Retour sur les résultats des régionales - Département 13 (2)

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Retour sur les résultats des régionales - Département 13 (2)

Message par Plestin » 16 Mars 2016, 13:18

(Deuxième partie des Bouches-du-Rhône - Voir dans la première partie les secteurs de Marseille, Aubagne-La Ciotat et Gardanne)

Dans cette seconde partie nous verrons les secteurs d'Aix-en-Provence, de l'étang de Berre, d'Arles, de Châteaurenard et de Salon-de-Provence.



Secteur d'AIX-EN-PROVENCE, ROUSSET et montagne Sainte-Victoire

Communes : Aix-en-Provence (142.000 habitants), Les Pennes-Mirabeau (20.000), Bouc-Bel-Air (14.000), Septèmes-les-Vallons (10.700), Cabriès (9.300), Velaux (8.900), Venelles (8.300), Eguilles (7.500), Simiane-Collongue (5.500), Ventabren (4.900), Rousset (4.600), Coudoux (3.500). Villages de la montagne Sainte-Victoire : Le Tholonet (2.300), Châteauneuf-le-Rouge (2.200), Puyloubier (1.900), Saint-Marc-Jaumegarde (1.200), Vauvenargues (1.000), Beaurecueil (500), Saint-Antonin-sur-Bayon (130).

Le secteur compte plusieurs villes résidentielles, parfois aisées, comme Cabriès. Aix-en-Provence est elle-même bourgeoise, malgré la présence de quelques quartiers populaires. Elle abrite pas mal de cadres et professions libérales. Elle est attractive pour les cadres du secteur nucléaire à Cadarache. C'est également une très grande ville universitaire avec plus de 30.000 étudiants (presque autant qu'à Marseille) et de nombreux enseignants et autres personnels de l'éducation nationale. L'ancien village de Rousset s'est beaucoup développé autour de l'industrie électronique et est devenu une petite ville. Entre Aix, Marseille et l'étang de Berre, Septèmes-les-Vallons et Les Pennes-Mirabeau accueillent plusieurs zones d'activité. Le vaste centre commercial de Plan-de-Campagne (24 millions de visiteurs par an) à cheval sur Septèmes et Cabriès, qui compte un hypermarché Géant Casino et de nombreux autres magasins, a été en pointe sur l'introduction du travail du dimanche.

L'industrie est surtout présente à Rousset, avec une usine de STMicroelectronics, employant 2.600 personnes à la fabrication de composants électroniques. Ce trust franco-italien est l'un des groupes privés les plus subventionnés de France (ce qui ne l'empêche pas de supprimer des emplois sur certains sites). Une autre usine, du groupe américain Atmel, a été externalisée en 2010 sous le nom de LFoundry, avant d'être liquidée en 2013 ; les batailles des syndicats pour soutenir un projet de reprise avec 100 personnes n'ont pas abouti, pas plus que les rodomontades de Montebourg accordant trois mois de sursis au site : le tribunal de commerce de Paris a préféré un projet de démantèlement et de reprise des technologies, des machines et des brevets par une entreprise brésilienne, ce qui s'est soldé par plus de 600 suppressions d'emplois (sur un site qui en comptait encore 1.400 en 2006). Atmel avait conservé des services de conception de circuits électroniques avec 300 salariés, mais un plan de 37 suppressions de postes a déjà eu lieu en 2013, et cette société est en cours de reprise par le groupe allemand Dialog Semiconductor.

Rousset accueille aussi la seconde usine des laboratoires Laphal, sous-traitant pharmaceutique basé à Allauch et qui produit ici des comprimés et des gélules.

En dehors de Rousset, l'industrie est peu présente dans ce secteur, avec surtout une cimenterie Lafarge-Holcim à Bouc-Bel-Air et des usines agroalimentaires : Coca-Cola aux Pennes-Mirabeau (220 personnes), la Confiserie du Roy René dans une nouvelle usine à Aix (calissons, 75 personnes), etc. L'un des deux sièges sociaux d'Orangina Suntory (ex-Orangina Schweppes) est également à Aix-en-Provence dans la Z.I. des Milles, mais a perdu des emplois depuis 2002. Il y a un peu de chimie à Septèmes-les-Vallons et toutes sortes d'entreprises dans la zone d'activité d'Aix-Les-Milles, dont les entrepôts d'Easydis (groupe Casino), le groupe de maintenance Ortec... L'administration et les services sont de gros employeurs sur Aix, avec l'Université d'Aix-Marseille, le centre hospitalier du Pays d'Aix, l'hôpital psychiatrique de Montperrin, l'hypermarché Carrefour de la Pioline etc.

Aix-en-Provence a un maire de droite, et bien d'autres communes de ce secteur ont des maires à droite ou sans étiquette. Le maire de Venelles a été exclu de l'UMP en 2015 pour avoir réclamé l'interdiction du culte musulman en France. Septèmes-les-Vallons a un maire PCF et Rousset, un maire PS. Le PS a perdu Simiane-Collongue en 2014 (passée à droite). Quant aux Pennes-Mirabeau, son maire ex-PS est devenu "divers gauche" puis "La Force du 13", un parti fondé autour du dissident PS Jean-Noël Guérini. Et le maire de Velaux est passé du PS au PRG en cours de mandat, en janvier 2015.

La présence de LO dans le secteur est faible mais des journées d'action sont régulièrement organisées à Aix, et les facultés sont depuis longtemps un lieu d'intervention pour les militants étudiants. La LCR était présente précisément autour des universités, et un enseignant de la fac d'Aix faisait partie de la direction de la LCR dans la région avant de la quitter pour soutenir la candidature de José Bové aux présidentielles de 2007 plutôt que celle d'Olivier Besancenot.

Les résultats de LO dans ce secteur sont faibles voire très faibles. Ils sont un peu inférieurs à la moyenne régionale à Aix-en-Provence (1,37 %). Seules se distinguent Rousset (2,06 %) et Septèmes-les-Vallons (1,76 %), c'est-à-dire une ville PS fortement touchée par les licenciements dans l'électronique et une ville PCF. LO fait un résultat moyen pour la région aux Pennes-Mirabeau (1,47 %) et de très faibles scores ailleurs : à Venelles (1,10 %), Simiane-Collongue (1,01 %), Ventabren (0,99 %), Bouc-Bel-Air et Velaux (0,97 %), Eguilles (0,94 %), Coudoux (0,87 %), Cabriès (0,76 %). Les scores sont également très faibles dans tous les villages de la Sainte-Victoire, gros ou petits : Vauvenargues (1,14 %), Puyloubier (1,09 %), Saint-Marc-Jaumegarde (0,90 %), Le Tholonet (0,72 %), Beaurecueil (0,70 %), Châteauneuf-le-Rouge (0,69 %), et 0 % à Saint-Antonin-sur-Bayon qui est toutefois le plus petit village du département.

La situation n'est pas brillante pour la liste Verts-FG, notamment à Aix-en-Provence (7,17 %) alors qu'en 2010 les Verts tout seuls avaient fait 15,50 % et le FG-PCF 4,45 %. On mesure ici l'efficacité sur l'électorat Vert de l'argument du vote PS ou droite prétendument anti-FN... et l'effet repoussoir du PCF. Le seul "bon" score Verts-FG en 2015 est dans la ville PCF de Septèmes-les-Vallons avec 19,88 % (ce qui met la liste en 2ème position derrière le FN) : l'électorat PCF est moins volatil que celui des Verts. Les Verts-FG font encore des scores médiocres aux Pennes-Mirabeau (8,22 %), à Simiane-Collongue (8,15 %) et à Rousset (8,04 %) et faibles ailleurs. Idem pour la Sainte-Victoire : tous les scores sont faibles (entre 2,94 % et 6,62 %), sauf à Vauvenargues (13,90 %) et Puyloubier (8,87 %). Tous ces villages de la Sainte-Victoire ont des maires de droite ou sans étiquette, mais Vauvenargues a été PS jusqu'en 2008 et cela se voit encore.

Au premier tour dans les villes, le PS arrive 2ème à Rousset (derrière le FN) mais n'est qu'en 3ème position ailleurs. La droite dépasse le FN à Aix-en-Provence et Ventabren. Mais le FN est en tête partout ailleurs et même majoritaire dès le premier tour aux Pennes-Mirabeau (51 %).

