Bon.
Déjà, par respect pour Coralie, on peut lui préciser qu'une bonne partie des intervenants sur le fil qu'elle a créé ne sont pas à LO, certains sont proches, d'autres sont au NPA ou carrément plus éloignés, certains sont comme toujours très fraternels (camarade GdM), d'autres moins etc. (Sinon, elle se dirait que ça fait une drôle de foire d'empoigne dans LO !)
Sur les manifs :
Il y a les manoeuvres des grands appareils et les manoeuvres des petits appareils, et il y a la combativité des travailleurs. Ce sont des choses bien différentes.
Il n'y a aucune illusion à se faire sur le grand appareil qu'est la CGT. Elle appelle à une journée d'action le 12 septembre. Du fait de son influence et de son importance, elle est susceptible d'attirer d'assez gros contingents de travailleurs, et on ne peut pas encore dire s'il s'agira d'une grosse minorité syndicale ou si cela touchera au-delà. Lors des luttes contre la loi El Khomri, cela avait touché un peu plus largement mais dans certains secteurs et certaines villes uniquement, et il y avait plus de syndicats qui appelaient. On verra bien, mais il est clair qu'on appelle à y participer le plus largement possible, c'est l'initiative qui a le plus de chances d'entraîner les travailleurs même si ces chances restent faibles.
Il n'y a aucune illusion à se faire sur les manoeuvres de la France Insoumise. Je comprends que le terme identitaire ne plaise pas (vu qu'on l'utilise couramment pour des courants d'extrême-droite...) mais il y a pourtant bien de ça dans la posture nationaliste d'un Mélenchon. Mélenchon cherche à apparaître comme la seule opposition véritable au gouvernement Macron, et il aurait tort de s'en priver. Il fait donc beaucoup de cinéma autour de ses élus à l'Assemblée, et un peu de cinéma dans la rue en s'appuyant sur certains militants syndicaux pour la plupart sincères. Cela n'attire pas énormément de monde (on est même très loin des meetings d'avant présidentielle), on ne va pas l'aider à faire cela, donc on n'appelle pas spécialement à manifester avec lui (même si on ne s'interdit pas d'aller y jeter un oeil).
Il n'y a aucune illusion à se faire sur les manoeuvres des petits appareils, comme ce qui se fait autour du Front Social où l'on retrouve des courants syndicaux plus combatifs dans le discours (bouts de SUD, de la CGT ou de la FSU), le NPA, ce qu'il reste de Nuit Debout, de temps en temps le PCF ou la France Insoumise etc. Cela mobilise également peu de monde, du moins pour l'instant où l'immense majorité des travailleurs ne sait même pas que ça existe.
Dans tous les cas, ces appareils postulent avant tout comme candidats à la tête d'une future mobilisation si elle avait lieu. Ce n'est pas tant qu'ils cherchent vraiment à l'organiser. Ils cherchent plutôt à se retrouver en situation favorable si les travailleurs devaient entrer en lutte pour de bon. Et c'est la même chose pour tout ce qui concerne la volonté de "construire une mobilisation" par concertation entre différents appareils ou organisations. Si de tels appels finissaient par rencontrer un succès et que de nombreux travailleurs emboîtaient le pas, on se poserait les problèmes différemment quand à notre participation. Mais, en l'absence de luttes d'ampleur, nous LO, ne raisonnons pas du tout de cette façon-là. Il est hors de question d'entamer avec quelque appareil que ce soit des discussions artificielles sur la construction d'une mobilisation par réunion d'appareils. Ce serait le meilleur moyen de s'enferrer dans une impasse de type "défense d'une politique industrielle" ou "promotion d'une vraie alternative politique gouvernementale à Macron" ou autre.
Ce que nous, LO, appelons de nos voeux, et que nos militants essayent d'organiser dans les entreprises quand c'est possible, ce sont des luttes qui éclateraient avec ou sans les appareils parce que les travailleurs ont décidé de se battre. Le rôle des militants de LO, outre le fait d'en populariser l'idée, serait d'essayer de mettre en place des structures telles que les comités de grève qui permettraient aux travailleurs de garder le contrôle de leur mouvement indépendamment des manoeuvres des appareils.
Comme, par exemple, les camarades de Combat Ouvrier viennent d'y contribuer en Guadeloupe :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2017 ... 95196.htmlIl y a eu un comité de grève, soutenu par la CGTG mais qui n'est pas la CGTG elle-même, et alors même qu'un camarade est à la tête de la CGTG.
Dans le choix des manifestations, on tient donc compte de cette orientation politique générale propre à LO d'une part, et d'autre part, de ce que les travailleurs sont prêts à faire à un moment donné. Rien n'est dit de façon définitive sur notre participation ou non-participation, cela dépendra de la combativité. Mais on n'aidera pas de petits appareils à inventer une direction réformiste de rechange par rapport aux directions réformistes actuelles des grands syndicats comme la CGT.