Travailleurs de Guyane en lutte...

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Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 26 Mars 2017, 20:26

communiqué de Nathalie Arthaud a écrit : Vive la lutte des travailleurs de Guyane !

26/03/2017

Déclaration de Nathalie Arthaud lors du meeting d’Aubervilliers, le 26 mars 2017 :

« Aujourd’hui en Guyane, comme en Guadeloupe en 2009, des milliers de femmes et d’hommes ont décidé de dire que le chômage et la vie chère ça suffit ! Ils redécouvrent leur force collective, en agissant ensemble, de façon organisée. Ils redécouvrent qu’ils peuvent faire pression sur les autorités de Paris par en bas.

Avec l’appel à la grève générale des différents syndicats, le mouvement peut encore s’amplifier et je souhaite qu’au travers de leur mobilisation, les travailleurs prennent conscience de leurs intérêts de classe face à l’Etat, face aux possédants, y compris face aux notables locaux qui chercheront à prendre la direction de leur lutte. Et j’en profite pour les saluer et leur souhaiter d’aller le plus loin possible dans leur combat ! »

Nathalie ARTHAUD
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 26 Mars 2017, 20:28

Les "500 frères" ?

le figaro.fr a écrit :Qui sont les «500 frères», le collectif musclé qui dénonce l'insécurité en Guyane

Par Edouard de Mareschal Publié le 26/03/2017 à 20:45

Le «Collectif des 500 frères», le 25 mars 2017 près de Cayenne, en Guyane.

Cagoulés et vêtus de noir, les «500 frères» multiplient les coups d'éclats pour dénoncer la délinquance endémique en Guyane. Accusé de flirter avec les codes d'une milice, ils revendiquent une action non violente.

La Guyane s'enfonce dans la crise, alors que les syndicats et plusieurs collectifs appellent à une grève générale à partir de lundi. Parmi eux, on trouve le «Collectif des 500 frères» qui multiplie les coups d'éclats pour dénoncer «l'inefficacité» des services de l'État contre la délinquance, alors que la Guyane est le territoire de France où l'on compte le plus d'homicides: 42 en 2016 pour 252 000 habitants. Samedi, ils ont rencontré le chef de la délégation gouvernementale, Jean-François Cordet, ancien préfet du département. Mais ils ont refusé d'entamer le dialogue avec lui, demandant à s'entretenir directement avec le premier ministre Bernard Cazeneuve. Voici ce que l'on sait sur ces hommes qui s'imposent comme des acteurs incontournables de la crise en cours.
● Un collectif actif en Guyane depuis plus d'un mois

Créé après le meurtre d'un homme dans un quartier populaire, le «Collectif des 500 frères» a fait sa première apparition médiatique remarquée il y a un peu plus d'un mois. Le 22 février dernier, il a lancé au côté du collectif «Trop Violans» une manifestation à Cayenne contre la délinquance qui a rassemblé plus de 600 personnes selon Guyane 1ère. Intégralement habillés de noir et majoritairement cagoulés, les membres du collectif multiplient depuis les coups d'éclats pour dénoncer la violence endémique en Guyane. «Il y a eu, depuis vingt ans, de nombreuses marches blanches contre la violence, personne n'a été entendu», explique l'un des porte-parole du collectif, Zadkiel Saint-Orice, dans un article du Monde. «La cagoule en plein état d'urgence, c'est juste pour attirer l'attention, faire quelque chose de différent.» En réalité, le «Collectif des 500 frères» compterait en réalité une centaine de membres actifs.
● Un coup d'éclat en pleine visite de Ségolène Royal

Vendredi 17 mars, un groupe d'une quarantaine de militants cagoulés ont envahi le bâtiment de la collectivité territoriale de Guyane, où Ségolène Royal participait à la 14e conférence de la Convention de Carthagène (CTG). Dans un bref face-à-face avec la ministre de l'Écologie, les membres du collectif lui ont demandé d'agir pour «arrêter la violence».

«Nous ne sommes pas des méchants. Vous êtes en sécurité avec nous, ce n'est pas la peine d'appeler des renforts», ont-ils dit à Ségolène Royal, selon Guyane 1ère. L'envahissement de l'hémicycle par les «500 frères», bien que non violents, a provoqué le départ précipité de plusieurs délégations étrangères, dont celle des États-Unis, qui craignaient pour leur sécurité. La ministre de l'Écologie a également avancé son départ, officiellement parce qu'elle «avait des dossiers urgents à gérer à Paris». Le président de la CTG, Rodolphe Alexandre, a dénoncé une action aux conséquences «graves»: «Je ne sais pas comment on pourra rattraper cette image», a-t-il déclaré sur Guyane 1ère. «Les gens ont pensé que c'était un mouvement terroriste à cause des cagoules. Autant je suis ému, autant des délégations sont totalement touchées.»
● Un mouvement aux méthodes musclées, mais qui se revendique non violent

Leur mode d'action leur vaut de nombreuses critiques. On les accuse notamment de flirter avec les codes d'un mouvement paramilitaire, ce qu'ils réfutent: «Nous ne sommes pas une milice, nous manifestons sans arme, avec comme seul accessoire notre cagoule», explique Zadkiel Saint-Orice au Monde. Mais leurs actions, au cours desquelles ils crient «Nou bon ké sa» («On en a marre de ça»), ont des résultats plutôt efficaces. Outre l'envahissement de la convention de Carthagène, les hommes en noir ont fait fermer la mairie de Cayenne le 23 mars, une banque ou encore un magasin qui ne respectent pas l'appel à la grève générale.

