Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 12 Déc 2017, 14:52

Vu l'état de faiblesse politique du mouvement ouvrier en général, il s'agit là surtout - si l'on ne veut pas se payer de mots - de "lutte d'idées" au sein de notre classe. Contre racisme et xénophobie d'un côté, et réaction religieuse de l'autre.
L'intervenant à plus, visiblement, à préciser, sur ce dernier point. Et concernant le premier il peut à bon droit considérer qu'il n'est pas devant des élèves d'école maternelle.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 12 Déc 2017, 15:31

Le compte-rendu qui nous est donné du congrès nous dit qu'il y a été adopté un texte daté de septembre 2017 sur la situation intérieure "Les débuts à la présidence de l’homme du capital financier", qui comprend les passages suivants :

Quant au FN, l’effet le plus dramatique du développement de son influence sur la classe ouvrière est de pousser jusqu’au bout une évolution pour laquelle les réformismes social-démocrate et stalinien ont une responsabilité majeure, jusqu’au rejet de toutes les valeurs du mouvement ouvrier, de toute conscience de classe. [...]

Mais il y a une éventualité plus menaçante encore pour la classe ouvrière : le danger que ce soit une partie du prolétariat, de ses catégories frappées par le chômage, enfoncées dans la pauvreté, poussées vers le lumpenprolétariat, qui fournisse les troupes aux démagogues d’extrême droite, venus du Front national ou pas.

La menace n’est plus seulement hypothétique. Dans certaines régions, où le chômage est le plus grave, le plus durable, où l’espoir de trouver du travail s’amenuise, se multiplient déjà des réactions marquées par le racisme, la haine des immigrés, voire l’hostilité à l’égard de tout ce qui vient du mouvement ouvrier. Et il est à peine paradoxal de constater que ce sont les régions comme le Nord, le Pas-de-Calais ou encore la Lorraine, où il y a quelque temps, le Parti communiste ou le Parti socialiste ou les deux ensemble recueillaient leurs voix, où parfois ce sont d’anciens militants du PC ou des syndicalistes qui ont basculé du côté du FN.

Il est difficile de mesurer l’ampleur du phénomène et encore plus difficile d’en prédire l’évolution. Elle dépendra fondamentalement de l’évolution de la crise, de son aggravation, de ses soubresauts, des réactions des différentes couches sociales, c’est-à-dire en dernier ressort de la lutte des classes. Les seules réponses à ces questions concernant l’avenir sont des réponses militantes, c’est-à-dire tenter d’enrayer cette évolution et de redonner à ceux des chômeurs et des travailleurs pauvres qui louchent vers le Front national confiance en leur classe sociale et en ses intérêts. Du moins tant que cela reste possible et avant que l’extrême droite les transforme en hommes de main du grand capital. C’est sur le terrain social, sur le terrain des intérêts de classe, qu’il est indispensable de s’adresser y compris à cette fraction de la classe ouvrière.

Il ne suffit pas de se battre sur le terrain des idées contre le racisme, contre le protectionnisme, contre le chauvinisme dont le FN est porteur. Il s’agit surtout de mener notre propagande et notre agitation sur le fait que le FN, tout comme le parti de Macron, est un parti bourgeois, dirigé par des bourgeois. Non seulement ce parti ne les conduira pas à combattre la racine du mal, l’organisation capitaliste de la société, mais il en fera des mercenaires, les supplétifs des forces de répression pour préserver l’exploitation. [...]

Il y a encore autre chose. La classe ouvrière de ce pays ne peut pas s’isoler du reste du monde, contrairement aux grossiers mensonges protectionnistes, qui ne viennent pas seulement du Front national. Croire que les travailleurs de ce pays peuvent préserver leurs dérisoires privilèges, ne serait-ce que celui de manger tous les jours, au milieu de l’océan de pauvreté qui domine les trois quarts de la planète, c’est non seulement abject mais stupide. L’actualité nous le rappelle chaque jour.

Les attentats terroristes qui ont frappé New York, Barcelone, Londres, Paris, Berlin, Bruxelles ou Stockholm rappellent qu’il est impossible de s’isoler du monde.

