par Plestin » 10 Juil 2017, 13:04
LO ne dédouane en rien les organisations syndicales et n'est en rien suiviste.
Nous avons simplement pu constater à la fois l'ampleur du mouvement contre la loi El Khomri - qui a mobilisé un peu plus largement que d'habitude le milieu syndicaliste lui-même et un peu au-delà - et ses limites : les journées d'action ont convenu à beaucoup, mais concernant la grève, beaucoup se sont aussi contentés de la "grève par procuration" effectuée tour à tour par les cheminots ou les travailleurs du raffinage et de la pétrochimie.
Le mouvement n'était d'ailleurs pas aussi puissant partout : j'ai pu voir de près le cas de Lyon, où la mobilisation a été relativement large par rapport à d'habitude et où pas mal de travailleurs ont participé dans certaines usines (ex. : Arkema Pierre-Bénite...), en partie encouragés par la grève de la raffinerie de Feyzin ; et le cas d'Agen, où les militants syndicaux de l'industrie (UPSA, Euticals) étaient cinq ou six dans les manifs, ils étaient loin d'être tous venus, et aucun travailleur du rang ne participait : le sentiment des syndicalistes SUD ou CGT était que le mouvement à Agen était moins profond que le précédent sur les retraites.
Alors, bien sûr que (faute de mieux) l'on appelle aux journées d'action lancées par les organisations syndicales, et le fait qu'elles soient "à répétition" a assez bien correspondu au niveau d'engagement de pas mal de travailleurs qui n'étaient pas prêts à faire plus. Même si dans tout mouvement, il existe toujours quelques travailleurs prêts à faire plus (à commencer par les militants révolutionnaires) et qu'ils en ressortiront frustrés. C'est un constat, pas une tentative de dédouanement des organisations syndicales.
Enfin, s'il faut attendre un quelconque appel unitaire pour qu'une grève générale ait lieu, on risque d'attendre longtemps... S'en remettre à une telle "unité", n'est-ce pas là, précisément, une façon de présenter comme incontournable le rôle des organisations syndicales ? S'il y avait vraiment eu dans le pays une volonté répandue de faire la grève générale, dans différents endroits, des camarades en auraient été les moteurs, et des grèves et manifs auraient éclaté indépendamment des journées d'action programmées par les syndicats, et par-dessus la tête des syndicats. On ne l'a pas vu.
La prochaine "grande" manif possible est celle du 12 septembre appelée par la CGT, mais déjà, il y a moins de syndicats qui participent que lors des manifs contre la loi El Khomri, et on sent bien que même la CGT est encore plus molle que l'an dernier. Si on y appelle, ce n'est pas par suivisme, c'est parce qu'il n'est pas totalement exclu qu'un grand nombre de travailleurs souhaite y répondre, même si c'est loin d'être certain.
Les dirigeants syndicaux, eux, savent bien que LO n'a pas pour habitude ni de dédouaner les organisations syndicales, ni de faire du suivisme à leur égard. Ils nous sont d'ailleurs généralement hostiles, et quand quelques camarades finissent par occuper quelques positions importantes dans les syndicats (aujourd'hui surtout la CGT), c'est surtout une conséquence de la baisse des vocations militantes qui laisse davantage le terrain libre, ou bien de la notoriété de quelques camarades acquise à l'occasion d'une lutte marquante. Cela dépend aussi des différentes Fédérations, dont certaines sont un peu plus combatives que d'autres et ne rechignent pas à accueillir quelques militants d'extrême-gauche si cela peut renforcer un peu leur position vis-à-vis de leur Confédé sur certains sujets. Les mêmes qui tolèrent certains militants LO savent aussi bien manoeuvrer pour en écarter d'autres là où ça les arrange moins.