c'est LO , comme le POI,qui nous expliquent doctement que les directions syndicales n'ont pas appelé à la grève générale et au blocage du pays parce que les travailleurs n'étaient pas prêts!
Non. Les directions syndicales n'ont pas appelé à la grève générale, parce que la forme d'action qu'elles proposaient leur suffisait amplement, et on sait très bien qu'elles ne représentent pas les intérêts des travailleurs. De notre côté, on a constaté que les travailleurs n'étaient pas prêts, ce sont deux choses différentes.
La vraie grève générale, celle qui éclate et qui dure (je ne parle pas d'une journée), ne résulte pas d'un quelconque appel. Si les travailleurs avaient été prêts, rien ne dit que les dirigeants syndicaux auraient appelé à la grève générale pour autant. Mais, s'ils l'avaient fait, il aurait quand même fallu s'en méfier, car cela aurait été un moyen de reprendre la tête d'un mouvement qui leur échappait (on l'a vu en 68) pour mieux le torpiller ensuite.
cf le nombre de grèves pendant toute la campagne électorale, mais évidemment silence médiatique!
Je crois que tu t'illusionnes complètement là-dessus. Il y a bien eu quelques grèves, dont certaines sont parvenues à percer dans les médias en effet, comme celle de GM&S à La Souterraine (une grève défensive, avec les travailleurs le dos au mur). Mais rien à voir avec une ambiance de grève générale, qui entraîne dans son sillage jusqu'aux concierges et aux garçons de cafés. Je pense que tu n'as qu'une idée très imparfaite de la quantité de travailleurs qui bougent par rapport à ceux qui ne bougent pas.
Pour illustrer, je vais prendre l'exemple de la région de Lyon.
Pendant la campagne électorale, pratiquement aucune grève, sauf dans des entreprises de petite taille.
Rien dans les industries de santé (Sanofi Pasteur 3.500 personnes, BioMérieux 1.500 personnes, Mérial, Famar, Gifrer-Barbezat, Aguettant, Merck Santé, Boiron, Baxter Gambro...), rien dans la chimie (Solvay, BlueStar Silicones, Arkema, Kem'One, Coatex, Toray...), rien dans la métallurgie (Renault Trucks 3.000 personnes dont seulement 800 en production, JTEKT, General Electric Grid, Alstom Transport, JST Transformateurs, ABB, Arvin Meritor, Valeo, Bobst Martin, Ingersoll Rand Montabert, Rexroth Bosch, ALDES, Velan...), rien à la raffinerie Total de Feyzin (qui avait fait grève pendant El Khomri) ni dans les dépôts pétroliers, rien dans les centrales nucléaires alentour, rien dans l'agroalimentaire des environs (Danone, Yoplait...), rien dans le BTP...
Rien dans les hôpitaux (certains sont énormes) ni les cliniques, rien à la SNCF, rien dans les transports urbains, rien à La Poste (mais en Isère et Savoie, petit mouvement contre les conditions de distribution des plis électoraux), rien aux télécoms, rien dans les centres d'appel, rien dans les hypermarchés (ni Carrefour, ni Auchan, ni Leclerc) ni dans les autres magasins, rien à la Sécurité sociale, rien à l'Aéroport, rien au Port de Gerland, rien dans les innombrables entreprises de logistique, rien dans les banques, rien dans les assurances, rien dans les services municipaux ou l'administration de Lyon Métropole, rien à l'URSSAF...
Une grève d'une journée des agents de la région mécontents des conditions de la fusion de Rhône-Alpes avec l'Auvergne.
Quelques mouvements de faible durée chez les enseignants dans certains établissements.
Une petite grève le dos au mur des travailleurs d'une entreprise imprimant des chèques déjeuner, Numen, 19 personnes, contre une fermeture. Nathalie Arthaud leur a apporté son soutien et quelques-uns sont venus au meeting de Lyon. Soutien aussi aux salariés de Sillia, anciennement Bosch, dont l'usine est placée en redressement judiciaire... mais pas de grève cette fois-ci.
Et j'oublie encore quantité de secteurs et quantité d'entreprises de taille petite ou moyenne...
Alors, les travailleurs qui veulent se battre, ils étaient où ? Et surtout, qu'est-ce qu'ils pesaient ?