Comme nous le rappellent, d’une autre manière, les vagues de migrants. Notre solidarité vis-à-vis de ceux que la guerre ou la misère chasse de chez eux ne repose pas seulement sur un sentiment humain élémentaire. Elle s’enracine dans le constat que le monde est un et l’humanité indivisible. On peut bien dresser toutes les barrières matérielles entre les peuples, entre nations riches et nations pauvres, qu’on ne pourrait déchirer le tissu économique et social que l’histoire a tissé entre tous les êtres humains de cette planète.

Notre propre bourgeoisie nous rappelle en ces temps de crise que même nos minuscules privilèges de prolétaires de pays impérialistes, riches par rapport à nos frères de classe de pays pauvres, peuvent être liquidés, et qu’ils sont en train de l’être.[...]
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Patrocle » 12 Déc 2017, 16:42

Certains parlent du communautarisme des musulmans désignés comme tels, ceux des quartiers populaires, parmi les plus pauvres et les plus exploités, ceux qui sont le plus discriminés... Il devrait lire cet excellent d'Eric Fassin qui met en relief le "communautarisme" le plus puissant en France celui du "communautarisme" blanc, catholique et de ses liens avec l'état. :

Les faux dévots de la laïcité: islamophobie et racisme anti-musulmans
10 déc. 2017 Par Eric Fassin

9 décembre, journée de la laïcité. 10 décembre, journée contre l’islamophobie. Quel rapport entre les deux ? Dans un État laïque, aucun. Mais la « nouvelle laïcité » est obsédée par l’islam; elle n’est donc pas laïque. Ceux qui n’ont que le mot laïcité à la bouche, mais qui n’ont que l’islam en tête, ne doivent plus être qualifiés de «laïcards»; en réalité, ce sont de faux dévots de la laïcité.

Samedi 9 décembre, en France, c’était la journée de la laïcité. Dimanche 10 décembre, c’est la journée contre l’islamophobie. Quel rapport entre les deux ? En principe, aucun : la laïcité, c’est la séparation des Églises et de l’État : la condition de la liberté religieuse, c’est la neutralité de l’État. Par principe, si celui-ci est laïque, il ne saurait être islamophobe – pas plus qu’islamophile, d’ailleurs.

En principe, donc ; mais en pratique, quand on invoque la laïcité aujourd’hui en France, c’est d’ordinaire pour parler d’islam. Gageons que ce sera le cas, par exemple, lundi 11 décembre, lors de la journée sur la laïcité organisée par l’ESPE de Paris ; et qu’il sera fort peu question de l’Église catholique. Pourtant, nul ne peut croire que l’islam soit religion d’État en France – sauf à prendre pour la réalité les fantasmes de Michel Houellebecq et de l’extrême droite. Mais qu’importe la réalité, pour ceux qui veulent croire que la laïcité se loge dans les supérettes halal et les burkinis de femmes sur les plages ?

Catholaïcité

En revanche, en France, on ne discute pas du financement public d’écoles catholiques mis en place depuis la loi Debré en 1959. Ou plutôt, on n’en débat plus depuis la reculade du pouvoir socialiste en 1984 face à la mobilisation massive du lobby de l’école libre. C’est seulement quand la République a cédé devant l’Église catholique que la rhétorique républicaine s’est retournée contre l’islam, à partir de la première affaire du voile en 1989. Les deux fronts doivent pourtant être pensés ensemble : si Nicolas Sarkozy communiait avec Benoît XVI dans une même « laïcité positive », c’était pour mieux réserver à l’islam ce que j’ai qualifié de « laïcité négative ».

La rhétorique laïque n’a donc plus rien à voir avec l’universalisme de la laïcité. Par exemple, ceux qui dénoncent les prières de rue oublient les militants anti-mariage pour tous de Civitas agenouillés devant un tableau de la Sainte famille à l’entrée du Sénat en 2013 : ils songent uniquement aux musulmans qui, faute de lieux de culte suffisamment grands, débordent dans la rue à l’heure de la prière. De même, si la loi de 2010 contre la dissimulation du visage dans l’espace public n’est pas censée concerner la religion, mais seulement la sécurité, chacun sait qu’elle vise en fait le voile intégral de femmes musulmanes. La preuve ? nul n’a même imaginé de l’invoquer à propos des Hommen, ces militants catholiques mobilisés contre la loi Taubira ; ils manifestaient pourtant avec un masque sur le visage.

