Retour sur les résultats des régionales - Département 62

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Retour sur les résultats des régionales - Département 62

Message par Plestin » 26 Jan 2016, 11:37

Après le Nord, voici maintenant le PAS-DE-CALAIS.

Nous sommes ici dans la grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où le score moyen de LO aux régionales de 2015 est de 1,75 %. Le Nord était un peu en-dessous de la moyenne, le Pas-de-Calais est au-dessus avec 1,95 % soit 11.642 voix. C'est le département de la grande région où le score LO est le meilleur.

Calais, Boulogne et Arras tirent les scores LO vers le bas tandis que l'ancien bassin minier tire les scores LO vers le haut. Nous verrons les secteurs suivants, en allant du Nord au Sud sur la partie littorale du département :

Calais
Boulogne-sur-Mer
Le littoral au Sud de Boulogne

Puis, dans l'intérieur du département :

Saint-Omer
Le Val de Lys
Béthune
Bruay-la-Buissière
Lens
Hénin-Beaumont / Carvin
Arras
Les petites villes du Sud et du Centre du département et les villages de ce secteur.


Secteur de CALAIS

Calais est une ville ouvrière et populaire (malgré la présence d'une bourgeoisie) et c'est la commune la plus peuplée du Pas-de-Calais (73.000 habitants). Elle est le centre d'une agglomération, avec un arrière-pays qui compte aussi quelques petites villes. Les bassins d'emploi de Calais et Dunkerque (Nord) se chevauchent.

Les autres communes de plus de 3.000 habitants sont : Marck (9.900 habitants), Guînes (5.800), Coulogne (5.600), Oye-Plage (5.400), Audruicq (5.000), Sangatte (4.700), Ardres (4.200).

L'économie est sinistrée et le chômage très élevé. L'industrie a beaucoup reculé en vingt-cinq ans et ne compte plus que des établissements de taille moyenne ou petite. On trouve encore de la métallurgie (constructions mécaniques, câblerie), de la chimie, et un peu de textile (dentelle de Calais). Plusieurs usines ont fermé, dont la biscuiterie LU en 2003. Des plans de suppression d'emplois ont eu lieu dans la chimie, chez Calaire Chimie et Tioxide. Les services sont développés (centre hospitalier, sous-préfecture etc.) et surtout, les transports avec le port de Calais (grand port de voyageurs) et les infrastructures liées au tunnel sous la Manche. La concurrence que se livrent les compagnies de ferries, le train et la route entre France et Grande-Bretagne est intense. C'est à Calais que se sont déroulés les épisodes du feuilleton SeaFrance / MyFerryLink avec la tentative soutenue par la CFDT locale de reprendre en SCOP une compagnie de ferries, SeaFrance (1.000 personnes), liquidée par la SNCF et l'Etat français. Cette tentative basée sur la mise en commun par 600 travailleurs de leur prime de licenciement, assortie du rachat des navires par Eurotunnel qui les louait à la SCOP a été la cible des autorités britanniques de la concurrence qui ont considéré qu'Eurotunnel se trouvait en position dominante sur le marché. Finalement, Eurotunnel a revendu les navires au concurrent DFDS qui ne devait reprendre qu'une partie du personnel de MyFerryLink, cette dernière étant liquidée.

Le paysage politique local est profondément marqué par la crise des migrants, hommes et femmes aux conditions de vie abominables dans la fameuse "jungle de Calais" d'où ils espèrent atteindre l'Angleterre, et en butte à de nombreuses attaques des milieux réactionnaires et du gouvernement PS, malgré la solidarité d'une partie de la population et de diverses associations. Cette crise s'est retrouvée au centre de la campagne électorale, Calais et Sangatte (point d'entrée du tunnel) ayant valeur de symboles.

Dans ce contexte délétère, les résultats de LO sont déprimés dans le secteur de Calais par rapport au reste du département : à Calais (1,79 %), Sangatte (1,58 %), Marcq (1,47 %), Audruicq (1,41 %), Guînes (1,24 %), Coulogne (1,07 %). Seule Oye-Plage (zone de transition Calais / Dunkerque) fait un score supérieur à la moyenne du département (2,05 %) et Ardres en est proche (1,94 %).

LO a pourtant une présence locale, et malgré le décès d'un camarade qui avait été tête de liste à de précédentes municipales à Calais (et, il y a plus longtemps encore, participé à une liste avec le PCF à Oye-Plage), et travaillait dans la métallurgie près de Dunkerque, LO a continué de présenter une liste en 2014. La camarade Françoise Millot, tête de liste aux municipales de 2014, était tête de liste départementale pour le Pas-de-Calais à ces dernières régionales. LO a aussi une présence régulière sur l'hôpital de Calais et le journal a bien suivi le déroulement des luttes locales.

Une partie de l'électorat LO potentiel, dans le contexte de la crise des migrants, s'est sans doute porté sur d'autres candidats. Quelques-uns peut-être vers le FN, mais il est très probable que la plupart ait été tétanisée par le risque que Calais (et Sangatte) deviennent des symboles de la victoire du FN et se soient portés dès le premier tour sur des candidats de gauche (PS 14 %) voire de droite (LR 23 %), supposés pouvoir faire barrage au FN. Cette hypothèse semble confortée par le second tour, où la droite soutenue par la gauche a assez nettement devancé le FN dans les deux villes emblématiques de Calais (56 %) et Sangatte (61 %), c'est-à-dire là où l'on aurait pu penser que le FN l'emporte ; alors que le FN avait fait 49 % au premier tour à Calais ! Au final, la confusion est totale vue que la maire de Calais (droite) ainsi que Xavier Bertrand sont loin d'être des soutiens des réfugiés ! Idem pour le PS d'ailleurs... L'électorat de la droite au second tour est donc un mélange d'électeurs pro- et anti-réfugiés...

Le PCF est, lui, dans une situation électorale catastrophique. Outre ses propres déboires communs à d'autres régions, il semble avoir été victime du même phénomène qui a affecté LO ("vote utile" anti-FN ou peut-être pro-FN) et n'obtient que 5,28 % à Calais, ce qui est très peu si l'on songe que jusqu'en 2008, il dirigeait la mairie de Calais ! Le PCF fait encore moins ailleurs : Sangatte (4,13 %), Coulogne (3,88 %), Guînes (3,66 %), Oye-Plage (3,22 %), Marcq (2,64 %), Audruicq (2,03 %), et Ardres (1,67 %, moins que LO).

Le PS est aussi dans une mauvaise passe, car moins de 14 % à Calais c'est quand même peu. Deux municipalités PS figurent dans notre panel : Oye-Plage et Coulogne. Au premier tour, à Oye-Plage, le PS arrive 2ème avec 21 %, loin derrière le FN qui fait presque 50% et pas très loin devant la droite à 18 %. Et à Coulogne (municipalité prise à un "divers droite" en 2014), il n'arrive que troisième à 19 % derrière un FN à 46 % et une droite à 24 %.

Alors que le FN est en tête partout au premier tour, il n'est majoritaire nulle part au second tour, ce qui révèle une mobilisation des abstentionnistes. Une seule exception : Guînes, où le FN avait déjà obtenu 53 % au premier tour et refait 53 % au second. Calais n'est pas devenu le symbole de la victoire du FN.


Secteur de BOULOGNE-SUR-MER

Boulogne est une ville qui compte à la fois une bourgeoisie et une petite-bourgeoisie nombreuses liées entre autres au port de pêche, et une classe ouvrière importante. Elle est au coeur d'une agglomération moyenne comptant plusieurs banlieues ouvrières comme Outreau, Le Portel ou Saint-Etienne-au-Mont. De petites villes souvent industrielles sont situées à l'intérieur des terres : Marquise, Desvres, Samer.

Les principales communes sont : Boulogne-sur-Mer (43.000 habitants), Outreau (14.500 habitants), Saint-Martin-Boulogne (11.000), Le Portel (9.700), Wimereux (7.300), Desvres (5.200), Marquise (5.200), Saint-Etienne-au-Mont (5.100), Wimille (4.200), Samer (3.700), Saint-Léonard (3.600), et une plus petite forme une agglomération de plus de 8.000 habitants avec Marquise : Rinxent (2.900).