Pour faire revenir la sécurité en Guyane, leur mouvement fait plusieurs propositions: l'éradication des squats, le maintien d'un escadron de gendarmerie affecté en renfort, ou encore le renvoi dans leur pays des criminels étrangers condamnés pour qu'ils y purgent leur peine. Selon Le Monde, ceux-ci représentent 50% des détenus en Guyane.
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 26 Mars 2017, 20:31

combat ouvrier a écrit : Les « 500 frères » : Milice anti-pauvres et anti-immigrés ?

Durant l’intervention de la ministre Ségolène Royal à la Collectivité territoriale de Guyane, le 17 mars, une trentaine de manifestants cagoulés ont fait irruption dans l’auditorium.

Ce groupe appelé « les 500 frères contre la délinquance », a fait ce coup de force pour exiger l’extradition des détenus étrangers. La veille de cette opération les « 500 frères » étaient postés, encagoulés, devant les consulats d’Haïti, du Suriname, et du Guyana pour exprimer cette même revendication. Qui sont ces « 500 frères » ? Ce groupe prétend combattre la violence dans les quartiers pauvres de Guyane en aidant les forces de l’ordre face aux délinquants. Ils souhaitent le renforcement des moyens de la police, des mesures répressives ciblant les jeunes des quartiers et des accords d’extradition pour les délinquants étrangers. On peut s’interroger sur le laisser-faire de la préfecture de Guyane vis-à-vis de ce groupe de cagoulés paradant dans les rues, dans les assemblées, devant les consulats et encerclant une ministre dans l’auditorium de la Collectivité territoriale. Le porte-parole de cette milice est un policier, ceci peut expliquer la bienveillance du préfet. Les « 500 frères » semblent très proches du milieu policier, d’ailleurs certaines de leurs revendications sont propres à la police nationale comme « faire remonter au gouvernement les dysfonctionnements et incohérences du système de formation initiale et continue des effectifs de police en matière pénale ». Les « 500 frères » permettent aux autorités de diviser les pauvres entre eux, et surtout de ne pas parler de la principale source de la violence qui est le chômage de masse. Le ras-le-bol de la population des quartiers pauvres de Guyane face aux actes de violence est compréhensible. Mais « les 500 frères » ne sont pas la solution. Au contraire, ils détournent la population de la lutte à mener contre les responsables de cette situation : les gros patrons qui n’embauchent pas, tout en se gavant de subventions en tout genre.
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 27 Mars 2017, 04:21

france-guyane 20 mars a écrit :Les 500 Frères en mode action
Bernard DORDONNE Lundi 20 mars 2017

José Achille et Olivier Goudet s'expliquent sur leur opération de vendredi matin face à Ségolène Royal, sur le port de la cagoule et sur la suite qu'ils comptent donner à leur mouvement.
Ce coup de force a marqué les esprits. Vendredi matin, les 500 Frères et Tròp Violans se sont invités à la Conférence de Carthagène, à la Collectivité territoriale, où se trouvait la ministre de l'Environnement Ségolène Royal. José Achille, du collectif des 500 Frères contre la délinquance, et Olivier Goudet, président de Tròp Violans, s'expliquent.
« Pourquoi serait-ce à nous de ne pas mettre notre cagoule ? Les malfrats sévissent en cagoule et rien n'est fait, dénoncent-ils. La cagoule, c'est notre emblème. Dès que nous serons en action, nous la mettrons. Nous voulons montrer les sentiments des victimes face aux agresseurs. Vendredi, lorsque nous sommes arrivés dans à l'auditorium de la CTG, il y a des gens qui ont eu peur, ils ont ressenti la douleur des victimes. Ils ont ressenti la douleur des enfants et de l'épouse de Patrice Clet, ils ont ressenti la tristesse de la famille d'Hervé Tambour, ils ont ressenti la détresse de toutes les femmes qui se font arracher leur chaîne dans la rue. Nous pensons aussi à l'ancien proviseur de Kourou et à son épouse, ainsi qu'au gardien du stade de Baduel. Ceux qui n'ont jamais été séquestrés, ligotés, frappés, agressés pensent que cela ne peut arriver qu'aux autres. Ce sont aussi les premiers à critiquer la forme de nos actions. Nous sommes en état d'urgence en France, et les Guyanais ne sont pas protégés. C'est à l'État de nous protéger. »
JAMAIS VOULU AGRESSER PERSONNE
Les 500 Frères tiennent à préciser qu'ils n'ont jamais voulu agresser personne. Seulement marqué les esprits. « Nous avons même dit à la ministre qu'elle était en sécurité avec nous. » Le collectif avait demandé une réunion avec Ségolène Royal.
C'est parce qu'elle n'était pas organisée que l'opération de la CTG aurait été lancée. « Nous avons passé un mois à discuter. Nous leur disons que la réunion que nous avons eue mercredi à la préfecture était la dernière. Maintenant, nous voulons des résultats. Si le préfet et les fonctionnaires de l'État sont en droit de réserve à partir de mercredi, ils doivent savoir que nous rentrons en droit d'action à partir d'aujourd'hui. » Selon eux, c'est le seul moyen d'arriver à des résultats : « La peur doit changer de camps »
REPÈRES
Une référence à 300
Les 500 Frères ne sont pas nés après le meurtre d'Hervé Tambour à Cayenne, mais le 11 octobre, autour de cinq personnes, dont Stéphane Palmot. Le collectif est rejoint en décembre par Tròp Violans. Des rencontres se tiennent une fois par semaine, pour parler de l'insécurité. Le nom des 500 Frères vient du film 300, de Zack Snyder, qui raconte la résistance de 300 soldats spartiates face à l'armée perse conduite par le roi Xerxès en personne.
« Renvoyer les prisonniers surinamais »
Suite au blocage du consulat du Suriname, vendredi à Cayenne, le ministre surinamais du Développement régional et le consul ont rencontré les 500 Frères. Autour de la table, le président de la CTG Rodolphe Alexandre, le député Gabriel Servile, le collectif Citoyens-Citoyennes et les Iguanes de l'Ouest. Les 500 Frères demandent au Suriname de faire ratifier l'accord avec la France permettant aux Surinamais détenus à Rémire de purger leur peine dans leur pays. Ils se disent satisfaits des gages donnés par les autorités du Suriname.