Au deuxième tour, la droite l'emporte haut la main à Aix-en-Provence (70 %), Eguilles (66 %), Venelles (65 %), Ventabren (64 %), Bouc-Bel-Air (61 %), Rousset (61 %), Cabriès (60 %), Coudoux (57 %), moins nettement à Velaux (55 %), Simiane-Collongue (54 %) . Le FN l'emporte aux Pennes-Mirabeau (57 %) et à Septèmes-les-Vallons 53 %).

Dans les villages de la Sainte-Victoire, la droite est en tête au premier tour sauf à Vauvenargues et Puyloubier qui placent le FN en premier. Le PS n'est que 3ème sauf à Saint-Antonin (2ème devant le FN). Au deuxième tour, la droite l'emporte partout, avec une faible avance à Puyloubier (56 %) et une large avance ailleurs (67 % à 77 %).



Secteur de l'ETANG DE BERRE et du GOLFE DE FOS

Ce secteur complexe, très industrialisé, comprend :

- Une série de villes à l'Est et au Nord de l'étang de Berre : Vitrolles (34.500 habitants), Marignane (34.000), Berre-l'Etang (13.900), Rognac (11.700), Saint-Chamas (8.100), La Fare-les-Oliviers (8.000), Saint-Victoret (6.600) et le village de Cornillon-Confoux (1.400). Cette aire comprend l'aéroport de Marseille-Provence à Marignane (l'un des plus grands du pays), la très grande usine Airbus Helicopters de Marignane et ses principaux sous-traitants, le complexe pétrochimique de Lyondell Basell (anciennement Shell) à Berre-l'Etang, et de vastes zones d'activité.

- Un ensemble de villes au Sud de l'étang, avec un versant donnant sur l'étang d'une part : Châteauneuf-lès-Martigues (13.800 habitants), Gignac-la-Nerthe (9.100) ; et un versant donnant sur la Méditerranée ("Côte Bleue") d'autre part : Sausset-les-Pins (7.700), Carry-le-Rouet (6.100), Ensuès-la-Redonne (5.400), Le Rove (4.600). Seul le versant côté étang est industrialisé, avec la raffinerie de pétrole du groupe Total au lieu-dit "La Mède" (sur Châteauneuf).

- Un secteur très industriel au Sud-Ouest et à l'Ouest de l'étang ainsi que sur le Golfe de Fos : Martigues (48.000 habitants), Istres (43.000), Miramas (25.000), Port-de-Bouc (17.200), Fos-sur-Mer (15.800), Port-Saint-Louis-du-Rhône (8.600), Saint-Mitre-les-Remparts (5.900, seule ville non industrielle). Outre les infrastructures du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) à Fos, on y rencontre des usines sidérurgiques (ArcelorMittal et Ascométal à Fos), chimiques (LyondellBasell et Kem'One à Fos, Naphtachimie et Ineos à Martigues-Lavéra...), des raffineries de pétrole (Esso à Fos, PetroIneos à Lavéra), de l'aéronautique (Dassault et Snecma-Safran à Istres, DGA Essais en Vol sur la base aérienne 125), un complexe d'importation de gaz au terminal de Fos-Tonkin et depuis 2007 au terminal de Fos-Cavaou, la cimenterie Kernéos de Fos... Ainsi que de très vastes zones logistiques liées au port, et d'importantes infrastructures ferroviaires à Miramas.

Tout le pourtour de l'étang de Berre est fortement pourvu en industries, infrastructures logistiques et de transport.

A l'Est, le site Airbus Helicopters de Marignane (ex-Eurocopter, ex-Aérospatiale, ex-SNIAS...) est la plus grosse usine de la région PACA, avec 9.000 personnes. Elle réalise le montage des hélicoptères Dauphin et Super Puma. L'activité s'est beaucoup développée en 10 ans (à l'époque il y avait 6.000 personnes et une production moitié moindre : l'effectif a augmenté de 50 % et la production de 100 %), soutenu par des fonds et commandes publics. Le site a toutefois connu la même évolution que dans tout le secteur aéronautique, avec une importance croissante de la sous-traitance : la logistique est en grande partie gérée par la société Daher, présente sur l'usine de Marignane (flux entrants de pièces) et dans un autre bâtiment situé dans une zone d'activité extérieure (magasin de pièces détachées), dans une société commune avec Airbus Helicopters. De nombreuses autres sociétés gravitent autour et Airbus affirme générer 22.000 emplois dans la région. Un article LO a relaté le fait que plusieurs de ces sous-traitants qui surexploitent leur main d'oeuvre ont des actionnaires qui figurent dans le palmarès des 500 plus grosses fortunes professionnelles de France du magazine Challenges. D'autres sous-traitants viennent s'implanter à proximité, comme Bonnans (mécanique de précision, traitement de surface) qui transfère les activités de l'un de ses deux sites de Marseille à Marignane, ou Segula Technologies qui a racheté des entreprises locales : SEFCA en 2006 (mais le siège de Vitrolles, 37 personnes, a été fermé) puis AIS en 2007, un fabricant de composants de structures d'hélicoptères, lui aussi à Vitrolles.

L'usine Airbus n'est pas réputée pour sa combativité ouvrière. La situation a certes changé par rapport à l'époque où la maîtrise du site fournissait les "truands du patronat" prêts à faire le coup de poing contre les travailleurs de la région, mais le simple militantisme syndical (hors syndicats "maison", ici FO) a été longtemps compliqué, la direction cherchant à regrouper les syndicalistes (notamment CGT) dans un secteur isolé. Mais les choses changent. Le personnel se renouvelle avec les embauches. La pression pour augmenter la production devient pesante et détériore les conditions de travail, au détriment de la santé et de la sécurité. Bien des travailleurs ont été écoeurés suite à la mort début 2012 d'un intérimaire de 62 ans, tombé du nez d'un Super Puma à 3h du matin lors d'une opération de contrôle. En novembre 2015, un prétendu "accord de compétitivité" proposé par la direction a mis le feu aux poudres et déclenché des débrayages, une manifestation dans l'usine etc., du jamais vu ! La direction a dû faire des concessions. Des mouvements ont aussi lieu chez les sous-traitants, par exemple Segula-AIS en 2010. Chez Daher en 2015, il y a eu des débrayages pour les salaires à l'occasion des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) et les travailleurs ont reçu le soutien de représentants syndicaux d'Airbus, CGT et même FO.

Toujours à Marignane, Daher a inauguré en septembre 2013 la "Daher Control Room" (salle de contrôle Daher). Elle doit assurer un service de pilotage de flux logistiques et industriels pour tous les grands projets régionaux et les grands sites industriels des secteurs "Aéronautique & Défense", "Nucléaire & Energie" et "Biens d'équipement"... dont bien sûr Airbus Helicopters, mais aussi et surtout le grand projet ITER sur le site nucléaire de Cadarache, pour lequel Daher organisera les flux et acheminera le million de pièces en provenance de 34 pays, nécessaires à sa construction. Daher fournira une énorme remorque de 800 tonnes, pour acheminer les plus grosses pièces allant jusqu'à 500 tonnes.

A l'Ouest de l'étang de Berre, Istres est un second pôle d'industries aéronautiques, autour de la base aérienne 125 (qui emploie 5.000 personnes militaires + civils), de l'usine Dassault (600 personnes) et du site Snecma-Safran. Ce pôle est censé connaître un grand développement, mais pour l'instant, celui-ci est limité. Certes la Snecma investit dans un nouveau banc d'essai à l'air libre pour ses moteurs Leap, qui doit démarrer à l'été 2016 ; mais l'effectif passé de 40 à 100 personnes, irait jusqu'à 150 personnes... en 2020. Par contre, un incroyable projet se structure sur le thème de la renaissance des ballons dirigeables, autour d'entreprises privées et à grand renfort de subventions publiques (et grâce au rachat par les collectivités locales d'un morceau de terrain et d'un hangar à Dassault). Bien que plusieurs tentatives similaires dans d'autres pays aient échoué, les responsables du projet promettent 3.000 emplois d'ici 10 ans !

Dans la sidérurgie, Ascométal, passé entre les mains de divers groupes, rendu exsangue par le fonds d'investissement Apollo, puis placé en redressement judiciaire, a failli être cédé à une entreprise brésilienne qui voulait fermer le site d'aciers spéciaux de Fos, mais a été finalement repris par une société française qui l'a renommé Asco Industries. Elle a joué sur la crainte de fermeture pour obtenir la paix sociale malgré 85 emplois supprimés sur 415 (et bien plus chez les sous-traitants), dans un site où la CGT est très forte. Selon la direction, "Il y a quelques années, on aurait fait ça c'était merguez-party" (La Provence.com du 9 avril 2015) !

