Réunion de Jean Pierre Mercier au Creusot, un compte rendu factuel avec beaucoup de photos, dans un petit journal local
ÉLECTIONS EUROPÉENNES : Jean-Pierre Mercier (Lutte Ouvrière) a appelé "le camp des Travailleurs à se faire entendre du grand Capital"
23/03/2019
Jean-Pierre Mercier, numéro 2 de la liste "Lutte Ouvrière" aux élections européennes était au Creusot ce vendredi soir pour une réunion publique devant une quarantaine de personnes ; "grand capital, bourgeois, finances et lutte des classes", les fondamentaux du parti "ouvrier" ont été rappelés pour dénoncer la "crise sociale" qui touche la France.
Après un premier rendez-vous à Chalon-sur-Saône au début du mois de mars et avant une réunion publique à Dijon le 8 mai prochain, Lutte Ouvrière était à la salle Mouillelongue ce vendredi en fin de journée dans le cadre des élections européennes du 26 mai prochain ; et c'est le numéro 2 de la liste menée par Nathalie Arthaud, le médiatique ouvrier de l'automobile Jean-Pierre Mercier qui est venu à la rencontre d'une quarantaine de "camarades".
"Le travail ne permet plus d'avoir une vie décente"
Présenté par Julie Lucotte, ancienne candidate aux élections municipales au Creusot puis aux législatives de 2017, également sur la liste des européennes du parti ouvrier, Jean-Pierre Mercier a tenu à échanger avec le public présent pour cette réunion dont quelques Gilets Jaunes du Magny et du rond-point du Pont Jeanne Rose. C'est d'ailleurs par une référence au mouvement populaire des Gilets Jaunes que l'ouvrier de PSA a commencé la soirée en évoquant les événements du week-end dernier sur les Champs Elysées qui "sont utilisés par le gouvernement pour dénoncer le mouvement ; on ne va quand même pas pleurer pour la devanture du Fouquet's même si de telles exactions de la part de Black Block ternit le mouvement" a tenu a précisé Jean-Pierre Mercier. Car pour ce dernier "on est scandalisé par une devanture de restaurant qui brûle mais les gouvernants ne sont pas scandalisés par une fermeture d'usines, par le fort taux de chômage des jeunes et par la casse sociale dans les entreprises ; le gouvernement joue sur les peurs et espère une division du mouvement" juge encore le numéro 2 de la liste. Un candidat qui voit dans le mouvement des Gilets Jaunes "la prise de conscience des citoyens que le travail ne permet plus d'avoir une vie décente, les salariés se sont mobilisés car ils ont le sentiment qu'ils ne récupèrent pas la totalité du fruit de leur travail", des propos qui ont trouvé écho dans l'assistance. Et Jean-Pierre Mercier de poursuivre : "si le gouvernement pense que la colère dans le pays va s'arrêter avec le grand débat, il se trompe. Vous savez tous ce qu'il va en sortir de ce débat: zéro chose, le président Macron a dit qu'il ne changerait pas sa feuille de route et qu'il ne comptait pas revenir sur l'ISF. La question du report de l'âge de la retraite de 62 à 65 ans qui est ici où là évoquée n'est pas un bon signe envoyé aux travailleurs" a-t-il encore ajouté arguant le fait que le mouvement des Gilets Jaunes a permis de mettre sur le devant de la scène le problème essentiel qu'est le pouvoir d'achat, "ce mouvement est l'expression du mécontentement populaire" et notamment des ouvriers.
"Porter les revendications des ouvriers face au grand Capital"
Au cours de son propos, Jean-Pierre Mercier s'est appuyé sur un lexique que Marx ou Trotsky évoquaient déjà à la fin du XIX et au début du XXème siècle ; en effet pour Lutte Ouvrière, se présenter aux élections européennes comme participer à toutes les élections nationales ou locales, "c'est permettre au camp des travailleurs de se faire entendre face au grand Capital. Il nous faut défendre les intérêts des Ouvriers et demander la hausse des salaires, la hausse des pensions de retraites ; indexer les salaires et les pensions sur la hausse des prix pour assurer un pouvoir d'achat constant aux travailleurs. Et pour cela il faut s'attaquer aux profits des capitalistes" a-t-on pu entendre.
