Congrès de LO

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Re: Congrès de LO

Message par Zelda_Zbak » 20 Jan 2018, 11:17

Je fais un autre message, pour formuler en positif ma pensée cette fois.

J'ai cette conviction, que l'on peut qualifier de NPA like :

On reconnaît la solidité d'une organisation dans sa capacité à encaisser qu'un membre ait des désaccords, à lui accorder le droit de les exprimer, de les défendre sans se faire jeter, sans se faire menacer de se faire virer de l'organisation, ce qui ne veut pas dire sans engueulade ni dans l'indifférence générale.

Et j'ai cette conviction, qu 'on peut qualifier de LO like :

On reconnaît la solidité d'un militant dans sa capacité à faire confiance à son organisation quand il y a une expérience collective à faire, pour que tout le monde fasse le même effort dans la même direction, et que le piston collectif devienne efficace.

Entre les deux, il y a une vie pour une organisation solide avec des militants solides ? Soit ni un club de Zadistes, ni une secte ? Encore que je n'ai jamais fréquenté un club de zadistes, et que je n'ai aucune idée de comment ça fonctionne de l'intérieur, pas plus qu'une secte... Je peux juste imaginer, avec toutes les déformations que ça suppose.

Mais pour que l'exercice consiste en autre chose qu'une mauvaise copie de philo de Terminale (sorry pour la "thèse, anti-thèse, foutaise, la vérité est au milieu du gué"), il faudrait des exemples concrets.

- Un militant de LO peut-il se poser la question de la nature de l'ETat russe actuel sans réponse prémâchée ?
- L'organisation perdrait-elle son âme à faire un point évolutif sur la question ?
- LO se remet-elle suffisamment en question parfois ?
- Envisage-t-elle des expériences un peu nouvelles de loin en loin ou continue-t-elle d'épuiser ses militants dans les mêmes actions rigoureusement identiques ad nauseam ?
- Car les militants qui abhorrent la répétition sont mal barrés quand ils entrent à LO, on n'entre généralement pas dans une orga révolutionnaire pour faire la même chose pendant 50 ans. Rire très triste et désabusé.
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Re: Congrès de LO

Message par Zelda_Zbak » 20 Jan 2018, 11:51

Et puisque je suis d'humeur un peu énervée et énervante, je poursuis une idée qui me tient à coeur :
Vous voyez cette pub ridicule de la banque CIC : on vous montre un commercial de la banque voisine qui est super nul... et c'est censé vous convaincre que le commercial de la banque CIC... sera génial ? Quelle drôle d'idée ! Pour autant, cette mauvaise pub est une leçon de choses pour moi, comme un révélateur.

Le problème, c'est que dans notre vie quotidienne, on passe notre temps à se faire piéger par ce genre de conclusions hâtives, sans même s'y arrêter. LO et le NPA ne doivent pas, ne doivent plus jamais, se comporter comme si les failles ou les limites des uns donnaient la moindre valeur à l'autre. Non, des limites prouvent des limites, et la concurrence ne peut pas se dire "AHHHHHH, nous au moins, on n 'a pas les mêmes problèmes." Heu... et alors ? Un peu comme si le NPA perdait 200 000 euros, une vue de l'esprit, est-ce que ça donnerait le moindre euro à LO ? Non, pas du tout. Mais ça pourrait faire soupirer d'aise certains militants, certains sympathisants : "Ouf, nous au moins, on n'a pas CE problème..." C'est une vue de l'esprit, du vent. Du vent mauvais, du vent infra-sectaire. Si LO perdait 200 militants, toujours une vue de l'esprit, le NPA n'en gagnerait pas 1 etc. etc. etc.

