L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

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L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

Message par artza » 20 Fév 2019, 05:36

Re: Edito LO du 18 février 2019 a écrit :Combattre le capitalisme, une nécessité matérielle et politique

Après l’agression antisémite dont Finkielkraut a été victime, une partie de la caste politique et médiatique instruit un procès à charge contre les gilets jaunes. Oubliées les revendications légitimes de hausse du pouvoir d’achat ! Oubliée la demande de justice sociale et du rétablissement de l’ISF ! Le mouvement est ravalé à une « horde » complotiste, haineuse et violente.

Tout travailleur conscient rejette la saloperie antisémite comme toutes les autres formes de racisme. Les crapules qui profitent de ce mouvement populaire pour parader rappellent les pires moments de l’histoire où les Juifs, les Tziganes et les militants ouvriers antifascistes étaient menés aux camps d’extermination.

Les antisémites, comme les xénophobes et les racistes, qu’ils viennent de l’extrême droite ou des milieux intégristes religieux, préparent une société barbare dont les travailleurs seraient les principales victimes. Mais l’antisémitisme n’a pas été inventé par les gilets jaunes !

S’il y a des responsables à pointer du doigt, il faut les chercher du côté de ces dirigeants politiques qui manifesteront peut-être mardi 19 février pour le dénoncer. En accusant les immigrés de tous les maux et en nous renvoyant en permanence à notre identité nationale, ils alimentent le climat délétère sur lequel peut aussi fleurir l’antisémitisme. Alors, que ces gens-là fassent la leçon aux gilets jaunes est révoltant !

Il y a trois mois, plusieurs centaines de milliers de femmes et d’hommes ont revêtu le gilet jaune pour exprimer une colère sociale. Chaque semaine, des dizaines de milliers d’entre eux continuent de se mobiliser. Pas seulement dans les manifestations du samedi, mais aussi sur des ronds-points et dans des petites villes où les caméras de télévision ne trouvent rien de croustillant car il n’y est question que de fins de mois difficiles et de galères de boulot.

Les mille et une injustices quotidiennes subies par les travailleurs et les plus pauvres, parmi lesquelles le mépris social si souvent teinté de racisme, n’intéressent pas du tout le gouvernement. Ce dernier a organisé le grand débat pour noyer les revendications sociales dans un tas d’autres problèmes et pour laisser pourrir le mouvement.

Mais c’est toute la situation économique, sociale et politique qui est en train de pourrir !

Le gouvernement essaye de faire croire à la sortie du chômage de masse parce que le taux de chômage aurait baissé et que des entreprises n’arrivent pas à recruter. Mais les suppressions d’emplois continuent dans toutes les grandes entreprises. L’État-patron lui-même refuse d’embaucher dans les hôpitaux, l’éducation et tous les autres services utiles à la population. Et des milliers de personnes attendent désespérément une formation à Pôle emploi.

En réalité, la crise économique s’approfondit. Les injustices et les inégalités explosent parce que la classe capitaliste est de plus en plus rapace et aveuglée par la recherche du profit. Et toute l’économie est gangrenée par la finance.

Emploi, salaire, retraite, logement, garde des enfants, déserts médicaux, transports publics, prise en charge des handicapés ou des personnes âgées dépendantes… le gouvernement est incapable d’apporter la moindre solution à des problèmes élémentaires et quotidiens.

Il est également incapable d’enrayer les catastrophes climatiques et humanitaires qui menacent la société. Et il l’est tout autant pour contrer la montée des idées réactionnaires et le délitement moral de la société qui sont alimentés par le repli sur soi, la misère et la marginalisation sociale. Cela a de graves conséquences car les forces politiques les plus réactionnaires prêtes à s’appuyer sur les pires préjugés sont à la manœuvre avec l’ambition de prendre la place de partis politiques discrédités.

Si elles parviennent au pouvoir, ces forces se porteront au secours de l’ordre bourgeois et en commençant à s’en prendre aux immigrés, avant d’attaquer l’ensemble du monde du travail.

Pour les travailleurs, lutter pour leurs intérêts matériels ne peut suffire. Il faut aussi lutter contre le système capitaliste, porteur de bien d’autres menaces. Lever le drapeau de l’émancipation sociale, c’est-à-dire d’une société débarrassée de la dictature du grand capital, doit être leur perspective.