Nouvelle laïcité ?

Depuis 1989, on n’est pas seulement passé du catholicisme à l’islam, soit d’une religion majoritaire, historiquement liée à l’État, à une religion minoritaire, qui bénéficie très peu des financements de l’État : sur les 17% d’élèves scolarisés dans des écoles privées sous contrat, 2 millions sont inscrits dans les 8000 écoles catholiques, contre 2000 pour les trois écoles musulmanes…

Dans le discours sur la laïcité, on a aussi basculé de l’État à la société. C’est un renversement, de la laïcité comme liberté des individus face à l’État à la sécularisation comme injonction de l’État aux individus. Le glissement de sens du mot « public » en est le signe : hier encore, il renvoyait à l’État – en particulier s’agissant de l’école publique. Aujourd’hui, il s’étend à l’espace public, qu’il s’agit de neutraliser, soit une manière de cantonner l’expression religieuse à la sphère privée.

Bref, la « nouvelle laïcité » préconisée par François Baroin en 2003, loin de prolonger une histoire républicaine, est radicalement nouvelle ; les juristes Stéphanie Hennette Vauchez et Vincent Valentin l’ont démontré à propos de l’affaire de la crèche Baby-Loup, elle n’a pas grand-chose à voir avec la loi de 1905. Comme le dit sans ambages l’historien de la laïcité Jean Baubérot, c’est une « laïcité falsifiée ». En fait, la « nouvelle laïcité » n’est pas laïque, bien au contraire. C’est une forme de religion qui prétend imposer sa croyance à toute la société.

C’est pourquoi il me paraît important de ne plus accepter les distinctions médiatiques entre « deux conceptions de la laïcité », l’une exigeante ou stricte, l’autre laxiste ou tolérante. Aujourd’hui, ceux qui n’ont que ce mot à la bouche, mais qui n’ont que l’islam en tête, ne doivent plus être qualifiés de « laïcards » ; en réalité, ce sont de faux dévots de la laïcité. Ne faisons pas le cadeau à ces Tartuffe de les prendre pour des laïcs, et moins encore de leur abandonner la laïcité : c’est en son nom qu’il faut les combattre.

Islamophobie : le mot et la chose

La bataille politique est d’abord une bataille de mots : ceux qu’on refuse, et ceux qu’on choisit. Car nommer les choses, c’est leur donner un sens ; et ceux qui définissent le lexique politique sont ceux qui définissent le monde dans lequel nous vivons. C’est pourquoi il est important de revendiquer la liberté de nommer – par exemple, d’organiser une journée contre l’islamophobie. Pour ma part, c’est précisément parce que certains voudraient bannir ce terme que je tiens à l’employer.

Pour l’État, il sera sans doute difficile d’interdire le mot islamophobie, même si rien ne paraît plus impossible depuis que le ministre de l’Éducation veut censurer tout un vocabulaire antiraciste, à commencer par la notion de « racisme d’État ». En revanche, les offensives se multiplient contre celles et ceux qui prennent la parole « pour les musulmans ». Or nombreux sont ceux qui se laissent ébranler par l’argument des faux dévots de la laïcité : en démocratie, on a le droit de critiquer toute religion. Mieux : dans une société laïque, le blasphème est un droit ! Et c’est vrai.