Il est du devoir de LO comme du NPA de lutter contre ces tendances de leurs militants, de leur milieu, de lutter fermement. J'ai vu LO le faire, pas assez, pas assez systématiquement. Je n'ai aucune idée de ce que le NPA fait sur le sujet. Les 2 organisations ont tout à y gagner : un meilleur parti avec de meilleurs militants.
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Re: Congrès de LO

Message par titi » 20 Jan 2018, 17:25

salut zelda

- Un militant de LO peut-il se poser la question de la nature de l'ETat russe actuel sans réponse prémâchée ?
- L'organisation perdrait-elle son âme à faire un point évolutif sur la question ?
- LO se remet-elle suffisamment en question parfois ?
- Envisage-t-elle des expériences un peu nouvelles de loin en loin ou continue-t-elle d'épuiser ses militants dans les mêmes actions rigoureusement identiques ad nauseam ?
- Car les militants qui abhorrent la répétition sont mal barrés quand ils entrent à LO, on n'entre généralement pas dans une orga révolutionnaire pour faire la même chose pendant 50 ans. Rire très triste et désabusé.


je cotoie LO depuis 33 ans maintenant (...) alors je vais te donner mes réponses
- la russie : en 33 ans il me semble que la russie a beaucoup évolué, et que depuis la chute de l'urss, la position de LO me semble particulièrement prudente, à l'inverse de tous ceux qui affirme des certitudes qu'ils remplacent par d'autres certitudes...
- faire un point évolutif sur cette question ? il me semble que c'est abordé quasiment chaque année lors du congrès de LO, et que les textes ne disent pas la même chose année après année, et pas que sur la forme ;
- LO se remet en question tous les ans, par son congrès justement. D'autres copains ont rappelé l'expérience de la tendance/fraction qui avait le droit/devoir de sa colonne hebdo dans le canard et de son article mensuel dans la ldc ;
- des expériences nouvelles : là aussi j'ai l'impression que LO tente de nouvelles choses tout le temps : les caravanes d'été (lieux de vacances -> villes populaires), les activités régulières (le marché peu nombreux tous les samedis -> des mini caravanes ou des actions à plus nombreux mais les endroits à tour de rôle), les activités devant les lycées (parfois plus intense, parfois moins). je t'accorde que pour les bulletins d'entreprise, quand on en fait un, on le fait systématiquement, mais ça me parait évident de persister là.
- bref, si effectivement ma "diff du mardi" est devenue un rite bien installé, pour le reste, j'ai l'impression qu'avec les camarades on cherche ce qui pourrait marcher le mieux, qu'on essaye, des choses qui changent forcément avec le temps et l'image que l'on a (quand on était inconnu, quand arlette est devenue populaire, quand on a du affronter le vote chirac... je n'ai pas connu la période des répressions staliniennes violentes)

Donc j'avoue ne pas comprendre comment tu peux voir LO comme un bloc immobile.
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Re: Congrès de LO

Message par Byrrh » 20 Jan 2018, 21:18

Zelda a écrit :Un peu comme si le NPA perdait 200 000 euros, une vue de l'esprit (...)

Une vue de l'esprit ?...
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Re: Congrès de LO

Message par Byrrh » 20 Jan 2018, 21:52

Byrrh a écrit :
Zelda a écrit :Un peu comme si le NPA perdait 200 000 euros, une vue de l'esprit (...)

Une vue de l'esprit ?...

Ajoute un million à cette somme, et tu seras dans le vrai.
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Re: Congrès de LO

Message par artza » 21 Jan 2018, 03:06

on entre pas dans une orga révolutionnaire pour faire la même chose pendant 50 ans


Là-dessus quelques uns peuvent parler d'expérience.
Franchement pensaient-ils en être là au bout de 50 ans (ou plus)!
Certains diront qu'avec quelques autres j'ai passé 50 ans à faire toujours la même chose.
On peut le voir comme ça.
En fait comme disait l'autre on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

VO en 1960, c'est pas LO en 2018... là aussi tout dépend du point de vue, certains diront que c'est pire, d'autres que c'est mieux. Moi je dirais que c'est tout pareil, c'est pour ça que c'est complètement différent ;)

Quand à l'URSS j'ai connu trois discussions, identiques ou différentes ça dépend du point de vue.
Je n'en dirais pas plus, n'étant capable que d'une réponse pré-machée;
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Re: Congrès de LO

Message par Bertrand » 21 Jan 2018, 08:13

artza a écrit :
Moi je dirais que c'est tout pareil, c'est pour ça que c'est complètement différent ;)


Je plussoie, très modestement.
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Re: Congrès de LO

Message par Plestin » 21 Jan 2018, 14:22

Salut Zelda, je suis d'accord sur certains de tes arguments mais pas tout, tu t'en doutes bien, je vais essayer de reprendre dans l'ordre :

La camarade Zelda a écrit :

Tu commets ici un sacré syllogisme que je vais me faire un plaisir de découper :
- Le NPA a 7 tendances.
- Le NPA n'a pas de direction crédible.
- LO n'a pas de tendances.

