Après le 1er tour de 2012
Publié : 17 Avr 2017, 14:26
A quelques jours du 1er tour, on peut dire que le résultat de Nathalie Arthaud a peu de chances de surprendre. Celui de 2012 n'avait pas surpris non plus. Qu'en avait dit Nathalie, s'adressant à tous ceux qui avaient été actifs dans sa campagne ?
Discours aux militants (22 avril 2012)
Au soir du premier tour, Nathalie Arthaud s'est adressée ainsi aux militants présents à la soirée électorale organisée par Lutte Ouvrière pour prendre connaissance des résultats .
Je voudrais dire quelques mots à l'attention de tous ceux qui ont soutenu notre campagne, à l'attention de mes camarades.
Pour tous les journalistes et les experts politiques qui résument la vie politique au cirque électoral, notre score de 0,5 % à 0,7 % sera considéré comme l'échec de notre campagne et de notre politique.
Mais je tiens d'abord à rappeler que, si 0,5 % à 0,7 % cela pèse peu dans les urnes, cela fait près de 200 000 personnes qui ont approuvé notre programme de lutte. Cela fait près de 200 000 personnes présentes dans les entreprises, dans les quartiers populaires, sur qui les travailleurs pourront compter pour relayer ces objectifs et les populariser. Dans un contexte de remontée des luttes, ils seront des points d'appui précieux pour tous ceux qui voudront se battre.
Et au-delà du score, camarades, nous pouvons être fiers de cette campagne. Parce que nous avons pu y défendre toutes nos idées et parce que ces idées ont touché bien des travailleurs, des pauvres, des chômeurs.
Nous avons touché, conforté et influencé y compris des électeurs qui ne se sont pas portés sur mon nom. Je le sais, au travers des courriers et des messages de soutien que nous avons reçus. Vous le savez, au travers des discussions que vous avez eues : nous avons attiré de la sympathie et du respect pour notre politique dans les classes populaires, largement au-delà de ceux qui ont voté pour nous.
Ce respect, nous l'avons gagné parce que nous avons défendu nos idées, parce que nous avons défendu sans concession les mesures nécessaires aux classes populaires, cette interdiction des licenciements, dont on nous a dit et répété qu'elle n'était pas possible, que c'était une horreur économique ; l'augmentation des salaires et le smic à 1 700 euros, dont on nous a rabâché qu'ils mettraient toute l'économie sur la paille ; le contrôle des travailleurs sur les entreprises, quand bien même on nous a expliqué qu'il était sacrilège.
Le respect et la sympathie, nous les avons aussi gagnés en affirmant nos convictions communistes. Nous avons montré qu'il existe, dans le pays, un courant qui ne se résigne pas au capitalisme et qui affirme que les travailleurs ne sont pas seulement des victimes et des exploités, mais qu'ils peuvent et doivent revendiquer la direction de la société. Oui, dans cette campagne nous avons levé le drapeau du communisme.
Nous l'avons fait en connaissance de cause : en sachant que ce ne serait pas payant électoralement, en sachant que nous serions à contre-courant, qualifiés d'utopistes ou accusés du pire.
Nous l'avons fait et je crois que nous l'avons réussi. S'il a été question du communisme dans cette campagne, si l'on a parlé de l'expropriation des banquiers, de l'expropriation des groupes capitalistes, du renversement de la bourgeoisie, c'est de notre fait.
Oui, ma candidature était une candidature de témoignage, nous l'avons toujours assumé. Mais elle témoignait d'un point de vue de classe, du point de vue des exploités et de la perspective communiste, ce qu'aucun autre candidat n'a fait.
L'apolitisme ambiant, le faible moral des travailleurs et les illusions électoralistes ont conduit à faire le succès de la « révolution citoyenne » et du remix 2012 de la prise de la Bastille ! Mais ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui s'est réclamé du communisme, de la perspective d'une société débarrassée du profit, du marché et de la propriété privée, c'est nous !
Nous avons montré qu'il existe bel et bien un courant communiste révolutionnaire. Il est aujourd'hui minoritaire. Mais ce n'est pas la première fois. S'il n'a pas disparu malgré la pression du stalinisme, malgré la pression du réformisme et de l'électoralisme, c'est qu'il y a toujours eu des hommes et des femmes qui ont su être à contre-courant et qui ont tenu envers et contre tout à leurs convictions, à leur idéal. C'est par vents contraires que l'on juge la fidélité aux idées communistes.
Alors aujourd'hui, c'est à nous d'assurer la transmission des idées communistes révolutionnaires et nous pouvons en être fiers.
Et c'est plus que jamais nécessaire, car la crise est un formidable accélérateur de l'Histoire. Elle ne fait pas qu'aggraver les conditions d'existence des classes populaires, elle remue aussi les consciences. La crise économique actuelle amènera un nombre croissant de travailleurs, de jeunes, à la conscience que renverser le pouvoir de la bourgeoisie n'est pas une utopie mais une nécessité. Eh bien, il faut qu'ils trouvent des militantes et des militants qui en défendent la perspective.
Autant l'on peut constater que la révolte s'accumule dans la classe ouvrière, qu'il y a une rage impuissante qui couve, autant personne ne peut dire quand elle explosera. Quand surviendront les luttes, comment, nous ne pouvons pas le dire. En revanche ce qui dépend de nous, c'est que nous soyons là et qu'il y ait un parti, le plus large possible, capable de défendre une politique pour ces luttes.
Il faut encore un parti, implanté un peu partout, reconnu par une fraction non négligeable des nôtres. Ce parti n'existe pas encore, il nous faut œuvrer dès demain à sa construction.
Nous en avons les fondations, nous avons posé les premières briques, il faut continuer ! Pour y parvenir complètement, il faudra des luttes qui mobilisent en profondeur les rangs de la classe ouvrière, mais nous pouvons avancer dans cette construction.
La campagne électorale que nous venons de faire nous donne un point d'appui. Oh ! ce ne sont pas nos résultats électoraux qui vont nous aider. Mais le score est une chose, la campagne et les idées que nous avons propagées en est une autre.
Les résultats électoraux s'oublient, alors que les idées vont faire leur chemin. L'interdiction des licenciements, l'échelle mobile des salaires, le contrôle des travailleurs ont beau être balayés d'un revers de main par la plupart des journalistes - qui n'imagineraient pas eux-mêmes vivre avec moins de 1 700 euros -, ce sont des mesures évidentes, souhaitées par tous les travailleurs, parce qu'elles répondent à leurs exigences vitales.
Et c'est en cela que, oui, nous avons réussi cette campagne et qu'il faut continuer d'aller de l'avant.
Pour que ces idées continuent d'être propagées, nous ne pourrons plus compter sur les médias. Si tant est que nous avons pu compter sur les médias... Nous avons tout de même profité de l'égalité du temps de parole et cela nous a permis de faire connaître notre politique à un nombre bien plus grand de travailleurs que dans notre activité quotidienne, dans les entreprises et dans les quartiers populaire où nous sommes présents.
Mais cette égalité de temps de parole n'était qu'une parenthèse de la vie politique, et elle a d'ailleurs été un véritable supplice pour de nombreux journalistes, qui auraient tant aimé papoter entre gens du même monde et que nous avons manifestement dérangés. Résumer l'élection à un duel Sarkozy-Hollande, éventuellement pimenté d'un challenger aussi radical que... Bayrou, leur aurait mieux convenu !