ArcelorMittal (2.500 personnes) possède à Fos l'un de ses deux sites français les plus stratégiques avec Dunkerque. Il produit des aciers laminés à chaud pour l'automobile, l'électroménager, l'emballage, le bâtiment... qu'il exporte vers les pays méditerranéens. Les effectifs ont fortement diminué et la précarité s'est accrue, augmentant le risque d'accident. En septembre 2015, un ouvrier de 29 ans d'une entreprise extérieure est mort suite à une chute dans une cuve dans le secteur de chargement du minerai. En octobre 2015, la direction a commencé à tenir un discours alarmiste sur les importations d'acier chinois bon marché en Europe qui menaceraient le site ; elle en a profité pour supprimer le paiement des heures supplémentaires, demandé à ses salariés de prendre des jours de congés et évoqué la possibilité de recourir au chômage partiel. En novembre, elle a confirmé le chômage partiel et les congés obligatoires début 2016 pour les personnels de jour (1.338 personnes).

Le vaste complexe pétrolier et chimique de l'étang de Berre met lui aussi ses travailleurs à rude épreuve. Les 4 raffineries de pétrole (PetroIneos ex-BP à Lavéra, Total à La Mède, Esso à Fos et Petroplus ex-Shell à Berre), dont certaines nourrissent la très importante pétrochimie de la région, ont été mises en concurrence dans une période où des marchés à l'export disparaissaient (essence pour les Etats-Unis). Deux raffineries ont fini par fermer : LyondellBasell à Berre (370 personnes, mais il subsiste la pétrochimie avec 900 personnes), et dernièrement Total à La Mède qui, plutôt que d'investir pour adapter sa production aux futures normes européennes, a continué d'écouler tant qu'il a pu de l'essence "sale" vers le Liban puis a choisi de convertir son site à moindres frais en unité de biocarburants, supprimant 180 postes sur 460. Il subsiste Esso (250 personnes) et PetroIneos (qui forme avec la chimie d'Ineos un ensemble de 1.000 personnes).

Les raffineries, les usines pétrochimiques et chimiques forment un écosystème complexe et imbriqué, exposé en permanence à un effet-domino si l'un des sites vient à fermer. Pour l'instant, l'arrêt des deux raffineries n'a pas trop bouleversé ces échanges. Mais on est passé très près de la disparition des usines Kem'One (Lavéra et Fos, 310 personnes sur chaque site soit 620 au total) suite à un repreneur indélicat (Gary Klesch, qui a fini par passer la main), ce qui aurait alors profondément déstabilisé les vapocraqueurs (unités pétrochimiques) de LyondellBasell à Berre et Naphtachimie (480 personnes) à Lavéra. Plusieurs milliers de personnes travaillent dans toutes ces usines chimiques et pétrolières, et il faut en tripler le nombre en comptant les sous-traitants. Cette conjoncture pèse lourdement sur le moral des travailleurs du secteur, alors même que la plupart des groupes présents (Total, ExxonMobil, Ineos, PetroChina, LyondellBasell...) sont de grosses multinationales financièrement solides. Ces travailleurs représentent pourtant une force considérable, mais tout a été fait pour opposer les sites entre eux et pour que chacun tire la couverture à soi. Certains syndicats ont d'ailleurs joué ce jeu, y compris la CGT (en partie liée au PS) dans le cas d'Ineos, un site où la "mollesse" du syndicat favorise de temps à autre les mouvements spontanés de travailleurs hors de tout appel syndical. Les autres CGT (Berre, La Mède...) ont tenté d'organiser des rencontres entre syndicalistes des différents sites, mais plus pour trouver des "solutions industrielles" avec les politiciens locaux et nationaux que pour préparer une lutte d'ensemble.

Les économies réalisées par les entreprises du pétrole et de la chimie posent de plus en plus souvent des problèmes de sécurité : sécurité des procédés, avec plusieurs incidents (par exemple, un incendie sur le vapocraqueur de Naphtachimie conduisant à son arrêt prolongé ce qui a failli asphyxier financièrement le client Kem'One), mais même simplement sûreté des sites, avec l'incapacité de LyondellBasell à surveiller correctement ses bacs de stockage où un acte de malveillance a permis à deux bombes artisanales d'exploser, déclenchant un incendie qui a généré un énorme panache de fumée noire sur tout le secteur pendant plusieurs jours. Un incendie qui a aussi révélé les problèmes d'organisation et de coordination des secours locaux (dans une région qui avait pourtant connu l'accident de La Mède en 1992 avec 6 morts).

Les travailleurs ont également été marqués par la disparition de l'usine de dérivés bromés de Port-de-Bouc en 2010. Site en partie ex-Elf/Total puis détenu par le groupe américain Albemarle, il a été cédé au fonds d'investissement I.C.I.G. qui l'a renommé Azur Chimie... et l'a liquidé au bout d'un an. Les 104 travailleurs sont partis avec des indemnités de misère par rapport à ce qu'ils auraient pu avoir en étant licenciés par Total ou Albemarle. Le groupe I.C.I.G. a juste racheté et éliminé un concurrent de son usine de Thann (Alsace) qu'il avait lui-même rachetée auparavant... au même groupe Albemarle.

En dehors de l'aéronautique et de la chimie, et de leurs innombrables sous-traitants, le secteur comprend beaucoup d'autres activités, dans l'agroalimentaire, les matériaux de construction, la logistique... Le site SNCF de Miramas, qui emploie 500 personnes, est entouré d'activités de réparation ferroviaire (Ateliers de Provence : réparation et maintenance de wagons-citernes), d'un centre logistique de l'armée le 4è RMAT (dépôt de munitions, lieu de regroupement, transit et attente de matériels et personnels pour les opérations militaires extérieures), d'un site de stockage-distribution de véhicules neufs (dont Gefco, groupe PSA), d'un centre logistique d'Areva (grosses pièces pour le nucléaire). A proximité, la plateforme Clesud joue un rôle important dans la logistique d'Intermarché, Système U, Carrefour, Leclerc, Sernam, Gifi, Point P, Pirelli, Continental, etc. Même profil pour la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, avec sa réparation ferroviaire (Ermewa-Ferifos : matériels roulants et conteneurs), ses infrastructures de stockage de gaz et de produits chimiques, sa logistique de conteneurs (Easydis-Casino, Ikea...) etc.

A Port-Saint-Louis-du-Rhône, on retrouve une zone logistique (Distriport) qui rassemble 22 entreprises de la grande distribution, de l'industrie ou de l'agroalimentaire. Cette ville abrite de nombreux travailleurs du port, de la chimie, de la sidérurgie... Un conflit a opposé les employés de Casino, en grève car refusant de voir leur effectif passer de 25 à 9 personnes, et soutenus par des dockers du port, à des nervis envoyés par la direction pour les attaquer, mais c'est la direction qui accuse les travailleurs de violences et les traîne en justice.

Dans le secteur Etang de Berre, LO a une présence régulière, à travers des journées d'action à Vitrolles et grâce à son implantation chez Airbus Helicopters à Marignane. A d'autres moments de l'année notamment en temps d'élections, LO élargit son intervention en apparaissant à la sortie des grosses entreprises ou dans certaines villes (ex. : Martigues et Port-de-Bouc avant les régionales). Bien entendu, cette présence est encore très inférieure à ce qui serait nécessaire dans un secteur aussi industrialisé.

Le NPA existe depuis longtemps à Miramas où il participe à des listes d'union aux municipales : en 2014, la liste NPA-Ensemble-PG-EELV a obtenu 9,47 %.

Le PCF dispose de bastions importants à Martigues, Port-de-Bouc, Le Rove, mais vient de reperdre Port-Saint-Louis-du-Rhône (prise en 2008) au bénéfice d'un "apolitique de rassemblement" soutenu par un ancien maire de droite.

