UE / élections européennes
Publié : 03 Août 2018, 13:13
J'en arrive à ouvrir ce fil par un biais lointain et détourné, suite à la lecture de documents reproduits sur le site dédié à André Calvès. J'avais d'abord pensé publier ce qui suit sur le fil consacré au NPA, puisque Calvès était lié aux lointains ancêtres du NPA (même s'il avait manifestement, en même temps, beaucoup de sympathie pour Voix ouvrière), et aussi parce qu'il y a un débat à venir sur les élections européennes entre le NPA et Lutte ouvrière lors de la prochaine université d'été des premiers.
Mais finalement, pour plus de clarté, je me suis dit que j'allais ouvrir un nouveau fil... puisque justement les élections européennes arrivent. Même si c'est prendre ici la question par un bout disons, archéologique...
Et donc, en farfouillant sur andre-calves.org, je suis tombé sur les reproductions de quelques-unes des feuilles que lui et ses camarades éditaient alors qu'ils militaient dans la tendance "socialiste révolutionnaire" du PSU.
On y trouve notamment un article sur l'Europe, en mai 1962 :
http://andre-calves.org/letincelle/1962 ... i%2062.pdf (p. 2)
Il y a au moins un autre article sur la même question, avec le même axe : "les capitalistes s'organisent à l'échelle de l'Europe, les travailleurs doivent le faire aussi etc.", avec cette idée qu'il faut y pousser les organisations ouvrières...
Ici, à gauche p. 4 (février 1962) :
http://andre-calves.org/letincelle/1962 ... rier62.pdf
Pour situer, voilà ce que dit Calvès des feuilles dont il est question :
http://andre-calves.org/1955-1968/Citroen.pdf (p. 13)
Et du coup, je suis aussi allé voir ce que disait V. O. du Marché commun et de la CEE à la même époque, en février 1962, en l'occurrence dans la LDC (il y a peut-être d'autres articles, dans la V. O., qui m'ont échappés) :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... e-alliance
Il y a bien des différences entre ce qu'écrivaient les éditeurs de l’Étincelle et ce que l'on pouvait lire dans la LDC, mais au moins l'idée commune qu'il n'y a pas à se lamenter d'une unification plus grande de l'Europe, même sous l'égide des capitalistes... au contraire ! Avec cette idée de V. O. que seuls les travailleurs pourront véritablement unifier l'Europe, et l'axe des États-Unis socialistes d'Europe ; qui fait en partie écho à une préoccupation de l'Étincelle : les travailleurs (par le biais des organisations ouvrières existantes...) doivent s'organiser à l'échelle de l'Europe...
Plus actuel et peut-être plus utile aujourd'hui, le dernier CLT sur l'Europe, avant les dernières élections européennes de 2014 :
https://www.lutte-ouvriere.org/document ... e-la-crise
Et la circulaire de Lutte ouvrière à ces mêmes élections :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... exte-de-la
Mais finalement, pour plus de clarté, je me suis dit que j'allais ouvrir un nouveau fil... puisque justement les élections européennes arrivent. Même si c'est prendre ici la question par un bout disons, archéologique...
Et donc, en farfouillant sur andre-calves.org, je suis tombé sur les reproductions de quelques-unes des feuilles que lui et ses camarades éditaient alors qu'ils militaient dans la tendance "socialiste révolutionnaire" du PSU.
On y trouve notamment un article sur l'Europe, en mai 1962 :
http://andre-calves.org/letincelle/1962 ... i%2062.pdf (p. 2)
FACE A L'EUROPE DES PATRONS
Après la concentration capitaliste sur le plan national, nous assistons au même phénomène sur le plan européen.
Cette tendance est irréversible car elle correspond aux intérêts généraux du capitalisme.
Quelle doit être la politique du mouvement ouvrier face à cette "Europe" qui se fait sans nous et contre nous ?
1) Elle doit être autonome.
Au même titre que notre lutte contre les trusts ne peut avoir comme but un retour à la libre concurrence façon XIXe siècle, notre opposition à l'intégration capitaliste de l'Europe ne doit pas se justifier par la défense de positions nationalistes qui sont celles des couches retardataires de la bourgeoisie.
Nous devons soutenir nos propres solutions basées sur la défense exclusive des intérêts de la classe du prolétariat, et combattre tout projet équivoque dont les allures technocratiques cachent mal, souvent, le caractère de collaboration de classe.
2) Elle doit être unitaire à l'échelle européenne.
A la coalition internationale du grand capital doit répondre la même coalition des forces ouvrières.