Tous les jours, des travailleurs sont amenés à se défendre contre le grand patronat. Il faut que leur combat devienne collectif, le combat de la classe ouvrière contre la classe capitaliste. L’aboutissement doit en être le renversement de ce système capitaliste qui empoisonne la société.


Dans ma lointaine jeunesse j'ai eu la naïveté de penser que le racisme, entre autre l'antisémitisme comme la religion et d'abord la catholique du moins en France allaient régulièrement décliner jusqu'à une quasi disparition.

Ce point de vue n'était pas isolé, il était alimenté de fait par tous les discours officiels et par ceux de la gauche y compris le PC.

Tout travailleur conscient rejette la saloperie antisémite comme toutes les autres de forme de racisme


Comment combattre le capitalisme en suscitant la division des exploités en juifs, musulmans, noirs, arabes, chinois, français, allemands... Poser la question c'est y répondre?

Et ça marche dans les deux sens qui ne combat pas le capitalisme ne peut combattre efficacement le(s) racisme(s).
Plus d'un siècle d'antiracisme "républicain" a montré son impuissance sans parler de l'hypocrisie de beaucoup de ses ténors politiciens, "penseurs" ou religieux.

Cet édito pointe la responsabilité "des intégrismes religieux".
Cette formulation m'a été reproché par un travailleur qui y voyait une façon de ne pas nommer explicitement l'intégrisme musulman, par démagogie.

Je lui répondis d'abord que si c'était le cas LO serait vraiment stupide.
Les intégristes islamistes anti-juifs n'ont rien à faire de ces précautions de langage, et surtout il ne faut pas omettre l'intégrisme boudhiste en Birmanie, hindouiste en Inde qui provoquent des émeutes et des massacres de musulmans et les fondamentalistes juifs des colonies.

Et en Europe "civilisatrice du monde entier" il n'y a pas si longtemps que de l'Atlantique à l'Oural les églises catholique et orthodoxe appelaient aux croisades, aux pogroms aux massacres de protestants. Ces derniers se rattrapant largement en Irlande, aux Etats-Unis et en Afrique du sud.

Dans les débats organisés des intervenants réclament des gestes forts même symboliques pour stigmatiser l'antisémitisme.
Pourquoi ne pas déchoir la police parisienne organisatrice de la rafle de Vél d'hiv de sa fourragère rouge (légion d'honneur).
artza
 
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Re: Edito LO du 18 février 2019

Message par Plestin » 20 Fév 2019, 07:58

La manoeuvre de Macron et consorts est grossière, il est bien visible qu'il utilise un prétexte pour tenter d'enterrer le mouvement des gilets jaunes.

Ce faisant, le pouvoir sert la soupe aux antisémites. Combien d'exploités assimileront la "lutte contre l'antisémitisme" au détesté Macron et donc au pouvoir des riches, recyclant les vieilles rengaines antisémites sur la prétendue richesse des Juifs ? Je les entends déjà, ceux qui leur souffleront à l'oreille "derrière Macron il y a les Juifs".

Le gouvernement a bien compris que le matériau explosif s'accumule et tout en musclant l'arsenal répressif, il fait tout pour que le jour où ça pète, cela prenne la voie du pogrom plutôt que celle de la contestation du pouvoir des exploiteurs. En ce sens, Macron-Brüning et Le Pen se complètent bien.
Plestin
 
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Antisémitisme...

Message par com_71 » 21 Fév 2019, 10:48

Brève LO 19/02/2019 a écrit : Combattre l'antisémitisme, ce n’est pas ce que font les ministres et ex-ministres qui appellent à défiler

Premier ministre en tête, une quinzaine de partis appellent à manifester contre l'antisémitisme ce mardi 19 février, à Paris et dans plusieurs villes. Ces partis, dont certains ont exercé le pouvoir ces dernières années, entendent dénoncer les insultes antisémites lancées contre Finkielkraut et le regain d'actes antisémites établi par le ministère de l'Intérieur.

Ces actes soulèvent une légitime émotion. L'antisémitisme, qu'il vienne de l'extrême droite ou des islamistes radicaux, comme le racisme et la xénophobie, sont des poisons mortels pour toute la société ; ils sèment la division parmi les travailleurs. Partout et en tout temps, ces idées nauséabondes se sont retournées contre les classes populaires.

Mais on ne combattra pas l'antisémitisme en s'alignant derrière des politiciens responsables du climat délétère sur lequel prospèrent ces poisons, et qui l'instrumentalisent pour faire diversion. Ceux qui prétendent combattre l'antisémitisme tout en aggravant la situation matérielle des classes populaires et en maintenant par le fer et le sang leur ordre impérialiste injuste, sont des pompiers pyromanes.