Pour Lutte Ouvrière, il faut aller jusqu'à interdire les licenciements, les fermetures d'usines et mieux répartir le travail entre tous, "aujourd'hui en France on assiste à une vraie crise sociale sans précédent" a encore ajouté Jean-Pierre Mercier qui a précisé que le pays est somme toute riche mais qu'il existe un vrai problème de pouvoir d'achat pour les ouvriers. "Il faut contester le pouvoir de la Bourgeoisie pour le redistribuer aux travailleurs, pour un meilleur accès à la santé, à l'Education, aux services publics…"
"L'Union Européenne est une machine de guerre contre l'intérêt des ouvriers"
Concernant l'échéance et l'enjeu électoral que revêt les Européennes, la liste Lutte Ouvrière n'entend pas tomber dans le piège des Pro ou des Anti-Europe car "l'Union Européenne est une machine de guerre contre l'intérêt des ouvriers. Les travailleurs britanniques commencer déjà à payer le Brexit, la question n'est pas de savoir si on doit rester ou quitter l'Europe car on sait tous que si l'on reste, ce sont les salariés qui vont payer et ce seront aussi les salariés qui vont payer si on part de l'UE. Notre liste veut fournir un programme de lutte avec des objectifs de lutte à tous les ouvriers de l'Europe contre une Union Européenne des Capitalistes" a martelé Jean-Pierre Mercier. Ce refus de se positionner entre Pro et Anti UE, les candidats de Lutte Ouvrière l'assument comme ils assument de ne pas devoir choisir entre "Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, ni l'un, ni l'autre, seul le camp des travailleurs" choisit sans hésitation le numéro de la liste LO. Car selon les membres de Lutte Ouvrière, "dans tous les pays de l'UE les politiques menées attaquent les conditions de travail et de vie des ouvriers, par delà les frontières, les travailleurs ont des intérêts communs à défendre face au Capitalisme car la dégradation des conditions de vie est de plus en plus rapide".
"Macron est le Benalla des Milliardaires"
Se positionnant en faveur de l'accueil des migrants et contre l'idée que les migrants seraient la cause de la situation actuelle, Jean-Pierre Mercier qui demande pour les migrants les mêmes droits que ceux qui ont un compte en banque confortable, n'a pas oublié de rappeler que les actionnaires des grandes entreprises "se permettent de bloquer les salaires, de supprimer des emplois sur le dos des travailleurs pour une meilleure productivité. Carlos Ghosn touche 45000€ par jour, samedi et dimanche compris, Bernard Arnaud, le pdg de LVMH, classé 4ème fortune du monde par le magasine américain Forbes gagne l'équivalent d'un SMIC toutes les 20 secondes. Si les actionnaires de ces grands groupes octroient de si confortent salaires à ces dirigeants, c'est sur le dos des ouvriers" s'est offusqué le candidat de Lutte Ouvrière.
Des propos qui lui font dire que le problème "ce n'est pas Macron, le problème c'est le capitalisme qui fait crever la société ; ce n'est pas Macron qui décide, c'est la Bourgeoisie qui décide et qui fait la pluie et le beau temps dans le pays, Macron n'est en fait que le Benalla des Milliardaires" a tonné Jean-Pierre Mercier qui désigne "les ultras riches, les milliardaires comme le véritable problème.
Le programme de Lutte Ouvrière aux élections européennes évoque aussi la question écologique qui "est aussi alarmante, les décisions en faveur du climat sont à arracher des mains des bourgeoisies" a encore déploré l'ouvrier de chez PSA. Selon lui, comme pour le monde du travail, la question écologique peut trouver une solution dans un mouvement vaste qui "viendra du bas comme le démontrent les Gilets Jaunes ou encore les Algériens, par les mouvements, par la grève, on peut peser sur les décisions, les luttes sociales peuvent faire changer le monde" veut encore croire Jean-Pierre Mercier.
C'est donc pour tout cela, "pour les intérêts spécifiques des ouvriers qu'il faut défendre face aux bourgeois" que Lutte Ouvrière entend se présenter aux élections européennes où la liste espère faire mieux que les dernières européennes en sachant bien que ses idées ne seront pas majoritaires.
Mais comme l'avait initialement rappelé Julie Lucotte, il "faut maintenir le drapeau et le montrer, les luttes vont arriver" ; et le drapeau rouge flottait aux quatre coins de la salle Mouillelongue ce vendredi soir.
Nicolas AKCHICHE