Merci Gaby et Byrrh d'être venus en renfort sur ce sujet.
Oui bien sûr on préfère entendre que les victimes doivent se soutenir et se battre, et c'est vrai. Là-dessus, quand Angot dit qu'il faut se débrouiller tout(e) seul(e), elle a tort. Elle dit des choses intéressantes par ailleurs, mais elle a tort. On ne peut pas généraliser, mais se débrouiller tout(e) seul(e) c'est uniquement la solution de repli, évidemment. Avant d'en arriver là, la difficulté, c'est de trouver la bonne oreille. C'est quelque chose de possible quand on est adulte et qu'on sait que des associations existent, par exemple (encore que tout le monde n'est pas prêt à endosser un statut de victime) ou lorsqu'on a des amis ou quelqu'un de sa famille qui sait écouter et qui est prêt à venir en aide. C'est quasi mission impossible quand on est enfant et qu'on ne connaît pas les codes de la société, et qu'en plus on n'oserait même pas en parler.
Dans l'article sur la gamine de 11 ans, quand LO écrit :
Ainsi donc, parce qu’une enfant paralysée et sidérée a subi ces crimes odieux sans crier ni pleurer, des hommes de police et de justice disent qu’elle a consenti.
pour moi ça résonne furieusement juste, parce que c'est exactement ce que j'ai ressenti, paralysé et sidéré, et je n'ai ni crié ni pleuré (sauf après coup bien sûr). Et ensuite, impossible d'en parler à qui que ce soit vu que c'était tabou. Cela a été invisible pour tout le monde et curieusement, cela ne s'est même pas vu sur mes résultats scolaires. (Le contexte aurait été marqué de violence physique, ça aurait été tout différent). Pourtant, ça a complètement bouleversé ma vie.
Sur le même sujet, avec un déroulé complètement différent (autre âge, autre contexte, autre type d'agression), Zelda elle, a sorti ses griffes et elle a bien fait ! Mais ça a bouleversé sa vie quand même, évidemment.
Avec le jugement qu'il vient d'y avoir sur la gamine de 11 ans, par contre, je découvre que pour la justice, contrairement à ce que j'ai toujours cru, ce que j'ai vécu à l'époque ne mérite pas non plus l'appellation de viol et qu'en plus, à 10 ans, j'étais consentant moi aussi ! Et là j'ai vraiment l'impression d'être pris pour une merde par ce jugement. Alors même que si j'avais dû juger moi-même le mec qui m'a fait ça, j'aurais été très clément avec lui, uniquement pour ce qui concerne mon cas bien sûr, pas s'il l'avait fait à d'autres. Mon histoire, ma mansuétude. Mais que d'autres soient cléments à votre place, ça met quand même un peu la rage parce que ça minimise ce que vous avez subi... Voilà l'impression que me fait l'affaire de la gamine de 11 ans.