Article LO 20 Février 2019 a écrit :Antisionisme et antisémitisme : un amalgame à combattre

À chaque fois qu’un acte antisémite suscite émotion et réprobation, des intellectuels ou des dirigeants politiques cherchent à assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme. Ils visent ainsi à disqualifier tous ceux qui critiquent la politique coloniale de l’État israélien vis-à-vis des Palestiniens.

Les dirigeants du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France, une organisation proche de la droite sioniste, ne ratent pas une occasion de stigmatiser l’antisionisme qu’ils qualifient d’idée rouge-brune, assimilant l’extrême droite et l’extrême gauche.

Ils trouvent régulièrement le soutien de dirigeants politiques au pouvoir. Valls, Premier ministre, avait évoqué en 2016 lors du dîner annuel du Crif : « L’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël. » Macron, recevant Netanyahou à l’Élysée en juillet 2017, avait affirmé : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est LA forme réinventée de l’antisémitisme .»

Après les insultes proférées le 16 février contre Finkielkraut, le député LREM Sylvain Maillard a remis le couvert. Il voudrait proposer une loi transformant l’antisionisme en délit, au même titre que l’antisémitisme.

Certes, pour échapper à des sanctions pénales, des antisémites notoires comme Dieudonné ou Soral cachent leur haine des Juifs derrière la critique du sionisme. Ils ajoutent l’hypocrisie au racisme. Mais assimiler les deux mots et les deux notions est une forme de terrorisme intellectuel qui revient à interdire toute critique de la politique d’Israël. Avec une telle loi, dénoncer la politique des gouvernements israéliens pourrait exposer à des poursuites.

Il faut rappeler que le sionisme, la doctrine fondée en Europe par Theodor Herzl en 1897, réclamant la création d’un foyer national juif, fut très longtemps rejeté par l’immense majorité des Juifs eux-mêmes. Les Juifs vivant en Europe n’aspiraient pas à construire un État spécifique mais à vivre sans ostracisme ni oppression dans les pays où ils étaient nés. Parmi le prolétariat juif particulièrement opprimé d’Europe orientale ou de Russie tsariste, la perspective d’une révolution sociale au côté de l’ensemble des exploités, portée par diverses organisations socialistes, l’emportait largement sur le sionisme.

Le sionisme fut encouragé et utilisé par la Grande-Bretagne puis les États-Unis pour imposer leur domination au Moyen-Orient, en s’ap­puyant sur la minorité juive ­contre la majorité arabe. Cependant, même après le génocide perpétré par les nazis, la majorité des Juifs survivants aspiraient à émigrer aux États-Unis plutôt qu’en Palestine, et ne s’installèrent dans le futur Israël que parce que l’ensemble des puissances occidentales les rejetaient.

Lors de la fondation d’Israël, en 1948, les partis sionistes imposèrent leur politique, par les armes, en chassant les Palestiniens des territoires où ils vivaient depuis des siècles. Le choix de bâtir un État donnant des droits à une seule communauté, au mépris des autres, était pourtant loin d’être partagé par tous les Juifs de Palestine. Les sionistes l’imposèrent, au nom d’une religion que tous étaient loin de pratiquer, creusant au fil du temps un fossé de sang entre les Palestiniens et les Israéliens, transformant ces derniers en geôliers de tout un peuple.

Malgré les pressions et la politique du fait accompli, il reste aujourd’hui en Israël de nombreux opposants à la politique sioniste des gouvernements successifs, eux-mêmes étant parfois qualifiés d’antisémites !

Qu’ils vivent en France, en Israël ou n’importe où sur la planète, qu’ils soient athées, juifs, musulmans ou autres, les travailleurs n’ont ni patrie ni communauté à défendre, mais des intérêts de classe à mettre en avant. Et être internationaliste signifie être opposé à tout nationalisme, le nationalisme sioniste y compris.

Xavier LACHAU

Article LO 20 Février 2019 a écrit :Contre l’antisémitisme et le racisme : une lutte qui ne peut pas se mener au côté du pouvoir

La bordée d’injures essuyée le 16 février par l’intellectuel réactionnaire Finkielkraut de la part de manifestants en gilets jaunes a été le point de départ d’une opération politique. Le gouvernement et ses porte-parole ont utilisé cet incident pour tenter de discréditer l’ensemble du mouvement des gilets jaunes.