Le PS contrôle encore les mairies de Fos-sur-Mer, Miramas, Berre-l'Etang, La Fare-les-Oliviers et s'est appuyé sur Istres jusqu'en 2006, avant que cette ville ne devienne "divers gauche". Un maire PS est élu à Gignac-la-Nerthe sur une liste divers gauche avec le soutient du PCF. Le PS a aussi bénéficié d'un effet de rejet de la famille Mégret à Vitrolles en reprenant la ville en 2008 et en la gardant depuis. Mais en 2014, le PS a perdu Châteauneuf-les-Martigues au profit d'un divers droite.

Rognac (ancienne ville PS jusqu'en 2001), Saint-Victoret (PS jusqu'en 1995 puis UDF) et Saint-Mitre-les-Remparts, sont "divers droite". Un autre "divers droite" a pris Saint-Chamas à l'UMP en 2014, avec le soutien et la participation du milieu ex-PS local. La "Côte Bleue" est plutôt chic, avec des maires de droite à Carry-le-Rouet et Sausset-les-Pins (qui fut PS jusqu'en 2001) ou sans étiquette à Ensuès-la-Redonne, malgré l'exception du Rove, petite ville PCF limitrophe des quartiers Nord de Marseille et de Septèmes-les-Vallons. Enfin, le maire du village de Cornillon-Confoux au Nord de l'étang de Berre est "sans étiquette".

Le FN qui avait remporté Vitrolles et Marignane dans les années 1990 a rapidement perdu ses deux maires, passés au MNR. L'un a été éliminé après de multiples déboires et un saccage du milieu associatif local (Catherine Mégret à Vitrolles de 1997 à 2002, remplaçant son mari Bruno Mégret inéligible), l'autre est devenu "divers droite" (Daniel Simonpieri à Marignane, maire de 1995 à 2008). L'UMP ayant choisi d'investir Simonpieri aux municipales de 2008, un dissident UMP s'est présenté contre lui et a réussi à remporter la ville.

Dans ce vaste ensemble de l'étang de Berre et du golfe de Fos, les résultats de LO aux régionales sont très disparates.

Au Sud, ils sont faibles ou très faibles sur la "Côte Bleue" : Sausset-les-Pins (1,15 %), Ensuès-la-Redonne (1,03 %), Carry-le-Rouet (0,80 %), seul Le Rove - ville PCF - se détachant du lot (1,63 %) ; ils sont meilleurs sur le versant étang de Berre : Châteauneuf-lès-Martigues (2,38 %), Gignac-la-Nerthe (1,95 %).

Dans le secteur Nord et Est de l'étang, la petite ville ouvrière de Berre-l'Etang donne un très bon score à LO (3,37 %), devant Saint-Chamas (2,31 %) et Vitrolles (1,95 %). Les résultats sont moyens à La Fare-les-Oliviers (1,70 %), faibles à Marignane (1,47 %), Rognac (1,34 %), Cornillon-Confoux (1,20 %) et Saint-Victoret (1,09 %).

Dans le secteur Ouest, hormis la petite ville de droite Saint-Mitre-les-Remparts où les scores sont faibles (1,48 %), les résultats sont partout au-dessus de la moyenne départementale avec quelques très bons scores à Port-de-Bouc (4,27 %, record départemental), Port-Saint-Louis-du-Rhône (4,14 %), Martigues (3,01 %), devant Istres (2,94 %), Fos-sur-Mer (2,52 %) et Miramas (2,25 %).

Donc, de très bons résultats pour LO dans certaines communes ouvrières à forte tradition PCF (Port-de-Bouc, Martigues, Port-Saint-Louis-du-Rhône) mais aussi PS (Berre, Istres), et de mauvais résultats dans les villes traditionnellement à droite. Par contre, aucune preuve d'un "effet NPA" positif dans une ville comme Miramas (la seule où le NPA participe à des municipales) où le score est bon mais sans plus, et rien d'extraordinaire dans la ville PCF du Rove.

Si l'on compare les résultats LO de 2015 avec ceux de LO et du NPA de 2010, on remarque que la géographie des scores est différente. En 2010, les meilleurs scores LO étaient à Saint-Chamas (1,19 %), Fos-sur-Mer (1,14 %), Port-de-Bouc (1,10 %), Gignac-la-Nerthe (1,00 %) et Vitrolles (0,99 %) avec seulement 0,94 % à Istres, 0,91 % à Marignane, 0,85 % à Berre-l'Etang, 0,80 % à Martigues et 0,55 % à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Et les meilleurs scores NPA étaient à Istres (4,53 %), Gignac-la-Nerthe (3,48 %), Fos-sur-Mer (3,15 %), Vitrolles (3,05 %), devant Saint-Chamas et Port-Saint-Louis-du-Rhône (2,94 %), Miramas (2,74 %) et Berre-l'Etang (2,72 %). En 2015 le score LO est très loin du total LO + NPA de 2010 à Istres (avec 459 voix, il manque 251 voix) ou Vitrolles (avec 208 voix il en manque 131) mais il est supérieur au total LO + NPA de 2010 à Berre-l'Etang (152 voix soit 14 voix de plus), Port-Saint-Louis-du-Rhône (121 voix soit 19 de plus) et surtout Port-de-Bouc (214 voix soit 48 de plus). Et il en est très proche dans une grande ville comme Martigues (avec 541 voix, il ne manque que 12 voix pour retrouver le total LO + NPA). Un vote LO 2015 utilisé par un électorat différent, qui semble plus centré sur les villes les plus touchées par les suppressions d'emplois, de la sidérurgie, du pétrole et de la chimie notamment alors que les villes où l'aéronautique crée des emplois ou en promet (Marignane, Istres) sont moins enclines à voter LO. On retrouverait donc l'idée de "interdiction des licenciements" qui porterait davantage, par exemple à Berre où LyondellBasell a fermé sa raffinerie comme on avait pu le voir à Rousset avec l'électronique. Bien sûr, ce n'est qu'une supposition.

Du côté de la liste Verts-Front de Gauche, la situation est également contrastée mais on retrouve une meilleure discipline de vote côté PCF que côté Verts.

Les meilleurs résultats se rencontrent en effet à Port-de-Bouc (33,17 %), Le Rove (32,86 %), Port-Saint-Louis-du-Rhône (26,52 %) et Martigues (21,15 %), soit dans les 3 villes PCF + une qui était encore PCF avant 2014. La liste Verts-FG y arrive en 2ème position derrière le FN, loin devant le PS et la droite. A Martigues, la liste fait mieux que la somme FG + Verts de 2010 (21 + 8 = 29 %) et a visiblement mordu un peu sur le PS, mais c'est une exception. A Port-Saint-Louis, elle fait un peu moins bien qu'en 2010 (26 + 4 = 30 %). A Port-de-Bouc, la perte au feu est importante (- 16 %) par rapport à 2010 (44,5 + 4,5 = 49 %), et c'est encore pire au Rove (- 17,5 %) où la somme des deux listes était majoritaire dès le premier tour en 2010 (46 FG + 4,5 Verts = 50,5 %).

Les résultats Verts-FG sont encore assez bons à Saint-Mitre-les-Remparts (11,14 %), mais moyens à Saint-Chamas (8,38 %), Gignac-la-Nerthe (8,04 %), et faibles à Miramas (7,53 %), Berre-l'Etang (7,31 %), Istres (7,09 %), Vitrolles (6,92 %), Fos-sur-Mer (6,84 %), Rognac (6,70 %), Cornillon-Confoux (6,57 %), La Fare-les-Oliviers (6,25 %), Châteauneuf-les-Martigues (6,08 %), Saint-Victoret (5,56 %), Marignane (4,89 %). Sur la Côte Bleue, en dehors du Rove, les scores sont médiocres à Ensuès-la-Redonne (8,22 %) et très faibles à Sausset-les-Pins (4,94 %) et Carry-le-Rouet (3,98 %).

En fait, quels que soient la taille et le profil social ou électoral des villes, l'alliance Verts-Front de Gauche voit ses scores s'effondrer partout par rapport aux résultats séparés de 2010. Quant à l'exception de Martigues, elle s'explique sans doute par le fait que la tête de liste de l'alliance dans les Bouches-du-Rhône est la conseillère municipale PCF Nathalie Lefebvre, adjointe du maire PCF de Martigues.

Le PS s'effondre à Martigues, passant de 31 % en 2010 à 13 % en 2015. Une partie des voix s'est reportée sur les Verts-FG, mais une bien plus grande semble s'être portée vers la droite (stable) et surtout le FN qui connaît une progression gigantesque, passant de 16 % à 41 %.

