31 voix à la droite et 45 voix au FN ; au 2ème tour : droite 65 voix et FN 60 voix).

Le PCF est fortement implanté dans la région et détient les mairies de Louvroil, Aulnoye-Aymeries, Boussois et Leval, ainsi que le canton de Maubeuge-Sud (qui disparaît en 2016 suite à une refonte administrative). Le PS reste influent dans le reste de l'agglomération de Maubeuge, bien que la ville de Maubeuge alterne entre PS et centristes de l'UDI.

Le PCF fait de loin ses meilleurs scores à Aulnoye-Aymeries et Louvroil, où il est 2ème derrière le FN au premier tour avec 24,94 % dans les deux cas. Même situation à Leval où le PCF fait 19,46 % et à Boussois où il atteint 15,74 %. Il fait encore 9,22 % à Feignies, 7,89 % au Quesnoy, 7,39 % à Berlaimont, 7,25 % à Avesnes-sur-Helpe, 7,07 % à Hautmont, 6,48 % à Maubeuge, 6,46 % à Jeumont, mais seulement 4,26 % à Rousies, 3,53 % à Bavay et 3,34 % à Ferrière-la-Grande (ville PS).

Le FN arrive partout en tête au premier tour, tantôt devant la droite, tantôt devant le PCF ou, dans deux villes (Jeumont, Ferrière-la-Grande), devant le PS. Au 2ème tour, le FN l'emporte à Feignies et d'une très courte tête à Leval (à 25 voix) et à Boussois (à 12 voix). Mais la droite est majoritaire partout ailleurs face au FN, et même très largement dans les deux seules villes non industrielles : Le Quesnoy et Avesnes-sur-Helpe.

SECTEUR DE FOURMIES

Bien que rattaché administrativement à la sous-préfecture d'Avesnes-sur-Helpe, le bassin de Fourmies est un ancien centre industriel assez autonome, qui a vu disparaître quasiment tout son important secteur textile, ainsi que d'autres activités comme la forge et la verrerie. Il conserve un peu de métallurgie avec les traditionnelles visseries travaillant pour l'automobile (Agrati ex-Acument) et d'autres entreprises parfois filiales de grands groupes comme Medtronic (matériel médical) mais toujours de petite taille. Un bassin sinistré sans grande usine.

Les villes sont Fourmies (13.000 habitants), Anor (3.300 habitants), Wignehies (3.100), Trélon (3.000) et, un peu plus à l'écart, Sains-du-Nord (3.000).

LO a pris pied assez précocement à Fourmies (années 1990 ?) et dispose d'une implantation locale qui se traduit par une présence aux municipales à Fourmies. Le PCF a perdu la ville de Fourmies en 2014 au profit de la droite. Le PS est encore bien présent dans le secteur.

Les résultats de LO sont bons à Fourmies (3,13 %) et restent plutôt bons dans les communes voisines : Anor (2,02 %), Wignehies (1,89 %) et Trélon (1,85 %). Mais ils sont très faibles à Sains-du-Nord (1,28 %).

Le PCF obtient un résultat très décevant à Fourmies (6,75 %) si l'on considère qu'il tenait encore la mairie il y a peu : il n'y arrive qu'en 4ème position derrière le FN, la droite et le PS (LO est 5ème). Le PCF fait 6,13 % à Sains-du-Nord, 5,78 % à Wignehies, 4,59 % à Anor et 3,82 % à Trélon : un profil presque inverse de celui de LO.

Le FN arrive partout en tête au premier tour et l'emporte également au 2ème tour à Wignehies, ainsi qu'à Trélon (où il obtient 53 % des voix dès le premier tour et autant au second). La droite l'emporte partout ailleurs.

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Voici donc pour cette première analyse des résultats des régionales. J'espère pouvoir faire de même pour d'autres départements que le Nord. Toutes les remarques sont les bienvenues...

[artza]

ça c'est du boulot. Mais qui peut être bien utile à un certain niveau.

Mais tout de même les résultats de LO sont plus que modestes mais infiniment supérieurs à ceux qui ont renoncés. Les résultats du PC ne nous consolent en rien, surtout qu'ils ont une autre signification.

Merci pour le boulot. Tu comptes faire l'hexagone comme ça?

[Plestin]

Tous les départements ça serait un très très gros boulot. Mais en faire plusieurs - le maximum - répartis dans différentes régions, oui j'espère. Pour l'instant on reste dans la même région, le Pas-de-Calais est en préparation... J'en profite, je n'ai pas toujours du temps de libre...

[Kéox2]

Je trouve aussi ce travail intéressant et bien utile, merci à toi Plestin.