CITATION
ÉLECTIONS 70% des militants de la formation de Besancenot favorables à un accord avec Laguiller
LO et LCR feront équipe aux régionales et européennes
Elsa Freyssenet
[28 octobre 2003]
Plus des deux tiers des militants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ont voté en faveur d'un accord avec Lutte ouvrière (LO) aux régionales et aux européennes de 2004. A quelques jours du congrès de la LCR, qui se tiendra du 30 octobre au 2 novembre à Saint-Denis, les adhérents de l'organisation d'Olivier Besancenot et Alain Krivine étaient entre autres appelés à donner leur avis sur les négociations en cours avec la formation d'Arlette Laguiller. Environ 70% ont approuvé la démarche. «C'était un peu prévisible et c'est bien», a commenté hier Alain Krivine, favorable à une telle alliance.
«La Ligue sort profondément divisée», pense en revanche Christian Picquet, membre du bureau politique qui, comme quelque 30% d'adhérents de la LCR, juge «exorbitante» les conditions posées par LO pour une alliance. «Si les délégués ratifiaient en l'état le protocole d'accord entre les deux organisations, la Ligue tournerait le dos à sa ligne d'ouverture», ajoute-t-il. Le débat se poursuivra au congrès, où les délégués, souverains, ont la possibilité d'amender le protocole d'accord et la plate-forme électorale commune aux deux organisations trotskistes. Une réunion entre des délégations de la LCR et de LO a encore lieu ce soir pour peaufiner les textes. La répartition des têtes de liste ne devrait en revanche être rendue publique que plus tard.
Une seule «certitude» pour le moment (nos éditions du 11 octobre) : en Ile-de-France, Arlette Laguiller sera tête de liste aux régionales et Olivier Besancenot aux européennes. LO ne se cache pas de revendiquer également les têtes de listes régionales dans le Nord-Pas-de-Calais (7 élus en 1998) et en Picardie (trois conseillers régionaux).
Deux points restent en suspens dans le protocole d'accord. Les deux formations trotskistes ont d'emblée exclu toute fusion de listes entre les deux tours avec des partis de l'ex-gauche plurielle et ne donneront pas non plus de consigne de vote. Mais LO souhaite préciser «en toutes lettres» que là où l'extrême gauche dépasserait les 10%, elle se maintiendrait au second tour, comme elle en aurait alors la possibilité. «Même s'il y a extrêmement peu de chance que nous atteignons ce score, l'ensemble de notre démarche implique que nous restions présents au second tour si nous le pouvons», explique l'un des négociateurs de LO Georges Kaldy.
Son organisation veut également encadrer le plus strictement possible l'attitude des candidats LO-LCR là où le FN menace. Jean-Marie Le Pen a beau être qualifié de «pire ennemi» des trotskistes dans le protocole d'accord, il est d'ores et déjà exclu d'appeler à voter à droite pour, le cas échéant, faire barrage à son parti. Quant à un appel à voter à gauche, il ne pourrait intervenir qu'en cas «de risque de victoire» du FN. C'est cette formulation retenue depuis plusieurs semaines que LO veut encore préciser. Par «victoire», elle entend bien sûr la possibilité pour le FN de «prendre la présidence d'une région». «Si le FN devance la gauche (à l'issue du premier tour) sans pouvoir conquérir l'exécutif, cela ne nous suffira pas pour donner une consigne de vote», insiste Kaldy.
«Comme il risque d'y avoir des triangulaires dans la plupart des régions, on ne va pas se contraindre à appeler à voter à gauche partout», explique Krivine. C'est là un point majeur de débat au sein de son organisation. Christian Picquet rejette cette politique d'«abstention», car il ne veut pas «négliger l'influence qu'un score levé du Front national peut avoir sur les politiques régionales». Et compte insister sur ce point auprès des délégués.
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