La hausse du FN au premier tour est également fulgurante à Port-de-Bouc (il passe de 14 % à 38 %), là encore au détriment du PS (qui passe de 22 % à 10 %) mais aussi des Verts-FG, la droite passant de 7 à 8 %. A Port-Saint-Louis, le FN faisait déjà près de 25 % en 2010, il bondit à 45 % en 2015 tandis que le PS chute de 29 % à 10 %. A Istres, il faisait 21 % en 2010, il passe à 46 % en 2015 (le PS qui contrôle la mairie chute de 34 % à moins de 20 %). A Miramas il passe de 24 % à 49 % (le PS passe de 39 % à 22 %). A Fos-sur-Mer le FN passe de 21 % à 50 % (et le PS de 41 % à 20 %). A Berre-l'Etang il passe de 24 % à 45 % (et le PS, qui tient la mairie, tombe de 46 % à 25 %).

Dans les deux villes de Vitrolles et Marignane, où le FN avait pris les mairies puis vu ses élus le quitter, et où il s'était déconsidéré (surtout à Vitrolles), le FN retrouve des couleurs et peut dire merci au PS, dont la politique lui a permis de se "refaire". A Vitrolles le FN passe de 22 % en 2010 à 46 % en 2015 (le PS chute de 33 % à 21 %). A Marignane le FN passe de 33 % au premier tour en 2010 (il était déjà en tête) et 38 % au deuxième tour, à près de 58 % dès le premier tour en 2015 (le PS chute de 24 % à moins de 11 %). A Saint-Victoret, le FN passe de 35 % à 60 % (son record dans le secteur), tandis que la droite tombe de 22 % à 16 %, le PS de 27 % à 10 % et l'alliance Verts-FG de 11 % (6 Verts + 5 FG) à 5,5 %.

Dans une commune bourgeoise comme Carry-le-Rouet, le FN passe de 22 % à 42 % et là, on voit bien qu'il mord sur l'électorat de la droite, traditionnellement forte mais qui passe de 40 % à 33 %, ainsi que sur le PS qui passe de 17 % à 13 % et sur l'alliance Verts-FG qui passe de 13,5 % (3 FG + 10,5 Verts) à 4 %. Idem à Sausset-les-Pins : le FN passe de 22 % à 45 %, mais la droite chute de 32 % à 25 %, le PS de 23 % à 16 % et la somme Verts-FG de 14,5 % à 5 %. Le FN s'est donc renforcé au détriment de tous les autres partis (sauf LO).

Au second tour, dans un secteur où le PS était presque partout majoritaire en 2010, la droite soutenue par la gauche l'emporte face au FN à Port-de-Bouc (54 %), Martigues (53 %), Berre-l'Etang (52 %), et de justesse à Vitrolles (51 %), Saint-Mitre-les-Remparts (51 %), La Fare-les-Oliviers (50 %, à 33 voix) et Le Rove (50 %, à 16 voix).

Mais le FN est majoritaire non seulement à Saint-Victoret (62 %), Marignane (60 %), Gignac-la-Nerthe (59 %), Châteauneuf-les-Martigues (58 %), Rognac (57 %), Fos-sur-Mer (57 %), où il l'était déjà au premier tour, mais aussi à Port-Saint-Louis-du-Rhône (55 %), Miramas (54 %), Saint-Chamas (53 %), Ensuès-la-Redonne (52 %), Cornillon-Confoux (52 %) et Istres (51 %). Dans les villes bourgeoises, la droite gagne à 52 % à Carry-le-Rouet mais le FN l'emporte à 50 % (à 15 voix près) à Sausset-les-Pins.



Secteur d'ARLES et TARASCON

Ce secteur comprend Arles, une grande partie de la Camargue (au sud d'Arles) et de la plaine de la Crau (à l'est), le petit massif des Alpilles, et au Nord la ville de Tarascon.

Les communes sont Arles (53.000 habitants), Tarascon (14.000 habitants), Saint-Martin-de-Crau (13.000), Fontvieille (3.600), Mouriès (3.400), Saintes-Maries-de-la-Mer (2.600), et les villages de Saint-Etienne-du-Grès (2.400), Maussane-les-Alpilles (2.200), Paradou (1.750), Aureille (1.550), Mas-Blanc-des-Alpilles (500), Les Baux-de-Provence (450) et Saint-Pierre-de-Mézoargues (200). Soit une ville assez importante, deux villes moyennes, 3 petites villes et 7 villages.

La commune d'Arles est la plus étendue de France, et celle des Saintes-Maries-de-la-Mer est la seconde, car ces deux villes se partagent l'essentiel de la Camargue, dans le delta du Rhône. L'économie de la Camargue tourne autour de l'agriculture (dont le riz), de l'élevage (dont celui des taureaux) et du tourisme ; ces activités rurales alimentent parfois des industries (rizeries).

Arles est une ville populaire qui compte plusieurs cités ouvrières mais aussi nombre de quartiers petits-bourgeois. C'est une ville où prédominent les activités de service (centre hospitalier, Géant Casino...) mais qui accueille aussi de nombreuses industries de taille petite ou moyenne, et qui a été confrontée à la fermeture de la Papeterie Etienne (109 personnes) en 2009 et à celle de l'usine Lustucru Riz ("Taureau Ailé", 146 personnes) en 2004 par le groupe Panzani, qui a refusé de remettre en état le site après les inondations de 2003. L'industrie du riz est encore présente, avec une nouvelle usine, la Rizerie Sud Céréales Soufflet, construite en 2005 (mais regroupant des productions éparpillées sur d'anciens sites). La ville possède un port "quadrimodal" : à la fois fluvial et maritime, et relié au rail et à la route. Le port sert au transport de pondéreux (tourbe, ciment...), à l'exportation de bois vers le Maghreb, et occasionnellement l'expédition de pièces métalliques très lourdes fabriquées par un grand atelier de chaudronnerie (CMP Arles, 70 personnes). Arles accueille aussi de la logistique (Distrimag, entrepôt Electrosteel...), la cartonnerie Société Méditerranéenne d'Emballage (60 personnes), la maison d'édition Actes Sud (environ 100 personnes) et les éditions musicales Harmonia Mundi qui ont perdu beaucoup d'emplois (effet internet).

Arles a été marquée par le conflit chez ENVIA-Transdev (transports urbains) en mai 2015, avec 19 jours de grève des chauffeurs de bus sur les salaires et contre diverses brimades ; la direction a fait appel à des vigiles, des huissiers, des cars d'une filiale de Transdev pour briser la grève (sur les transports scolaires), puis elle a attaqué les trois syndicats CGT, CFDT et FO au tribunal pour "entrave à la circulation des autobus et à la liberté du travail". Le tribunal a contraint les grévistes à assurer un service minimum, mais la grève s'est poursuivie ; les grévistes n'ont pas gagné grand chose sinon l'abandon des poursuites par la direction et le paiement de la moitié des jours de grève, mais sont restés unis malgré les tentatives de division.

Au Sud d'Arles (sur le territoire de la commune) se trouve le bourg ouvrier de Salin-de-Giraud, avec les Salins du Midi (environ 150 personnes sur ce site) et un site chimique ex-Solvay, qui a cédé une partie de l'usine (chimie organique fine) à la société M2I (40 personnes) et, en juin 2015, le reste (chimie minérale, 70 personnes) à la multinationale Imerys spécialisée dans les matériaux.

Un peu plus à l'Est, Saint-Martin-de-Crau est une ville ouvrière où sont installées quelques usines (peintures Somefor, explosifs EPC France, produits de traitement des eaux de piscines Mareva...) Chez EPC France ex-Nitrochimie, qui fait des explosifs pour les carrières et les chantiers, une grève a eu lieu fin 2013 contre la suppression de 14 postes ; il reste 66 personnes. La logistique est très représentée avec Katoen Natie, XPO Logistics, Distrimag ou Transgourmet. Transgourmet a mené en octobre 2011 un bras de fer avec ses salariés ; suite à une multiplication des accidents (78 en 1 an, 1 salarié gravement blessé et handicapé, 1 décédé), 38 salariés pour la plupart à la CGT ont décidé d'exercer leur "droit de retrait" face à des racks chargés de palettes menaçant de s'effondrer, une absence de marquage au sol pour les piétons et les chariots etc. La direction les a mis à pied et convoqués à un entretien préalable à licenciement pour faute grave ! Une mobilisation s'est développée pour les défendre et la direction a cédé sur les licenciements, mais a maintenu 10 jours de mise à pied et 1 à 3 jours de retenue sur salaire... Un précédent pour tous les travailleurs du pays qui souhaiteraient exercer leur droit de retrait face à une situation dangereuse !