L'économie est fortement marquée par la présence du port de pêche à Boulogne, avec des entreprises de transformation des produits de la mer et les infrastructures logistiques. On trouve ici plusieurs grands noms du poisson, avec Findus, Scapêche (Intermarché), Marine Harvest - Kritsen, Océan Délices - Traiteurs de la Mer, Delpierre, Pickenpack-Gelmer... Beaucoup sont localisés dans la zone industrielle de Capécure en pleine ville. Le patronat local bénéficie des retombées d'infrastructures de recherche subventionnées par les pouvoirs publics.

Le secteur accueille aussi d'autres industries : métallurgie (fonderie d'acier pour rails Vossloh Cogifer à Outreau, boîtes de conserves métalliques Crown Food à Outreau), électronique, emballage en carton, imprimerie, cosmétiques, instruments d'écriture (Conté, qui ferme Boulogne pour tout regrouper à Samer), agroalimentaire (Continentale Nutrition : aliments pour chiens et chats, Moy Park à Marquise : produits à base de porc et de volailles, laiterie Novandie à Vieil-Moutier près de Desvres), matériaux de construction (Carrières du Boulonnais près de Marquise). Le port de commerce de Boulogne a subi une forte chute d'activité après 2003 suite à la fermeture de Comilog (groupe Eramet) qui fabriquait du ferromanganèse. La création d'emplois dans un centre d'appels Armatis n'a pas inversé la situation locale, et les salaires ne sont pas les mêmes... Dans l'intérieur, Desvres a souffert de la fermeture de ses faïenceries qui produisaient du carrelage.

La présence de LO est faible à Boulogne-sur-Mer, mais des journées d'action y sont organisées.

Les scores LO sont un peu décevants sur le Boulonnais. Ils sont assez bons ou moyens au Portel (2,09 %), à Outreau (2,07 %), Wimille (2,01 %), Saint-Etienne-au-Mont (1,93 %), mais faibles à Saint-Léonard (1,77 %), Marquise (1,72 %), Samer (1,66 %), Boulogne-sur-Mer (1,61 %), Saint-Martin-Boulogne (1,51 %) et Wimereux (1,32 %). On note deux scores meilleurs dans l'arrière-pays, à Rinxent (3,26 %) et Desvres (2,82 %).

Le secteur est un fort noyau de résistance du PS, qui détient les municipalités de Boulogne-sur-Mer, Outreau, Saint-Martin-Boulogne, Desvres et Le Portel (repris à la droite en 2014) bien qu'il ait perdu Marquise en 2014. Aux régionales, le PS est arrivé en tête au premier tour à Boulogne avec 37 %, devançant un FN à 36 %, une situation très rare dans la région.

Il faut dire que la tête de liste départementale du PS n'est pas n'importe qui : Frédéric Cuvilliez, maire de Boulogne-sur-Mer, ancien ministre ou secrétaire d'Etat dans des fonctions liées au transport et à la pêche. C'est à la fois un proche de Hollande, et quelqu'un qui a cultivé une image critique en refusant de participer à un gouvernement "Valls 2" jugé trop à droite, alors qu'il avait participé aux deux gouvernements "Ayrault 1 et 2" et à "Valls 1"... Ses fonctions lui ont permis de choyer le patronat de la pêche, et il a relayé dans les instances européennes les intérêts du lobby de la pêche en eau profonde au grand dam des associations de défense de l'environnement. Aussi, il est possible qu'une fraction de travailleurs ait eu l'impression que le PS défendait les emplois liés à la pêche.

Le PCF est à la tête de la municipalité de Saint-Etienne-au-Mont, où il obtient son meilleur score (11,49 %) ce qui est peu pour un "fief" : son candidat n'arrive que 4ème derrière le FN, le PS et la droite ! Le PCF fait des scores moyens à Desvres (6,16 %), Outreau (5,51 %) et plus faibles à Saint-Léonard (4,42 %), au Portel (3,99 %), à Boulogne (3,86 %), Wimereux (3,82 %), Saint-Martin-Boulogne (3,76 %), Samer (3,33 %), Wimille (3,12 %), Marquise (2,71 %). A Rinxent (3,11 %), il est derrière LO... à 2 voix près.

Le PS est en tête à Boulogne et arrive 2ème derrière le FN partout ailleurs. Au deuxième tour, la droite l'emporte partout face au FN.


Secteur littoral de BERCK - ETAPLES - LE TOUQUET

Le secteur littoral qui fait la jonction avec la Somme est parsemé de stations balnéaires parfois huppées (Le Touquet, Neufchâtel-Hardelot), mais deux noyaux se distinguent. D'abord Berck, station balnéaire plus populaire qui abrite de nombreux établissements liés à la santé et au handicap, où travaillent de nombreux employés, médecins etc. (l'ex-maire PS de Berck, kinésithérapeute, a été remplacé en 2014 par un maire de droite également kinésithérapeute...) Ensuite, Etaples : un port de pêche accueillant la seule usine importante du secteur, Valéo (1.000 personnes), fabricant de composants électriques moteurs pour l'automobile. Il n'y a guère d'autres industries, sauf la cimenterie Holcim à Dannes.

Les principales villes sont : Berck (15.000 habitants), Etaples (11.100), Cucq (5.100), Le Touquet-Paris-Plage (4.500), Rang-du-Fliers (4.100), Neufchâtel-Hardelot (3.800).

LO est peu présent (la presse locale a interviewé un candidat LO habitant Berck). Les résultats de LO se détachent uniquement à Etaples (2,01 %). Ils sont faibles ailleurs, les meilleurs résultats étant à Berck (1,52 %) et Rang-du-Fliers (1,52 %, limitrophe de Berck vers l'intérieur) devant Cucq (1,39 %), Merlimont (1,01 %), et sans surprise Neufchâtel-Hardelot (0,60 %) et Le Touquet (0,35 %).

Le PCF a ses meilleurs scores - néanmoins faibles - à Berck (4,31 %) et Etaples (4,02 %), loin devant Cucq (2,47 %), Rang-du-Fliers (2,34 %), Merlimont (1,84 %), Neufchâtel-Hardelot (1,80 %) et Le Touquet (0,73 %).

Contrairement au Boulonnais, le PS n'arrive nulle part 2ème. A Cucq, Le Touquet, Neufchâtel-Hardelot et Merlimont, la droite est en tête dès le premier tour et sa victoire au second tour est souvent très large. A Berck, Etaples et Rang-du-Fliers - les villes les plus populaires - le FN est en tête au premier tour mais battu au second (très largement à Berck).

Les résultats du Touquet montrent comment vote la grande bourgeoisie : au premier tour, la droite fait 57 % avec 1.790 voix loin devant un FN à 25 %, et très loin devant un PS à 9,81 %. Arrivent ensuite Debout la France avec 2,5 %, un "divers droite" à 2,5 %, les écologistes à moins de 2 % et enfin le PCF (0,73 %), un divers droite UPR (0,53 %) et bon dernier LO (0,35 % avec 11 voix sur les 3.160 exprimés). Au second tour, la droite l'emporte très largement face au FN, c'est la ville du département où l'écart est le plus marqué : 75 % pour la droite (2.546 voix), 25 % pour le FN (853 voix). Dans sa majorité, la grande bourgeoisie n'a pas choisi le FN.


Secteur de SAINT-OMER

On se situe ici entre Calais et le bassin minier. Les principales villes sont Saint-Omer (14.000 habitants), Longuenesse (11.000), Arques (10.000), Blendecques (5.200), Lumbres (3.800), Saint-Martin-au-Laërt (3.800), Eperlecques (3.300), Wizernes (3.300). Saint-Omer est la ville-centre un peu bourgeoise de ce secteur, mais la région reste très ouvrière, avec bien moins de traditions de lutte que dans le bassin minier.

L'industrie est dominée par Arc International à Arques (ex-Verreries et Cristalleries d'Arques), "leader mondial de la vaisselle de table" (verres, assiettes...) qui emploie encore 6.000 personnes malgré de fortes baisses d'effectif et l'arrêt de certaines activités (dont la cristallerie). Certains morceaux de l'entreprise sont logés dans des filiales, comme Cartons et Plastiques (emballages et catalogues). D'autres morceaux ont été vendus, comme l'unité de bouteilles, carafes et flaconnages en verre devenue Alphaglass (groupe Saverglass) avec 300 personnes.