Un premier pas dans ce sens pourrait être la réunion des représentants de tous les partis et syndicats ouvriers sans exclusive aucune.
La confrontation démocratique de tous les courants de pensée qui se partagent le mouvement ouvrier, permettrait l'élaboration d'une politique unitaire capable de provoquer la mobilisation de l'ensemble du prolétariat.
Dès maintenant il serait très positif que chaque militant réclame à son parti ou à son syndicat de prendre les initiatives nécessaires.
Il y a au moins un autre article sur la même question, avec le même axe : "les capitalistes s'organisent à l'échelle de l'Europe, les travailleurs doivent le faire aussi etc.", avec cette idée qu'il faut y pousser les organisations ouvrières...
Ici, à gauche p. 4 (février 1962) :
http://andre-calves.org/letincelle/1962 ... rier62.pdf
Pour situer, voilà ce que dit Calvès des feuilles dont il est question :
http://andre-calves.org/1955-1968/Citroen.pdf (p. 13)
De plus en plus de militants ouvriers du PSU voulaient fair des journaux d'usine et nous contactaient. Si ma mémoire est bonne, il y eut une vingtaine d'Étincelles (Paris, Dijon, Rouen, Mineurs de Guesnain, etc). Nous avons fait un bulletin de liaison « Le Militant » qui tirait chaque mois avec une dizaine de feuilles, des échos et une proposition d'éditorial à discuter. Nous nous inspirions donc de « Voix Ouvrière. » La camarade Laguiller travailla un peu avec nous avant de rejoindre cette organisation.
De temps en temps, une assemblée de camarades de Paris et province avait lieu. Un jour, Geismar viendra à une de ces réunions et nous reprocha notre « aventurisme » ! Ça devait être en 1963.
Et du coup, je suis aussi allé voir ce que disait V. O. du Marché commun et de la CEE à la même époque, en février 1962, en l'occurrence dans la LDC (il y a peut-être d'autres articles, dans la V. O., qui m'ont échappés) :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... e-alliance
Une nouvelle Sainte-Alliance
Avec l'adhésion de la Grande Bretagne, l'accord agricole et la discussion franco-allemande sur l'Europe politique, la construction européenne semble continuer son avance, indifférente aux soubresauts d'une actualité brûlante par ailleurs.
Après de multiples projets depuis 1918, de nombreuses tentatives avortées depuis 1945, l'événement du siècle semble prendre corps : l'Europe, unie après tant de luttes, surmonterait ses divisions pour quasi-égaler la puissance des USA
Les avantages seraient éclatants. Un marché agrandi permettrait une plus large division du travail, de plus grandes séries. Des entreprises plus importantes se développeraient, elles pourraient employer un outillage très lourd qu'il faut sans cesse renouveler et prendre en charge les laboratoires de recherches de plus en plus importants.
Un outillage plus spécialisé pourrait se développer parallèlement. Il y aurait une division dés tâches plus harmonieuse (suppression de la production de blé en Angleterre par exemple). Enfin certaines activités très coûteuses seraient interdites à des marchés étroits tels la recherche et l'utilisation de l'énergie atomique, l'étude du cosmos, la construction et l'exploitation de fusées et de satellites artificiels, etc...
Bien sûr le marché commun ne créerait pas la division internationale du travail, il y a longtemps que les montres suisses et le blé canadien s'échangent dans le monde entier et que l'interdépendance économique de tous les pays existe. Mais cette spécialisation est freinée, certaines branches sont artificiellement maintenues (dans l'agriculture ou l'aéronautique etc.) Par l'existence de barrières douanières. C'est ce frein que le marché commun veut supprimer, promettant ainsi une élévation considérable, du niveau de vie de tout l'ensemble européen. Celui-ci retrouverait ainsi sa place de troisième force indépendante à l'égal des deux grandes puissances USA et URSS
Malheureusement, si l'Europe unie correspond à l'intérêt général, les capitalistes n'ont aucune raison de s'y sacrifier individuellement. Si les trusts les plus puissants, les plus compétitifs sont parfois pour la suppression des barrières douanières, les autres s'y opposent résolument dès qu'ils éprouvent les moindres difficultés faisant jouer leur appareil d'État national, leur dernière sauvegarde. Les USA, si souvent cités en exemple durent subir une véritable guerre civile, la guerre de sécession pour que les cotonniers du Sud acceptent de se soumettre aux intérêts des industriels du Nord. Il a fallu briser par la force leur appareil d'État. La bourgeoisie n'est pas plus prête à se sacrifier, au nom de la démocratie, vis à vis d'autres bourgeoisies, que vis à vis de son prolétariat. L'argument suprême reste la force.