Donc LO est solide ?

Heu... ou pas. Je peux te citer des tas de sectes qui n'ont pas de tendances et qui sont des "colosses au pied d'argile", ie perçus comme des colosses par les membres de la secte tant qu'ils ne peuvent pas réfléchir ou qu'ils ne peuvent réfléchir que sous pression, dans le pré carré qu'on leur impose, ce qui équivaut à ne pas réfléchir.


Ce n'est pas mon raisonnement. Je pars plutôt du processus de construction de l'organisation.

Le côté "auberge espagnole" du NPA, inhérent à son mode de construction, ne permet pas d'avoir quelque chose de solide. Cela ne veut pas dire que les éléments constitutifs du NPA - telle ou telle tendance, justement, ou certains militants - ne soient pas, eux, solides ! Krivine est toujours là et il a parfaitement tenu le coup après toutes ces années, sa constance, sa persévérance et sa solidité ne sont plus à démontrer... Mais recruter dans les milieux écolos en tenant un discours écolo, chez les syndicalistes en tenant un discours syndicaliste, chez les féministes en tenant un discours féministe, et mettre tout le monde ensemble alors que sur plein de choses ils sont en profond désaccord, ça ne peut pas donner un "tout" solide. C'est bien au-delà de la question des tendances dans une organisation révolutionnaire, parce que c'est une organisation qui mélange des révolutionnaires et des non révolutionnaires. D'où le rapide départ de toute une partie d'entre eux à la première sirène qui passe (Mélenchon par exemple, mais pas que). Sauf que tous ne sont pas partis... Le NPA pourrait très bien s'être construit autrement, plus solidement, et avoir des tendances quand même.

Le côté patient et sélectif (sélection à l'entrée par les idées, après de longues périodes de discussion) de LO permet d'avoir quelque chose de plus homogène comme point de départ, et à partir de là, ce n'est pas étonnant qu'il y ait davantage d'unanimité. Ce n'est pas un modèle qui rend impossibles les désaccords internes, il en rend plus simplement moins fréquentes les occasions, parce qu'on se construit en étant d'accord sur davantage de choses. Force est de constater que dans le cas de LO, ce filtre n'a pas empêché de construire quelque chose qui soit de taille équivalente aux autres principales organisations d'extrême-gauche comptant des trotskystes dans leurs rangs. C'est ça que j'appelle la solidité de LO : un modèle beaucoup moins enclin à générer des désaccords sur des sujets qui relèveraient du B.A.-BA des idées communistes, et qui a démontré sa capacité à durer. Pas encore démontré vraiment sa supériorité - l'épreuve des luttes futures en sera le vrai juge - mais au minimum sa non-infériorité dans un contexte d'absence de luttes.

LO a donc eu pour caractéristique d'être moins soumise aux variations importantes d'effectifs que les autres organisations. Cela vaut pour les variations à la baisse (scissions, exclusions...) mais aussi à la hausse. LO est moins soumis aux effets de mode que le NPA (je parle de l'organisation, pas des scores électoraux) : à la mode au moment de sa création, le NPA a attiré sur des bases floues toutes sortes de gens et a beaucoup grossi par rapport à la LCR, et ensuite, moins à la mode, il a beaucoup perdu... perdu même de vieux militants historiques de la LCR restés sur l'idée qu'il fallait quelque chose de commun avec un Mélenchon ou les syndicalistes qui le suivent (ou, un peu avant le NPA, avec un José Bové...) On pourrait en dire autant de l'OCI / MPPT / PT / POI récemment scissionné en POI et POID : un courant qui a attiré une frange de petits notables issus du PS ou du PC, et qui a reperdu pas mal de gens partis au PS ; on pourrait aussi rappeler dans les années fin 80 / début 90 l'influence chez les étudiants à travers l'ex-UNEF-ID, puis la perte de toute une partie de ce milieu parti rejoindre le PS. C'est en comparaison de ces mouvements-là, que je dis que LO est solide, ce qui n'empêche pas qu'il y ait pu avoir des scissions, fractions, exclusions.