Arc International pèse très lourd dans l'emploi local et a imprimé fortement sa marque sur le secteur : pendant longtemps, il s'agissait d'une entreprise familiale (détenue par la riche famille Durand), très paternaliste et donnant le ton sur tous les aspects de la vie sociale dans la région (on naît Durand, on vit Durand, on meurt Durand). Mais le groupe est entré depuis quelques années dans une toute autre période. La famille a fait de son entreprise un groupe mondial avec des usines aux Etats-Unis, en Chine... Cela a eu un coût (s'ajoutant à celui, propre, de la famille !) et sous prétexte de difficultés économiques et d'endettement, les effectifs sont passés de 12.000 à 6.000 personnes entre 2004 et 2012. Puis la famille a passé la main à des fonds d'investissement. D'abord partiellement à HIG Capital France en 2014, puis totalement à PHP en 2015. Les suppressions massives d'emplois suivies par le passage du paternalisme local à la finance internationale ont sans doute créé une sorte d'électrochoc pour le personnel.

La région est aussi marquée par la présence de l'industrie du papier et du carton avec plusieurs usines le long de la rivière Aa (à Wizernes, Blendecques, Wardrecques, Lumbres...) Il y a aussi de l'agroalimentaire (brasserie, embouteillage de vin) à Saint-Omer ainsi qu'une cimenterie Holcim à Lumbres, et l'usine Bonduelle de Renescure (Nord) n'est pas loin.

Pour faible qu'elle soit, la présence de LO est réelle. Il y a eu par le passé un bulletin d'entreprise dans une papeterie. Il y en a un depuis longtemps chez Arc International, qui donne à LO l'occasion d'apparaître et de s'exprimer devant de nombreux travailleurs de la région. Des journées d'action sont organisées à Saint-Omer. Dans un secteur où la présence du PCF est très faible et les traditions de lutte peu nombreuses, LO apparaît autant sinon plus que le PCF comme l'incarnation de ceux qui veulent lutter.

Cela se voit dans les résultats électoraux. Si l'on reste un peu en-dessous de la moyenne régionale à Saint-Omer (1,83 %) et Lumbres (1,80 %), LO obtient un très bon résultat à Arques (3,50 %) et de bons résultats à Saint-Martin-au-Laërt (2,71 %), Blendecques (2,68 %), Longuenesse (2,29 %) et Wizernes (2,24 %). Le seul mauvais score est à Eperlecques (1,36 %) à l'écart de l'agglomération, plus au Nord.

Le PCF fait certes un peu mieux que LO à Wizernes (3,23 %), Longuenesse (2,75 %), Lumbres (2,21 %) et Eperlecques (1,90 %). Mais il fait moins que LO à Arques (2,80 %), Blendecques (2,63 % avec juste 1 voix de moins), Saint-Martin-au-Laërt (1,93 %), ainsi qu'à Saint-Omer (1,69 %), ce qui illustre les propos tenus plus haut. On ne retrouve nulle part cette situation ailleurs dans le Pas-de-Calais, sauf de manière ponctuelle.

Le PS est encore bien enraciné et détient les mairies de Longuenesse, Saint-Martin-au-Laërt, Wizernes et Eperlecques, mais il a perdu Saint-Omer et Blendecques en 2014, ainsi que Arques (dont le maire PS était devenu "divers gauche"), au bénéfice de la droite ou du centre (UDI).

La droite arrive en tête dès le premier tour à Saint-Omer (devant le FN, suivi du PS et des écologistes), et l'emporte haut la main face au FN au deuxième tour (69 % pour Xavier Bertrand). Ailleurs, le FN arrive en tête au premier tour, mais perd au second tour sauf à Blendecques où il gagne à 14 voix.

Le PS est très souvent en deuxième position derrière le FN et devant la droite : à Arques, Blendecques, Lumbres, Eperlecques, Wizernes et Longuenesse (à quelques voix). Il n'est dépassé par la droite qu'à Saint-Omer et Saint-Martin-au-Laërt. Le secteur de Saint-Omer est donc marqué par l'influence historique d'un PS en perte de vitesse et par la faiblesse du PCF qui laisse davantage d'espace libre à LO que dans d'autres secteurs... dans un contexte où le FN fait des scores importants, mais moins que dans le bassin minier, et où la droite reste fortement ancrée à Saint-Omer.


Secteur du VAL DE LYS (côté Pas-de-Calais)

Ce secteur regroupe de petites villes situées le long de la Lys, dont Aire-sur-la-Lys, ainsi qu'une ville un peu à l'écart, Isbergues. A l'Ouest, vers Aire-sur-la-Lys et Isbergues, l'influence de Saint-Omer / Arques d'un côté, de Béthune et du bassin minier de l'autre, se fait sentir, et à l'Est, on arrive aux portes de l'agglomération d'Armentières (Nord). Entre les deux, la Lys traverse de petites villes situées tantôt dans le Nord, tantôt dans le Pas-de-Calais (nous avions vu le côté Nord : Merville etc.)

Les villes sont : Aire-sur-la-Lys (9.900 habitants), Isbergues (9.200 habitants), Laventie (4.900), Lestrem (4.300), Sailly-sur-la-Lys (4.000), Saint-Venant (3.000).

L'industrie est représentée par la sidérurgie à Isbergues, la mécanique à Aire-sur-la-Lys (MMV, machines et matériels de verrerie, filiale d'Arc International), la chimie à Lestrem (Roquette Frères), l'imprimerie.

Un nombre important de travailleurs est employé chez Arc International mais habite ce secteur. Un autre gros employeur est la sidérurgie à Isbergues : cet ancien complexe a été en partie démantelé, avec l'arrêt de l'aciérie en 2006, tandis que les autres activités ont été séparées entre ThyssenKrupp (550 personnes) et Aperam, qui a succédé à ArcelorMittal (400 personnes). ThyssenKrupp a mis en vente son usine (tôles magnétiques) puis, faute de repreneur, il l'a conservée, en procédant à un chantage à l'emploi. En 2015, un sérieux contentieux a opposé les salariés et leurs organisations syndicales, CGT d'une part, CFDT d'autre part, lorsque sous prétexte de préserver l'emploi la direction a fait signer à la CFDT une diminution du nombre de jours de RTT en échange d'une promesse de maintien de l'emploi pendant 3 ans et d'un investissement mineur... Suite à cet accord auquel la CGT s'est fortement opposée, la CFDT a remporté la majorité aux élections au CE, ce qui illustre surtout à quel point les travailleurs sont déboussolés et craignent pour leur emploi.

Un troisième gros foyer d'emploi est Roquette Frères à Lestrem (ainsi que, côté Nord, la métallurgie à Merville). Roquette se situe à la limite entre l'agroalimentaire et la chimie, traitant du blé et du maïs pour en extraire l'amidon et fabriquer d'autres substances dérivées. L'usine emploie près de 3.000 personnes et dépend d'un groupe familial, dont les propriétaires font partie des plus grosses fortunes de France. Elle draine des travailleurs des communes alentour et bien au-delà, dans les deux départements. Mais c'est une usine avec peu de traditions de lutte.

La présence de LO dans les secteurs voisins influence forcément un peu celui-ci. LO fait un très bon score à Isbergues (3,30 %) et encore de bons scores à Saint-Venant, la commune voisine (2,45 %), et à Lestrem (2,14 %). Les scores deviennent moyens à Aire-sur-la-Lys (1,90 %), Sailly-sur-la-Lys (1,88 %) et plus faibles à Laventie (1,73 %), proche d'Armentières.

Le PCF fait ses meilleurs scores à Isbergues (7,49 %) et Saint-Venant (6,38 %), le secteur ayant le plus de traditions de lutte, en lien avec le bassin minier voisin. Il fait beaucoup moins à Aire-sur-la-Lys (3,11 %), Lestrem (2,63 %), Sailly-sur-la-Lys (2,52 %) et Laventie (2,44 %). Un profil similaire à celui de LO, mais un cran au-dessus.

Le PS, qui tient les municipalités d'Aire-sur-la-Lys et Isbergues, est distancé par la droite au premier tour. Le FN arrive partout en tête au premier tour mais est battu partout par la droite au second tour, parfois même très largement (Aire-sur-la-Lys, Laventie). Un secteur qui ressemble finalement assez à celui de Saint-Omer, avec quelques différences dues surtout à la présence ancienne de la sidérurgie à Isbergues (où l'on voit que le PCF est un peu plus influent).


Secteur de BETHUNE

Béthune est située sur la bordure du bassin minier sans en faire partie. Il s'agit plutôt d'une grosse ville flamande avec un riche passé dans le textile et l'horlogerie, et un centre-ville bourgeois même si de nombreux travailleurs habitent dans la commune. Les petites villes alentour malgré leurs zones industrielles ne sont pas forcément toutes plus populaires.

