Etang de Berre : la provocation de trop ?

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Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 24 Mai 2016, 17:14

Il y a eu ce matin une intervention violente de la police contre les grévistes et les militants qui bloquaient la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer et un dépôt de carburant stratégique voisin. Vers 4h du matin, de nombreux camions (40 ?) ont débarqué et attaqué avec canons à eau, gaz lacrymogènes et même tirs de flashballs. En riposte, la raffinerie Esso est entrée en grève (malgré un problème technique qui rend l'arrêt complet de la raffinerie difficile et que la direction utilise pour dissuader les non grévistes de faire grève).

Maintenant, la grève s'étend autour de l'étang de Berre et notamment sur le grand complexe de Lavéra, près de Martigues. Aux dernières nouvelles, le vapocraqueur de Naphtachimie (une installation centrale) est en cours d'arrêt, de même que les installations de la société Ineos. L'unité Appryl est stoppée. L'usine Kem'One qui était au minimum technique pendant des travaux, est désormais arrêtée à son tour.

La région de l'étang de Berre emploie des milliers de personnes dans le secteur du pétrole et de la chimie.

Cela s'ajoute aux mouvements en cours dans les mêmes secteurs dans d'autres régions, à Lyon (raffinerie de Feyzin, et ça pourrait bouger au centre de recherches du groupe chimique Solvay), en Normandie (région du Havre) et en Loire-Atlantique. Jusqu'à présent le mouvement semblait plus lent à démarrer sur la région marseillaise, mais la police vient de donner un petit coup de main involontaire...
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 24 Mai 2016, 21:22

Toutes les raffineries du pays sont maintenant dans le mouvement. Et ça commence à bouger dans les centrales nucléaires et sur le réseau électrique, le principal poste électrique de Saint-Etienne est stoppé.
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 27 Mai 2016, 06:02

Quelques infos sur la journée du 26 dans la chimie :

Dans le secteur de Lacq / Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) : blocage par l'UL CGT des ronds-points menant aux plateformes chimiques de Pardies, Mourenx, Lacq, Abidos, puis manif à Pau. Les salariés de l'entreprise Arkema sont les plus mobilisés.

Dans le groupe Solvay : appel à des actions diverses sur de nombreux sites.

- Dombasle (Nancy, Lorraine) : Grève de 1 h à 8 h par poste et manif à Nancy.
- Chalampé (Mulhouse, Alsace) : appel entre 2 et 8 h de grève, convoi escargot dans le secteur, et manif à Colmar.
- Tavaux (Dole, Jura) : appel à la grève de 6h à 21 h, rassemblement devant l'entrée poids lourds de l'usine pour blocage si nombre suffisant de présents.
- Aubervilliers (93), centre de recherche : appel à grève de 2h30 et à manifester à Paris.
- Clamecy (Nièvre) : appel à ne faire qu'une "mini" fin de poste et à manifester à Nevers.
- La Rochelle (Charente-Maritime) : grève de 4h et manif.
- Melle (Deux-Sèvres) : grève de 2h minimum et manif à Niort.
- RICL Saint-Fons (Lyon), centre de recherche : appel à la grève de 1 h minimum, reconductible du 26 mai jusqu'au 2 juin, et 3h le 26 mai pour la manif.
- Saint-Fons usine de Belle-Etoile (Lyon) : 2h de grève au minimum (commençant dès le 25 dans l'équipe de nuit) et manif à Lyon.
- Saint-Fons usine dite "Saint-Fons Chimie" (Lyon) : grève de 3h et manif à Lyon.
- Plateforme chimique de Roussillon (Isère) : blocage de la plateforme et délégation devant la permanence du député PS.
- Valence (Drôme) : appel au rassemblement organisé par l'UD CGT pour bloquer le dépôt de carburant.
- Salindres (Alès, Gard) : appel à 2h de grève minimum le 25 et le 26 mai, manifestation le matin à Alès devant la permanence du député PS et l'après-midi manif à Nîmes.

A Fos-sur-Mer, par ailleurs, lors de la manifestation, un militant CGT d'Air Liquide a été heurté par une voiture dont le conducteur a voulu forcer le passage. Il a été hospitalisé dans un état grave et son pronostic vital est engagé.