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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 27 Mars 2017, 04:53

Le ton de la presse :

france-guyane a écrit :Les Haïtiens de Guyane (1/4)
Dossier réalisé par Karin Scherhag Lundi 28 Novembre 2016
Les Haïtiens de Guyane (1/4)

Un dossier sur Haïti, pourquoi ?
France-Guyane n’a pas décidé par hasard de consacrer un dossier à la communauté haïtienne de Guyane.
Après le passage de l’ouragan Matthew dans les Caraïbes et ses ravages en Haïti, nous voulions donner la parole à celles et ceux dont les proches ont été touchés de plein fouet par cette nouvelle catastrophe. Rapidement pourtant, une autre réalité s’est imposée à nous et il nous semblait inconcevable de faire comme si elle n’existait pas : un rejet féroce des Haïtiens, nourri par quelques-uns, auteurs de messages haineux diffusés sur les réseaux sociaux. Pourquoi un tel clivage ? Comment cette situation est-elle vécue ? Quels risques pour la Guyane ? C’est ce que nous avons cherché à comprendre.

Mais d’abord, un peu d’histoire

1963 marque le début de l’immigration haïtienne en Guyane. Le passage de l’ouragan Flora a provoqué de gros dégâts en Haïti, notamment dans les zones rurales de Jacmel, des Cayes et d’Aquin. Quelques ressortissants haïtiens, principalement des agriculteurs, viennent alors trouver refuge en Guyane. Mais c’est à partir de 1967 que l’immigration en provenance d’Haïti commence réellement. Entre 1974 et 1979, le nombre des entrées sur le sol guyanais triple carrément. C’est à cette époque qu’on recense les premiers enfants d’origine haïtienne inscrits dans les écoles de Cayenne.

Les immigrés viennent avec un visa touristique valable trois mois, restent pour travailler clandestinement et essaient ensuite de régulariser leur situation. À partir de 1980, le gouvernement français rend obligatoire le visa pour les ressortissants haïtiens, faisant ainsi chuter le nombre d’entrées. Une filière clandestine s’organise alors et, dès l’année suivante, l’immigration reprend de plus belle. Les Guyanais observent ce bal migratoire. L’historien Eugène Épailly se remémore cette image : « À la fin des années 70, les travailleurs haïtiens faisaient la queue devant la gendarmerie de la Madeleine (Cayenne, ndlr), alignés, leur sabre d’abattis à la main. Ils attendaient là que les propriétaires de terrains agricoles viennent les chercher et les emmènent travailler. Cet endroit était un carrefour stratégique pour ces Haïtiens qui s’étaient principalement installés sur le mont Baduel et à Ploërmel. » Pour les observateurs de l’époque, les Haïtiens représentent une main d’œuvre bon marché.
Quarante ans plus tard, les choses n’ont pas vraiment changé.

Les Haïtiens de Guyane (2/4) Se dessiner une vie meilleure

Fraîchement débarqués, ou Guyanais d’adoption depuis plus de trente ans, ils ont fui la misère, la violence, ou ont simplement choisi de mettre toutes les chances de leur côté pour se dessiner une vie meilleure. Pour ces femmes et ces hommes, la Guyane représentait un eldorado. La terre de tous les possibles. Entre espoirs déçus et rêves accomplis, plusieurs Haïtiens ont accepté de nous livrer leur histoire.