On reste ici sous l'influence des secteurs voisins, Val de Lys au Nord, Bruay-la-Buissière au Sud-Ouest, Lens au Sud et à l'Est... avec parfois de gros employeurs dont une partie du personnel habite vers Béthune. Notamment la grosse usine du secteur de Lens, la Française de Mécanique, située plus à l'Est.

Béthune est une ville administrative (sous-préfecture) avec de nombreux services, un port fluvial et une industrie : pneumatiques Bridgestone (plus de 1.000 personnes), constructions électriques, chimie (à Chocques), équipement de la maison (Cheminées Philippe), agroalimentaire (Beaumarais / McCain)...

Les principales communes sont : Béthune (25.000 habitants), Beuvry (8.900 habitants), Annezin (5.800) et Verquin (3.400).

LO a une faible présence (la presse locale a mentionné 1 candidat de Béthune) mais son influence via la Française de Mécanique se fait sentir, et des journées d'action sont organisées à Béthune.

Les résultats de LO sont faibles à Béthune (1,57 %) et Verquin (1,65 %), moyens à Annezin (1,97 %) et bons uniquement à Beuvry (2,57 %), une banlieue Est de Béthune.

Le PCF fait des scores médiocres : à Annezin (5,17 %), Verquin (4,52 %), Beuvry (4,48 %) et Béthune (4,12 %).

Le PS contrôle les municipalités de Beuvry et Verquin, mais n'arrive qu'en 2ème position derrière le FN dans ces villes. Le PS historiquement présent à Béthune a souffert des frasques de l'ancien maire Jacques Mellick dans l'affaire OM-VA. Les rivalités électorales qui s'en sont suivies ont abouti, en 2014, à la perte de la ville au profit d'un maire UDI. La ville avait largement voté Hollande face à Sarkozy aux présidentielles, mais aux régionales de 2015, le PS n'arrive que 3ème à Béthune (20 %) derrière le FN (36 %) et la droite (28 %), suggérant un transfert de voix du PS vers le FN et l'abstention.

Si le FN arrive en tête à Béthune au premier tour, il perd très largement au second tour (38 % contre 62 % pour la droite). Ailleurs, il arrive partout en tête au premier tour et obtient une courte majorité au second à Beuvry (à 41 voix), perd à 30 voix à Annezin et perd à Verquin.


BASSIN MINIER / secteur de BRUAY-LA-BUISSIERE

Ce secteur situé à l'extrêmité Nord-Ouest du Bassin minier est très ouvrier, même dans la plus grosse ville, Bruay-la-Buissière. Lillers à quelques km au Nord, est hors bassin minier mais fortement influencée par ce dernier sur le plan politique (elle fait la transition avec Isbergues encore plus au Nord).

Les principales communes sont : Bruay-la-Buissière (23.500 habitants), Auchel (11.000 habitants), Lillers (10.100), Houdain (7.600), Barlin (7.500), Divion (7.000), Marles-les-Mines (5.800), Calonne-Ricouart (5.600), Haillicourt (4.900), Lapugnoy (3.300), Allouagne (3.000), Burbure (3.000).

A Lillers, on trouve une importante sucrerie du groupe Tereos. Ailleurs, l'industrie est dominée par l'automobile, avec la STA à Ruitz, filiale de Renault (boîtes de vitesse), et des équipementiers (planches de bord, panneaux de portes, boucliers avant, pare-chocs) comme Faurecia à Marles-les-Mines et Plastic Omnium à Ruitz. On trouve d'autres entreprises de constructions mécaniques et électriques, de peintures et revêtements (PPG à Ruitz, ICP à Houdain) et la grosse imprimerie Léonce-Deprez à Ruitz (magazines, catalogues, prospectus...)

La ville d'Auchel a perdu nombre d'activités, dans le textile notamment, et Faurecia a fermé en 2010 pour déménager sur deux sites de la région dont Marles-les-Mines, non sans avoir supprimé 179 emplois sur 508 au passage. Auchel garde une usine de sacs-poubelle, Jet'Sac, qui aurait connu une passe difficile mais s'en serait remise... après une délocalisation de la production tchèque vers les deux usines françaises dont Auchel.

LO a une présence dans ce secteur mais n'a présenté aucune liste aux municipales. Dans la presse locale, deux candidats habitant Bruay ont été interviewés à l'occasion des régionales.

LO fait de bons, voire très bons scores dans la quasi-totalité des communes : à Marles-les-Mines (3,56 %), Calonne-Ricouart (3,36 %), Allouagne (3,24 %), Haillicourt (2,79 %), Bruay-la-Buissière (2,74 %), Houdain (2,56 %), Divion (2,52 %), Burbure (2,50 %), Lillers (2,30 %), Barlin (2,27 %), Auchel (2,21 %). Le score de LO n'est faible que dans la petite commune de Lapugnoy (1,53 %) mais un gros village situé juste à côté, Labeuvrière (1.700 habitants), fait bien mieux (3,61 %).

Le PCF a une forte assise locale et dirige plusieurs municipalités : Lillers, Marles-les-Mines, Calonne-Ricouart et Burbure. Mais il a perdu Auchel dès 2001 au profit d'un divers droite devenu UDI, et en 2014, Houdain (au profit du PS), Divion (au profit d'un "divers gauche") et Allouagne (au bénéfice d'un patron "sans étiquette").

Si les résultats des régionales sont mauvais pour le PCF, il fait quand même preuve de résistance à Burbure (29,10 %), Calonne-Ricouart (18,37 %), Lillers (15,67 %), Divion (15,47 %), Marles-les-Mines (12,81 %), Allouagne (9,99 %), Houdain (9,83 %), Auchel (9,33 %), avec des résultats médiocres à Bruay-la-Buissière (5,10 %), Haillicourt (4,94 %), Lapugnoy (4,71 %), Barlin (4,60 %).

Dans les fiefs PCF (actuels ou passés), la situation varie. Si le FN arrive en tête partout, le PCF est 2ème à Burbure (loin devant la droite et très loin devant un PS à 8 %), Calonne-Ricouart (avec une large avance sur la droite et le PS), Divion (où il est repassé devant le PS), et seulement 3ème car distancé de 24 voix par le PS à Marles-les-Mines.
A Lillers, le PCF arrive en 2ème position derrière un FN à 45 % et devant la droite et le PS, mais la droite le talonne à 5 voix.

Le PS dirige les municipalités de Bruay-la-Buissière, Houdain (prise au PCF en 2014) et Barlin. Dans ces trois villes, il arrive 2ème derrière le FN au premier tour. Idem à Marles-les-Mines où il double le PCF, Haillicourt, Allouagne, Lapugnoy. Mais il n'arrive que 4ème à Calonne-Ricouart (le PS a 200 voix, LO a 71 voix) et à Burbure. On voit ici que, pour le PCF comme pour le PS, l'appui d'une municipalité est généralement un levier puissant, quoique pas toujours suffisant.

La percée du FN est phénoménale. Le FN est en tête partout au premier tour, et il est même souvent majoritaire à lui seul au premier tour comme au second : à Auchel (53 % et 55 %), Divion (50 % et 56 %), Marles-les-Mines (54 % et 59 %), Calonne-Ricouart (52 % et 56 %), Haillicourt (51 % et 55 %), Lapugnoy (51 % et 53 %). Il est encore majoritaire au 2ème tour à Bruay-la-Buissière (à 56 voix) et à Lillers (à 2 voix près). A Burbure, il l'emporte à 52 % au deuxième tour alors qu'il ne faisait "que" 44 % au premier (illustration d'un refus d'une partie de l'électorat PCF et PS de voter pour la droite ? Mais aussi d'une préférence d'une fraction de l'électorat PCF ou PS pour le FN ?)

Il n'y a que deux communes où la droite l'emporte, et seulement d'une courte tête : Houdain et Allouagne.

On observe dans ce secteur un phénomène que l'on retrouvera partout dans le bassin minier : le poids phénoménal du FN, sur fond de concurrence sourde entre PCF et PS se disputant leurs propres bastions tout en perdant du terrain, et de relative déroute de la droite (au premier tour mais aussi à l'occasion de la session de rattrapage du deuxième tour).