Au Nord d'Arles, Tarascon possède une grande usine de pâte à papier (270 personnes), fortement exposée aux variations des cours mondiaux : après 2 mois d'arrêt de la production début 2009 suite à la chute des cours, et un lâchage par le groupe canadien Tembec au profit du groupe indonésien Fibre Excellence, elle a bénéficié de leur remontée en 2010 "grâce" à un séisme qui a fait s'effondrer la production de pâte au Chili... L'usine dit manquer de bois local (elle se fournit dans un rayon de 250 km) et a interrompu son activité 3 mois début 2014 par manque de bois, puis a importé du bois sud-américain en août 2014. Sa direction se plaint de la possible concurrence du projet biomasse de la centrale électrique de Gardanne (soutenu par la CGT de la centrale) qui raflerait tout le bois local s'il était réalisé... Tarascon a aussi connu en 2009 la fermeture de l'usine Linpac (127 personnes, barquettes plastiques alimentaires) délocalisée en Espagne et du petit atelier de confection Souleiado (17 personnes). L'usine de Conserves France, qui fabriquait des conserves de tomates, d'autres des raviolis et des sauces,a décliné fortement avec un premier plan de 65 suppressions de postes en 2010 puis un second de 44 en 2013 : il reste environ 125 personnes. Il reste l'usine de pains à cuire BCS Panita (80 personnes) et, à Saint-Etienne-du-Grès, le groupe de BTP Guintoli, les tissus imprimés Les Olivades...

Au Sud-Ouest d'Arles, très isolée, séparée des autres villes par la Camargue, la petite ville des Saintes-Maries-de-la-Mer vit surtout du tourisme, du commerce, de l'agriculture et de l'élevage (taureaux...) et sa population augmente considérablement tous les ans fin mai à l'occasion des pèlerinages des gens du voyage (10.000 personnes de plus).

Dans le secteur d'Arles, la gauche est très implantée. La mairie d'Arles est dirigée par le PCF Hervé Schiavetti : un PCF qui doit sa dernière élection à sa politique d'union avec le PS et à une triangulaire, et tient des discours contorsionnistes pour ne pas fâcher son allié, souhaitant la participation du PCF sous les premiers gouvernements Ayrault, défendant l'idée d'un compromis sur la loi de "sécurisation de l'emploi", se félicitant qu'il n'y ait eu qu'un seul binôme de la gauche unifiée aux départementales de 2015 avec le soutien d'une partie de la droite au deuxième tour etc. Le pompon a été franchi, début 2016 (après les régionales), avec les déclarations d'un autre responsable PCF local, Nicolas Koukas : selon lui l'année 2016 sera pour le PCF "axée sur la vigilance notamment au regard des attaques des libéraux à l'encontre des salariés et des travailleurs, sans toutefois opposer patronat et salariés" ! Bref, on attaque la droite "libérale" mais ni le PS ni le patronat.

Saint-Martin-de-Crau est également à gauche, son maire a su quitter à temps le PS (son étiquette de 2008) pour devenir "divers gauche" et gagner sa réélection dès le premier tour en 2014. Au contraire, Tarascon est très fortement à droite : aux municipales de 2014, les deux listes de gauche ont totalisé moins de 10 % au premier tour, et au second tour le FN seul face à la droite a bien failli l'emporter (47 %) ; la représentante du FN, Valérie Laupies, directrice d'école, est une transfuge du MRC de Chevènement et va jusqu'à dénoncer sur son blog la fermeture de Vitembal et de Souleiado (ah, les délocalisations...)

LO est présent à Arles, où elle a présenté une liste aux trois dernières municipales (et a tenu le coup malgré, je crois, la défection de la toute première tête de liste partie au NPA). Aux deux dernières, notre camarade Guy Dubost, ouvrier aux CMP puis pré-retraité "amiante", ancien responsable local de la métallurgie CGT, a obtenu peu de voix (1,07 % en 2008, puis 1,36 % en 2014) mais il y avait une concurrence du NPA (3,05 % en 2008) puis d'une liste "divers gauche" soutenue par ce dernier (3,93 % en 2014).

Mais aux régionales 2015, LO obtient un assez bon score à Arles (2,22 %), meilleur qu'aux municipales donc. Ce n'est pas forcément du fait d'un "effet NPA" car on retrouve une situation analogue dans les communes voisines Saint-Martin-de-Crau (2,36 %) et Fontvieille (2,34 %) et sur tout le versant Sud des Alpilles : Mouriès (2,46 %), Aureille (2,22 %), Paradou (2,11 %), et dans le village de Saint-Pierre-de-Mézoargues près de Tarascon (2,50 % avec... 3 voix) ; le résultat d'Arles est quand même bon compte tenu qu'il s'agit d'une ville-centre avec sa part de petite et moyenne bourgeoisie. Cette zone reste populaire et on y trouve encore d'assez nombreux travailleurs de la zone de l'étang de Berre. Ce qui n'est plus le cas au nord, où le résultat de LO est faible à Tarascon (1,40 %) et faible, voire très faible, dans les campagnes voisines et les Alpilles : Maussane-les-Alpilles (1,02 %), Saint-Etienne-du-Grès (0,92 %), Mas-Blanc-des-Alpilles (0,84 %), Les Baux-de-Provence (0 voix). En Camargue, il est également très faible aux Saintes-Maries-de-la-Mer (0,87 %).

En 2015, la liste Verts-FG fait un score faible à Arles pour une mairie PCF (8,79 %, on comprend pourquoi le PCF courtise le PS). Elle n'est que 4ème, largement distancée par le PS qui arrive 2ème avec 23 % (derrière le FN et devant LR). Ailleurs, les Verts-FG font un très mauvais score, maximum à Fontvieille (5,31 %), minimum aux Saintes-Maries-de-la-Mer (2,81 %). Partout, on est très loin de la somme Verts + FG de 2010.

Les résultats du PS sont en chute libre. De 2010 à 2015, il passe de 45 % à 23 % à Arles, de 47 % à 22 % à Saint-Martin-de-Crau, de 33 % à 13 % à Tarascon ... Le PS arrive quand même 2ème à Arles et Saint-Martin-de-Crau, mais 3ème partout ailleurs.

La droite résiste mieux que le PS au premier tour, mais elle est partout dépassée par le FN qui arrive toujours premier, avec une majorité dès le premier tour à Saint-Pierre-de-Mézoargues (57 %), Tarascon (56 %) et aux Saintes-Maries-de-la-Mer (52 %). Au second tour, le FN l'emporte dans ces trois communes (avec 60 %, 57 % et 58 %), mais aussi à Saint-Martin-de-Crau (51 %), Mas-Blanc-des-Alpilles (53 %), Mouriès (55 %), Aureille (56 %). Tandis que la droite (Estrosi) est majoritaire aux Baux-de-Provence (62 %), à Maussane-les-Alpilles (58 %), Paradou (58 %), Arles (54 %), et de justesse à Fontvieille et Saint-Etienne-du-Grès (51 %).



Secteur de CHÂTEAURENARD

Les communes sont : Châteaurenard (15.800 habitants), Saint-Rémy-de-Provence (9.800), Noves (5.500), Graveson (4.500), Cabannes (4.400), Eyragues (4.200), Rognonas (4.000), Barbentane (4.000), Saint-Andiol (3.300), Plan-d'Orgon (3.100), Mollégès (2.500), Maillane (2.500), Boulbon (1.500), Verquières (800).