En Guyane, Alizée a appris à grandir
Mère de famille et assistante de direction accomplie, Alizée revient sur le parcours semé d’embûches qui l’a menée, enfant, jusqu’à Cayenne. Et même si les déceptions sont nombreuses, la jeune femme reste attachée à sa terre d’adoption.
Elle a choisi de garder l’anonymat. Son témoignage n’en perd pas pour autant de sa force. Nous l’appellerons donc Alizée. La jeune femme a 27 ans et est maman de deux enfants. Elle est née en Haïti, dans une famille de la classe moyenne. « On avait tout, on ne se souciait de rien. On avait du personnel pour s’occuper de la maison et des enfants. Ma mère possède un restaurant qui fonctionne bien, sa situation est stable. Je n’ai pas fui la misère. » Pourtant un jour, Alizée et sa petite sœur apprennent qu’elles vont devoir quitter leur pays, leur famille, leurs amis. « On nous a prévenues la veille. Ma mère nous a dit que ce serait mieux pour nos études. »
Les deux fillettes de 11 et 9 ans entament leur périple, seules. Objectif final : la Guyane, où leur père, qu’elles connaissent à peine, a posé ses valises après de nombreux voyages. « J’avais imaginé un endroit plus beau, plus riche, plus paradisiaque que chez moi. Sinon, pourquoi partir ? Quand nous sommes arrivées, j’ai pris une claque. Sur la route entre Saint-Laurent et Cayenne, je ne voyais rien d’autre que de la forêt. »
« Mon père est le cliché de l’étranger »
Les fillettes s’installent chez leur père. Et déchantent aussitôt. « Nous avons grandi à Thémire, dans une maison insalubre où il n’y avait pas toujours à manger. Mon père, alcoolique, est le cliché de l’étranger qui profite des aides. Mais ça a forgé notre caractère : on voulait prouver de quoi on était capable. »
Alors Alizée et sa sœur s’accrochent. Après un bac comptabilité et un BTS assistante de manager, l’aînée obtient un poste d’assistante de direction dans une association. La cadette est aujourd’hui à Strasbourg où elle suit des études de médecine.
Des parcours brillants qui n’effacent pas les blessures. « J’ai toujours senti que je n’étais pas chez moi. J’étais la seule Haïtienne de ma classe, je n’avais pas beaucoup d’amis. Je vivais dans une société qui n’était pas la mienne, je n’avais pas de repères, j’étais loin de ma mère. Ça a été dur. Mais finalement, ça m’a servi parce qu’en Haïti, j’étais un enfant roi. »
Les difficultés sont malgré tout toujours présentes. « Parfois, j’ai l’impression qu’on (les Haïtiens, ndlr) n’est pas humain. Il suffit d’aller à la préfecture pour s’en rendre compte. Les gens pensent qu’on ne comprend pas le français alors ils crient pour s’adresser à nous. Et puis je n’ai toujours pas obtenu une carte de séjour de dix ans. Je dois donc refaire les mêmes démarches tous les ans. Je remplis pourtant toutes les conditions : j’ai fait mes études ici, je travaille ici… Je ne comprends pas. Ma meilleure amie est partie en Métropole : au bout d’un an, elle recevait son titre de dix ans. On me demande souvent pourquoi je reste ici. Parce que j’aime la Guyane. Mais je suis triste de voir le climat qui règne en ce moment. J’espère que les gens vont vite retrouver leurs esprits et que la population va s’unir. »

Micheline savoure ce « bouillon d’awara de cultures »
Partie d’Haïti il y a huit ans pour fuir le climat d’insécurité, Micheline Pé-Pierre a été séduite par la diversité ethnique et culturelle de la Guyane.
Le mois dernier, Micheline Pé-Pierre a fêté ses huit ans de vie guyanaise. Et jusqu’à présent, « je me sentais bien accueillie. J’étais comme chez moi », raconte-t-elle. Un sentiment de bien-être mis à mal par un simple SMS. « J’ai reçu un message haineux d’un numéro qui n’était pas dans mes contacts. Je lui ai répondu qu’il n’avait pas conscience de ce qu’il faisait tourner. Je n’ai plus eu de nouvelles. Peut-être que cette personne ne savait pas lire, tout simplement (rires). J’ai gardé le message car je ne désespère pas de retrouver son auteur.

Née en Haïti il y a quarante-six ans, c’est là-bas qu’elle rencontre son mari. Lui est Belge et ils s’installent ensemble à Pétionville (ouest). En 2008, leur vie bascule. « Le pays était instable politiquement et les kidnappings se multipliaient. Tout le monde se sentait menacé, se souvient Micheline. Des élèves se faisaient enlever à la sortie de leur établissement et on réclamait des rançons à leurs parents. J’étais prof et ça m’a fait flipper. »

"Je crains que ça dégénère"

Le couple décide alors de quitter Haïti et rejoint la Belgique. « Mais on n’est resté que quelques mois car je ne supportais pas le climat. »
Nouveau déménagement, pour la Guyane cette fois. « On savait que la population était multi-ethnique, multi-culturelle. C’était tellement riche. C’est pour ça qu’on a choisi la Guyane. »
Huit ans plus tard, l’image reste intacte. « On est dans une sorte de bouillon d’awara de cultures », aime-t-elle à répéter. Mais Micheline est aussi consciente du climat de tension qui règne en ce moment. « Je crains que la situation dégénère. Et ce sont les enfants qui vont en souffrir. » Assistante d’éducation dans un collège de Saint-Laurent, elle n’hésite pas à sensibiliser les élèves. « Beaucoup sont Haïtiens et il ne faut pas qu’ils se sentent mal par rapport à tout ce qui se dit. On entend que les Haïtiens viennent ici pour faire du vaudou, prendre nos jobs, nos mecs… Ce sont vraiment des ignorants qui parlent comme ça. Mais ce n’est pas ce qui va me décourager de rester. »