Cependant, en France aujourd’hui, dénoncer l’islam, c’est aussi une manière de s’en prendre aux musulmans. Ou plutôt, c’est faire référence à un groupe social défini moins par la religion que par l’origine – voire par l’apparence : un président de la République n’avait-il pas évoqué des « Français d’apparence musulmane » ? Bref, il y a bien une racialisation de la référence religieuse. Car la question raciale ne suppose pas des « races » différentes, mais des traitements différents qui racialisent des groupes sociaux, c’est-à-dire qui les stigmatisent et les assignent à des places subalternes, en fonction de leur origine, de leur apparence, mais aussi de leur religion, réelle ou supposée. Une comparaison nous aide à le comprendre : dans l’antijudaïsme, nous avons appris à entendre l’antisémitisme. De même, l’islamophobie va et vient entre deux registres – religieux et racial.

Racisme anti-musulmans

Ceux qui refusent le terme « islamophobie » veulent lui substituer l’expression : « racisme anti-musulmans ». Et si on les prenait au mot ? Non pas pour leur céder le choix du vocabulaire, mais pour analyser le double jeu de l’islamophobie et du racisme anti-musulmans, comme on le fait de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme. La bataille du vocabulaire est essentielle. Il ne faut donc pas laisser interdire des mots ; il ne faut pas davantage se faire imposer un lexique. Toutefois, il ne faudrait pas non plus renoncer à parler, en même temps que d’islamophobie, de racisme anti-musulmans – même si les faux dévots de la laïcité l’utilisent pour faire obstacle à la lutte contre l’islamophobie en détournant l’attention de la chose vers le mot. Car qui peut nier qu’un racisme vise aujourd’hui en France les musulmans, réels ou supposés, et que la rhétorique laïque en est un instrument privilégié quand elle est définie par l’obsession de l’islam ?

https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/ ... tor=CS3-66
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Plestin » 12 Déc 2017, 18:56

Salut Patrocle.

Patrocle a écrit :

Certains parlent du communautarisme des musulmans désignés comme tels, ceux des quartiers populaires, parmi les plus pauvres et les plus exploités, ceux qui sont le plus discriminés...




Je crois que tu fais là un "mauvais procès" (à LO, si c'est bien à LO que tu fais allusion). Le communautarisme des musulmans des quartiers populaires, le communautarisme des musulmans les plus pauvres et les plus exploités ou les plus discriminés, ça n'existe pas.

Si une telle chose existait, ça pourrait être une sorte de progrès. Cela voudrait dire que les musulmans des quartiers populaires se considèrent comme appartenant à une autre communauté que la bourgeoisie musulmane, et ils auraient bien raison.

Le communautarisme musulman que l'on dénonce, c'est exactement le contraire.

C'est quelque chose qui, exactement comme le communautarisme blanc ou chrétien ou les idées du FN, vient de la bourgeoisie et infecte les milieux populaires. Et ça fait une "sacrée" nuance, si je peux me permettre...

Cela lie l'employé de supérette à son patron, par exemple. Et c'est bien en discutant avec l'employé sur le terrain de la lutte de classe, de l'antagonisme d'intérêts avec son patron pourtant aussi musulman que lui, que l'on peut marquer des points. C'est le sens du texte du congrès.

C'est là d'ailleurs que le sujet de l'islamophobie devient à double tranchant. Qu'il s'agisse d'une vraie islamophobie ou d'un racisme anti-arabe, il faut bien sûr la dénoncer ; mais la petite et moyenne bourgeoisie musulmane, après laquelle certains à l'extrême-gauche courent comme ils ont toujours couru après la petite bourgeoisie en général, a intérêt, elle, à brandir cet étendard de l'islamophobie pour se subordonner les musulmans "les plus exploités", pour créer chez eux justement un sentiment communautaire qui les sépare des autres exploités ; et la lutte de classe, oh ça oui, elle est contre, d'ailleurs n'est-ce pas un truc de "blancs" ? Eh bien, les militants révolutionnaires ne devraient pas se prêter à cette escroquerie.

(Par ailleurs, LO n'est pas réputé pour sa complaisance avec le communautarisme des catholiques, et dénonce régulièrement les "prières de rue" des cathos... L'article d'Eric Fassin n'est pas une diatribe même involontaire contre LO).
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Patrocle » 13 Déc 2017, 17:38

Bonjour Plestin.