BASSIN MINIER / Secteur de LENS

Ce gros secteur de l'ancien bassin minier est centré sur Lens (la sous-préfecture), mais cette ville est à peine plus peuplée que sa voisine Liévin, et fait moins du double de son autre voisine Avion. Les trois communes forment un gros noyau urbain où Lens est la ville ayant le plus un caractère de "ville-centre", avec une certaine bourgeoisie locale, un pôle universitaire, son nouveau Musée du Louvre etc., tout en restant une ville ouvrière. Ce trio est entouré d'un réseau lâche et très étendu de petites villes, parsemé des traces des anciennes mines de charbon et d'autres friches industrielles, et entrecoupé de grandes parcelles agricoles. Ces petites villes comptent de nombreux corons et cités ouvrières. On retrouve ces caractéristiques dans tout le bassin minier.

Les villes de plus de 3.000 habitants sont très nombreuses : Lens (34.000 habitants), Liévin (32.000 habitants), Avion (18.000), Bully-les-Mines (13.000), Noeux-les-Mines (12.000), Harnes (12.000), Méricourt (12.000), Sallaumines (9.700), Wingles (8.200), Vendin-le-Vieil (7.700), Mazingarbe (7.600), Noyelles-sous-Lens (6.900), Loos-en-Gohelle (6.700), Grenay (6.700), Sains-en-Gohelle (6.400), Hersin-Coupigny (6.200), Loison-sous-Lens (5.200), Douvrin (5.000), Auchy-les-Mines (4.600), Vermelles (4.500), Haisnes (4.500), Billy-Berclau (4.400), Vimy (4.300 - un peu à l'écart du bassin), Annay (4.200), Angres (4.000), Aix-Noulette (3.800), Meurchin (3.700), Violaines (3.700), Pont-à-Vendin (3.100), Hulluch (3.100).

Le secteur est fortement marqué par le chômage mais reste très industriel avec une usine majeure (dont l'influence déborde sur les secteurs voisins) : la Société Française de Mécanique, à Douvrin. Cette ancienne filiale commune de Renault et PSA est passée sous le contrôle unique de PSA. Le site comptait environ 4.500 personnes il y a quelques années et il en reste 3.000 aujourd'hui. Il y a eu la fermeture de la fonderie en 2005 (800 emplois en comptant les précaires), puis un plan de 800 départs non remplacés... Il y a d'autres industries, également dans le secteur de l'automobile ou à sa marge (Durisotti à Sallaumines qui a supprimé des emplois, Benalu à Liévin, et des sous-traitants), dans d'autres secteurs de la métallurgie (câbleries), dans la chimie (où la plateforme de Mazingarbe a perdu beaucoup d'emplois), la verrerie, l'agroalimentaire (McCain à Harnes : frites surgelées, etc.) Le secteur a aussi été marqué par les accidents industriels du début des années 2000 : explosion de l'usine de dynamite Nitrochimie à Billy-Berclau (4 morts), contamination aérienne par la légionelle à partir de l'usine Noroxo à Harnes (14 morts), ces deux affaires ayant été jugées en 2010 et 2013 avec comme conclusion la responsabilité de l'entreprise reconnue et... des amendes faibles.

Le secteur est l'un des deux principaux foyers de LO dans le Pas-de-Calais (avec Calais). Il y a notamment une présence militante à la Française de Mécanique, avec un camarade connu habitant Liévin. Et deux listes aux municipales, à Liévin et plus récemment à Lens. A Liévin, LO avait fait un très gros score aux municipales de 2001 (19,44 %) dans une configuration électorale très particulière : il n'y avait que deux listes, l'Union de la gauche dirigée par le PS, et LO. En 2008, LO avait participé à la liste d'union avec le PS et le PCF, qui avait fait 75 %. En 2014, il y avait par contre 5 listes en présence et LO a fait 3,80 %.

Bien que les régionales soient des élections moins favorables à LO que les municipales, les résultats LO en 2015 sont remarquables, notamment à Haisnes (4,69 %) qui est le record de LO dans les villes du Pas-de-Calais. Les scores sont encore très bons ou bons à Sallaumines (3,47 %), Grenay (3,36 %), Angres (3,23 %), Meurchin (3,07 %), Mazingarbe (3,06 %), Violaines (3,03 %), Wingles (3,02 %), Pont-à-Vendin (2,92 %), Auchy-les-Mines (2,90 %), Méricourt (2,86 %), Liévin (2,84 %), Noyelles-sous-Lens (2,84 %), Hersin-Coupigny (2,83 %), Sains-en-Gohelle (2,79 %), Aix-Noulette (2,78 %), Avion (2,71 %), Loison-sous-Lens (2,62 %), Noeux-les-Mines (2,60 %), Loos-en-Gohelle (2,60 %), Harnes (2,48 %), Vendin-le-Vieil (2,44 %), Annay (2,34 %), Billy-Berclau (2,26 %), Bully-les-Mines (2,23 %), Lens (2,19 % malgré l'effet "ville-centre"). Les scores sont moyens pour la région à Vermelles (2,07 %), Hulluch (2,05 %), Douvrin (1,90 %) et mauvais à Vimy (1,27 %).

Le PCF détient la mairie d'Avion, sans discontinuer depuis 1936. Il est aussi élu à la tête de Méricourt, Sallaumines, Grenay, Angres, et a même pris Annay au PS en 2014. Par contre, il a perdu Auchy-les-Mines (au profit d'un "divers gauche"), Vermelles (au profit d'un "sans étiquette") et avait perdu Harnes dès 2008 au profit du PS.

Le PCF fait logiquement son meilleur score à Avion (31,70 %) sans pour autant parvenir à la première place, puisqu'il est 2ème derrière un FN à 42 % (mais très loin devant un PS à 9 % et une droite à 7 %). Ce genre de configuration suggère une chose : le FN fait son maximum de voix dans les villes ouvrières, mais pas forcément chez les ouvriers ; ce sont peut-être les milieux de la droite traditionnelle qui se sont davantage radicalisés, ou des électeurs déçus du PS.

Le PCF fait de gros scores encore à Méricourt (21,97 %), Sallaumines (19,63 %), Grenay (17,82 %), où il est également deuxième. Encore de bons scores à Annay (12,61 % mais il se fait re-doubler par un PS à 15 %), Angres (11,47 % mais il n'arrive que 4ème derrière FN, PS et droite dans une ville dont il détient la mairie), Harnes (8,66 %), Auchy-les-Mines (7,62 %), et on tombe vite à des résultats moyens : Aix-Noulette (6,55 %), Sains-en-Gohelle (6,50 %), Vermelles (6,30 %), Noyelles-sous-Lens (6,13 %), Billy-Berclau (5,91 %), Wingles (5,84 %), Bully-les-Mines (5,57 %), Douvrin (5,52 %), Pont-à-Vendin (5,37 %), Loison-sous-Lens (5,29 %), Lens (5,22 %), Haisnes (5,08 % avec 91 voix soit seulement 7 voix de plus que LO), Meurchin (5,03 %), Vendin-le-Vieil (4,82 %), Hersin-Coupigny (4,82 %), Hulluch (4,78 %), Noeux-les-Mines (4,75 %), Violaines (4,57 %), Liévin (4,55 %), Mazingarbe (4,43 %), Vimy (4,15 %). Le score est très faible à Loos-en-Gohelle (2,71 %, avec 78 voix le PCF n'a que 3 voix de plus que LO).

Le PS dirige les deux grosses villes de Lens et Liévin, ainsi que Bully-les-Mines, Noeux-les-Mines, Harnes, Vendin-le-Vieil, Loison-sous-Lens, Haisnes, Billy-Berclau, Aix-Noulette, Hulluch. Il a repris Wingles en 2014 à un ancien PS passé au MRC (chevènementiste). Mais il a perdu Sains-en-Gohelle, au profit d'un divers gauche par ailleurs président de la CAF du Pas-de-Calais. Il a aussi perdu Annay (pris par le PCF), Meurchin (devenu "divers gauche"), Violaines ("sans étiquette") et avait déjà perdu Noyelles-sous-Lens et Pont-à-Vendin en 2008 ("divers gauche") et Loos-en-Gohelle en 2001 au profit d'un Vert.

Le PS arrive en 2ème position derrière le FN dans pas mal de villes dont Lens (25 %), Liévin (26 %) etc., mais à Loos-en-Gohelle dont le maire est Vert, il fait 18 % et est talonné par la liste écologiste à 15 % ; et il est également "limite" à Aix-Noulette, Douvrin et Auchy-les-Mines devant la droite. A Vimy, il est loin derrière la droite. A Avion, Méricourt, Sallaumines et Grenay, il est dépassé par le PCF.