Destins croisés

Nous les avons rencontrés à l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration), à Cayenne. Tous attendaient un rendez-vous, avec l’espoir de régulariser leur situation. Mais ils ont pris le temps de se raconter. Et de prendre la pose, pour incarner la nouvelle génération d’Haïtiens de Guyane (notre photo de Une). Ils ont entre 20 et 34 ans et sont arrivés il y a quelques mois. Madeline et Watson (avec le tee-shirt gris) sont les plus jeunes. Et rêvent d’étudier. « En Haïti, l’école coûte très cher et nos familles ne pouvaient pas payer », racontent-ils. Fedner, le plus âgé (à gauche de la photo), a laissé sa femme et ses quatre enfants en Haïti pour travailler. Il a appris ensuite que l’ouragan Matthew avait détruit sa maison et que sa famille avait trouvé refuge chez des voisins. « J’ai peur », confie-t-il. Fritz (à droite) et sa femme ont d’abord vécu au Brésil, à Santa Catarina. Ils y sont restés deux ans et sept mois. Avant d’émigrer en Guyane. « Je voulais que mon enfant naisse ici », avoue-t-il. Frédly est donc né à Cayenne il y a un mois à peine.

Le parcours de Vladimir (au centre) est bien différent. Membre du PHTK, le parti de l’ancien président Martelly, il est menacé de mort. « Un de mes frères a été tué à cause de moi », dit-il. Sa mère met alors de l’argent de côté pour lui faire quitter le pays. « Le voyage a coûté 2 800 euros rien que moi. Entrer en Guyane a été très difficile, il a fallu que je me cache alors qu’on avait payé si cher. » Le jeune homme, diplômé en génie civil, espère pouvoir travailler et faire venir sa femme et ses deux enfants.

Les Haïtiens de Guyane (3/4) Serville : "La Guyane accouche d'une nouvelle société"

Le député Gabriel Serville a plusieurs fois interpellé le gouvernement sur la crise migratoire que connaît la Guyane. Interview.
Vous avez annoncé l’arrivée en Guyane de 25 000 Haïtiens suite à l’ouragan Matthew…
(Il coupe) 2 000 migrants ont déjà fait des demandes d’asile. Ces gens n’arrivent pas seuls : ils viennent avec leurs conjoints(e)s, leurs enfants. Cela représente au moins 25 000 personnes. C’est 10 % de la population légale. L’État a débloqué de l’argent pour les communes qui vont accueillir les migrants de Calais. Ce que je demande, c’est qu’on me dise quels fonds vont être débloqués pour la Guyane. Mais cette question gêne le gouvernement qui craint de créer un appel d’air.
Vous avez constaté des arrivées à Matoury ?
Il y a 220 enfants qui n’étaient pas sur les listes quand nous avons commencé la préparation de la rentrée scolaire. Essentiellement des enfants d’origine haïtienne, installés à Cogneau et Balata. Nous n’avons pas la possibilité de les scolariser et ils vont perdre un an. Nous avons déjà commencé la réflexion pour la prochaine rentrée. C’est quasiment un groupe scolaire qu’il faudrait construire avec des moyens que nous n’avons pas.
La République d’Haïti est souvent touchée par des catastrophes naturelles et sanitaires…
(Il coupe à nouveau) 1,4 million de personnes sont aujourd’hui en situation de grande détresse. Et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, regrette la trop faible mobilisation mondiale. Il y a un désintérêt de la France et des États-Unis en particulier. Rappelons que 150 millions de francs-or ont été exigés en échange de l’indépendance du pays. J’ai fait mes calculs et ça équivaudrait aujourd’hui à environ 17 milliards d’euros ! Dès la naissance de la République d’Haïti, on lui mettait la corde au cou financièrement et économiquement.
Et le pays reste instable politiquement…
On ne peut pas assister à cette débandade. Il faut stabiliser la situation du pays sinon les gens vont continuer à migrer. Le travail de reconstruction va prendre trente ou cinquante ans mais si on ne fait rien, le pays va s’enfoncer. Mais d’abord, il faut mieux contrôler les frontières et ça, c’est la compétence de l’État.
Pourquoi les Haïtiens sont-ils aujourd’hui autant la cible des critiques ?
En raison du nombre. Mais aussi parce que les Haïtiens sont plus arrogants que les autres. Ils ont réussi dans le commerce, le BTP, se sont enrichis, sont fiers de ce qu’ils ont et ça crée de l’envie.
Plusieurs messages anti-Haïtiens circulent sur les réseaux sociaux. Vous les avez lus ?
Oui et ça me fait mal. Ça me rappelle les pires moments des Guerres mondiales où les gens étaient estampillés en fonction de leurs origines. Je ne suis pas devenu pro-Haïtien ou anti-Guyanais. Mais tous les enfants qui vivent ici sont des enfants de Guyane. Ils partagent la terre, l’air, la mer, la forêt. Apprenons leur à vivre ensemble pour créer la citoyenneté guyanaise […] Ce qui se passe sur les réseaux sociaux est symptomatique. On a le sentiment qu’Haïti n’est pas une terre qui peut rapporter de l’argent. C’est le jeu de l’ultra-libéralisme qui fait qu’on aide les riches avant les pauvres.
Certains de nos interlocuteurs nous disent que l’état d’esprit a changé. Que les Haïtiens viennent désormais pour profiter du système. Qu’en pensez-vous ?
C’est ce qui se dit. Avant, les immigrés haïtiens venaient d’Aquin et étaient agriculteurs. Maintenant, ils viennent des villes et ont une approche de la vie différente. Mais les Haïtiens qui se font remarquer sont à la marge. Beaucoup sont dans la rectitude et apportent leur contribution à la Guyane. Ils travaillent, on ne sait même pas qu’ils existent. Mais ce qu’on retient, ce sont les contre-exemples. L’autre jour, quatre dames haïtiennes sont passées devant tout le monde à la Sécu et ça a fait parler alors que peut-être 200 autres faisaient la queue sans créer de problème.
Le clivage entre les Haïtiens et les autres peut-il être dangereux ?
Ce qui se passe en France hexagonale, avec les jeunes de banlieue qui ont le sentiment d’avoir été écartés du système, c’est la même chose ici avec les jeunes Haïtiens. On leur a donné la santé, l’école mais l’essentiel — l’apaisement social — on ne leur a pas apporté. Faisons attention car les conditions de la radicalisation existent ici aussi. J’espère que chacun va rapidement retrouver ses esprits car tout cela n’est pas porteur d’espoir. La Guyane accouche d’une nouvelle société. Chaque étranger qui arrive est un grain de sable que nous pouvons façonner pour en faire une perle.

