par Plestin » 29 Jan 2018, 13:10
Dans un contexte de faible participation (29,5 %), tous les candidats font moins de voix qu'en juin 2017.
Résultats :
- Ian BOUCARD (LR/UDI) dont l'élection avait été invalidée, est en tête et creuse l'écart avec les macronistes, en obtenant 39,02 % (5.266 voix), en nette hausse relative.
- Christophe GRUDLER (LREM / Modem) obtient 26,67 % (3.600 voix), en nette baisse relative.
- Anaïs BELTRAN (France Insoumise soutenue par PCF et MRC de Chevènement) obtient 11,62 % (1.568 voix), en léger recul relatif mais, en réalité, en très net recul par rapport à l'addition de FI, PCF et MRC qui avaient chacun leur candidat en 2017 et totalisaient 22,71 % ! Mais Mélenchon fait comme si de rien n'était.
- Jean-Raphaël SANDRI (FN, candidat à la place de Sophie MONTEL passée aux Patriotes) obtient 7,52 % (1.015 voix). Le FN est en très net recul, tout en devançant très largement les Patriotes.
- Vincent JEUDY (EELV) fait 4,45 % (601 voix), alors qu'il n'y avait pas de candidat EELV en 2017.
- Julie KOHLENBERG (Debout la France) fait 3,82 % (515 voix).
- Arthur COURTY (PS) fait 2,60 % (351 voix), il n'était pas candidat en 2017 et rappelons que dans la région le gros du PS, traditionnellement implanté, avait suivi depuis longtemps Chevènement. Mais c'est un très mauvais score, qui a réjoui Mélenchon qui a twitté un peu précipitamment "Le PS à 1 % perd son match avec LO à 1,7 %" !
- Sophie MONTEL (Les Patriotes) fait 1,99 % (268 voix), c'est un échec pour la n°2 du nouveau parti de Philippot.
- Yves FONTANIVE (LO) fait 1,59 % (214 voix), en hausse relative.
- Jonathan VALLART (UPR d'Asselineau) fait 0,73 % (99 voix).
En juin 2017, Ian BOUCARD n'avait fait que 23,70 % tandis que le macroniste Christophe GRUDLER avait obtenu 31,83 % : il est donc possible que certains électeurs (notamment FN) aient décidé de sanctionner Macron en votant pour le mieux placé de ses opposants de droite. On verra ce que donnera le second tour ; en 2017, le second tour avait élu Ian BOUCARD à 50,75 % face à Christophe GRUDLER 49,25 %, et ce très faible écart associé à des irrégularités (35.000 faux tracts de la France Insoumise et du FN appelant à ne pas voter pour Macron ou à voter Boucard, distribués dans les boîtes aux lettres à la veille de l'élection) avait conduit à invalider l'élection.
Le FN avait fait 17,50 % des voix en 2017 : il est donc en forte baisse mais cela ne s'explique pas principalement par l'apparition des Patriotes.
La France Insoumise avait fait 12,17 %, le MRC 9,10 % et le PCF 1,44 %, totalisant 22,71 % : leur union autour de la candidate de FI est un échec. Ils ont sans doute pâti en partie de l'apparition d'un candidat EELV et d'un candidat PS qui n'existaient pas en 2017.
LO avait fait 1,05 % (avec 243 voix) en 2017. En 2018, LO obtient 214 voix ce qui représente 1,59 %, en amélioration relative en % (pas en nombre de voix vu le taux de participation). C'est à Delle, la ville où travaille le camarade tête de liste, que LO fait son meilleur score (3,79 % et 32 voix) devant Beaucourt (2,57 % et 34 voix) et Grandvillars (2,30 % et 10 voix) alors que dans le centre-est de Belfort il obtient 0,96 % et 38 voix. Rappelons que les quartiers les plus populaires de Belfort sont dans l'autre circonscription et que le centre-est inclut des quartiers plus aisés et deux casernes. La petite banlieue Danjoutin donne 1,09 % et 7 voix. Les scores sont très variables mais généralement plus faibles dans les villages, par exemple : Joncherey (1,76 % et 5 voix), Bourogne (1,50 % et 3 voix), Andelnans (1,09 % et 3 voix), Fontaine (0,89 % et 1 voix), Bessoncourt (0,44 % et 1 voix), Chèvremont (0,00 % et 0 voix) pour ne citer que les plus gros, mais aussi Saint-Dizier-l'Evêque (5,22 % et 6 voix), Courtelevant (5,00 % et 5 voix), Pérouse (2,88 % et 7 voix), Vézelois (2,71 % et 6 voix), Méziré (2,37 % et 5 voix), Montreux-Château (2,11 % et 4 voix), Meroux (1,93 % et 4 voix)...
Sur les 214 voix, 121 sont dans les villes (dont 76 dans les trois petites villes ouvrières et 45 à Belfort + banlieue) mais tout de même 93 voix sont éparpillées dans 38 villages. Il y a au total 56 villages, dont 18 où LO a zéro voix (0,00 %). A noter que les meilleurs résultats sont volontiers localisés autour de Delle, pour les "gros" villages (Joncherey, Bourogne) comme pour les autres (Saint-Dizier-l'Evêque, Courtelevant, Méziré).
Les résultats sont trop faibles numériquement pour pouvoir affirmer avec certitude que certains électeurs PCF de 2017 n'ont pas voulu voter pour la France Insoumise en 2018 et ont préféré voter LO. C'est néanmoins l'une des trois hypothèses les plus plausibles à la petite hausse relative de LO : soit l'électorat LO de 2017 s'est moins abstenu que celui d'autres partis, soit malgré l'abstentionnisme la campagne a permis de gagner quelques nouveaux électeurs, soit une minorité de l'électorat PCF a voté LO. Et c'est sans doute un peu les trois. Il faut certainement rajouter aussi une petite "prime" à Delle due à la tête de liste. Mais on est encore loin d'une majorité dans les soviets...
Pour terminer : le profil de la moitié de Belfort présente dans la circonscription, avec des différences notables par rapport au reste de la circonscription. On remarque que, par rapport au total de la circonscription :
- BOUCARD / droite fait un peu moins, 36,82 %.
- GRUDLER / LREM fait beaucoup mieux, 34,39 % : le vote macroniste semble être urbain aisé ou petit bourgeois. Et la politique militariste d'un Macron aurait-elle incité les casernes à voter davantage pour lui ?
- BELTRAN / LFI fait à peine plus, 11,94 %.
- JEUDY / EELV fait mieux, 5,62 %, sans doute un profil davantage petit bourgeois urbain.
- COURTY / PS fait un peu moins, 2,30 %.
- FONTANIVE / LO fait bien moins, 0,96 %.
- SANDRI / FN fait bien moins, 3,82 %.
- KOHLENBERG / Debout la France fait bien moins, 2,20 %.
- MONTEL / Les Patriotes fait un peu moins, 1,57 %.
- VALLART / UPR fait bien moins, 0,38 %.
Comme déjà remarqué dans une précédente partielle que j'avais commenté (à Versailles), et contrairement à certaines idées reçues, la présence de nombreux militaires (notamment le 35ème régiment d'infanterie, 1.200 militaires) ne se traduit pas par un profil électoral plus FN, mais semble profiter plutôt à la droite et au gouvernement militariste en place (PS à l'époque de Versailles, Macron aujourd'hui) : les militaires seraient donc réacs, mais (encore) loyalistes...