La ficelle, déjà utilisée quelques jours auparavant, est un peu grosse : l’antisémitisme avéré de quelques manifestants ne peut faire oublier les revendications sociales mises en avant par le mouvement, ni la façon à la fois démagogique et répressive dont le gouvernement tente de l’arrêter.

Dans un deuxième temps, on a vu le Parti socialiste embrayer sur la campagne gouvernementale en proposant une manifestation de rue œcuménique pour dénoncer l’antisémitisme. Tous les partis politiques gouvernementaux, les représentants officiels des cultes, les associations plus ou moins représentatives et, évidemment, le président, les ministres, les députés et les sénateurs ont soutenu l’initiative. La presse a alors pu entonner le grand air de l’unité nationale, radios et télévision ont répété, de demi-heure en demi-heure, le rendez-vous de la manifestation. Chaque grande ville a organisé son cortège.

Après quelques hésitations, le parti de Le Pen a été laissé à l’écart, sa filiation avec l’extrême droite antisémite étant un peu trop voyante. Pourtant Finkielkraut lui-même, martyr et héros de cette nouvelle croisade, a regretté qu’un parti représentant tant d’électeurs ne puisse se joindre à l’union nationale. Pourquoi n’y serait-il pas en effet, puisque l’Église catholique et la droite française, qui furent unies contre Dreyfus puis derrière Pétain, et en gardent de beaux restes, y seront ?

Cette manifestation du 19 février, à Paris et dans d’autres villes, comme précédemment celles contre le terrorisme ou contre d’autres exactions antisémites, s’est réduite une fois de plus à une opération politique. Pour ses organisateurs, il s’agissait de démontrer qu’il existe une union nationale derrière quelques « valeurs de la République » qui seraient incarnées par les divers partis de gouvernement et, avant tout, par l’État. Tous les partis tenants de l’ordre, de LR au PCF, ont apporté leur concours intéressé à une telle mise en scène.

Sous le prétexte frauduleux de la lutte contre l’antisémitisme et de la défense des «valeurs républicaines» , le gouvernement et ses soutiens défendent une société de classes et d’oppression, qui nourrit et exsude par tous ses pores préjugés, inculture, arriération, racisme et... antisémitisme.

Le fait même que les puissants, responsables de la misère sociale, fassent de la lutte contre l’antisémitisme un drapeau et l’utilisent pour discréditer un mouvement populaire, peut même contribuer à renforcer encore ce préjugé.

L’antisémitisme ne peut être réellement combattu qu’en contestant le racisme en général et toutes les discriminations, en particulier alors qu’elles viennent de ces gouvernants qui prétendent les combattre.

Heureusement, ce même 19 février, une autre manifestation était organisée dans le quartier parisien de Ménilmontant, à l’initiative de l’Union juive française pour la paix, rejointe par d’autres organisations. Ses initiateurs ont dénoncé la manifestation gouvernementale, en se proclamant juifs et antisionistes. Et en effet, si l’antisémitisme provoque une indignation plus que légitime, elle ne peut pas s’exprimer en manifestant au côté de partis et de gouvernants qui assument la responsabilité de toutes les tares de cette société.

Paul GALOIS
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

Message par com_71 » 21 Fév 2019, 22:27

Brève LO 21/02/2019 a écrit : La peste antisémite : une maladie qui prolifère dans une société en crise

Bien avant l'invention d'internet, l'antisémitisme proliférait sur fond de crise économique.

Profitant de l'émotion suscitée par les récents actes antisémites, Macron est intervenu lors du dîner annuel du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France qui prétend représenter tous les Juifs de ce pays.

Macron veut renforcer le contrôle d'Internet qui sert de déversoir à la haine y compris antisémite. Mais ce n'est pas en cassant le thermomètre que la fièvre retombera. Il annonce un changement de définition de l'antisémitisme pour y inclure l'antisionisme. Cette mesure comblera d'aise ceux qui soutiennent la politique d'oppression brutale contre les Palestiniens menée par les dirigeants israéliens, mais ne combattra en rien l'antisémitisme.

L'antisémitisme, comme le racisme, sont nourris par les inégalités que la crise économique exacerbe. La seule façon de ne pas revivre la barbarie et les génocides du 20ème siècle est de débarrasser l'humanité du capitalisme.
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Re: Antisémitisme...

