par Plestin » 01 Juin 2016, 11:23
Sur les sites pétroliers du Havre : un article de Nolwenn Weiler dans "Basta !" du 31 mai 2016.
Quelques extraits :
"LES SITES PETROLIERS DU HAVRE SOUS LA MENACE D'UN ACCIDENT GRAVE ?
L'alerte a été envoyée ce 30 mai à Jacques Vernier, président du conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT), rattaché au ministère de l'Environnement. Cette alerte signale un risque d'accident majeur, type AZF, sur plusieurs sites pétroliers du Havre et de sa périphérie, en Normandie : la plateforme d'ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon, celle de Total à Gonfreville et sur le terminal pétrolier du Havre géré par la Compagnie Industrielle Maritime (C.I.M.). Signé par Pascal Servain, (...) Fnic-CGT (...) le texte précise que "la CGT a constaté un non respect de la réglementation du travail et de la réglementation qui concerne les installations classées pour outrepasser le droit de grève et tenter de produire dans des conditions périlleuses". "Dans le port du Havre, certains cadres s'occupent de manoeuvrer les bateaux, ce qui n'est pas leur travail !" (...) "Ce sont des techniciens spécialisés qui doivent le faire. Il y a des risques d'explosion, des risques d'incendies, des risques de pollution." Il signale par ailleurs des durées de travail illégales et irraisonnables, "jusqu'à 72 heures d'affilée nuit et jour à la C.I.M. pour certains non-grévistes" ! Jean-Paul Lecoq, maire communiste de Gonfreville (...) est en contact permanent avec les salariés des sites classés. "A la C.I.M., les salariés grévistes nous expliquent qu'il y a 17 cadres dans l'entreprise depuis une semaine. Ils mangent et dorment là. Normalement, pour garantir la sécurité de ce site, il faut être trente ! De plus, les cadres ne connaissent pas l'entreprise comme les salariés". (...) Pascal Servain mentionne par ailleurs l'allongement des durées de travail des salariés qui effectuent les "trois-huit" (trois fois huit heures) sur les plateformes d'ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon ou de Total à Gonfreville. "Au lieu de travailler 8 heures d'affilée, les gars bossent parfois plus de 12 heures. On peut facilement imaginer que quelqu'un qui a travaillé de 22h à 10h du matin est dans un état de fatigue qui altère ses capacités de réaction en cas de pépin." (...) "Tout cela c'est une question de fric", assure Pascal Servain. "Ils veulent produire à tout prix, pour ne pas perdre d'argent. Normalement, dans les raffineries, à chaque grève, il y a un protocole. Les grévistes discutent avec la direction pour savoir quelles unités on arrête. Arrêter une raffinerie, c'est un gros chantier. Là, à Gonfreville et Gravenchon, les directions ont fait traîner les choses et bafoué l'arrêté préfectoral qui décrit la façon dont les usines Seveso doivent être exploitées." L'arrêté précise notamment le nombre de personnes minimales qui doivent être présentes pour faire fonctionner une raffinerie. "Normalement, s'il n'y a pas assez de monde, on arrête". (...) "Il vaut mieux garantir la sécurité, quitte à limiter les stocks produits", suggère de son côté Jean-Paul Lecoq. Les directions de Total et ExxonMobil, sollicitées par Basta ! au sujet de ces risques d'accidents graves n'ont pas répondu. La direction de la C.I.M. déclare de son côté qu'elle ne communique pas avec la presse. Silence également au sein du ministère de l'Environnement."