« Imaginez une Guyane sans immigrés »
On estime que les étrangers représentent environ 30 % de la population guyanaise et que 60 % des enfants naissent sur le sol guyanais de mères immigrées. C’est dire si l’immigration a façonné et façonne toujours notre territoire. « Imaginez la Guyane sans immigrés. Sans Chinois, sans Hmong ou sans Haïtiens. Que ferait-on sans eux ? » interroge l’une de nos interlocutrices, née en Haïti et arrivée enfant à Cayenne. « La Guyane pourrait être tellement géniale si on vivait tous ensemble sans se cracher dessus. En Guyane, poursuit-elle, les étrangers sont coupables de tout. Mais ce ne sont pas les enfants étrangers qui amènent le climat de violence. C’est un problème général d’éducation : les parents sont absents, ils n’assument plus leur rôle. »

Entre honte et persécution
Plusieurs de nos témoins nous l’ont confirmé : il n’est pas rare que des Haïtiens éprouvent un sentiment de gêne, voire de honte, qui les pousse à dissimuler leur véritable identité et à prétendre être originaire d’une autre île de la Caraïbe. Un sentiment exacerbé bien sûr par les quolibets à l’encontre de la population haïtienne. Ainsi, des expressions péjoratives sont largement utilisées comme « être habillé comme un Haïtien » qui ne signifie pas, faut-il le préciser, « être sur son 31 ». On prétend même que les Haïtiens mangent les pians.
En République Dominicaine, qui partage l’île d’Hispaniola avec Haïti, la situation des Haïtiens est plus dramatique encore. Les travailleurs venus de l’autre côté de la frontière pour cultiver la terre sont souvent parqués dans des camps et vivent dans des conditions précaires. « Le comble c’est que ce sont les Haïtiens qui produisent les fruits et les légumes dominicains qui leur sont ensuite revendus à prix d’or en Haïti ! », se lamente Serge Occéan, président du Collectif pour Haïti. L’année dernière, la République Dominicaine a tristement fait parler d’elle lorsque des déportations massives et des assassinats de ressortissants haïtiens ont été perpétrés par des extrémistes.

« La Guyane est confrontée à une crise migratoire sans précédent. 2 700 demandeurs d’asile ont été enregistrés en 2015 et 9 ou 10 000 le seront d’ici fin 2016. Cayenne est aujourd’hui le deuxième guichet de France après Paris »
Antoine Karam lors d’une intervention au Sénat la semaine dernière.

Les Haïtiens de Guyane (4/4) : Deux conteneurs partiront le 21 décembre

Le Collectif pour Haïti de Guyane a organisé une grande collecte pour les sinistrés d’Haïti. Rencontre avec le président de l’association, Serge Occean. [...]
Notre entretien est interrompu par un passant particulièrement véhément. « Et vous, vous faites quoi pour la Guyane ? », lance-t-il avant de tourner les talons en maugréant. Serge Occean affiche un sourire las. « Un seul comme ça peut faire beaucoup de dégâts, soupire-t-il. Vous voyez, si j’étais dans mon pays, il ne serait pas venu me dire ça. J’y pense chaque seconde. Cinq de mes enfants sont nés ici mais je leur ai toujours dit qu’ils étaient des immigrés. »
Bien sûr, il a eu vent des messages haineux qui ont circulé. « Je n’ai pas voulu les lire pour ne pas être choqué. On dit que la terre est une seule patrie mais la notion n’est pas la même pour tout le monde. Nous sommes une communauté de destins : mettons-nous ensemble pour vivre. »
À 55 ans, Serge Occean anime toujours une émission sur radio Mosaïque. Elle s’intitule « Tous pour un ». Tout un symbole…

L’école Mortin chérit Haïti
Les petits élèves de l’école Mortin, à Cayenne, ont participé à une grande collecte pour Haïti : nourriture, vêtements et jouets ont rejoint le conteneur du Collectif pour Haïti de Guyane. Touchés par le drame qui se joue loin de chez eux, de nombreux enfants ont aussi adressé des dessins et des poèmes emplis d’espoir pour leurs petits camarades haïtiens. Le jour de la collecte, ils ont notamment entonné, en chœur, la chanson de Stevy Mahy, Haïti chérie.