Message par Patrocle » 23 Fév 2019, 00:51

com_71 a écrit :
Article LO 20 Février 2019 a écrit :Contre l’antisémitisme et le racisme : une lutte qui ne peut pas se mener au côté du pouvoir
....
Heureusement, ce même 19 février, une autre manifestation était organisée dans le quartier parisien de Ménilmontant, à l’initiative de l’Union juive française pour la paix, rejointe par d’autres organisations. Ses initiateurs ont dénoncé la manifestation gouvernementale, en se proclamant juifs et antisionistes. Et en effet, si l’antisémitisme provoque une indignation plus que légitime, elle ne peut pas s’exprimer en manifestant au côté de partis et de gouvernants qui assument la responsabilité de toutes les tares de cette société.
Paul GALOIS


Alors là ... je suis surpris mais agréablement !
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Re: L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

Message par Gayraud de Mazars » 06 Mars 2019, 10:55

Salut camarades !

Manifestation du 19 février, Paris : l’erreur politique des dirigeants du PCF

https://www.lariposte.org/2019/03/manif ... ts-du-pcf/

Image

Le mois de février a été émaillé d’actes antisémites au fort retentissement médiatique, que liste cet article du site de France Info. De la dégradation des arbres plantés en hommage à Ilan Halimi aux tags à la croix gammée profanant le portrait au pochoir de Simone Veil et les tombes du cimetière juif de Quatzenheim (Bas Rhin), ces faits n’ont pas manqué de susciter un sursaut légitime au sein du mouvement ouvrier. Comme toute forme de racisme, l’antisémitisme est un ennemi mortel du mouvement ouvrier, et quoiqu’heureusement fortement affaibli de nos jours par rapport au passé, il est encore capable de ressurgir des égouts de l’histoire.

Les Gilets Jaunes et l’attaque contre Finkielkraut

L’événement qui a le plus marqué les esprits est l’attaque raciste subie par le penseur réactionnaire Finkielkraut du fait d’un musulman converti en marge d’une manifestation des Gilets Jaunes. Sous couvert d’antisionisme, l’individu en question a insulté Finkielkraut, et il n’est pas difficile de lire l’antisémitisme entre les lignes de sa diatribe soi-disant antisioniste. Ainsi, dans une interview au site France TV Info, l’historien et journaliste spécialiste du Proche-Orient Dominique Vidal affirme : « Aucune insulte n’est antisioniste. L’insulte est forcément antisémite. A partir du moment où il y a un caractère haineux dans les propos, comme c’était le cas des “gilets jaunes” face à Alain Finkielkraut, il s’agit forcément d’un délit, condamnable par la justice. Quand on lui dit “sale sioniste de merde”, on n’est plus dans la théorie politique. C’est juste purement raciste.» (Voir l’interview en entier ici.).

En effet, en tant qu’idéologie, le sionisme est en soi à combattre, par la polémique, la contre-argumentation etc., tout comme dans une société démocratique il est possible de combattre toute idéologie. Mais les termes utilisés (« Sale sioniste de merde, tu vas mourir ! », «Retourne dans ton pays !», « Sale race !») montrent incontestablement une haine raciale derrière le vernis antisioniste.

Récupération gouvernementale et naïveté de la direction du PCF

Il semblerait cependant que la majorité gouvernementale veuille se servir de cette attaque verbale pour présenter au vote des députés une loi condamnant l’antisionisme au titre de la lutte contre l’antisémitisme. Cela sert de prétexte pour décrédibiliser aux yeux de l’opinion publique le mouvement des Gilets Jaunes. Et cela permet à une partie des commentateurs télévisés, dont Finkielkraut lui-même, de faire porter le chapeau de l’antisémitisme « moderne » aux habitants de la banlieue de confession ou de culture musulmane. Il s’agit ici pour le gouvernement de déplacer le débat autour de questions identitaires afin de détourner l’attention de l’opinion publique de colères sociales légitimes.

Quelle n’a été la naïveté et l’empressement dont se sont montrés coupables le groupe parlementaire du PCF et toute son équipe dirigeante lorsqu’ils se sont joints mardi 19 février à une manifestation transpartisane (!) place de la République, opération de récupération de cette montée incontestable de la haine raciste antisémite. Il se tenait à quelques encâblures de là, au métro Ménilmontant, un rassemblement de toute notre famille politique, du NPA aux associations de gauche, « contre l’antisémitisme et son instrumentalisation ». Nous avons avec ces organisations bien des dissensions, mais bien plus en commun qu’avec des partis comme Les Républicains et le PS ! Il ne s’agit de rien de moins que du retour de « l’Esprit Charlie », qui n’est pas autre chose qu’une résurgence sous d’autres formes de l’Union Sacrée. Il y en a assez de voir nos dirigeants tomber à répétition dans de tels pièges, alors que l’ADN de notre parti est bien justement l’indépendance du prolétariat par rapport aux autres classes !