Châteaurenard et les communes voisines hébergent de nombreux travailleurs employés dans le Vaucluse (Avignon, Cavaillon) ou le Gard. Châteaurenard est au coeur d'une riche région agricole (fruits et maraîchage) qui emploie de nombreux saisonniers, souvent immigrés (et mal traités), et accueille un vaste marché-gare de portée nationale spécialisé sur les fruits et légumes. Le poids de l'agriculture se retrouve sur les activités industrielles, logistiques ou commerciales : on trouve l'usine de salades Les Crudettes à Cabannes (200 personnes),les entrepôts SCOFEL (fruits et légumes du groupe Auchan, 70 personnes) à Rognonas etc., mais aussi l'usine de serres Richel à Eygalières (170 personnes), une usine de barquettes en plastiques Sirap Gema à Noves (80 personnes), une usine de plateaux, caisses et cageots en bois Nature Bois Emballages à Plan-d'Orgon (70 personnes, groupe qui a fermé deux sites à Noves et Eyragues en 2008), une usine d'huiles essentielles Florame à Saint-Rémy-de-Provence (60 personnes), un conditionneur et distributeur d'engrais, OMAG, à Mollégès (40 personnes)... Le groupe Provence Plats (livraison des écoles, collectivités...) possède une cuisine centrale à Rognonas et la légumerie Midi-Primeurs à Barbentane (courgettes, aubergines, courges, tomates...) Le distributeur et importateur Idyl à Châteaurenard (environ 40 personnes) est au coeur de diverses polémiques, liées à l'accord commercial Union européenne / Maroc du fait de l'importation de fruits et légumes provenant du Sahara occidental, ainsi que de ses pratiques sociales répressives au Maroc. L'agroalimentaire compte aussi l'usine de viande Bigard à Rognonas (150 personnes). Les autres industries comprennent surtout l'imprimerie IPS à Châteaurenard (journaux gratuits), dont les effectifs sont en baisse (peut-être 120 personnes). Une usine d'engrais, Rhône Alpes Engrais à Plan-d'Orgon (45 personnes), a fermé en 2007. La ville de Saint-Rémy-de-Provence a une vocation touristique plus marquée que les autres communes, et le secteur de "l'économie sociale et solidaire" y est très développé.

LO est peu implantée dans ce secteur et aucune ville ne fait l'objet de journées d'action (mais celles sur Arles, Salon-de-Provence ou Avignon peuvent toucher cette zone).

Le PCF dirige la mairie de Noves ; il est aussi influent à Cabannes. Le PS (élu sur une liste d'union avec le PCF) est à la tête de la mairie de Saint-Rémy-de-Provence. Mais globalement, la région est plutôt ancrée à droite, à commencer par Châteaurenard où, aux dernières municipales, l'ancien maire UMP a été réélu dès le premier tour à 51 % devant un FN à 22 % et un "sans étiquette" à 13 % et où l'unique candidat "divers gauche" n'a fait que 12 %. A Eyragues, Rognonas, Barbentane et Plan-d'Orgon, aux municipales il n'y avait qu'une seule liste "divers droite" élue donc avec 100 %, et à Saint-Andiol une seule liste UMP, tandis qu'à Graveson deux listes "divers droite" s'affrontaient...

Les résultats de LO aux régionales de 2015 sont plutôt moyens ou faibles. Il y a quand même deux assez bons scores : Saint-Andiol (2,22 %) et Cabannes (2,13 %). Suivent la ville PCF de Noves (1,77 %), puis Châteaurenard (1,68 %) et Rognonas (1,62 %). Les autres communes donnent des scores faibles voire très faibles : Graveson (1,41 %), Plan-d'Orgon (1,37 %), Barbentane (1,36 %), Eyragues (1,28 %), Verquières (1,19 %), Saint-Rémy-de-Provence (1,12 %), Maillane (0,98 %), Boulbon (0,93 %), Eygalières (0,67 %), Mollégès (0,52 %).

La liste Verts-FG obtient ses meilleurs scores à Noves (9,42 %) reflétant l'implantation locale du PCF, mais ce résultat reste très faible pour une ville où le PCF tient la mairie. Les résultats sont faibles à Cabannes (5,88 %), Boulbon (5,84 %), Saint-Rémy-de-Provence (5,42 %), Eyragues (5,33 %), Barbentane (4,92 %), Verquières (4,76 %), Mollégès (4,25 %), Châteaurenard (4,23 %), Plan-d'Orgon (3,79 %), Graveson (3,75 %), Saint-Andiol (3,52 %), Maillane (3,51 %), Rognonas (3,07 %).

Ici aussi, le PS s'effondre (entre les régionales de 2010 et 2015), passant par exemple de 47 % à 17 % à Saint-Rémy-de-Provence (malgré le fait qu'il détient la mairie), de 27 % à 17 % à Noves ou de 27 % à 12 % à Châteaurenard.

La droite arrive deuxième derrière le FN dans toutes les communes.

Le FN est majoritaire dès le premier tour dans 7 communes et au deuxième tour dans 12 communes sur 14, sauf dans le plus petit village, Verquières, où Estrosi l'emporte avec 52 %, et à Saint-Rémy-de-Provence où la droite l'emporte de justesse (51 %).



Secteur de SALON-DE-PROVENCE et vallée de la Durance

Ce secteur regroupe une ville assez importante, Salon, et les communes voisines (Pélissanne, Lançon-Provence, Eyguières, Grans, Lamanon), ainsi que toute une zone principalement agricole le long de la rivière Durance, entre Orgon à l'Ouest et Saint-Paul-lès-Durance à l'Est.

Les 24 communes sont : Salon-de-Provence (44.000 habitants), Pélissanne (9.800 habitants), Lambesc (9.300), Lançon-Provence (8.700), Sénas (6.900), Eyguières (6.700), Mallemort (6.100), La Roque-d'Anthéron (5.400), Le Puy-Sainte-Réparade (5.400), Saint-Cannat (5.400), Peyrolles-en-Provence (5.000), Rognes (4.700), Grans (4.400), Jouques (4.300), Meyrargues (3.700), Orgon (3.100), Charleval (2.500), Alleins (2.400), Lamanon (2.000), Vernègues (1.600), Saint-Paul-lès-Durance (900), La Barben (800), Aurons (500), Saint-Estève-Janson (350).

La ville de Salon-de-Provence est suffisamment proche de l'étang de Berre pour que des travailleurs employés par les entreprises de ce secteur y habitent. Mais c'est une ville très peu industrialisée, où les services prédominent (centre hospitalier, Géant Casino, Leclerc...) et où l'armée est très présente (base aérienne, plus de 2.000 personnes). Les infrastructures logistiques sont développées (dont Logidis, du groupe Carrefour, avec 400 personnes). On trouve quelques industries à Lamanon : Mirion Technologies (ex-MGP Instruments) fabrique des instruments de contrôle et de mesure de la radioactivité (dosimètres etc.) et a regroupé ses deux unités dans de nouveaux locaux en augmentant ses effectifs (350 personnes), Bonna Sabla fabrique des éléments en béton (90 personnes). Les autres usines relèvent de l'agroalimentaire comme ABC à Peyrolles-en-Provence (jambon cuit, 180 personnes) ou Friesland Campina Cheese à Sénas (découpe et emballage de fromages importés, 130 personnes), du bois (Nature Bois Emballages, 40 personnes à Sénas), de l'exploitation de la craie (Omya à Orgon, 90 personnes), de l'électronique (Actia Télécom (ex-Sodielec) au Puy-Sainte-Réparade, qui a perdu 45 emplois sur 105 en 2010). Enfin, à l'extrême Nord-Est du département, à Saint-Paul-lès-Durance, le centre d'études nucléaires de Cadarache (et son projet ITER) est un gros pourvoyeur d'emplois (environ 4.500 personnes dont 2.300 au CEA et le reste dans d'autres sociétés dont Areva).

Peu implantée dans le secteur (à ma connaissance), LO réalise toutefois des journées d'action régulières à Salon-de-Provence.

Le PS contrôle la mairie du Puy-Sainte-Réparade, où son score a d'ailleurs légèrement progressé en 2014 par rapport à 2008 mais cela reste une exception. Le maire de Saint-Paul-lès-Durance est aussi PS. Le PS dirige encore Saint-Cannat, mais ses scores aux municipales se sont effondrés par rapport à 2008, passant de 77 % à 56 %, face à un unique candidat de droite à chaque fois. Surtout, le PS a perdu en 2014 Lambesc au bénéfice d'une alliance UMP-UDI, et Lançon-Provence au profit d'un "divers droite". Mallemort a bien un maire PS mais il a été réélu de justesse au deuxième tour dans une triangulaire face à deux "divers droite", chacun ayant environ 1/3 des voix alors qu'aux municipales de 2008, cette même gauche faisait 77 % dès le premier tour ! Grans, Jouques, Orgon, Charleval, Vernègues et Lamanon sont tous "divers gauche".