Nous n'avons donc pas la même compréhension du texte viewtopic.php?f=9&t=32960&start=180#p330218

Ce texte commence par souligner un danger "symétrique" pour la classe ouvrière, celui du FN et celui de "montée du communautarisme et de l’islamisme", symétrique mais qui pèserait "à un autre niveau" (???). A défaut de définition du communautarisme le texte va la préciser par des exemples comme, citation :
"des revendications religieuses, des salles de prière dans les entreprises, des gars qui font la prière ostensiblement pour isoler ceux d’origine musulmane qui ne la font pas, la pression pour avoir de la nourriture exclusivement halal, y compris dans les barbecues des syndicats, le port du voile et maintenant des réu­nions non mixtes, interdites aux Blancs y compris dans des syndicats !"

Cette citation montre finalement que les droits pour les musulmans ne sont pas les mêmes que pour les autres religions. La question des salles de prières ou des moquées est une attaque récurrente contre les musulmans alors qu'il y a des clochers et des lieux de cultes pour les chrétiens à foison.

Les musulmans eux bien sur sont tolérés à conditions qu'ils soient ....
invisibles. Le foulard sur les cheveux c'est interdit ou fortement déconseillé mais la kipa ou la croix autour du cou sont à juste titre ignorés.

Que dire de la revendication Hallal dans les cantines scolaires qui a déclenché à plusieurs reprises des campagnes nationales, certains allant défendre la suppression du plat de substitution les jours où étaient servi du porc. Alors les merguez Hallal dans les barbecues syndicaux serait un problème ? Va-t-on interpréter la demande de Fanta comme du communautarisme ? Puisque en France c'est du bon gros rouge qui tache qui doit les accompagner et pas de la gazouz !

Quand aux réunions non mixtes Il y a plus 40 ans les staliniens critiquaient les réunions de féministes réservés aux femmes pour créer des espaces de liberté d'expression, de liberté d'élaborer revendications et formes de luttes féministes avec les mêmes arguments tordus, "interdit aux hommes".

Face à cette situation le texte préconise de la pédagogie. citation :
"Eh bien nous devons apprendre à trouver le ton pour convaincre ou toucher aussi ceux des exploités qui sont d’abord préoccupés par les questions religieuses.
Il ne s’agit pas de chercher des arguments « contre », contre leurs idées, contre leurs croyances, mais de chercher des arguments « pour », des arguments pour exprimer leurs revendications de classe. Il s’agit de trouver des mots pour parler leur langue, pour exprimer positivement une politique dans laquelle ils se reconnaissent en tant qu’exploités. […]"


Ce serait donc une question de "ton". Comment s'adresser à la femme qui porte le foulard ? "Quel dommage de cacher de si beaux cheveux, tu serais tellement plus jolie les cheveux au vent." comme je l'ai entendu une fois ? Et il faudrait parler "leur langue". Leur langue ??? Les musulmans viendraient ils de la "musulmanie" ? Non leur langue c'est le français, ils sont français.

Bref ce texte est absolument sidérant dans son approche de la situation, et dans les "remèdes" qu'il propose.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Byrrh » 13 Déc 2017, 18:21

Sidérant, rien que ça ?

"Trouver les mots pour parler leur langue" : évidemment pas à prendre au sens littéral (= langue étrangère*), mais ça, je suppute que tu l'avais tout de même un peu compris, malgré ta sidération.

Il s'agit - et c'est en fait valable vis-à-vis de tous les travailleurs et travailleuses politiquement vierges auxquels il faut s'adresser, même celles et ceux qui ne sont pas influencés par des conneries religieuses - de faire vibrer chez eux une corde sensible, de s'appuyer sur leur propre vécu de l'exploitation et ce qu'ils ont à en dire, et d'enfin parvenir à un terrain d'entente sur lequel des arguments de classe, communistes, peuvent être entendus par eux.

C'est comme ça que j'ai compris ce passage.

* Encore que, il est bien utile de ne pas être trop rouillé en anglais, des fois. J'ai pu le constater récemment auprès d'un travailleur dont la langue maternelle est le tamoul.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Patrocle » 15 Déc 2017, 16:40

"Trouver les mots pour parler leur langue" : évidemment pas à prendre au sens littéral (= langue étrangère*), mais ça, je suppute que tu l'avais tout de même un peu compris, malgré ta sidération.