Les raisons du ras-le-bol
— « Les plus visibles ». L’historien Eugène Épailly estime que si les Haïtiens cristallisent à ce point les crispations, « c’est parce que ce sont les plus nombreux, les plus visibles. » L’Insee recense officiellement 50 000 Haïtiens en Guyane, soit environ 20 % de la population. Épailly annonce : « Les Haïtiens sont les Guyanais de demain. C’est le principe même de l’immigration. Prenez les Sainte-Luciens par exemple : aujourd’hui, ils sont Guyanais. On finit par oublier les racines, c’est comme ça. »
— Des gens « sans gêne ». Au-delà des messages haineux qui appellent, pour certains, à « exterminer » tous les Haïtiens de Guyane, des personnes plus posées, cultivées, expriment aussi leur ras-le-bol, leur sentiment d’oppression même, face à une immigration haïtienne toujours plus importante. « Ce sont des gens sans gêne, arrogants », se plaignent-ils. « C’est vrai, rétorque une jeune Haïtienne. On a pourtant un proverbe qui nous dit de nous adapter à la personne qui nous accueille. D’ailleurs, l’intégration des Haïtiens en Métropole ou aux États-Unis se fait sans difficulté. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas de réelle identité guyanaise que nous avons du mal à nous adapter. »
— L’habitat illégal. « Ils volent nos terres ». Voilà notamment ce qu’on peut lire dans les messages anti-Haïtiens qui circulent sur les réseaux sociaux. Les auteurs dénoncent-là les habitations illégales qui fleurissent un peu partout en Guyane. Chez nos interlocuteurs Haïtiens, il y a ceux qui réfutent ces accusations, allant jusqu’à prétendre que les terrains concernés n’appartenaient à personne. Et ceux qui assument. « En Haïti, on construit partout, sans aucune règle, explique une jeune femme. Mais on ne vole jamais le terrain de quelqu’un. Ça, c’est inadmissible ! Pourquoi le fait-on ici ? Parce que c’est permis (sourire). Les gens savent qu’ils seront régularisés. Mais il n’y a pas que les Haïtiens qui font ça. »
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 29 Mars 2017, 21:15

lutte ouvrière a écrit :Guyane : vive la lutte des travailleurs !
29 Mars 2017

Depuis lundi 27 mars, la grève générale est effective en Guyane. Tout le pays est bloqué. En réalité, il l’était déjà largement depuis une dizaine de jours. Le mécontentement s’est élargi suite aux grèves des travailleurs de la société Endel, qui devait assurer le transfert de la fusée Ariane sur son pas de tir.

Cette grève et un barrage à l’entrée du centre spatial de Kourou avaient eu pour conséquence l’ajournement du départ de la fusée. En même temps, les travailleurs d’EDF s’étaient mis en grève contre l’infrastructure obsolète qui les oblige à des dépannages incessants sur le réseau. Puis ce fut le tour du port maritime, de la collectivité territoriale de Guyane (CTG), de la préfecture et de l’aéroport d’être bloqués.

Les tout premiers barrages ont été constitués à l’initiative des travailleurs en grève soutenus par le principal syndicat du pays, l’Union des travailleurs guyanais (UTG). Il y avait aussi des travailleurs du centre médico-chirurgical de Kourou.

Puis le mécontentement s’est étendu comme une traînée de poudre à l’ensemble de la population de Guyane. L’insécurité grandissante en fait le territoire le plus atteint de toute la France par la criminalité. Le chômage, la décomposition des services publics, dans l’éducation et la santé notamment, le sentiment d’être méprisé et discriminé par les gouvernements et l’État français, tout cela à la fois a fait exploser une colère contenue depuis longtemps.

La population a mis en place des barrages routiers, principalement aux ronds-points, dans les villes et villages. Mardi 28 mars, ces barrages ont été partiellement levés pour permettre la tenue de deux grandes manifestations à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni.

La mobilisation populaire s’organise autour de multiples collectifs qui se sont constitués d’un bout à l’autre de la Guyane : collectif des commerçants, collectif des agriculteurs, collectif qui réclame un commissariat à Kourou, et bien d’autres, par profession, par ville, village ou quartiers, chez les lycéens aussi.

Une partie du mécontentement des transporteurs et petits patrons vient du fait qu’une grande partie des marchés du chantier de la future Ariane 6 leur échappe. Il semble qu’Eiffage soit bien mieux loti qu’eux.
Les 500 Frères contre la délinquance

Quant aux 500 Frères contre la délinquance, ce collectif d’hommes en noir, encagoulés, que l’on voit un peu partout dans le pays, il s’agissait à l’origine, il y a un peu plus d’un mois, d’un groupe constitué pour réagir à l’insécurité, aux cambriolages, aux meurtres et assassinats qui sont légion en Guyane. Dirigé par un policier en disponibilité, ce groupe avait au départ mis en cause les immigrés. Se défendant d’être une milice, ils en ont toutefois bien des caractéristiques. Aujourd’hui, avec l’implication de la population immigrée dans le mouvement et sur les barrages, Surinamiens, Brésiliens, Haïtiens, les 500 Frères contre la délinquance ont dû remiser leurs déclarations anti-immigrés. Il y aurait même aujourd’hui des immigrés dans leurs rangs.