Maintenant, il n'y a pas de tendances ou de divergences importantes à LO mais il y en a eu une pendant longtemps, la "fraction" (jusqu'à ce qu'elle enfreigne un "casus belli", se présenter en concurrence de LO à l'élection municipale d'une ville du Nord). Des divergences, sinon des tendances, il y en aura forcément d'autres demain, il y en avait bien dans le parti bolchevik ! La différence d'opinion entre Lénine et d'autres sur l'opportunité de la prise du pouvoir en "octobre" 1917, c'était quand même pas une fissure, mais un gouffre !

Le monolithisme ne prouve rien, ni en bien ni en mal mais... il en va de même de la pluralité, elle n'est pas gage de démocratie interne, ni de pétaudière interne.


Totalement d'accord, donc. Mais je ne qualifierai pas LO de "monolithique", parce que ça discute largement de tout un tas de sujets, certains peuvent évoquer une idée ou un problème et d'autres y répondent etc., une organisation monolithique ça n'est pas comme ça.

J'ai cette conviction, que l'on peut qualifier de NPA like :

On reconnaît la solidité d'une organisation dans sa capacité à encaisser qu'un membre ait des désaccords, à lui accorder le droit de les exprimer, de les défendre sans se faire jeter, sans se faire menacer de se faire virer de l'organisation, ce qui ne veut pas dire sans engueulade ni dans l'indifférence générale.

Et j'ai cette conviction, qu 'on peut qualifier de LO like :

On reconnaît la solidité d'un militant dans sa capacité à faire confiance à son organisation quand il y a une expérience collective à faire, pour que tout le monde fasse le même effort dans la même direction, et que le piston collectif devienne efficace.


Je trouve que ces deux convictions sont LO-like ! A condition bien sûr que le désaccord ne porte pas sur un sujet qui ferait que l'une des deux positions ne relèverait pas des idées communistes.

- Un militant de LO peut-il se poser la question de la nature de l'Etat russe actuel sans réponse prémâchée ?
- L'organisation perdrait-elle son âme à faire un point évolutif sur la question ?


Oui. Il n'y a pas de réponse prémâchée. La Russie évolue, et la question de savoir où elle en est exactement se pose en permanence. D'ailleurs, il y a longtemps déjà, lorsqu'il y avait eu ce sujet comme divergence avec la fraction, la direction de LO expliquait que peut-être, un jour, on se dirait rétroactivement que la Russie serait devenue un pays capitaliste à telle date. Certes, le gouvernement russe annonce depuis longtemps vouloir rétablir le capitalisme, et prend des mesures en ce sens (mais il peut aussi lourdement fesser certains capitalistes qui lui déplaisent). Certes, bien des entreprises européennes ou américaines ont pu s'implanter en Russie. Certes, des pans entiers de l'économie ont été démantelés pour tenter de refaire quelque chose sur une base capitaliste. Mais même aujourd'hui, ce n'est pas évident de savoir exactement où on en est. Il suffit parfois de lire la presse bourgeoise (suisse en l'occurrence) même si elle ne se pose pas la question dans les mêmes termes que nous, pour comprendre que ce n'est, aujourd'hui, toujours pas évident :

https://www.letemps.ch/economie/2017/08 ... ernisation


- LO se remet-elle suffisamment en question parfois ?
- Envisage-t-elle des expériences un peu nouvelles de loin en loin ou continue-t-elle d'épuiser ses militants dans les mêmes actions rigoureusement identiques ad nauseam ?
- Car les militants qui abhorrent la répétition sont mal barrés quand ils entrent à LO, on n'entre généralement pas dans une orga révolutionnaire pour faire la même chose pendant 50 ans. Rire très triste et désabusé.


Le truc très différent et inhabituel qu'on peut avoir l'occasion de faire, c'est quand il y a un mouvement quelque part.