Vimy est une ville particulière : un peu à l'écart du bassin minier, avec un maire "sans étiquette", elle a clairement un profil de droite. C'est la ville où Claude Guéant est né et à longtemps vécu. La droite arrive 2ème avec 26 % derrière le FN, mais au deuxième tour la victoire de la droite sur le FN est très nette (60 %). C'est aussi la seule ville où LO fait un mauvais score.

Ailleurs, la droite l'emporte au deuxième tour à Lens, Avion, Noeux-les-Mines, Sallaumines, Angres, Aix-Noulette, Violaines et de justesse à Liévin (à 11 voix). Partout ailleurs, le FN obtient la majorité des voix ! Dans quelques villes, il l'emporte uniquement au second tour (Billy-Berclau 55 %, Bully-les-Mines 52 %, Méricourt 51 %, Loos-en-Gohelle malgré son maire vert 50,5 % avec 25 voix d'avance). Mais dans la plupart, il dépasse les 50 % à la fois au premier et au second tour : Noyelles-sous-Lens (52 % au premier tour et 53 % au second), Sains-en-Gohelle (51 % et 54 %), Hulluch (idem), Haisnes (52 % et 54 %), Douvrin (53 % et 54 %), Loison-sous-Lens (54 % et 54 %), Auchy-les-Mines (52 % et 55 %), Harnes (53 % et 55 %), Wingles (53 % et 56 %), Vermelles (idem), Meurchin (idem), Hersin-Coupigny (54 % et 56 %), Vendin-le-Vieil (55 % et 56 %), Annay (52 % et 58 %), Grenay (55 % et 58 %, ville où la droite ne fait que 6 % au premier tour ce qui suggère que tous les milieux de droite de la ville ont voté FN), Mazingarbe (60 % et 61 %) et Pont-à-Vendin (61 % et 63 %). Mazingarbe et Pont-à-Vendin votent encore plus FN que le "fief" de Hénin-Beaumont, situé dans le secteur d'à côté !


BASSIN MINIER / Secteur de HENIN-BEAUMONT et CARVIN

On se trouve ici à l'extrémité Sud-Est du bassin minier en ce qui concerne la partie située dans le Pas-de-Calais. Le secteur a deux pôles, Hénin-Beaumont au Sud et Carvin au Nord (qui subit davantage l'influence de Lille), dont les centres-villes sont d'importance limitée. Il existe une bourgeoisie peu nombreuse dans ces villes très ouvrières, et les communes alentour le sont davantage encore. Toutes sont fortement touchées par le chômage.

Les villes de plus de 3.000 habitants sont : Hénin-Beaumont (27.000 habitants), Carvin (17.100 habitants), Courrières (10.600), Montigny-en-Gohelle (10.300), Oignies (9.900), Rouvroy (8.700), Libercourt (8.400), Billy-Montigny (8.200), Leforest (7.100), Fouquières-lès-Lens (6.500), Courcelles-lès-Lens (6.300), Dourges (5.700), Noyelles-Godault (5.100), Evin-Malmaison (4.600).

La dernière mine de charbon du Nord-Pas-de-Calais a fermé en décembre 1990 à Oignies. L'industrie est représentée par la métallurgie, l'équipement automobile (Faurecia et Grupo Antolin à Hénin-Beaumont, Mecacorp-Mecaplast à Libercourt), la chimie à Drocourt, l'agroalimentaire avec une fromagerie à Libercourt et l'usine Moy Park (produits à base de volailles et de porc) à Hénin-Beaumont. La fonderie de plomb et de zinc Metaleurop Nord a fermé à Noyelles-Godault en 2003 en jetant à la rue 830 travailleurs et en laissant derrière elle pendant des années l'un des terrains les plus pollués de France. La zone a aussi été affectée par la fermeture de la cokerie de Drocourt (près de 300 emplois) en 2002. Prochainement, une nouvelle usine doit s'installer : les couches-culottes Ontex, à Dourges (340 emplois), mais il s'agit d'un transfert d'activité de deux sites qui ferment, l'un à Wasquehal près de Lille, l'autre à Monchy-le-Preux près d'Arras. A Noyelles-Godault se trouve l'un des plus grands centres commerciaux de la région (Auchan).

La présence LO est limitée mais le secteur subit l'influence de Lens d'un côté, Douai de l'autre, où LO est présent dans certaines grandes entreprises. Le journal LO est bien renseigné sur ce qui se passe dans les entreprises du secteur.

Les résultats de LO sont bons à Fouquières-lès-Lens (3,02 %), Billy-Montigny (2,81 %), Noyelles-Godault (2,69 %), Courcelles-lès-Lens (2,68 %), Rouvroy (2,59 %), Montigny-en-Gohelle (2,38 %), Oignies (2,34 %), Dourges (2,30 %), Courrières (2,24 %), Libercourt (2,15 %), plus moyens à Carvin (2,05 %), Evin-Malmaison (1,99 %), Leforest (1,93 %)... et faibles pour la région à Hénin-Beaumont (1,70 %).

Hénin-Beaumont a pour particularité d'avoir depuis 2014 un maire Front National, Steeve Briois (qui a remplacé un "divers gauche") ce qui en fait une commune emblématique sur le plan électoral lors des régionales 2015. Elle l'avait déjà été auparavant, lors de l'affrontement entre Mélenchon et Le Pen aux législatives, suivi par l'échec de Mélenchon arrivé troisième (avec 21,5 %) derrière le FN et le PS. C'est finalement le PS qui l'avait emporté au 2ème tour (dans une circonscription englobant d'autres communes).

Aux régionales de 2015, le FN obtient une majorité écrasante dès le premier tour à Hénin-Beaumont (59 %), confirmée au second tour (60 %). Il est très loin devant le PS (14 %), la droite (11 %), les écologistes (6 %) et le PCF (4,40 %) qui n'a visiblement rien retiré de positif de l'épisode Mélenchon. Le PCF est suivi de loin par LO (1,70 %) qui devance les trois autres candidats. Détenir une municipalité est décidément un point d'appui même pour le FN... Et les situations emblématiques pour le FN, qu'il gagne ou qu'il perde (Calais) ne sont décidément pas favorables au vote LO.

Le PCF détient les mairies de Rouvroy et Billy-Montigny, mais il a perdu Evin-Malmaison en 2014 au profit du PS.

Le PCF obtient logiquement son meilleur score à Rouvroy (22,06 %, en 2ème position derrière le FN et devant un PS à 8 %), Billy-Montigny (16,63 %, 2ème devant un PS à 11 %), des résultats encore corrects à Montigny-en-Gohelle (9,65 %, en 3ème position derrière FN et PS), Evin-Malmaison (8,15 %), Libercourt (7,64 %), Fouquières-lès-Lens (7,13 %), Carvin (7,11 %), plus faibles à Courcelles-lès-Lens (6,23 %), Noyelles-Godault (6,12 %), Courrières (6,11 %), Oignies (5,48 %), Leforest (5,17 %) et très faibles à Dourges (3,86 %).

Le PS, face à Hénin-Beaumont, peut s'appuyer sur la mairie de Carvin (député-maire Philippe Kemel), Courrières, Montigny-en-Gohelle, Oignies, Libercourt, Leforest, Fouquières-lès-Lens. Il a pris Evin-Malmaison au PCF en 2014. Dans toutes ces villes, il arrive en 2ème position derrière le FN. Mais il n'est que 3ème derrière la droite à Noyelles-Godault (ville à maire MoDem) et derrière le PCF à Billy-Montigny et Rouvroy.

Le FN est en tête partout au premier tour.

Au deuxième tour, la droite l'emporte à Libercourt (à 55 %), Carvin (à 82 voix près), Oignies (à 60 voix près), Courrières (à 20 voix près). Partout ailleurs, le FN est majoritaire au 2ème tour, il l'est souvent d'ailleurs dès le premier tour, comme le montrent ses scores aux deux tours dans bien des villes : à Leforest (47 % au premier tour et 53 % au deuxième), Dourges (49 % et 52 %), Evin-Malmaison (52 % et 52 %), Noyelles-Godault (52 % et 53 %), Montigny-en-Gohelle (53 % et 56 %), Courcelles-lès-Lens (56 % et 56 %), Billy-Montigny (54 % et 57 %), Fouquières-lès-Lens (55 % et 57 %), Rouvroy (54 % et 58 %) et Hénin-Beaumont (59 % et 60 %).