Une erreur politique lourde de sens

On pourrait dire que la manifestation est passée, et que l’information est presque surannée maintenant. Mais c’est justement ce genre d’attitude de notre équipe dirigeante qui a, au fil des années, isolé notre parti des masses. Dans un contexte de contestation du système aux allures pré-insurrectionnelles, il est bien pénible de voir notre parti s’assimiler encore plus au « système » par la faute de ses dirigeants.

Alors que notre parti dénonce chaque jour, et avec quel courage, la violence qui frappe continuellement le peuple palestinien, comment nos dirigeants peuvent-ils manifester aux côtés d’un président qui assimile dorénavant l’antisionisme à l’antisémitisme ? Notre parti qui, chaque jour dans les colonnes de L’Humanité, dénonce le recul des services publics et de la Sécurité Sociale, comment peut-il défiler aux côtés de ministres et de parlementaires qui votent chaque jour des lois qui sont en train de mettre en pièces toutes les conquêtes sociales si chèrement acquises ?

Certes, notre présence métro Ménilmontant au lieu de place République aurait donné l’occasion de bien des diatribes télévisuelles et écrites de la part de nos adversaires de classe. Cela aurait été au contraire l’occasion pour nous d’affirmer notre spécificité aux yeux des masses, quitte à nous priver du regard bienveillant de nos adversaires. Ce n’est pas en faisant ami-ami avec l’ennemi que l’on réussira à le faire changer d’attitude, mais par la grève, le blocage des usines, des centres névralgiques de transport et de communication, bref, par une lutte d’envergure ! Et aller manifester à ses côtés n’est rien d’autre qu’un pas de plus vers notre invisibilité dans l’opinion. En politique plus qu’ailleurs, il faut savoir avec précision choisir ses ennemis.

RB, PCF 93
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Re: L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

Message par Byrrh » 06 Mars 2019, 11:13

Gayraud de Mazars a écrit : (...) alors que l’ADN de notre parti est bien justement l’indépendance du prolétariat par rapport aux autres classes !

Un jour, les camarades de La Riposte affirmeront que "l'ADN" du PCF est le trotskysme...

Un "Parti communiste français" qui n'a pas collaboré d'une manière ou d'une autre avec la bourgeoisie française, ça n'a jamais existé. Qu'est-ce qui peut pousser des militants se revendiquant du trotskysme à prétendre le contraire ? Si les militants du PCF ont bien besoin d'une chose, c'est d'être décillés au sujet des grands mythes de leur parti (lequel n'est pas le parti de 1920, tué et dénaturé moins de dix ans après sa fondation).
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Re: L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

Message par com_71 » 06 Mars 2019, 12:45

Byrrh a écrit : Si les militants du PCF ont bien besoin d'une chose, c'est d'être décillés au sujet des grands mythes de leur parti (lequel n'est pas le parti de 1920, tué et dénaturé moins de dix ans après sa fondation).


Lequel parti de 1920 n'avait pas été jusqu'à se débarrasser de M. Cachin, rallié à la défense nationale en 1914.

Par ailleurs :
G. Oxley a écrit :Alors que notre parti dénonce chaque jour, et avec quel courage, la violence qui frappe continuellement le peuple palestinien...

G. Oxley a le compliment facile...
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Re: L'antisémitisme "républicain" hypocrite ou impuissant...

Message par Gayraud de Mazars » 06 Mars 2019, 13:54

Salut camarades,

com_71 a écrit :Lequel parti de 1920 n'avait pas été jusqu'à se débarrasser de M. Cachin, rallié à la défense nationale en 1914.


Sauf que le malin breton Cachin fut très opportuniste en fait ! Guesdiste sous Guesde, Jaurésiste sous Jaurès, rallié à l'Union Sacrée et à la guerre en 1914, léniniste sous Lénine, stalinien sous Staline, il est mort en 1958 en ayant épousé toutes les sinuosités et contradictions du mouvement ouvrier politique de son siècle !

Fraternellement,
GdM
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