Je me souviens il y a longtemps d'avoir participé au C.I.F. (Comité Inter Foyers), créé pour lutter contre des hausses de loyer dans les foyers de jeunes travailleurs, et c'était assez enthousiasmant, et inhabituel, pour les copains qui étaient dans les foyers ou ceux qui essayaient de l'extérieur d'étendre le mouvement à d'autres foyers. Je me souviens d'avoir tenté le coup avec un foyer de jeunes femmes tenu par des bonnes soeurs. J'ai fini par être convoqué par la bonne soeur directrice du foyer qui a essayé de m'embobiner tout en me disant que tout le monde savait que c'était LO qui était derrière ce mouvement... (Le foyer n'est pas parti en grève ; il y avait quelques jeunes femmes qui se disaient prêtes à faire quelque chose, mais elles se sont dégonflées, et par ailleurs les loyers n'étaient pas les mêmes que dans d'autres FJT...) Si ça, c'est pas un truc inhabituel, qu'est-ce qu'il faut :lol: ?

Et puis, certaines façons de faire ont évolué, comme l'a rappelé le camarade Titi. On pourrait ajouter quelque chose d'important : du fait du déclin de pas mal de boîtes, de la difficulté d'y entrer avec des camarades en CDI, de l'augmentation de la précarité... et aussi du fait du besoin croissant d'organiser autour de nous des gens qui travaillent dans de petites boîtes, ou sont chômeurs ou retraités... pas mal de choses ont évolué. On pourrait presque parler d'un "tournant", il y a quelques années, vers une action davantage orientée vers le local. Se faire connaître dans son quartier, dans sa ville, c'est quelque chose que je ne connaissais pas trop avant où en habitant à tel endroit on n'y intervenait pas forcément. Tu pouvais habiter dans une ville, être regroupé avec des copains d'une autre ville pour faire des prospections dans une troisième tout en maintenant une diff dans une quatrième, alors que d'autres camarades militaient dans la ville où tu habitais... J'ai connu ça en région parisienne puis à Lyon, et ensuite le "tournant" local en lien avec les listes aux municipales qui se sont multipliées... L'ancien modèle continue mais ça c'est autre chose (et ça me plaît bien...)

Quant à la remise en question, elle me semble permanente et ça continue, par exemple dans les textes du dernier congrès on peut lire ceci (extraits) :

Quand nous militons pendant des années dans une situation où il est facile de se réunir, de discuter, quand nous militons dans un syndicat que nous dirigeons nous-mêmes, cela induit des habitudes. C’est pareil quand nous militons avec des chefs qui nous respectent et nous laissent une paix royale.

Tout cela est en train de changer. Partout les camarades expliquent d’ailleurs comment les directions serrent la vis, ne laissent plus rien passer, licencient et répriment en allant de plus en plus, comme le montre le cas de PSA, devant la justice[2]. Alors il faut anticiper. Se dire que toutes les directions sont devenues des directions de combat et qu’il faut adapter notre façon de militer à ces nouvelles conditions.

Nous avons déjà dans nos rangs des camarades qui sont intérimaires depuis toujours, ou qui sont embauchés chez des prestataires et qui, s’ils avaient attendu d’être embauchés dans la grosse boîte pour faire de la politique, n’en auraient jamais fait. Le nombre de camarades dans ces situations va augmenter. Eh bien, avec eux, il va nous falloir apprendre ou réapprendre à militer sans mandat, sans protection, et malgré tout publier des bulletins d’entreprise, discuter politique et gagner des travailleurs, recruter.

En même temps, et c’est lié, il faut sans doute réfléchir à notre manière de militer en direction des travailleurs précaires. Dans nombre de grosses entreprises, les camarades racontent la montée en puissance du nombre des intérimaires, des CDD, des prestataires. Parfois ils forment l’essentiel des chaînes de montage et la moitié de l’effectif d’un site.

(...)

Une grosse fraction de la jeunesse ouvrière est confrontée à la précarité. Il faut chercher les moyens de s’adresser à elle et de s’en rapprocher. Et nous avons intérêt à le faire d’abord et avant tout sur le terrain politique. Le terrain syndical ne s’y prête pas plus et, par certains aspects, il s’y prête moins parce que ces ouvriers se sentent extérieurs à l’entreprise, ils sont tout, sauf mariés à l’entreprise.