L'échec de la droite face au FN tient en partie à sa faiblesse dès le premier tour : quand on fait 9 % ou 11 %, difficile de faire le plein des voix des autres listes au second tour face au FN ! A fortiori quand le FN est déjà majoritaire dès le premier tour, cas le plus fréquent et qui explique sans doute... le faible score de la droite au premier tour.

On retrouve donc un vote FN complexe, avec quand même un gros fond de milieu social de droite (commerçant ou artisan) qui se radicalise et laisse peu de place à la droite au premier tour, et malgré tout un milieu ouvrier qui suit le même chemin en quittant le PS ou le PCF.

Une précision concernant le FN : qu'il ait la majorité absolue ou pas n'est pas le problème principal pour nous, car son influence délétère est forte dans tous les cas, qu'il soit à 49 % ou à 51 %, et il n'a pas besoin d'avoir 50 % pour peser lourdement sur toute la société, sur la combativité ouvrière et sur les autres partis. Mais c'est un sujet vital pour les politiciens du PS ou du PCF, car là, si le FN était en mesure de présenter des listes partout aux prochaines municipales, comme il a su le faire à Hénin-Beaumont, ce serait l'hécatombe des mairies PS et PCF ! Cette question doit forcément les tétaniser, et ne peut qu'aviver les tensions et les contradictions dans le PCF entre ceux qui, soucieux de leurs postes, prônent une union dès le premier tour avec le PS, et ceux qui ne supportent pas cette idée.


Secteur d'ARRAS

Arras est une ville bourgeoise, située dans le Sud du département et qui abrite la préfecture du Pas-de-Calais. Certaines banlieues sont plutôt aisées, comme Sainte-Catherine. La classe ouvrière est malgré tout bien présente, en particulier à l'Est d'Arras le long de la rivière Scarpe, entre Arras et Douai : de petites villes sinistrées ont subi des fermetures d'usines importantes, notamment Biache-Saint-Vaast dans la sidérurgie (en 2002), Saint-Laurent-Blangy dans les fibres synthétiques (Meryl Fibers, dernier morceau de l'ex-Rhône-Poulenc Fibres, a fermé en 2012 en supprimant 343 emplois) et Brebières / Corbehem dans la papeterie (StoraEnso vient de supprimer ses 350 derniers emplois). A part Saint-Laurent-Blangy qui est quasiment une banlieue Est d'Arras, ces villes sont plus proches de Douai.

L'industrie qui reste est davantage localisée dans les faubourgs et les banlieues directes d'Arras. Elle est représentée par les équipements industriels (grosse usine de batteries et chargeurs Enersys à Arras, IST Oldham à Arras), le caoutchouc (Roll-Gom à Tilloy-lès-Mofflaines), la plasturgie, la chimie (CECA à Feuchy), l'agroalimentaire (Häagen Dazs à Tilloy-lès-Mofflaines), et les activités de logistique. Deux grosses entreprises doivent s'installer à Saint-Laurent-Blangy : la plateforme logistique Orchestra (vêtements d'enfants) qui promet 700 emplois d'ici 5 ans, et l'usine de biotechnologies LFB qui en créerait 500 (en partie transférés de Lille). Mais Ontex (couches-culottes) déménage près d'Hénin-Beaumont.

Les principales communes sont : Arras (41.000 habitants), Achicourt (8.000 habitants), Saint-Laurent-Blangy (6.200), Dainville (5.600), Beaurains (5.100), Brebières (4.900), Saint-Nicolas (4.800), Vitry-en-Artois (4.500), Biache-Saint-Vaast (4.000), Sainte-Catherine (3.400).

LO a une présence faible à Arras, mais des journées d'action y sont organisées. Les communes les plus à l'Est sont sous l'influence du Douaisis, où LO est présent. Le journal LO est en général assez bien renseigné sur le secteur et a relaté par le passé la fermeture de Sollac à Biache ou plus récemment celle de Stora Enso.

Les résultats de LO sont bons à Brebières (2,79 %), Beaurains (2,78 %) et Biache-Saint-Vaast (2,78 %), encore assez bons à Saint-Nicolas (2,17 %) et Saint-Laurent-Blangy (2,14 %) (deux banlieues Est d'Arras), faibles à Vitry-en-Artois (1,79 %), dans la ville d'Arras (1,59 %), à Dainville (1,53 %), Achicourt (1,52 %) et très faibles à Sainte-Catherine (0,61 %).

Le PCF fait son meilleur score à Biache-Saint-Vaast (6,36 %, héritage d'implantation historique dans la sidérurgie), mais un score faible à Achicourt (4,87 %), Vitry-en-Artois (4,83 %), Brebières (4,70 %), Saint-Laurent-Blangy (4,47 %) et très faible à Saint-Nicolas (3,95 %), dans la ville d'Arras (3,71 %), Sainte-Catherine (3,69 %) et Dainville (2,81 %).

Arras, l'ancienne ville de Guy Mollet, est depuis 1995 passée au MoDem puis à l'UDI. Arras et Sainte-Catherine (maire "sans étiquette") sont les deux villes où la droite arrive en tête dès le premier tour et devant le FN.

Le PS détient les municipalités d'Achicourt, Danville, Beaurains, et a pris Brebières en 2014 à un "sans étiquette". Un ancien PS devenu "divers gauche" est maire de Saint-Laurent-Blangy. Le PS a perdu Saint-Nicolas en 2014 (au profit d'un UDI). Vitry-en-Artois a un maire PRG, Biache-Saint-Vaast a un maire "sans étiquette".

Le PS arrive en tête devant le FN à Dainville, qui apparaît comme un "noyau de résistance" de ce parti. Il est 2ème derrière le FN à Achicourt, Saint-Laurent-Blangy, Beaurains, Brebières, Vitry-en-Artois, Biache-Saint-Vaast, et 2ème ex aequo avec la droite à Saint-Nicolas.

Le FN arrive en tête au premier tour à Achicourt, Saint-Laurent-Blangy, Beaurains, Saint-Nicolas, mais avec une avance moins marquée sur les candidats suivants que dans le reste du Pas-de-Calais (il fait souvent autour de 35 %). Au deuxième tour, la droite emporte haut la main Sainte-Catherine (71 %) et Arras (70 %), mais aussi Dainville (68 %), Beaurains (63 %), Achicourt (62 %), Saint-Nicolas (62 %) et Saint-Laurent-Blangy (61 %).

Mais, plus on va vers l'Est (et vers Douai), plus la situation change. A Biache-Saint-Vaast, le FN fait 49 % dès le premier tour et arrive en tête au second avec 3 voix d'avance sur la droite. Même chose à Vitry-en-Artois : 49 % au premier tour et un peu plus de 50 % avec 8 voix d'avance au second. Enfin, à Brebières, tout près de Douai, le FN fait 50 % dès le premier tour et 52 % au second. On constate donc une différence dans la manière de voter entre, d'une part, Arras et ses banlieues (même Saint-Laurent-Blangy) et d'autre part, à l'approche de Douai où les votes se rapprochent de ceux du bassin minier.


Secteur des PETITES VILLES ET ZONES RURALES du Sud et du Centre du département

Voici maintenant un vaste secteur rural - le Pas-de-Calais est un grand département agricole - parsemé de petites villes parfois industrielles, mais pas toujours.

Seules trois communes dépassent les 3.000 habitants : Saint-Pol-sur-Ternoise (5.100 habitants) au Nord-Ouest d'Arras, Bapaume (4.100 habitants) au Sud d'Arras tout près de la Somme, Frévent (3.700 habitants) à l'Ouest d'Arras.

Mais plusieurs autres villes forment des pôles d'attraction locaux : Auxi-le-Château (2.800 habitants) au Sud-Ouest d'Arras près de la Somme, Fruges (2.400 habitants), Avesnes-le-Comte (2.000), Aubigny-en-Artois (1.400) ... Hesdin (2.200 habitants), très à l'Ouest d'Arras, forme une petite agglomération d'environ 5.000 habitants avec Marconnelle, Marconne et quelques villages, et à quelques km encore plus à l'Ouest, Beaurainville (2.100) et Campagne-lès-Hesdin (1.800) créent un petit pôle de 4.000 habitants, tandis que, plus près encore du secteur de Berck, Montreuil (2.100 habitants) a le rang de sous-préfecture commandant Berck et Etaples.

L'industrie agroalimentaire est importante à Saint-Pol-sur-Ternoise, avec la grande charcuterie Herta (1.000 personnes, filiale de Nestlé), l'abattoir Bigard et la laiterie Ingredia.