Quant à la naissance d'une troisième force indépendante des USA, il suffit de connaître l'importance des liens économiques, politiques et militaires qui unissent la majorité despays d'Europeaux USA, pour en comprendre l'impossibilité. D'ailleurs les partisans de l'Europe se refusèrent toujours à préconiser la rupture ou même la révision de ses liens avec les USA Et ceux-ci furent toujours favorables à ces expériences d'unification car celles-ci renforcent la cohésion du monde occidental.
Mais, c'est là la vraie raison du marché commun. Depuis la défaite de l'axe, l'importance du camp dit socialiste a crû à un point tel que tout nouveau recul important risquerait d'être catastrophique pour tout le monde capitaliste. Aussi la solidarité internationale des impérialistes prime-t-elle actuellement leurs divergences bien réelles (Suez , Congo) réglées sous l'arbitrage intéressé des USA Ainsi, le plan Marshall servit aux USA à remonter, sans oublier leur intérêt, l'économie d'une Europe à leur merci. L'OTAN apparut avec les premiers heurts de l'inévitable guerre froide, commença l'intégration militaire et tenta de transformer les armées occidentales en une armée à commandement unique, bien que respectant les zones d'influences respectives. En même temps, dans la mesure du possible, on essayait à différentes reprises de renforcer la cohésion économique, et dans la limite du possible, d'atténuer les divergences par des accords entre trusts nationaux. La dernière tentative en date, avant le marché commun la CED, échoua devant l'opposition d'une partie de la bourgeoisie française. Car les antagonismes subsistent.
Les impérialistes les plus puissants ou les plus menacés politiquement sont fortement intégrationnistes, les autres exigent une plus grande autonomie ou une plus grande place dans l'alliance, d'où les heurts entre « unificateurs » et partisans de « l'europe des patries ». les discussions plusieurs fois rompues avec l'angleterre, les tentatives de torpillage de celle-ci avec une zone de libre-échange qui finalement échoua, les heurts germano-français sur l'agriculture marquent les étapes d'un pénible marchandage de la bien modeste union économique prévue sous le nom de marché commun. ces étapes furent franchies grâce à l'appui, sinon la pression, des u.s.a. ceux-ci veillant d'ailleurs à ce que l'accord qui renforce leurs alliés et concurrents et risquerait de les exclure en partie au moins d'europe, comporte les clauses de sauvegarde nécessaires à leur industrie. mieux, ils proposent parla voix de kennedy, de créer un vaste marché atlantique où leur puissance ne pourrait que l'emporter. leurs capitaux n'attendent d'ailleurs pas pour venir s'installer à leur aise.
Tiraillé par des intérêts divergents, accéléré par les nécessités politiques, freiné par les contradictions économiques, cet accord relatif ne peut se concevoir qu'en période économique calme. A la moindre crise, les heurts se multiplieront, au point de briser tout accord, si cela s'avère nécessaire à l'un des pays en présence. A moins qu'un renouveau de tension ne fasse servir la « sainte alliances » à ses fins véritables : la guerre contre l'URSS
Cette éventualité, clairement perçue par le Parti Communiste Français, l'a rendu violemment hostile au marché commun comme à toutes les précédentes tentatives. N'osant se proclamer ouvertement pour la défense de l'URSS, seule position révolutionnaire, il s'oppose sous divers prétextes : menace de cataclysme économique mais surtout la défense réactionnaire des valeurs nationales depuis longtemps périmées.
Les barrières nationales, pas plus que les accords entre trusts, n'ont rien de progressifs, Mais seuls les travailleurs pourront les supprimer et créer la seule Europe possible : les États Unis Socialistes d'Europe.
Il y a bien des différences entre ce qu'écrivaient les éditeurs de l’Étincelle et ce que l'on pouvait lire dans la LDC, mais au moins l'idée commune qu'il n'y a pas à se lamenter d'une unification plus grande de l'Europe, même sous l'égide des capitalistes... au contraire ! Avec cette idée de V. O. que seuls les travailleurs pourront véritablement unifier l'Europe, et l'axe des États-Unis socialistes d'Europe ; qui fait en partie écho à une préoccupation de l'Étincelle : les travailleurs (par le biais des organisations ouvrières existantes...) doivent s'organiser à l'échelle de l'Europe...
Plus actuel et peut-être plus utile aujourd'hui, le dernier CLT sur l'Europe, avant les dernières élections européennes de 2014 :
https://www.lutte-ouvriere.org/document ... e-la-crise
Et la circulaire de Lutte ouvrière à ces mêmes élections :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... exte-de-la