Comment la politique industrielle que la CGT défend entreprise par entreprise peut-elle parler à un CDD qui sait qu’une fois son contrat renouvelé deux fois, il sera dehors ? La plupart des intérimaires ne se font aucune illusion, ils savent qu’ils ne seront pas embauchés et ils ne le recherchent pas spécialement.

Nous disons souvent que « les travailleurs n’ont pas de patrie ». Eh bien il faut garder en tête que « les travailleurs n’ont pas d’entreprise ». Cette idée, beaucoup d’intérimaires, de CDD et de salariés de la sous-traitance, qui sont vendus et revendus à chaque appel d’offres, l’ont profondément intégrée. Certains salariés en CDI commencent à le réaliser. Mais, combinée au recul de la combativité, cette idée conduit souvent à l’isolement et au réflexe du « on ne peut rien faire » et à plus de démoralisation.

Eh bien, nous, cela ne doit pas nous démoraliser. C’est une difficulté parce que cela rend nombre de travailleurs insaisissables mais ce constat et cette idée peuvent et doivent nous aider à discuter et à gagner des jeunes aux idées de lutte de classe.

(...)

En empêchant la jeunesse ouvrière de s’installer, en la faisant tourner de boîte en boîte, en la confrontant à la rapacité non pas d’un mais de cinq ou dix patrons, le système capitaliste apprend aux jeunes ouvriers qu’ils sont membres de la classe ouvrière dans son ensemble et qu’ils sont confrontés non pas aux agissements de tel ou tel patron, mais à une classe capitaliste tout entière et au gouvernement qui la soutient.

C’est à nous de faire l’autre partie du travail, les gagner aux perspectives révolutionnaires qui en découlent : les travailleurs n’ont pas d’entreprise, pas de patrie, mais ils appartiennent à une classe sociale plus prometteuse que n’importe quelle patrie : la classe ouvrière, qui n’a rien à perdre à se battre et à transformer la société.

Ces discussions politiques il faut les avoir partout où nous sommes en contact avec des intérimaires, des CDD, des jeunes travailleurs. Évidemment il est difficile pour nous de garder le contact dans les entreprises avec des jeunes que l’on côtoie quelques mois voire quelques semaines et qui disparaissent. Mais cela doit être une raison de plus pour les approcher politiquement sans perdre de temps. Nous pouvons le faire dans les entreprises, et il faut le faire tout autant dans notre voisinage, dans nos caravanes ou dans nos autres activités.


Voilà comme exemple de remise en question : "adapter notre façon de militer à ces nouvelles conditions", "réfléchir à notre manière de militer en direction des travailleurs précaires"...

La camarade Zelda a écrit :

LO et le NPA ne doivent pas, ne doivent plus jamais, se comporter comme si les failles ou les limites des uns donnaient la moindre valeur à l'autre. (...) Il est du devoir de LO comme du NPA de lutter contre ces tendances de leurs militants, de leur milieu, de lutter fermement. J'ai vu LO le faire, pas assez, pas assez systématiquement. Je n'ai aucune idée de ce que le NPA fait sur le sujet. Les 2 organisations ont tout à y gagner : un meilleur parti avec de meilleurs militants.


Je suis bien d'accord. Mais il ne faut pas confondre dénigrement et critique. LO critique sans dénigrer, et les critiques s'expriment dans des endroits comme la LDC qui ne sont pas "grand public" ; mais ce n'est malheureusement pas la même chose du côté du NPA, dont les représentants sont capables de dire à la télé ou aux journaux que si LO a ses signatures pour les présidentielles c'est qu'ils ne font que ça toute l'année tandis que "nous au NPA on milite"... Alors qu'à chaque fois que LO, et Nathalie Arthaud en particulier, est interrogé sur les différences entre LO et le NPA, on insiste sur le fait qu'on soit complémentaires et on évite toute attaque contre le NPA...

Il est parfaitement légitime de critiquer la politique de l'autre organisation. Par contre, non, il n'y a aucune raison de se réjouir des difficultés du NPA.
Plestin
 
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