La Roque-d'Anthéron a un maire "sans étiquette" (liste "Esprit village 2014", tout un programme !) élu en 2014 contre un candidat "divers gauche" et qui avait précédemment échoué face à un UMP en 2008. Meyrargues, Alleins, Aurons et Saint-Estève-Janson ont également un maire "sans étiquette".

Enfin, la droite s'est un peu renforcée en 2014. L'UMP qui contrôlait déjà Pélissanne, Sénas et La Barben a pris Salon-de-Provence à un "divers gauche". Une alliance UMP-UDI a pris Lambesc au PS, et l'UDI dirige Eyguières. L'UMP a certes perdu La Roque-d'Anthéron mais elle n'y avait plus de liste. Des "divers droite" contrôlent Lançon-Provence (pris au PS), Peyrolles-en-Provence et Rognes.

En 2015, LO obtient d'assez bons scores dans quelques communes : Orgon (2,39 %), Saint-Paul-lès-Durance (2,35 %), Charleval (2,32 %), Meyrargues (2,03 %), La Roque-d'Anthéron (1,99 %). Les résultats sont moyens à : La Barben (1,88 %), Peyrolles-en-Provence (1,76 %), Salon-de-Provence (1,71 %), Alleins (1,70 %), Jouques (1,70 %), Sénas (1,66 %), Mallemort (1,53 %), Pélissanne (1,48 %). Ils sont faibles et en-dessous de la moyenne régionale dans toutes les autres communes : Le Puy-Sainte-Réparade (1,46 %), Eyguières (1,37 %), Lambesc (1,34 %), Lamanon (1,30 %), Grans (1,29 %), Saint-Cannat (1,16 %), Aurons (1,07 %), Vernègues (1,07 %), Lançon-Provence (1,06 %), Rognes (0,99 %) et Saint-Estève-Janson (0,69 %). Si les 5 meilleurs résultats sont dans des mairies "de gauche" ou "sans étiquette", il n'y a pas de corrélation absolue.

La liste Verts-FG obtient ses meilleurs scores à Lambesc (9,58 %), Saint-Estève-Janson (8,97 %), Aurons (8,93 %) et Meyrargues (8,19 %), mais ses résultats sont faibles ailleurs, et même très faibles à Salon-de-Provence (4,82 %), Lançon-Provence (4,57 %), Vernègues (4,45 %), Saint-Paul-lès-Durance (3,53 %) et La Barben (2,12 %).

Le PS arrive en 2ème position dans 4 communes (La Roque-d'Anthéron, Le Puy-Sainte-Réparade, Jouques et Saint-Paul-lès-Durance), mais il est 3ème derrière la droite dans les 20 autres.

Le FN qui était majoritaire dès le premier tour à Saint-Paul-lès-Durance (53 %), Lançon-Provence, Sénas et Orgon (51 %), l'est encore au second à Saint-Paul-lès-Durance (56 %), Lançon-Provence, Sénas (54 %) et Orgon (53 %). Il gagne aussi à Eyguières (53 %), Mallemort, Lamanon (52 %) et La Barben (51 %). Par contre, la droite l'emporte à Aurons (63 %), La Roque-d'Anthéron (62 %), Saint-Estève-Janson (61 %), Saint-Cannat, Rognes (59 %), Lambesc (58 %), Peyrolles-en-Provence, Meyrargues (57 %), Salon-de-Provence, Pélissanne, Le Puy-Sainte-Réparade, Charleval (56 %), Alleins (52 %), et de justesse à Grans, Jouques (51 %, à 35 voix et 62 voix respectivement) et Vernègues (50 %, à 2 voix).

* * * * * *

L'exemple des Bouches-du-Rhône montre que, en l'absence d'une liste clairement étiquetée PCF ou Front de Gauche (car mélangée avec les Verts), une partie de l'électorat des villes PCF, des villes ouvrières et des quartiers populaires de Marseille s'est saisie du vote LO. Ce phénomène ne semble pas toucher les communes les plus petites ou rurales même PCF. Par ailleurs, des petites "flambées" de vote LO tranchant avec les résultats LO des communes alentour peuvent s'observer dans des villes touchées par des suppressions d'emplois dans les grandes entreprises, même lorsqu'il ne s'agit pas de villes PCF, comme Berre-l'Etang (pétrole-chimie), Marseille (agroalimentaire, transports) ou plus modestement Rousset (électronique). La conjonction des deux effets donne les meilleurs résultats, dans des villes comme Port-de-Bouc ou Port-Saint-Louis-du-Rhône.

Au-delà de l'effet favorable pour LO, on mesure le très mauvais report sur la liste Verts-FG des voix précédemment collectées séparément, en 2010, par les Verts et par le FG. Il n'est pas rare que les résultats de 2015 représentent environ la moitié de la somme des deux de 2010. Une partie de l'électorat écologiste a été sensible au "vote utile" PS contre le FN, une autre s'est portée sur les écologistes de droite. L'électorat PCF-FG a été dans l'ensemble plus discipliné que l'électorat Vert malgré là aussi une perte au feu.

Il n'est pas possible de mesurer avec certitude un "effet NPA" sur le vote LO, même si celui-ci existe peut-être. Le NPA d'aujourd'hui est bien plus réduit que celui de 2010, et rien ne prouve qu'il y ait un supplément de voix pour LO dans les deux seules villes où il a été en mesure de se présenter sur des listes d'union aux dernières municipales, Arles et Miramas, alors qu'un report d'électeurs du NPA de 2010 est possible à Marseille 3ème. Il y a à la fois des analogies et des différences notables, dans la géographie des votes NPA (et même LO) de 2010 et celle des votes LO de 2015.

Les résultats du PS sont catastrophiques dans bien des endroits, tandis que la droite tend à stagner (elle prend des voix au PS, mais en perd au bénéfice du FN). Souvent, le PCF emboîte le pas du PS (quitte à l'accompagner dans sa chute), le phénomène étant presque caricatural à Arles.

Le FN a clairement profité de la situation, retrouvant des couleurs même dans des endroits où il s'était plus ou moins discrédité par le passé (Vitrolles), et dans beaucoup de villes populaires ou ouvrières de l'étang de Berre, ainsi qu'à Tarascon et dans le secteur des exploiteurs de main-d'oeuvre agricole immigrée de Châteaurenard, mais, en contradiction avec l'image d'une région PACA pro-FN, il fait face à une bien meilleure résistance de la droite (soutenue par la gauche) que ce que les médias annonçaient. Et il n'est majoritaire dans aucun arrondissement de Marseille, pas même ceux du secteur où il a remporté la dernière élection municipale.

Au-delà des régionales, les Bouches-du-Rhône sont aussi une illustration de la façon dont le PCF et la CGT utilisent leurs forces (toujours importantes) pour orienter les conflits vers des revendications de type "trouver un bon repreneur", "créer une SCOP" ou "trouver une solution industrielle avec l'aide des pouvoirs publics", quand la survie de certaines entreprises est en jeu, avec des succès inégaux (allant de l'échec total jusqu'au cas SCOP-TI ex-Fralib). Cela peut conduire dans certains cas au maintien de quelques emplois, et c'est tant mieux. Par contre, même lorsqu'il est fait appel à la solidarité des autres travailleurs, l'orientation n'est jamais de chercher à faire avancer la compréhension du fonctionnement du système capitaliste pour mieux lutter contre lui, au contraire, le choix est de faire croire qu'il existe de vraies "solutions industrielles" dans le cadre du système, que l'on pourrait obtenir en votant à gauche et en s'appuyant par exemple sur les élus PCF qui sauront convaincre ceux du PS au conseil régional... (ce qui ne sera de toute façon plus possible, PS et PCF ayant été totalement éliminés du nouveau conseil régional).
Plestin
 
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Re: Retour sur les résultats des régionales - Département 13

Message par Kéox2 » 16 Mars 2016, 15:00

Merci encore Plestin pour cette nouvelle analyse très intéressante et précise sur le 13. Peut-être, si tu le peux, le même travail sur les 3 dernières élections législatives partielles où LO a progressé significativement dans le Nord et l'Aisne même compte tenu du très faible taux de participation ?
Kéox2
 
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Re: Retour sur les résultats des régionales - Département 13

Message par Plestin » 17 Mars 2016, 15:33

OK, après le 2ème tour de dimanche prochain 20 mars pour avoir la vision complète...
Plestin
 
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