A Bapaume il y a un peu de métallurgie et une usine de maroquinerie de luxe sous-traitante des grandes marques (Selmo-Jelen). Une conserverie de légumes Bonduelle est située non loin de là à Vaulx-Vrocourt. Plus à l'est, non loin de Cambrai, l'usine de volailles Doux a fermé en 2012 à Graincourt-lès-Havrincourt.

Les deux agglomérations voisines d'Hesdin et Beaurainville regroupent plusieurs usines, dont Nestlé Purina Petcare (aliments pour animaux), l'usine de tubes PVC Sotra-Seperef, la menuiserie PVC Ternois Fermetures, la métallurgie Stolz, et ce secteur a perdu la papeterie International Paper qui a fermé à Maresquel en 2006.

Auxi-le-Château a une tradition métallurgique (métal émaillé) avec l'usine Tech-Form qui travaille pour l'automobile, mais qui vient d'être placée fin 2015 en redressement judiciaire.

Il n'y a pas grand chose comme industrie dans les autres villes. Mais il y a une importante sucrerie Tereos entre Arras et Bapaume, à Boiry-Sainte-Rictrude, dont le personnel est disséminé dans différents villages et qui n'a pas généré l'émergence d'une petite ville.

LO est peu présente, mais le journal a relaté l'épisode de la fermeture de la papeterie de Maresquel. Les résultats de LO sont juste corrects à Saint-Pol-sur-Ternoise (1,86 %), et faiblissent dans les autres villes : Avesnes-le-Comte (1,76 %), Aubigny-en-Artois (1,64 %), Marconne (1,59 %), Bapaume (1,52 %), Beaurainville (1,47 %), Hesdin (1,34 %), Frévent (1,23 %), Fruges (1,20 %), Campagne-lès-Hesdin (0,70 %), Montreuil (0,68 %). Mais ils sont bons à Auxi-le-Château (2,78 %), Marconnelle (2,41 %) ainsi que dans un village de 1.000 habitants situé au Nord de Fruges, Fauquembergues (3,94 %).

Le PCF détient la mairie de Beaurainville où il fait ses meilleurs résultats du secteur (9,21 %), ce qui le place tout de même en 4ème position derrière le FN, la droite et le PS ! Ailleurs il fait des scores moyens ou faibles. Le PS, qui détient Saint-Pol-sur-Ternoise, Auxi-le-Château et Aubigny-en-Artois, arrive en 2ème position uniquement à Auxi-le-Château et Avesnes-le-Comte.

La droite l'emporte très largement au second tour face au FN à Montreuil, Marconnelle, Campagne-lès-Hesdin, et assez largement ailleurs. Une bonne tradition rurale de droite, donc.

Auxi-le-Château nous intéresse car c'est l'une des rares villes de France où le NPA a été en mesure de présenter une liste NPA "pur sucre" aux dernières municipales ! Une liste qui avait obtenu 6,63 % et des militants qui ont, depuis, mené une campagne locale pour le passage de la distribution de l'eau en régie municipale.

Autant il est impossible de mesurer l'effet de l'appel à voter LO du NPA dans les grandes villes (par exemple Lille) car l'effet en est noyé dans la masse, autant cela peut davantage se voir dans de toutes petites villes comme Auxi-le-Château. Force est de constater que Auxi-le-Château a donné à LO son meilleur résultat parmi les petites villes du secteur, si l'on excepte Fauquembergues beaucoup plus au Nord. Cela représente 32 voix. Et un tout petit village jouxtant Auxi-le-Château, Willencourt (140 habitants), donne 4 voix à LO ce qui fait 5,06 %. Ce n'est presque rien, mais c'est un petit indice de plus, car il n'y a que 11 villages dans le Pas-de-Calais qui atteignent ou dépassent les 5 %. On peut donc penser qu'un certain report de voix à l'appel du groupe NPA d'Auxi-le-Château a eu lieu. On peut comparer avec Frévent, une ville un peu plus grosse où LO n'obtient que 16 voix ; ou Fruges, ville un peu plus petite où LO fait 11 voix. Ou encore avec Saint-Pol-sur-Ternoise, nettement plus grosse, où LO obtient 33 voix c'est-à-dire autant qu'à Auxi. C'est donc une bonne nouvelle concernant la loyauté de l'appel des camarades locaux du NPA.

Une autre bonne surprise, presque invisible à l'oeil nu pourrait-on dire, est la répétition de bons scores en milieu rural dans deux zones géographiques assez proches : les environs de Bapaume, et la zone rurale située au Sud d'Arras dans les alentours de la sucrerie de Boiry-Sainte-Rictrude. Cela pourrait passer inaperçu, car dans un village de 50 électeurs exprimés, il suffit de deux voix LO pour faire 4 % ! On ne pourrait tirer aucune conclusion à partir des résultats d'un village isolé. La surprise, c'est que ce genre de village se retrouve en plus grand nombre dans certains secteurs alors qu'ailleurs c'est presque le désert électoral en milieu rural pour LO.

Autour de Bapaume : côté Nord-Ouest, Achiet-le-Grand (village qui a quand même 1.000 habitants) donne 5,34 % à LO avec 19 voix, son voisin Bihucourt (village de 350 habitants) donne 5,41 % avec 8 voix, et Biefvillers-lès-Bapaume (moins de 100 habitants) donne 5,17 % avec 3 voix ; un peu plus au Sud, Martinpuich (200 habitants) donne 5,13 % avec 6 voix ; côté Nord-Est de Bapaume, Morchies (moins de 200 habitants) donne 5,00 % avec 4 voix et Pronville (un peu plus de 300 habitants) donne 3,52 % et 5 voix ; juste à l'Ouest de Bapaume, Grévillers (moins de 400 habitants) donne 3,70 % avec 7 voix. Soit 7 villages des environs de Bapaume qui figurent tous dans les scores record du Pas-de-Calais et amènent 52 voix.

Autour de Boiry-Sainte-Rictrude : Boisleux-Saint-Marc (260 habitants) donne 5,38 % avec 7 voix ; Bailleulval (260 habitants) donne 5,08 % avec 6 voix ; Adinfer (240 habitants) donne 4,92 % avec 6 voix ; Héninel (moins de 200 habitants) donne 4,50 % avec 5 voix ; Riencourt-lès-Cagnicourt (275 habitants) donne 4,42 % avec 5 voix ; Hannescamps (200 habitants) donne 4,40 % avec 4 voix et son voisin Bienvillers-au-Bois (635 habitants) donne 3,50 % avec 10 voix. Encore 7 villages parmi les records du Pas-de-Calais, amenant 43 voix.

C'est seulement en recoupant les meilleurs scores des villages du Pas-de-Calais et leur implantation sur la carte qu'il a été possible de mettre en évidence ce phénomène. Il y a bien quelques autres villages disséminés avec des scores similaires, mais pas concentrés en nombre suffisant dans un même secteur pour pouvoir en conclure quoi que ce soit. Sauf peut-être au Nord-Ouest de Frévent autour de Boubers-sur-Canche (600 habitants), 3,98 % avec 10 voix, qui jouxte Séricourt (50 habitants), 5,71 % avec 2 voix, et Monchel-sur-Canche (moins de 100 habitants) qui, avec ses 12,90 % et ses 4 voix, est le record absolu du Pas-de-Calais en pourcentage !

Ailleurs en milieu rural, le vote LO est généralement très faible (zéro voix dans 120 villages, et beaucoup plus souvent 1 à 2 voix), mais reste un peu plus important que dans le Nord, et il est plus fréquent que LO soit à égalité avec le PCF ou même devant (il est plus souvent derrière).

* * * *

Le Pas-de-Calais illustre un large éventail de situations intéressantes, entre Calais et sa crise des migrants, Boulogne et sa résistance du PS, Le Touquet et le vote bourgeois, Saint-Omer et la verrerie d'Arques, le bassin minier, le NPA à Auxi-le-Château et le vote LO en milieu rural.
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10

Re: Retour sur les résultats des régionales - Département 62

Message par com_71 » 26 Jan 2016, 21:50

Je parie que Plestin n'est pas actif dans le Massif Central... :)

Bon travail en tout cas !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6006
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: Retour sur les résultats des régionales - Département 62

Message par Plestin » 17 Mars 2016, 12:47

Qui sait ??? :D
Plestin
 
Message(s) : 2274
Inscription : 28 Sep 2015, 17:10


Retour vers Politique française

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 31 invité(s)

cron