A Lyon, des actions sont prévues lors de la venue de Macron sur le site d'Arkema Pierre-Bénite le 2 juin !
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 27 Mai 2016, 18:59

La plupart des 15 dépôts pétroliers bloqués ont été "débloqués", suite aux interventions des Forces de l'Ordre Injuste. Il reste le dépôt de Gargenville (Yvelines), dont le personnel est lui-même en grève. Il y a toujours 6 raffineries en grève sur les 8 (mouvement plus ou moins profond suivant les endroits). Total menace les travailleurs de la raffinerie de Donges (Nantes/Saint-Nazaire) de renoncer aux 400 millions d'investissements programmés, si la grève continue. Le gouvernement a publié (le 25) un arrêté permettant aux entreprises de transport routier de carburant de déroger aux durées maximales de conduite journalière et aux repos minimum pour les chauffeurs des camions. La durée de conduite peut être allongée de 2 heures et celle de repos diminuée de 2 heures par jour.

Au Havre, la C.I.M. (par où transitent de très gros flux d'hydrocarbures importés par bateau : pétrole, carburants etc., via les terminaux du Havre et d'Antifer) a reconduit sa grève pour 72 heures, gênant l'approvisionnement de trois raffineries (dont deux en grève) en Normandie et Ile-de-France, ainsi que des grands aéroports parisiens (Roissy, Orly). Cela a poussé Valls à réclamer la mise en place d'un service minimum... et à lancer une injonction à la société pour réaliser le pompage d'un bac pour les aéroports et d'un autre pour la raffinerie ExxonMobil (Esso) de Port-Jérôme, entre Rouen et Le Havre (raffinerie qui n'est pas en grève). Ce sont des cadres non grévistes qui devraient s'en charger... La C.I.M. emploie 284 personnes, l'AG organisée par la CGT a réuni 150 personnes qui ont voté à 85 % pour la poursuite de la grève jusqu'à lundi 30 mai.

Après la journée du 26 donc, quelques secteurs dont les 6 raffineries tentent la grève reconductible et entraînent plus ou moins de monde. La grève garde pour l'instant un caractère limité et mise sur le côté "exemplaire", la CGT joue plus sur l'effet de blocage des points stratégiques que sur la volonté d'entraîner d'autres secteurs. Mais les militants qui le veulent ne sont pas empêchés par l'appareil, du moins pas par celui de la FNIC (Fédération Nationale des Industries Chimiques) qui jusqu'à présent, au contraire, pousse et encourage la grève. (Ce peut être différent au niveau de certaines UL, UD etc. ou des responsables syndicaux de certains sites qui rechignent).

* * * * *

Des nouvelles du travailleur gravement blessé par un automobiliste excité :

Samir, militant CGT de la société Air Liquide dans le secteur Fos / Lavéra, est toujours hospitalisé dans un état critique, entre la vie et la mort. D'après les médecins, les prochaines 48 heures seront déterminantes.
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 30 Mai 2016, 19:57

La grève à la C.I.M. du Havre a été reconduite aujourd'hui lundi jusqu'à mercredi midi.
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Aumance » 31 Mai 2016, 17:58

des difficultés d'approvisionnement sont à craindre demain en Auvergne :

Depuis environ 15 heures ce mardi après-midi, le dépôt de stockage de carburant de Gerzat (Puy-de-Dôme) est bloqué par les opposants à la Loi Travail.
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 01 Juin 2016, 11:23

Sur les sites pétroliers du Havre : un article de Nolwenn Weiler dans "Basta !" du 31 mai 2016.

Quelques extraits :

"LES SITES PETROLIERS DU HAVRE SOUS LA MENACE D'UN ACCIDENT GRAVE ?