Merci pour ton interprétation qui est différente de la mienne.

Cette locution n'aurait pas été employée dans un autre contexte par exemple :

Il s’agit de trouver des mots pour parler la langue des ouvriers, pour exprimer positivement une politique dans laquelle ils se reconnaissent en tant qu’exploités. […]"

ou

Il s’agit de trouver des mots pour parler la langue des gays, pour exprimer positivement une politique dans laquelle ils se reconnaissent en tant qu’exploités. […]"

ou

Il s’agit de trouver des mots pour parler la langue des femmes, pour exprimer positivement une politique dans laquelle ils se reconnaissent en tant qu’exploitées. […]"

ou ... (la langue des sdfs, la langue des chômeurs, la langue des retraités...etc.)

Mais là il s'agissait de musulmans alors forcément ils sont considérés comme des étrangers dont il faudrait parler la langue.... :roll:
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 15 Déc 2017, 17:32

Trouver des mots... c'est facile, tant qu'il ne s'agit pas de les trouver dans la langue de Patrocle... ;)
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Zelda_Zbak » 16 Déc 2017, 11:17

Mais là il s'agissait de musulmans alors forcément ils sont considérés comme des étrangers dont il faudrait parler la langue...

Migrants de plus ou moins fraîche date, c'est ce qu'on est tous non ?
Perso, j'adore le mot migrants rien que pour ça, ça rappelle la qualité principale de notre espèce, qui (à mon avis) n'est pas tant l'intelligence somptueuse (ça, bof bof, c'est largement tempéré par le fait que son pouvoir de nuire est tout aussi somptueux par moment) que le goût de la bougeotte.
Alors oui, la population musulmane en France sont souvent des migrants de 1ère, 2ème, 3ème génération. Moins souvent au delà de la 4ème.
"Parler leur langue" fait bien évidemment allusion à cela et au fait qu'il faudra s'entendre au delà des différences de culture, de musique, de cuisine ou de religion. Parce qu'il n'y a pas que la langue. C'est là que l'image s'élargit.
Et alors, faut vraiment pas blairer les étrangers pour s'imaginer que dire cela, c'est mal... Lol, t'as un problème avec les migrants Patrocle ?
Moi, dans ma famille, je viens d'accueillir une épouse de neveu chinoise, et ma nièce est très amoureuse d'un beau jeune homme tunisien. Dès le départ, leurs enfants auront la casquette : issus de l'immigration et ça se lira sur leur visage, ça se lira même sur leur visage que ce sont des issus de l'immigration, version seconde génération à 50%. Moi je trouve ça super !

Si on veut vraiment lutter contre le racisme et l'islamophobie, on va pas commencer à rendre les migrants tabous !
7 000 000 000 - 67 000 000 = 6 933 000 000 d'étrangers sur Terre.
Ca fait un paquet de migrants tabous potentiels... Mais bon, la plupart se fout de migrer en France, qui n'a pas tant que ça à offrir et ne devrait pas s'en glorifier.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Zelda_Zbak » 16 Déc 2017, 11:50

Ce texte commence par souligner un danger "symétrique" pour la classe ouvrière, celui du FN et celui de "montée du communautarisme et de l’islamisme", symétrique mais qui pèserait "à un autre niveau" (???)

Je vais pratiquer l'écriture inclusive sur ce sujet, car s'il y a bien un sujet où les hommes et les femmes ne sont pas notés pareil, c'est bien la pression familiale !
Concrètement, et c'est une image, pour un(e) blanc(he) catho, la pression familiale se fait au niveau de la grand-mère, du grand-père, de ses cousins et cousines. Qui a jamais écouté sa grand-mère, à part à Noël pour être sympa 5 minutes ? Pour un(e) musulman(e), la pression familiale se fait au niveau de ses parents directs, de ses frères et soeurs, que l'on se doit d'écouter toute l'année, ou de s'engueuler avec toute l'année.
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