Même s’ils sont applaudis par la population dans les meetings des ronds-points, même si leur stature, leurs cagoules noires, l’apparence de détermination qu’ils expriment tant par leur accoutrement que dans leurs propos, leur donnent une image de groupe radical, prêt à tout, aux yeux de la jeunesse et de la population, ces 500 Frères ne proposent pas de solution. Ils ne sont pas l’émanation directe de la mobilisation populaire, mais un groupe à part, constitué avant le mouvement populaire, proche de la police et bénéficiant de la bienveillance de la préfecture. C’est à la population elle-même de s’organiser et de freiner les prétentions éventuelles des 500 Frères à contrôler le mouvement populaire, et aux 500 Frères d’apporter une aide à la population mobilisée tout en se plaçant sous son contrôle.
Les intérêts particuliers des travailleurs de Guyane

Bien que les travailleurs soient la colonne vertébrale de la grève générale, bien que ce soient eux qui ont démarré le mouvement, bien qu’ils aient répondu massivement à l’appel à la grève générale de l’UTG et de ses 37 syndicats fédérés, la tête du mouvement est ailleurs pour l’instant.

Il est frappant de constater que le cahier de revendications publié lundi 27 mars par les collectifs et signé du Collectif pour le décollage de la Guyane, le plus important, comporte une série de revendications concernant les agriculteurs, les Amérindiens, les enseignants, les transporteurs et bien d’autres, mais aucune ne concerne les travailleurs des entreprises. Il n’énonce aucune revendication ouvrière. Aucune augmentation de salaire, aucune revendication d’amélioration des conditions de travail n’y figure.

Certes, beaucoup de revendications concernent aussi les travailleurs indirectement, mais aucune ne leur est propre. Elles sont celles des collectifs. Il y a bien la construction de cinq lycées, dix collèges, 500 classes primaires, la construction de routes, des crédits pour la santé et tout ce qui concerne l’amélioration de la vie générale de la population.

Par contre, si les revendications propres des travailleurs n’ont pas été prises en compte, celles du Medef local, elles, l’ont été. Le cahier de revendications des collectifs stipule bien la création d’une zone franche sociale et fiscale sur dix ans conforme à ses vœux, ou encore la mise en place du Small Business Act pour améliorer la compétitivité des petites et moyennes entreprises. On a vu le représentant du Medef local sur le principal barrage faire des déclarations de soutien au mouvement général et parler d’allègement du coût du travail. Cela veut dire baisse des cotisations patronales, gel des salaires, pas d’embauches autres que sur des subventions publiques, etc.

Plus généralement, on ne voit pas non plus de revendications spécifiques pour les pauvres des quartiers et pour les chômeurs.

La lutte générale en Guyane ne fait peut-être que commencer. Les travailleurs ont encore le temps de s’organiser en une force particulière, et de se manifester pour faire valoir leurs propres intérêts. Ce serait le début d’une prise de conscience de classe, indispensable pour leurs combats de l’heure et ceux de demain. La mobilisation populaire d’aujourd’hui peut en donner l’occasion aux travailleurs de Guyane.

Pierre JEAN-CHRISTOPHE
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 30 Mars 2017, 17:50

Cf. le journal de Guadeloupe 1ère 28 3 2017 19h30.

http://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloup ... direct-ici

Le représentant du Medef Guadeloupe soutient... les revendications du Medef Guyane.
Le communiqué de Combat Ouvrier (Vive la lutte des travailleurs de Guyane) n'est qu'évoqué.
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par artza » 31 Mars 2017, 02:47

L'Anitcap hebdo du 30 mars (NPA) à propos de la situation en Guyanne donne la parole au MDES (Mouvement pour la décolonisation et l'émancipation sociale) en interviewant son secrétaire adjoint

https://npa2009.org/actualite/international/guyane-le-resultat-dune-situation-coloniale
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 01 Avr 2017, 04:00

Le point sur Guyane 1ère, JT du 31 3...

http://pluzz.francetv.fr/videos/jt_guyane.html
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Re: Travailleurs de Guyane en lutte...

Message par com_71 » 01 Avr 2017, 10:51

brève LO, 31 03
Guyane : la population met le gouvernement sous pression


Le ministre de l'Intérieur et la ministre de l'Outre-mer, envoyés dans la précipitation en Guyane pour tenter de calmer la colère de la population massivement mobilisée, auraient voulu pouvoir discuter à huit-clos avec quelques représentants triés sur le volet. Las, ils ont dû présenter des excuses aux manifestants rassemblés devant la préfecture.

De multiples collectifs avaient rédigé des cahiers de doléances dans lesquels figuraient bien plus les revendications des petits patrons et des notables locaux, que celles des travailleurs, des chômeurs et des plus démunis. Pourtant toute la population devrait pouvoir être directement représentée dans les discussions à venir, qui devraient être publiques.

Pour éviter que leurs revendications ne soient escamotées, les travailleurs de Guyane, colonne vertébrale de la grève, doivent s'organiser en force de classe au sein de ce mouvement général.
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