L'alerte a été envoyée ce 30 mai à Jacques Vernier, président du conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT), rattaché au ministère de l'Environnement. Cette alerte signale un risque d'accident majeur, type AZF, sur plusieurs sites pétroliers du Havre et de sa périphérie, en Normandie : la plateforme d'ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon, celle de Total à Gonfreville et sur le terminal pétrolier du Havre géré par la Compagnie Industrielle Maritime (C.I.M.). Signé par Pascal Servain, (...) Fnic-CGT (...) le texte précise que "la CGT a constaté un non respect de la réglementation du travail et de la réglementation qui concerne les installations classées pour outrepasser le droit de grève et tenter de produire dans des conditions périlleuses". "Dans le port du Havre, certains cadres s'occupent de manoeuvrer les bateaux, ce qui n'est pas leur travail !" (...) "Ce sont des techniciens spécialisés qui doivent le faire. Il y a des risques d'explosion, des risques d'incendies, des risques de pollution." Il signale par ailleurs des durées de travail illégales et irraisonnables, "jusqu'à 72 heures d'affilée nuit et jour à la C.I.M. pour certains non-grévistes" ! Jean-Paul Lecoq, maire communiste de Gonfreville (...) est en contact permanent avec les salariés des sites classés. "A la C.I.M., les salariés grévistes nous expliquent qu'il y a 17 cadres dans l'entreprise depuis une semaine. Ils mangent et dorment là. Normalement, pour garantir la sécurité de ce site, il faut être trente ! De plus, les cadres ne connaissent pas l'entreprise comme les salariés". (...) Pascal Servain mentionne par ailleurs l'allongement des durées de travail des salariés qui effectuent les "trois-huit" (trois fois huit heures) sur les plateformes d'ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon ou de Total à Gonfreville. "Au lieu de travailler 8 heures d'affilée, les gars bossent parfois plus de 12 heures. On peut facilement imaginer que quelqu'un qui a travaillé de 22h à 10h du matin est dans un état de fatigue qui altère ses capacités de réaction en cas de pépin." (...) "Tout cela c'est une question de fric", assure Pascal Servain. "Ils veulent produire à tout prix, pour ne pas perdre d'argent. Normalement, dans les raffineries, à chaque grève, il y a un protocole. Les grévistes discutent avec la direction pour savoir quelles unités on arrête. Arrêter une raffinerie, c'est un gros chantier. Là, à Gonfreville et Gravenchon, les directions ont fait traîner les choses et bafoué l'arrêté préfectoral qui décrit la façon dont les usines Seveso doivent être exploitées." L'arrêté précise notamment le nombre de personnes minimales qui doivent être présentes pour faire fonctionner une raffinerie. "Normalement, s'il n'y a pas assez de monde, on arrête". (...) "Il vaut mieux garantir la sécurité, quitte à limiter les stocks produits", suggère de son côté Jean-Paul Lecoq. Les directions de Total et ExxonMobil, sollicitées par Basta ! au sujet de ces risques d'accidents graves n'ont pas répondu. La direction de la C.I.M. déclare de son côté qu'elle ne communique pas avec la presse. Silence également au sein du ministère de l'Environnement."
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 03 Juin 2016, 13:46

A la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), la direction de Total a organisé "à la demande de salariés" (on se demande lesquels) un vote pour la reprise du travail. C'est ainsi que 94 % des non grévistes, bien encadrés par les agents de la direction, ont pu décider qu'ils voulaient... reprendre le travail. Sur 650 salariés, environ 350 ont participé à ce vote. Bien entendu cela n'engage absolument pas les grévistes, mais certains médias titrent déjà sur le vote "pour la reprise du travail" à Donges...

En attendant, la grève continue sur les sites Total à Donges, Gonfreville (Le Havre), Grandpuits (Seine-et-Marne) et Feyzin (Lyon). Ainsi que sur les terminaux pétroliers de Fos et du Havre.

Hier en banlieue sud-ouest de Lyon, manifestation organisée par la CGT (cheminots et chimie notamment) au départ de la ville d'Oullins (où il y a des ateliers SNCF) jusqu'à l'usine chimique Arkema de Pierre-Bénite, où Macron avait été invité par la direction pour parler de la filière "chimie et matériaux". 4.000 personnes selon la CGT, 1.400 selon la police et ... 300 ou 400 selon certains médias, on se demande où ils sont allés chercher un tel chiffre !
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Re: Etang de Berre : la provocation de trop ?

Message par Plestin » 07 Juin 2016, 07:55

Raffinerie de Feyzin (Lyon) : l'AG des grévistes du lundi 6 à 14h a réuni 120 personnes dont 117 ont voté la reconduction de la grève jusqu'à vendredi 10. La grève continue donc, et la raffinerie est toujours à l'arrêt, malgré les annonces d'une partie de la presse qui a prétendu que le travail avait repris à Feyzin. Il faut dire que partout la direction de Total tente d'organiser des votes de non grévistes pour la reprise !

Toujours à Lyon, une minorité de travailleurs du centre de recherche de Solvay à Saint-Fons, à l'appel de la CGT (mais des non syndiqués et des CFDT participent) continue de faire au minimum 1 heure de grève tous les jours.
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